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EAN : 9782072997327
48 pages
Gallimard (26/05/2022)
4/5   20 notes
Résumé :
S'est fait ressentir le besoin de disposer d'un manifeste qui viendrait poser sans hiérarchie ce qui ne peut nous être volé, du silence à l'horizon, de la santé au temps long, de même que les méthodes et approches qui permettraient d'éviter que ce vol ait lieu. Cette charte aurait vocation à inspirer tous ceux qui ont besoin de réarmer leur désir, de s'appuyer sur quelques compagnons déjà constitués, de partager des méthodes de conception et de déploiement et d'arpe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Nous, villes, sommes conscientes que les populations démunies sont les plus touchées par les problèmes de l'environnement (bruit, pollution de l'atmosphère
par les gaz d'échappement, insuffisance des équipements, insalubrité des logements, manque d'espaces verts) et les moins aptes à les résoudre.
L'inégalité des richesses est à l'origine de comportements insoutenables dont elle rend l'évolution plus difficile. Nous voulons intégrer à la protection de l'environnement les exigences sociales essentielles de la population ainsi que les
programmes d'action sanitaire, de l'emploi et du logement. Nous voulons tirer les leçons des premières expériences de modes de vie durables, de manière à pouvoir améliorer la qualité de vie des citoyens plutôt que simplement optimiser la consommation. »….
CHARTE DES VILLES EUROPÉENNES POUR LA DURABILITÉ- CHARTE D'AALBORG-Danemark, le 27 mai 1994.

1994, Nous les villes d'Europe….
2022, Nous, compagnons de la planète Terre . Charte du Verstohlen.

28 ans séparent ces deux Chartes.
La réflexion se poursuit, l'intelligence est là. Les cerveaux sont là. Alors quoi ? Question morale ? Question politique ? Comment saisir les enjeux, comment regarder cette misère qui progresse, ces richesses qui s'entassent , ces dangers environnementaux, ces crises ou plutôt catastrophes climatiques, humanitaires, sociétales, ces déserts sanitaires, ces océans de carbone, ces villes qui emprisonnent et qui encagent….
« Les mondes urbains et ruraux ne peuvent se transformer en
prisons où tout édifice arrête le regard : murs et bêtise ont ceci de commun qu'ils tuent les perspectives ».
Comment reprendre soin ?
Perspective...voilà un mot porteur, voyageur, un mot voyant. Une vue, une vision, un panorama, une cartographie, une écriture, un récit… Tout nous relie et nous raconte.
«  pas de soin du climat sans un climat de soin » !
Penser un écosystème total : le monde. Penser la ville c'est également penser la campagne, la forêt, c'est penser tous les réseaux reliant et interconnectant le Vivant. Partout.
C'est aller plus loin , projeter sa pensée. Au delà d'un territoire, d'une ville, d'un pays, d'un continent. Explorer, enquêter.
Recenser nos vulnérabilités ( hotspots), les soigner. Penser pour panser ? Fureter, tel doit être le prologue qui s'inscrira sur la feuille de la nouvelle route que, nous, furtifs compagnons, nous rédigerons.
Se mettre en capacité d'expérimenter de nouvelles normes, qui, après validation pourront être appliquées, déployées. Pas au nom du profit ou de la croissance mais dans un esprit de soin. Hors cadre, hors champ, de cette liberté, de ces audaces dépend notre survie. Nos paysages seront les premiers vers de notre futur Poème.
«  Nous prenons soin des choses qui nous inspirent. Mais cette attention est à mener au nom d'une collectivité, à destination d'un interet pour éviter toute captation strictement personnelle. Les travaux d'Ostrom ( Elinor Ostrom ) sur les comuns sont bien évidement incontournables pour penser les modes nouveaux de propriété ».
«  Ce n'est pas le capital qui est ici garant de la propriété, c'est le soin qui l'est. Les propriétaires sont ceux qui prennent soin. »

Notre monde est en souffrance, nous souffrons.
La philosophie du soin est une théorie morale et politique.
Ces théories ne peuvent être édifiées sans faire appel à l'intelligence de tous, sans dialogues entre nos savoirs et nos intelligences.
Il nous faut trouver une issue. Nous échapper d'un système clos qui n'offre aucune perspective et qui condamne l'avenir.
Alors bâtir, bâtir pour espérer demeurer.
Bâtir non sur des ruines, mais à partir de ce que l'histoire du monde a engendré. le meilleur comme le pire.
L'histoire du monde n'est pas seulement celle des hommes, c'est l'histoire des roches, des glaces, des fleuves, des nappes souterraines, l'histoire des courants des vents. Tout a fait son chemin pour parvenir au présent . Tout, jusqu'à la lumière.
«  ...car nous bâtissons toujours pour d'autres peuples, d'autres temps, d'autres espaces, d'autres espèces. Il y a toujours un surcroît , une place pour le prochain, une forme d'hospitalité qui ne dit pas son nom, qui a les habits de l'universalisme, mais qui n'a pas ses mauvaises manières lorsqu'elles sont perverties par un réductionnisme ethnocentré ». Humanisme : j'écris ton nom.
Charte du Verstohlen…. Verstohlen : furtif….
Invisibles...mais voyants !
"Nous sommes la nature qu'on défonce.
Nous sommes la terre qui coule, juste avant qu'elle s'enfonce.
Nous sommes le cancer de l'air et des eaux, des sols, des sèves et des sangs.
Nous somme la pire chose qui soit arrivée au vivant. OK. Et maintenant ?
Maintenant, la seule croissance que nous supporterons
Sera celle des arbres et des enfants.
Maintenant nous serons la nature qui se défend.
(P 520) ", les furtifs, extrait, A. DAMASIO.
« Tel est le chemin éternel de l'humanisme : comment l'homme a cherché à se construire, à grandir, entrelacé avec ses comparses,pour grandir le tout, et non seulement lui-même, pour donner droit de cité à l'éthique, et ni plus ni moins aux hommes. Quand la civilisation n'est pas soin, elle n'est rien. » Cynthia Fleury. le soin est un humanisme, tract Gallimard , extrait.

