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EAN : 9782213703930
Fayard (28/02/2018)
4.12/5   17 notes
Résumé :
[ÉPREUVES NON CORRIGÉES]

Le cœur de Camille abrite les battements d'une valse, on l'entend de loin son cœur, on le voit franchir un siècle, traverser les années, les guerres et les saisons, puis il s'approche de nous et s'invite dans ces pages  : on dirait qu'elle a quelque chose encore à nous dire, qu'elle n'a jamais su dire, qu'elle n'a jamais pu dire, ou alors ses mots ont été perdus, déchirés, brûlés, on ne sait pas, ceux qui restent ne suffisent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je suis passionnée de Camille Claudel depuis mon plus jeune âge, et quand j'ai appris qu'un nouveau livre à son sujet sortait, je l'ai bien évidemment honoré.
J'ai quasiment tout lu à son sujet, ses lettres comme ses biographies, ses catalogues raisonnés comme les rapports médicaux la concernant.
Ce livre est remarquable, tant sur le fond que sur la forme.
Cet ouvrage est découpé en petits chapitres ; tant de mini poèmes et un style d'une beauté sans nom.
C'est une véritable ode à Camille que nous offre Mme Fellous.
L'auteure nous narre Camille comme si elle l'avait connue.
Quelle somme de travail (études de la correspondance, des rapports médicaux, des oeuvres, des critiques...).
Ce livre magnifique se devait d'être publié, il est un de mes opus préfèré sur l'artiste.
Sa vie aura été une véritable tragédie ! Quelles oeuvres elle aurait pu nous laisser encore si elle n'avait pas été internée, ou plutot devais-je dire enfermée, abandonnée, réduite au silence puisque même ses lettres, sur ordre de sa mère, ne quittaient pas l'asile. Quel gâchis ! Et dire qu'elle a détruit une grande partie de ses oeuvres.
Oui, c'est vrai elle avait un regard étrange, voilé, au-delà des autres, les autres qui ne l'ont guère compris.
Oui c'est vrai l'attitude de sa mère et de son frère Paul est effroyable, d'une brutalité inouïe.
Oui c'est vrai, Camille est née après la mort de l'aîné, Charles -Henri à deux semaines. Cette mère terrible, haineuse, incroyablement détestable n'a pu donner à Camille ce qu'elle n'avait pas reçu car orpheline de mère à trois ans, son frère Paul (celui de la mère) se suicidera d'ailleurs à vingt ans par,culpabilité d'avoir causé la mort de sa génitrice en venant au monde.
Il y a là une fatalité que Camille, sans le vouloir, a pris sur elle. Elle a focalisé tout le chagrin des uns et des autres, jusqu'à la folie. C'est ce qu'on nomme la transgénérationalité. Les névroses, les psychoses, les secrets de famille, les choses trop lourdes, les tragédies, les fautes des ancêtres peuvent détruire un être. Ce fut le cas de Camille. Ces sanies dégoulinantes que l'on porte, le dos brisé, la nuque et l'échine ployés, tant les valises sont lourdes.
Mme Fellous ne prend pas vraiment parti ni pour sa mère ni pour Paul Claudel. Elle tente d'ailleurs, sans les condamner (et pourtant...) d'expliquer leurs comportements. Pour elle, la mère de Camille avait peur de sa fille qu'elle jugeait toxique, funeste ; il fallait la détruire, coûte que coûte. Elle lui rappelait trop la blessure familiale du petit frère mort.
Quand à Paul, j'ai des difficultés à l'absoudre totalement. Il s'est protégé lui aussi de la personnalité pathologique de sa soeur pourtant tant aimée dans son jeune âge.
J'ai appris quantité de choses intéressantes que j'ignorais, comme l'existence de l'enfant unique de Rodin, Auguste, pauvre petit être falot, et écrasé par la personnalité de son père, fils qu'il a eu avec sa fidèle compagne Rose Beuret.
