Troisiè
me recueil que je lis d'
Estelle Fenzy. Elle convoque ici des souvenirs d'enfance, centrés autour de son grand-père, mineur dans le Nord, sa région d'origine.
" Dans tes yeux
les terrils
ce n'étaient pas
ces déchets
montés du fond
ces débris en collines
plus tristes que le ciel
C'étaient
des seins d'ébène
de la poudre de volcan
soufflée d'un sabler brisé"
Par contre, le titre prête à confusion, malicieusement. Car il n'est pas question d'évoquer un mineur, non, il désigne le lieu d'aisance au fond du jardin! Je l'ai connu aussi, et comme elle, il me faisait peur:
" Et
la gueule
la
gueule noire
profonde
le trou béant imaginé
cerné de crocs sanglants
Nous y posions
nos petits derrières
priant toutes les lunes
de France et de Navarre
pour ne pas y tomber"
Les textes sont à la fois drôles et émouvants, écrits en vers courts, vifs, comme des instantanés. On sent toute la tendresse pour ce grand-père atteint, comme beaucoup de mineurs, de silicose. Une évocation de l'enfance qui me parle, la ducasse, la bistouille, le binage au jardin, le chalet près de l'étang...