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EAN : 9782844182982
62 pages
La Part Commune (02/04/2015)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Chut (le monstre dort) retrace un parcours intérieur. Un combat. Entre pudeur et violence, la révolte le temps compté. l'amour, la douleur, la vie belle aussi.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
CHUTE....................

À force d'élaguer, d'élaguer, d'élaguer encore, puis de tronçonner, d'appliquer la taille franche plutôt que la taille douce, d'éliminer, d'ébarber, de diviser, de sectionner, de ligaturer, de fractionner, de hacher menu, menu, menu, menu dans la forêt des mots et des dires, que restera-t-il au poème ?

Ce ne sera plus du silence autour des mots ou des vers (tellement libres qu'ils en deviennent vains) mais quelques mots autour du seul silence.

Estelle Fenzy n'est pas si éloignée, hélas, de ce résultat. À force de faire motus, d'espérer donner de la force à du blanc environnant jusqu'à l'étouffement les quelques malheureux caractères échappés de l'imprimerie, on fini par craindre le néant.

Ô! Ce n'est pas une tendance qui lui est propre et loin de nous la moindre intention d'accuser Estelle Fenzy d'un tort - de notre humble mais assumé point de vue - qui ne lui appartient pas en propre. C'est même un peu la maladie honteuse d'une certaine poésie contemporaine qui remonte, semble-t-il, à la redécouverte somme toute tardive et à l'engouement excessif pour la forme japonaise de l'haïku, transposée dans nos langues européennes, avec tout ce que cela implique d'incertitude, de facilités et de quiproquos. On en fabrique même à l'école, pour poétiser en commun et peine excessive ni lassitude rapide.

Cela peut ou a pu donner ici et là d'excellents résultats. (Eugène Guillevic, parmi les maîtres incontestables de la forme courte)

Cela finit par devenir un rien pénible, répétitif et creux, même en y mettant toute la bonne volonté du monde ou en songeant à la plus que probable honnêteté du créateur (ici créatrice).



De fait

à force de silence
entre les mots

le grand vide







........ Désolé.
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"Chut
(Le monstre dort)
Buvons le galop des jours
Et la surprise de vivre
Dans le même verre"

Chut (le monstre dort) est le premier recueil d'Estelle Fenzy. Un recueil tout en retenue : textes courts, incisifs, comme dégagés de tout superflu, de tous les verbiages inutiles, ces mots qui font perdre du temps et donc l'essentiel :

"Penser vif
écrire simple
crier grand"

Des textes justifiés au centre qui signent dans l'espace le besoin d'un recentrement, d'une condensation, d'un repli. le besoin de retenir, de retenir encore le temps et l'espace : « Au lasso l'horizon | je le ramène devant », de retenir le souffle, sensible dans le rythme des vers où le sujet parfois s'élide face au verbe hésitant entre infinitif et impératif : « Tenir bon | ne pas ouvrir | tenir bon », de ralentir, de ralentir le bonheur dans le temps :

"Pas trop vite
les beaux jours
pas trop vite"

Ce rythme retenu, contenu, ralenti me fait penser à La ralentie d'Henri Michaux :

"On a signé sa dernière feuille, c'est le départ des papillons.
On ne rêve plus. On est rêvée. Silence.
On n'est plus pressée de savoir."

Mais à la différence de Michaux, le désir de ralentissement n'est pas désir d'abandon progressif au monde, de dépossession de soi mais au contraire l'objet d'une insoumission au monde et à la durée, d'une révolte face à la maladie et à la mort : il s'agit de « Rentrer en résistance », de « Passer à la chaux | toute forme de reddition » avec cette faculté toute enfantine d'influer sur le monde par des jeux de superstitions... Ainsi résonne le Chut... Se taire pour ne pas éveiller le monstre, se taire pour faire taire le monde, faire taire la mort... Ainsi font les enfants en fermant les yeux pour se cacher de ce qu'ils redoutent, pour se soustraire à la peur.

Le monstre, Estelle Fenzy le met entre parenthèses, dans un enfermement ouvert, dans un abri borné, un monstre montré mais maîtrisé dans la léthargie, un minotaure bercé par les comptines d'une Shéhérazade enjôleuse :

"Chanter berceuse
nuit et jour
empoisonnée

Dors la Bête dors
ne te réveille pas
encore"

Chut (le monstre dort) est une comptine chuchotée, un livre des heures « de la parole retenue », un chant d'amour pudique d'une fille pour son père malade, un premier recueil poignant et captivant qui vous ravit de la première jusqu'à la dernière page.
Lien : http://www.labyrinthiques.fr..
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Estelle Fenzy dans ce recueil "Chut (le monstre le dort) développe une poésie de l'intime qui évoque par petites touches, le désarroi face à la maladie, à la violence de la douleur, la fuite du temps mais un temps que l'on peut chercher à improviser, à s'approprier, à partager comme « un fruit rare », en tentant de se délester de « toutes les tristesses envoyées par le fond » et de cueillir "des bouts de jardins"

L'auteure dans un style dépouillé à l'essentiel rassemble dans ce recueil des petits fragments, qui évoquent les haïkus, des pages à lire et à relire pour s'imprégner de l'atmosphère des vers les paupières closes.



Lien : https://petiteabeilleweb.blo..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
EXTRAITS 3


Sans équipage
et cales vides

cœur haubané
tempes battues
par les vents

tu tiens debout
sur le quai

***

À la porte
les ombres

bons gros vieux chiens
jappent et supplient

Tenir bon
ne pas ouvrir
tenir bon
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      RÊVE SILEX…


      Rêve silex

     corps ciment
   dégrisé durement

   Nuit de fantômes

    plaquée au sol
   face contre terre



   Écorce craquelée

     on déleste
     on émonde

Au carrefour de l'existence
     même le regard

          nu
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EXTRAITS 2


Au lasso l’horizon
je le ramène devant

j’ai peur parfois
qu’il soit trop grand

pour mes bras

****

Penser vif
écrire simple
crier grand

puisque la vie
ampute

***

Vie
sanglée
tendue

pieds nus
sur la ferraille

se cabre cheval

fouetté
au sang
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Dernières roses coupées
rivalité d'épines

Dans la tendresse du sécateur

Les printemps futurs
accouchés
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EXTRAIT 1


10 août

montagnes
soleil de fin de route
bien arrivés

Au téléphone tu dis

je suis malade

trois mots
trois tonnes d’argile
sans émail

Moi l’oiseau rieur
le bec le cœur
en une seconde
cloués
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Video de Estelle Fenzy (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Estelle Fenzy
Partage de poèmes de " Les chevaux de Tarkovski", Pia Tafdrup, éditions Unes, par Estelle Fenzy.
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