Quid d'un enfant de Camille et de Rodin ? Apparemment, Camille aurait avorté de ce petit être, même cela elle se l'est interdit, avoir un enfant... Elle s'est consolée avec la magnifique et sublime "Petite Châtelaine".
Camille, ce génie de la sculpture, a été détruite par son amour pour Rodin, mais, pas que. D'après l'auteure, elle couvait une psychose depuis de nombreuses années, même peut être depuis l'enfance.
Elle a cristallisé ses haines, sa Haine sur Rodin pour protéger sa mère et son frère, on appelle cela la cristallisation hostile, terme employé à la base par Stendhal qui, lui, parlait de cristallisation amoureuse.
Bien sûr, il est question de ses oeuvres, mais j'ai regretté l'absence de documents, photos ou reproductions de ses oeuvres majeures. Pour cela, je me suis référée à son catalogue raisonné, même si je les connais par coeur, il me fut très agréable de les revoir encore et encore. Elles me bouleversent tant.
Ceux qui me suivent ou me connaissent savent que je parle souvent de ma vie personnelle à travers les livres qui m'ont particulièrement émus et touchés.
Ici, je ne ferai pas exeption.
Camille, mon double, ma soeur, encore un bel ouvrage sur toi.
Repose en paix ma belle, goûte enfin la tranquillité, la sérénité et la paix de l'âme, en somme tout ce qui t'a cruellement manqué dans ta vie si tragique.
Merci Mme Fellous, votre livre est un si bel hommage à Camille...
Peut être le plus beau.
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Pendant longtemps, personne ne connaissait Camille Claudel. Ignorée, oubliée, mise au placard, comme beaucoup de ces femmes qui voulaient se faire une place dans un monde d'hommes. Et soudain, on l'a redécouverte. Ils sont nombreux, les ouvrages qu'on lui a consacrés : biographies, romans, bandes dessinées, films... La liste est longue. On peut donc se demander ce qu'il y a à dire de neuf sur cette artiste. Colette Fellous relève pourtant le défi. Elle la place au centre d'une nuée d'hommes et ne va pas se contenter de la banale relation d'une vie, abordée en ordre chronologique.
A la première page, Camille a « quarante-neuf ans, son temps se fige, elle ne sculpte plus, elle attend qu'on vienne la délivrer. » A partir de ce moment, Camille va décliner, « elle ne fait qu'attendre, immobile, enfermée dans une maison de santé près d'Avignon, elle rôde, écrit des lettres qui n'arriveront jamais à leurs destinataires (…) elle guette dans le jardin (…) elle attend que son frère lui fasse la surprise de venir. » C'est triste. Cette vie de vide va durer trente ans, avant une mort affreuse. Et pourtant, Colette Fellous termine ce chapitre par « ce livre, je l'écris pour elle ».
Au fil des pages, on progresse par bonds en avant, en arrière. Camille Claudel se dévoile de façon très originale, très différente de tout ce que j'avais déjà lu la concernant. Car l'auteur donne l'impression d'avoir voyagé dans le temps et d'avoir pu rencontrer son sujet. Elle ne lui parle pas. Elle l'observe, tantôt en la fixant dans les yeux, tantôt de loin, à travers une fenêtre, sur un banc de jardin, cachée derrière un arbre penché, perdue dans la foule. « J'ai envie de la suivre, de marcher près d'elle, tout près d'elle, de m'approcher de son visage et de la regarder très attentivement. »
Ici, le lecteur découvre Camille dans son atelier, prise d'une grande fièvre créatrice, plus loin, elle est désespérée, elle brûle des esquisses, détruit ses plâtres.