Astrid Shriqui Garain


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Un essai de 37 pages. Il faudrait probablement quelques armoires pour réferencier les évocations, les appels les signes multiples envoyés à toute volée par Cynthia. C'est un bouillonnement d'idées et de propositions, un manifeste, une charte.

Cynthia Fleury est admiratrice de Georges Canguilhem, et à ce titre elle voit l'homme blessé, le malade non comme quelqu'un qui serait "différent", qui devrait ou pourrait être marginalisé ou institutionalisé, mais comme un membre à part entière de la societé. L'essai part d'ailleurs du constat de l'universalité de la vulnérabilité. Prenant ce constat en main, Cynthia se demande comment " concevoir des modes d'être ou d'agir résilients, sucseptibles de refonder des émancipations et des capacités ... de faire advenir " le réel" ."

Sa pensée va bien au delà des soins en clinique, et co-opte l'architecture, le droit, la politique. Ainsi souhaite t-elle promouvoir la vue ( l'espace ouvert) et le silence ( qui permet d'accéder au spirituel, favorise la concentration et encourage le bien-être). Elle affirme le capacité réversible et capacitaire de la vulnérabilté : elle peut inspirer, guider, orienter. Elle souhaite aller au-delà de la rationalité instrumentale pour promouvoir la générosité. Ceux qui vont "habiter" une réalité à construire doivent pouvoir la co-déterminer. Prendre soin donne des droits. Donner une place au sacré, essentiel pour la santé mentale de l'homme - un sacré qu'elle n'assimile pas nécessairement à la religion. L'éloge de la furtivité ( "vivre sous les radars"). Comprendre ce qui demeure ici et maintenant. Une réference au compagnonnage ...

Je ne vais pas attribuer une note à cet essai. Il est trop riche, trop ouvert sur l'horizon, il compte bien trop de dimensions pour pouvoir le ramener à quelques paragraphes, voir à une poignée d'étoiles. Si je n'ai pu qu'entrevoir les visions lointaines qui peuplent la pensée de Cynthia dans le sprint qu'est cet essai, elle m'aura, comme à son habitude, ouvert des portes, et des fenetres qui me permettent des regards auxquels je ne suis pas habitué. Merci !

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La collection "Tracts" est une mine de mini-essais (ou longs manifestes) souvent passionnants. Celui-là traite des choses élémentaires nécessaires à une vie décente. C'est un texte généreux et rigoureux, parfois abscons, toujours intéressant. Programmatique cependant car il s'agit en réalité de ce qui ne DEVRAIT PAS pouvoir être volé et qui l'est cependant, et à ceux qui manquent aussi de tout le reste. le droit à un environnement silencieux, le droit à une vue dégagée, le droit à la santé ou au temps long... J'admire toute l'intelligence déployée. Même si j'en vois peu les effets dans la société.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Si la religion est une option, le sacré ne l'est pas. L'homme se tient debout grâce à une verticalisation tout aussi physique que psychique et spirituelle.

(P.16)

Les compagnons cherchent à ... édifier des formes institutionnelles furtives qui garantissent une forme de propriété à ceux qui prennent soin.

(p.31)
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Lorsque l'on aménage un lieu, un paysage, lorsque l'on conçoit un service, un protocole... il faut s'occuper de ses habitants, de ses publics, de ses patients et médecins, de ses espèces végétales et animales. Ancien, actuels, et futurs. Cela semble une évidence, c'est surtout une nécessité.
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Nous sommes des hommes dont l'humanisme est fragile...Chacun d'entre nous tisse dans le détail de sa vie une manière de se lier à des collectifs plus régulateurs, tout en assumant un principe d'individuation digne de ce nom ...

' (Page de garde)
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Lorsque l'on aménage un lieu, un paysage, lorsqu'on conçoit un service, un protocole... il faut s'occuper de ses habitants, de ses publics, de ses patients et médecins, de ses espèces végétales et animales. Anciens, actuels et futurs. Cela semble une évidence, c'est surtout une nécessité.
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Si la religion est une option, le sacré ne l'est pas. L'homme se tient debout grâce à une verticalisation tout aussi physique que psychique et spirituelle.
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