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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec une plume fluide, pudique et sincère, Mouloud Feraoun nous raconte avec des mots simples la vie d'un jeune kabyle avant l'indépendance de l'Algérie.

Même si, comme Dostoïeski (dans Souvenir de la Maison des morts), l'auteur nous affirme transcrire les cahiers d'un instituteur (Fouroulou Menrad) qu'il aurait trouvé, c'est bien de sa vie qu'il s'agit.

Dans la première partie, Feraoun nous livre un récit à la 1ère personne du singulier qui est une "simple" description de la vie quotidienne du jeune garçon dans son village kabyle, de sa vie de famille, etc.
L'auteur nous parle aussi beaucoup de son rêve d'intégrer l'Ecole normale - une fois qu'il a pris goûts aux études. Mais ce rêve à un prix : s'il échoue, il devra retourner à sa condition de berger pour aider sa famille ; et le pauvre bougre se sent bien seul face à ce problème car les membres de sa famille, s'ils sont fiers de sa réussite à l'école, ne voient pas d'avenir "concret" pour Fouroulou dans les études supérieur.
La seconde partie fait elle une plus grande place à l'émotion, on passe cette fois au récit d'un narrateur omniscient. Cette fois, l'élément central, c'est le départ du père de famille pour la France. Pour rembourser ses dettes, il atterrit dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris et est embauché dans les fonderies d'Aubervilliers, et c'est là que les ennuis commencent (ou continuent, mais avec la distance en plus).

Avec le Fils du Pauvre, en plus d'avoir "voyagé", le temps de quelques lignes, sur une terre que je ne connais pas, j'ai découvert un récit de vie authentique et touchant qui vaut mieux que quelques malheureuses lignes sur la présence coloniale française en Algérie et les us et coutumes kabyles dans un livre d'histoire.
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Il se trouve que j'ai lu récemment le premier homme d'Albert Camus et, par hasard, ou peut-être pas, j'enchaîne avec cette autre autobiographie d'un auteur contemporain de Camus ayant passé, comme lui, sa jeunesse en Algérie. Les propos sont proches: on entre dans les deux cas dans une famille pauvre d'Algérie au début du XXe siècle. Les deux auteurs sont d'exacts contemporains; ils se connaissaient et se respectaient. Toux deux sont issus de milieux pauvres, illettrés. Tous deux sont sortis de leur milieu social grâce au système de bourses offertes par le gouvernement français aux plus méritants. Dans les deux cas, permettre de poursuivre des études à un fils, même gratuites, signifie pour la famille perdre sa force de travail et donc, à court terme, s'appauvrir encore. Les similitudes sont flagrantes mais il y a aussi des différences: alors que Camus était citadin, issu d'une famille de colons, Feraoun était un Algérien de souche, fils de paysan kabyle. Ce roman clairement autobiographique est très factuel et très descriptif de la vie d'une petite communauté d'un village kabyle. La première partie qui décrit les souvenirs de son enfance est très intéressante. On vit avec Feraoun son quotidien familial, les responsabilités qui lui incombent en tant que fils aîné, mais aussi les privilèges dont il jouit de par son statut d'héritier mâle. On comprend très bien de quoi est faite cette vie où chaque chose a le prix du travail qu'on y a mis et où l'entr'aide tient un grand rôle; une vie simple qu'on envierait presque si l'on oubliait les problèmes qui sont inhérents à ce style de vie: un accident qui déséquilibre le budget précaire, une femme qui meurt en couche faute de prise en charge adéquate… Lorsque Fouroulou le double de Feraoun, entre à l'école primaire supérieure de la ville (Tizi Ouzou) , on dirait que le temps s'accélère et que l'auteur a perdu la verve avec laquelle il nous contait son quotidien villageois. C'est beaucoup moins intéressant et le livre s'achève sans réelle conclusion comme si c'était le premier épisode d'un feuilleton à suivre.
C'est un roman que j'ai apprécié pour son côté documentaire. Sur le plan littéraire, je suis restée un peu sur ma faim…
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Une histoire simple et fidèle.
Elle raconte l'enfance, dans un village de Kabylie, d'un futur instituteur. Les difficultés sont permanentes. Il faut assurer la subsistance d'abord: on cultive des olives, des figues, il y a quelques bêtes, et on produit de la céramique. Mais tout est toujours précaire, il faut dormir au champ, quand les fruits sont mûrs, pour éviter le vol. Une existence épuisante.
Et puis les familles se querellent, pour un lopin de terre, une pièce de la maison. Les soins sont rudimentaires, alors la mort est menaçante. Et elle frappe, les femmes en couche notamment.
Quand il n'arrive plus à joindre les deux bouts, le père part en métropole pour rembourser les dettes.
Les moments de joie sont rares et sont causés par des choses très simples: un repas qui sort un peu de l'ordinaire par exemple.
Et puis on suit le parcours du futur instituteur, ses études, son acharnement, la confiance qui vient petit à petit, les difficultés financières, la chance aussi qui donne un coup de pouce. Il doit y avoir beaucoup d'autobiographie là-dedans.
J'ai été amené à Mouloud Feraoun par le livre Nos richesses, de Kaouther Adimi. Je ne sais plus si elle le cite, mais j'ai découvert là le milieu littéraire d'Alger, et en poursuivant mon exploration je suis tombé sur Mouloud Feraoun. Je ne le regrette pas, son style est évocateur et charme discrètement.
Il avait choisi d'écrire en français et était écartelé entre deux cultures. Il paya de sa vie son ascension sociale, puisqu'il fut assassiné par l'OAS quelques jours avant la fin de la guerre en 1962.
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Roman initiatique. le fils du pauvre relate la vie de Menrad Fouroulou, en fait Mouloud Feraoun, dans les années 1920 dans les montagnes de Kabylie en Algérie française, la vie du village, la vie communautaire avec ses avantages (sécurité, sociabilité, solidarité) et ses inconvénients (jalousie, rancoeurs, manque de liberté). Menrad est "le fils du pauvre" mais pas plus pauvre qu'un autre au milieu des villageois démunis.
Il évoque avec sensibilité ses parents, ses soeurs, ses tantes chéries. Il est le seul garçon jusqu'à la naissance d'un petit frère et, source de toutes les attentions, il devient dit-il un "tyran". Il raconte aussi les activités traditionnelles de survie : petit élevage, culture des olives, tissage, poterie.
Son destin va prendre un nouveau cours grâce à l'école et à une bourse qui lui permet d'entrer au collège puis à l'Ecole Normale où ses difficultés financières m'ont rappelé dans un contexte géographique très différent celles de Jean Guéhenno.
Ecriture sobre et sensible pour évoquer le cadre de vie de la Kabylie ainsi que la pudeur qui n'empêche pas la profondeur des sentiments de ses proches.
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Ce petit livre est un trésor à ranger parmi les meilleurs livres sur l'enfance. Que de souvenirs et quelle belle plume pour nous les rapporter avec tant d'émotions.