A d'autres moments, elle est entourée de sa famille : une mère qui ne l'aime ni ne la comprend, un frère avec lequel elle a entretenu une telle complicité et qui l'abandonnera pourtant à un sort terrible.
Parfois, on la découvre amoureuse de Rodin, en admiration, en adoration face à cet homme qui fut son maître avant d'être son amant. Plus loin, elle le déteste, l'agonit d'insultes, le rend responsable de tous les malheurs qui l'accablent.
Colette Fellous place en résonance l'oeuvre de Camille Claudel avec celle d'autres artistes. Il y a Paul, son frère, bien sûr, mais aussi une nuée d'écrivains, de poètes, de musiciens. Comme Mallarmé ou Claude Debussy.
Camille Claudel est toujours en train de tirer le diable par la queue. On dirait que, quels que soient le jour ou l'année, il lui manque toujours mille francs. Son prénom devient « K-mille ».
Puis, nous pénétrons à sa suite dans l'univers atroce, carcéral des hôpitaux psychiatriques. C'est sa mère au coeur dur et son frère, qui se dit si chrétien, qui l'y ont fait enfermer. Je ne comprends pas comment on a pu l'abandonner à une telle solitude, une telle déréliction. Louise-Athénaïse, la mère, a expressément interdit qu'on lui remette du courrier ou qu'on envoie ses propres missives à leurs destinataires. Elle ne peut recevoir la moindre visite, hormis deux : la mère et le frère. Et pourtant, elle ne lui en octroiera pas une seule. Paul « lui aura rendu visite sept fois en trente ans. Sa dernière visite un mois avant sa mort, date de septembre 1943. Ils ne s'étaient pas revus depuis le mois de juin 1930, mais Camille L avait attendu jour après jour. » Pour moi, dont la famille est au centre de mes préoccupations, une telle attitude est incompréhensible. Surtout de la part d'un fervent catholique, censé pratiquer la charité chrétienne. La mère et le frère me choquent profondément. Si encore ils s'étaient souciés de lui procurer un peu du plus élémentaire confort. Mais non. Pendant que le « grand auteur » parade dans les ambassades, les salons, les théâtres prestigieux, sa soeur, misérable, écrit : « Je suis forcée de me mettre dans ma chambre où il fait tellement glacial que j'ai l'onglée, mes doigts tremblent et ne peuvent tenir la plume. Je ne me suis pas réchauffée de tout l'hiver, je suis glacée jusqu'aux os, coupée en deux par le froid. J'ai été très enrhumée. » Qu'a-t-elle fait pour mériter un tel traitement ? Moi qui ai le froid en horreur, je tremble en lisant ces lignes, j'en ai les larmes aux yeux. A croire que ces parents sans coeur espèrent la voir succomber à ces mauvais traitements, comme « une de [ses] amies (…) qui est venue s'échouer ici [et] a été trouvée morte de froid dans son lit. »
L'auteur se tourne aussi vers des cas étudiés par la psychanalyse et met en parallèle Camille et une patiente qu'on nomme « Aimée », afin de comprendre pourquoi sa mère la rejette avec tant de cruauté.
Tout le livre est parsemé d'évocations des oeuvres de l'artiste, que Colette Fellous analyse et met en rapport avec des épisodes de la vie de leur créatrice. (On regrette de ne pas mes avoir sous les yeux pendant la lecture. )
Quand vient le moment de clore cet essai, Colette Fellous fait ressentir à quel point elle s'est impliquée dans ses recherches, de sorte qu'elle a eu l'impression de connaître Camille personnellement. Et, contrairement à cette mère et à ce frère au coeur de pierre, elle éprouve pour elle une sincère affection : « Je ne sais pas comment la quitter maintenant, je ne peux pas la laisser là, dans le bureau du Docteur Truelle, seule, désemparée, à regarder ses mains, les yeux fermés. »
