Plus familier.e des folklores japonais et occidental, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai découvert ces contes traditionnels chinois. Passé une préface certes touffue mais fort utile pour planter le contexte, c'est l'immersion totale et embarquement immédiat pour cette Chine antique empreinte de magie, où les Immortels se mêlent aux humains au gré de leurs envies... mais aussi les Yao, prompts à se livrer à leurs maléfices.
La première chose qui frappe, c'est la narration d'
Yveline Féray. Sous sa plume, vivante et légère, les contes résonnent effectivement comme s'ils étaient racontés à l'oral, avec de petites phrases s'adressant de façon ponctuelle directement au lecteur. Ce qui n'empêche pas le vocabulaire d'être riche, en contradiction totale avec l'esprit de « littérature vulgaire » à laquelle appartiennent ces contes, tout en ajoutant vraiment à l'ambiance sans pour autant les rendre moins accessibles. de quoi casser l'image de « l'histoire pour enfants » qui colle au genre du conte pour lui rendre sa dimension originelle de divertissement universel. Bref, la lecture est toujours agréable, même si les histoires, elles, ne se valent pas toujours.
Les six contes se veulent assez variés, mettent en scène tour à tour des yao plus facétieux qu'autre chose (« Cinq rats jouent de mauvais tours à la Capitale Occidentale »), des divinités bienveillantes («
Le fou des fleurs », « La Charmante ») ou des créatures carrément malfaisantes (« La tour du pic du Tonnerre ou le Serpent Blanc »). Ce conte, occupant à lui seul un bon tiers du livre, est pourtant le moins intéressant de tous, ses ressorts narratifs s'avérant particulièrement redondants. En plus, c'est longuet et il ne se passe pas grand-chose... Au moins, dans « Cinq rats... », le côté répétitif avait une vraie utilité dans le récit et le rythme de celui-ci ne laissait pas de place pour l'ennui. de même que dans « Le Chat-Flamme », où le côté totalement animalier ajoutait une touche d'originalité en plus. Enfin, reste le cas du très décousu « La nuit du mariage des rats », où, à côté du conte, l'on a droit à des explications sur les traditions locales. Si l'histoire comme l'aspect folklorique sont l'un comme l'autre intéressants, c'est la façon dont les deux sont rafistolés bout à bout qui laisse dubitatif. Dommage.
Un recueil inégal donc, mais qui n'est dénué ni de pépites, ni de charme. Car si la plupart des contes ont un déroulement prévisible, ils n'en restent pas moins ponctués de rebondissements, de magie, bref, de cette petite touche merveilleuse que l'on apprécie tant. Globalement, le bilan est donc positif, et l'on gardera plus facilement en tête les excellents « La Charmante » et «
Le fou des fleurs » que cet envahissant « Serpent Blanc », que l'on aurait volontiers troqué contre autre chose.
Le dépaysement est donc bel et bien là, bref, pas toujours constant, mais présent.