Dans la première partie, l'auteur (rebaptisé Fouroulou) nous raconte son enfance en Kabylie, entre sa famille, les rivalités, la solidarité, les jeux, les petites espiègleries, les premiers chagrins. le jeune Fouroulou sait qu'ils sont pauvres. Ses parents travaillent tellement et la nourriture est un souci constant. Mais c'est la situation de tous dans ce village de montagne alors le poids de cette pauvreté ne se fait pas trop ressentir pour les enfants. Fouroulou passe une enfance joyeuse grâce à l'amour de ses parents et à sa place privilégiée de petit garçon parmi ses soeurs.

Dans la deuxième partie, le ton change. Fouroulou est entré au collège grâce à son travail acharné et à une bourse. Il a grandi et est moins insouciant. Son père est parti travailler en France. Fouroulou ressent plus fortement le poids des responsabilités et la peur de l'échec mais il rêve toujours de devenir instituteur.

Dans ce texte, la magie opère. Ce petit truc qui fait qu'avec la plus grande simplicité et sincérité, l'auteur me fait ressentir toutes les émotions de son enfance dont le quotidien ressemble cependant bien peu à la mienne. Pourtant, ce sont les mêmes joies, les mêmes peurs. J'ai joué, j'ai ri, j'ai mangé, j'ai eu le coeur brisé, j'ai rêvé avec Fouroulou. Ce texte authentique est un hommage plein de tendresse à ses parents, ces pauvres, ces oubliés qui lui ont permis de se réaliser et qui deviennent ici éternels.