Elle a parsemé son récit de petites scènes intimistes qui me plaisent beaucoup. Son style est entraînant, virevoltant : « Valse noire, de terre, de plâtre, de marbre, d'onyx ou de bronze, démarche trébuchante, valse brillante, valse folle qui continue à faire entendre ses pas, ses tremblements, son pouls, sa grande énigme. » « Regarder aussi ses mains, ses robes, ses chapeaux, ses capelines, ses cols de dentelle, ses rubans dans les cheveux, ses yeux surtout, si bleus, si tristes, si beaux. »
Ses mots, j'ai eu l'impression de les entendre chuchotés, criés, accompagnés d'une musique tantôt sourde, tantôt vive, tantôt lente, tantôt tourbillonnante. Son livre m'a beaucoup plu, touchée, émue, révoltée et je remercie l'opération Masse critique de Babelio, ainsi que les éditions Fayard de m'avoir permis de le découvrir.
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Mars. Saison des amours...ditons. Qu'est-ce qu'on ne dit pas ?...Mars... 10 mars 1913. C'est une date inscrite dans un registre , qui résonne comme une note de fin. Fin d'une valse. A mille temps. 10 mars 1913, Camille Claudel est internée par contrainte sur demande de sa mère et de son frère. Elle le restera définitivement jusqu'à sa mort en 1943. Emmurée, cloîtrée, réduite au silence. A tel point qu'en 1920, on la pensait déjà morte.
Folie, déséquilibre désordre ?… Seulement un Trop. Et justement, véritablement, viscéralement, ce trop. Trop de talent, trop besoin de liberté, trop en demande d'amour, trop besoin de reconnaissance, trop d'attente, de mots, trop de travail, trop d'absolu...trop.
Le génie se nourrit de tous les trop de la terre. Trop de passion, trop de brûlure, trop de manque, trop de trahison, trop de silence, trop d'incompréhension, trop d'absence, trop de beauté, trop de lumière, trop de secret, trop de nuit , trop d'injustice, trop d'abandon, trop de question, trop d'ombre, trop d'idéal, trop de joie, trop de fougue.
Voilà peut être seul prix que l'on peut attribuer à une oeuvre. L'Oeuvre d'une vie. Être entièrement totalement à l'oeuvre d'art. Faire oeuvre d'art. Et n'en donner preuve que par ses mains, son coeur et son regard. L'Art de se justifie pas, ne s'explique pas.
Religion et commerce sont deux mamelles qui nourrissent des enfers. Le génie, lui, produit. Il produit un nectar. Il élève, il n'engraisse pas. Il métamorphose, il ne reproduit pas. On peut mesurer le talent, oui, mais le génie reste pour l'éternité le maître tailleur des temps.
Les temps d'une valse. Des temps sans aucune mesure. Démesurément. Des tourbillons, des vagues, des solitudes. Qui échappent, qui bouillonnent, qui fracassent, renversent, bouleversent. Des temps sans commune mesure avec l'étroitesse, la petitesse d'un siècle qui filer déjà méchamment le draps de millions de linceuls .
Une valse qui ne répond qu'à une absolue nécessité de créer. Être femme, être artiste, être fille, être soeur, être amante, être définitivement seule , être abandonnée. Mais danser pour l'éternité.
Internée de trop.Enfant en trop. Enfant de moins. Famille terrible à la moralité morbide. La mère aura reporté sur sa fille sa propre folie. Colette avait reçu toute la douceur Sido, Camille n'aura reçu que l'indifférence de Louise-AthanaIse. Ils étaient trois. Trois enfants. Et rien n'a fonctionné. Les portes de l'enfer se sont refermées.
Colette Fellous écrit. Ne réécrit pas. Elle remonte le temps. Prend note de la démesure.
Alors soudain l'envie vous prend d'écouter le concerto en sol de Ravel et de revoir L'implorante, la Valse, l'Abandon, et l'Aurore. Soudain tellement besoin.