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Un livre attachant qui nous fait découvrir, à travers l'enfance de Fouroulou, le narrateur, la Kabylie d'avant l'Indépendance. La jolie critique d'Aoutef79 m'avait donné envie de découvrir l'autobiographie de l'auteur disparu très prématurément.
Le livre se présente comme un journal intime interrompu, nous y faisons connaissance avec la famille Menrad qui vit dans une petite ville où le quotidien est rythmé par la tradition, des relations très codifiées entre les adultes, par un dur labeur de terres qui suffit à peine à nourrir la famille du narrateur.
La pauvreté règne mais l'enfance de Fouroulou est marquée par l'amour et la grande indulgence des adultes à son égard. Choyé par sa mère et ses deux tantes , le petit garçon comprend rapidement que poursuivre des études peut lui permettre de changer son destin. Si son père entend bien qu'il prenne sa suite sur le lopin de terre familial, Fouroulou met tout en oeuvre pour partir à la ville étudier – ce qu'il concrétisera grâce à l'obtention d'une bourse.
Un petit livre fort, dont on regrette qu'il s'achève avant de voir le jeune homme évoluer dans sa nouvelle vie d'enseignant. Tour à tour grave, émouvant ou drôle, on ne boude pas son plaisir à la lecture de ce court roman.
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Belle biographie de Mouloud Feraoun narré sous le nom de Fouroulou Menrad, je pensais avoir écrit deux fois le même nom, mais en fait, c'est une anagramme, mon cerveau s'est fait avoir.
Lecture simple, sur l'Algérie, la Kabylie, avant son indépendance, en campagne, une vie en pleine nature loin du tumulte des grandes villes. Mouloud, si il le désire peut exercer le métier de berger, mais celui-ci ne désire qu'une chose intégrer l'École normal.
Son père quant à lui doit partir vivre sur Paris pour y travailler afin de faire vivre sa famille..
Un récit authentique.
J'aime aussi lire ce genre de témoignage, afin de faire mon avis sur plusieurs cultures, par exemple, j'ai lu il y a quelques années "Moha le fou, Moha le sage" de Tahar Ben Jelloun cette fois l'histoire se passe au Maroc.
Un classique de littérature algérienne pas assez connu.
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Un lecteur ne prends pas forcément le bon roman à lire.....
A mon avis,cette oeuvre est une sorte de culture en ce qui concerne la vie kabyle.j'ai énormément apprécié ce roman,mais pas au niveau des événements,j'ai senti que l'écrivain décrit mais ne raconte rien dans la première partie.la deuxième partie était plus passionnante,cependant le romancier n'est plus Fouroulou.mais il parle toujours de son enfance/adolescence.
Ce qui m'a plu particulièrement est l'écriture doté d'un vocabulaire trop riche,et d'un style si doué,qui rend le déroulement des événements une certaine chose magnifique et claire à lire....
C'est un bon roman de Feraoun,à lire.mais il ne faut surtout pas le lâcher au début quand il n'y a que la description...
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Fouroulou Menrad (le double littéraire de l'auteur, en quelque sorte) livre dans ces cahiers l'histoire de sa vie, à la manière d'un Marcel dans La Gloire de mon Père, ou dans la lignée de Dickens ou autres grands conteurs. Jeune kabyle vivant dans les montagnes, seul garçon dans une famille pauvre qui compte déjà plusieurs filles, le jeune Fouroulou est élevé dans l'idée que beaucoup lui est dû ... c'est un garçon, il sera un homme. A lui les honneurs de la table et la place à la djema, place du village réservée aux hommes. Mais à lui aussi le fardeau de devoir plus tard subvenir aux moyens de sa famille. Né dans une famille pauvre et qui se déchire après la mort de la grand-mère, pilier familial, Fouroulou, peu attiré par les travaux des champs, trouvera dans l'école une voie d'évasion, même si finalement elle ne lui permettra pas de réaliser des rêves fous. Mais la résignation est l'apanage de ceux qui vivent dans ces montagnes reculées ...

C'est la vie toute simple d'une famille qui nous est contée là, sans chichis ni tralalas, mais avec humour, dérision et une certaine universalité dans le propos, ce qui fait qu'on passe un moment un peu hors du temps aux côtés de Fouroulou et des siens, de la douce Nana et de Ramdame le fils cadet, de l'oncle Lounis et de ses belles paroles, de la perfide Helima, tout un monde conservé précieusement dans les pages de ce livre ...
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Lors d'une conférence sur la littérature algérienne (dans le cadre de l'Université Inter-Age) , le conférencier nous a conseillé la lecture de certains ouvrages parmi lesquels "le fils du pauvre".
J'ai pris un grand plaisir à lire ce petit livre (146 pages).

Dans cet ouvrage l'auteur raconte son enfance dans un village de Kabylie dans les années 20. Il nous raconte la vie quotidienne dans ce petit village où les habitants sont tous plus ou moins parents. Il parle du travail des hommes et de celui des femmes, de la place des femmes, du statut privilégié des garçons dans les familles.
Il décrit sa famille, ses parents pauvres paysans "Ramdam dépeignait son embarras, sa misère", ses soeurs, ses tantes, son oncle, ses cousines.
La pauvreté contraindra son père à partir travailler en France.
A 7 ans ses parents l'envoie à l'école de son village. Lui qui était destiné, comme les autres garçons du village à devenir berger entrera à l'école primaire supérieure grâce à l'obtention d'une bourse. Il termine son livre alors qu'il vient d'être admis à l'école normale supérieure d'Alger.

Je pense que l'on peut écrire que "le premier homme" d'Albert Camus (publié en 2014) et "le fils du pauvre" (publié en 1954) ont de nombreux points communs.
Ces deux histoires sont autobiographiques. elles se situent en Algérie. Les familles des deux garçons sont pauvres, l'un est français l'autre est Kabyle. Leur niveau scolaire leur permet d'aller au-delà de ce que leur milieu social les prédestinait. Pour les études la similitude s'arrête là l'un ira au lycée puis à l'université le second deviendra instituteur à l'issue de l'école normale supérieure.
Tous les deux seront écrivains.
Ils sont nés la même année, en 1913. Albert Camus sera victime d'un accident de la route en 1960, Louloud Feraoun sera assassiné par l'OAS en mars 1962.




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Mouloud Feraoun est né à :

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