Astrid Shriqui Garain
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Mon admiration pour Camille Claudel, bien en avance sur son temps, m'amène à lire tout ce qui a été écrit sur sa vie et son art. Lorsque j'ai appris la parution de ce livre, me plonger entre ses pages était une évidence.

L'autrice permet au lecteur de côtoyer cette femme artiste comme si elle faisait partie de son environnement proche. Cette approche est totalement nouvelle et émouvante. Elle m'a d'autant plus touchée qu'elle est similaire à la mienne lors de visites de sites historiques ou biographiques. J'essaie sans cesse à replacer les personnes ayant vécues sur les lieux ... dans le contexte et l'époque de l'endroit où je me trouve. Ici, le pari est totalement réussi, par un travail colossal de recherche concernant toutes les informations étant parvenues jusqu'à nous grâce aux archives conservées: la correspondance, les oeuvres, les critiques, les journaux, les dossiers médicaux, etc.

le contexte familial était déjà compliqué avec une mère autoritaire et revêche, elle-même traumatisée par la mort de son fils ainé âgé de 15 jours. Naturellement, Camille n'a pas pu le remplacer. En a-t-elle développé une rancune contre sa fille? Sa mère est décédée alors qu'elle n'avait que 3 ans. Elle a donc vécu toute son enfance sans amour maternel. Elle a également dû affronter le suicide de son frère Paul à 20 ans, oncle de l'écrivain, des suites de sa désespérance endossant la responsabilité de la mort de sa mère à sa naissance. Ces diverses circonstances sont des explications mais en aucun cas des excuses pour avoir méprisé (haï?) sa fille au point de l'enfermer et l'isoler sans aucun contact.

Comment oublier le comportement de Paul, le frère de Camille, son protégé, qu'elle a aidé, soutenu, encouragé par tous les moyens et qui l'a abandonnée à son sort, à sa folie ? On peut supposer que sa mère a fait pression sur lui pour qu'il signe conjointement les documents d'internement, mais alors qu'il était le seul autorisé à aller voir sa soeur, comment expliquer qu'en trente ans de réclusion, Paul n'ait vu Camille que sept fois ? Sa charge d'ambassadeur l'a conduit de pays en pays toujours plus éloignés mais il revenait en France de temps à autre. Avait-il oublié l'amour fusionnel qu'il partageait avec sa soeur ? Devenait-elle encombrante pour son image, sa célébrité ? Lui, qui a trouvé la foi au cours de sa vie d'adulte, avait-il bien compris l'enseignement religieux sur l'Amour de son prochain ?

Colette Fellous ne prend pas parti. Elle essaye d'expliquer le comportement de cette mère distante et de ce frère indifférent. Elle est plus généreuse que je ne peux l'être. Malgré tout, je suis consciente de la vie tumultueuse, hors norme et en dehors de la bienséance de l'époque de ce génie de la sculpture. Il est vrai que nous ne voyons qu'un seul coté du miroir ce qui n'enlève rien au bouleversant destin tragique de Camille Claudel.

L'étude des dossiers médicaux est présentée par des choix précis et épurés. Notamment le cas "Aimée" sur lequel s'est appuyé Jacques Lacan pour présenter sa thèse sur la paranoïa en 1932. le psychanalyste n'a jamais rencontré Camille, comment aurait-il pu puisque tout le monde la croyait morte dès 1920 ?

En refermant la dernière page de ce livre, j'ai éprouvé une multitude de sentiments complexes. L'admiration toujours intacte pour ce petit bout de femme impétueuse, passionnée, débordante de créativité dans tout ce qu'elle entreprenait. La colère envers cette mère froide et ce frère si distant l'ayant abandonnée, emmurée vivante dans sa maladie, permettant à ses failles et sa fragilité de la noyer totalement. L'émotion provoquée par la détresse de ce génie de la sculpture laissée exsangue par la fin de son amour fou pour son maître Rodin. La stupéfaction due à l'insoutenable isolement créé autour d'elle après son internement pendant lequel elle ne cessera d'espérer, de supplier voir quelqu'un. Il durera TRENTE ANS et s'achèvera en 1943, dans la faim et le froid comme pour de nombreux pensionnaires des asiles français lors de la seconde guerre mondiale !

Merci Madame Fellous d'avoir ouvert une nouvelle fenêtre sur la vie de Camille Claudel. Cette fascinante artiste aurait pu être totalement oubliée sans la volonté de quelques admirateurs, dont Auguste Rodin, le plus fervent. Il a souhaité préserver certaines des oeuvres de son ancienne élève-muse-amante, sauvées de la destruction et parvenues jusqu'à nous. Nous pouvons les admirer dans une salle dédiée à Camille Claudel au musée Rodin à Paris.

Je me permets de reprendre le titre de la magnifique vidéo de Jean-Pierre Beillard dans laquelle apparaissent la plupart des sculptures évoquées tout au long du récit : "Quelqu'un qui a reçu beaucoup", que je compléterai par: ".... et à qui on a tout volé, même sa vie!"
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Ce livre comme le dit l'auteur à la page 137, n'a ni début ni fin. Mais il possède bien un milieu où se trouve un étonnant chapitre titré Un secret. Un unique paragraphe, constitué de cinq questions - sans réponses - et d'une citation de Marguerite Duras. La citation elle-même s'étend sur huit des dix-sept lignes qui couvrent cette page. Pour le compte, j'aurais tendance à penser que ce livre n'a ni queue ni tête. Émaillé de quelques informations originales, l'exposé est malheureusement souvent coupé par des opinions, des dérives, des glissements vers la vie personnelle de l'auteur. Toutes choses dont on se passerait bien et qui rendent difficile l'identification du genre de l'ouvrage : s'agit-il d'une enquête ? d'une biographie ? d'un essai ? d'une expérience littéraire sur ce thème ? d'un journal personnel sur une relation à distance avec l'artiste ? d'une compilation de notes non dépouillées ni mises en forme pour faire "moderne" et non scolaire ? d'une tentative poétique ? Rien n'est jamais fixé, ni bien clair. Au final, si j'ai appris deux trois choses sur Camille Claudel, je me suis surtout senti englué dans cette lecture que je n'ai pas pu finir.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Mathias Morhardt lui sera fidèle jusqu'en 1898, quand il la verra rejoindre haut et fort le clan des antidreyfusards, c'est alors que leurs liens se distendront.Octave Mirbeau, qui l'avait toujours soutenue et admirée, s'éloignera d'elle à ce moment- là pour les mêmes raisons, Marcel Schwob également. Il ne faudrait pas oublier que, dans ces années-là, l'antisémitisme était très répandu et même ancré dans de nombreuses familles bourgeoises.De plus, Camille, qui n'avait pas de vraie conscience politique, a dû commencer, au moment de l'affaire Dreyfus, à développer des tendances paranoïaques et des crises de persécution, les juifs, les francs-maçons, les protestants, tout y passait, elle plongeait aisément dans d'extravagantes théories complotistes.

( ...)mais la requête de Mathias Mohardt auprès de Rodin pour instaurer la présence de Camille au musée Biron date de 1913, lorsqu'il apprendra qu'elle a été conduite à Ville- Evrard et qu'il en sera bouleversé, comme beaucoup d'autres écrivains, critiques et artistes dans Paris.

( p.43)
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Elle lit Rimbaud et le fait découvrir à son frère. (..)
Son frère la remerciera toujours de lui avoir montré le chemin des -Illuminations-, on dirait qu'il attendait la confirmation de ce qu'il éprouvait en secret. Cette lecture de Rimbaud a été une espèce de permission de s'engager, à choisir radicalement l'ailleurs. A s'inventer. (...)
" Pour la première fois, ces livres ouvraient une fissure dans mon bagne matérialiste et me donnaient l'impression vivante et presque physique du surnaturel; (..." (p. 44-45)
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Si on joue à écouter simplement les mots qui ont jalonné la vie de Camille, en mettant de côté tout ce qu'ils représentent, on ne peut qu'être sidéré. Avoir caché leur amour dans cette
" Folie" (**la Folie- Payen), c'est quand même curieux.Avoir commencé à travailler dans l'atelier de Rodin à " La Porte de l'Enfer", là encore, on se demande. (...)
On se demande si parfois les mots n'en savent pas davantage sur nous et sur ce que nous allons vivre, bien avant nous.Ils sont dangereux les mots.Ils nous précèdent, nous attirent, nous alertent, puis nous piègent (...)

( p.65)
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Elle a dix-sept ans quand elle arrive à la Ville [Paris], on est en 1881, elle entre à l'Académie Colarossi, à Montparnasse, au numéro 10 de la rue de la Grande-Chaumière, une école qui avait ouvert en 1870 et qui était la seule à accepter les filles (elles devaient toutefois payer double), L’École des Beaux-Arts leur était encore interdite.
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Elle brise, oui, elle détruit ses œuvres, déchire ses dessins, brûle, injurie, supplie et recommence. Et à force de croire à son scénario et de le faire tourner en elle des milliers de jours et de nuits, elle se retrouve prisonnière et se fait disparaître à elle-même.
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