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sur 1551 notes
Afrique du Sud, Nouvelle Zélande, et maintenant Argentine, Caryl Ferey, tour opérator des bidonvilles du monde et spécialiste es peuples opprimés n'a pas son pareil pour les visites guidées.

On connaît l'attrait de Caryl pour les peuplades en voie d'extinction, le peuple Mapuche, indiens aborigènes chiliens ne représente qu'environ 4% de la population en Amérique latine. Dont acte. Merci Mr Ferey de contribuer à ma culture générale, je n'en connaissais pas l'existence avant cette lecture.

Jana, femme enfant en déni de sa féminité. Miguel/Paula, travesti assumé. Ruben, amputé de sa famille. Dignes créatures Féreyienne ne déparant pas dans ce décor post-dictatoriale. Autant de personnages controversés, malmenés par la vie, mal dans leur peau, cherchant leur accomplissement personnel à travers leur colère, que Ferey déplace sur son échiquier. La reine, le fou (la folle?), le cavalier…

Très fouillé, très documenté, avec de longs passages historiques. Presque un tantinet trop détaillé parfois mais il est bon de se plonger dans l'Histoire du moment qu'elle sert l'histoire.

Roman à ne pas mettre entre toutes les mains, en tout cas pas dans les plus sensibles mais sans en dévoiler la fin, c'est sans doute l'oeuvre la plus optimiste de l'auteur malgré le bain de sang auquel il nous a habitué.

Le roi Ferey a pris ma tour, je me sens manipulée comme un pion. Échec et mat !
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Wouaou… Caryl Férey, deuxième essai après Zulu.

Zulu a été une grande claque! Que dire de Mapuche?

Le problème quand j'ai aimé un livre est que j'ai envie d'être dithyrambique, d'en parler des pages entières pour en prolonger le plaisir… Erreur! L'oeuvre se suffit à elle-même. Trop en dire revient à noyer le génie de l'histoire.

Mapuche est un roman noir, terrible et sans concession exprimé au travers d'un thriller violent et haletant. Et Mapuche est pourtant également un merveilleux cri d'amour.

Argentine. le meurtre de Luz, un travesti des bas-quartiers, ou plutôt des non-quartiers, tant le seuil n'est plus de pauvreté mais d'indigence. Ses amis, Jana, la Mapuche, et Miguel "Paula" ne veulent pas que ce crime odieux reste noyé dans les eaux du port de la Boca.

Une photographe, Maria Victoria, fille d'un éminent homme d'affaires, disparaît. le détective Rubén Calderon, habituellement chargé d'enquêter les Abuelas, les grands-mères à la recherche des enfants volés de la dictature militaire de 1976, va pourtant se pencher sur ce cas.

Aucun rapport entre les deux? Ne soyez pas sceptiques…

Des pans entiers de l'histoire l'Argentine, dans ses heures les plus sombres et honteuses se dévoilent au fil de l'intrigue. Extrêmement bien documentés et habilement enchevêtrés dans le récit pour ne jamais donner l'impression de recevoir un cours magistral, pour ne jamais casser le rythme des rebondissements de l'enquête.

Le récit est dense et foisonnant d'émotions, les thèmes sont nombreux et toujours explorés précisément avec une sombre fluidité.

Chaque personnage est riche, fouillé, et se fait le porte-drapeau de chaque catégorie de la société argentine. le ton est juste, poignant, et donne même parfois l'impression de dépasser le style de roman pour embrasser celui du témoignage.

Le passé est vivant au présent, dans l'espoir de l'avenir.

Un seul bémol, à mon sens: l'histoire des indiens Mapuche que je découvre à travers Jana, n'est peut-être pas assez développée… Mais cela tient peut-être à l'empathie ressentie pour cette femme révoltée, habitée des esprits des anciens…

Dans ce concentré de blessures à vif, un moment unique et fort: le passage de la lecture du Cahier triste. Hors du temps, j'oublie la fiction… chair de poule, horreur, peur, souffrance… et l'ineffable, l'indicible anéantissement… et les larmes qui débordent sans y être invitées… Une tristesse infinie qui s'échoue sur un poème, CE merveilleux poème d'amour. Bref, des pages d'émotions brutes qui transpercent assurément le coeur et l'esprit. Sublime…

Alors un grand merci à cet auteur!

Pour redonner vie à des événements historiques peu glorieux pour l'espèce humaine dite évoluée et moderne, et par trop inconnue ou méconnue sous notre latitude.

Pour cette découverte intime d'un peuple, de sa mentalité, de ses blessures, de ses combats.

Pour cette merveilleuse histoire d'amour aussi, entre deux êtres cassés mais que les hommes et la vie n'ont pu briser.

Pour ce vibrant hommage, également, aux civilisations et nations disparues par tout ce que l'âme humaine a de diabolique et sadique.

Une fantastique lecture, entre révoltes et émotions, noirceur et violences, dont je ne sors pas indemne. Et j'ai envie de conclure par cette phrase, parce que le combat pour la justice ne doit jamais cesser, la mémoire ne doit jamais s'effacer ou s'éteindre: "Leurs ennemis les appelaient les Araucan, ceux qui ont la rage."
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Fort, prenant, plein de haine, de colère, de douleur!!!.. comment des êtres humains peuvent supporter de vivre l'indicible, de subir la cruauté et la déshumanisation et continuer à se battre, à y croire.

Une belle leçon d'histoire et une plongée dans un enfer qui ne nous laisse pas indifférents.

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Cruel, dur, parfois insoutenable mais magnifique.
Nous voilà plongés dans l'histoire de l'Argentine. Tortures, enfants volés, disparitions tout cela resurgit après la mort d'un travesti. Un détective, Ruben, lui même rescapé des prisons de la mort, croise Jana d'origine indienne dont le peuple a été bafoué. Ces deux là, mutilés dans leur corps et leur esprit, s'unissent pour une chasse à la vérité, qui se double bien sûr d'une chasse à l'homme.
Ce livre fait froid dans le dos mais a-t-on le droit de passer sous silence toutes les exactions commises dans ce pays ? Au même titre que nous commémorons la mémoire des victimes des camps de la mort en Europe, souvenons-nous de ces Argentins qui ont souffert pendant la dictature.
A lire absolument
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Il est souvent difficile de parler d'un livre qu'on a aimé, dévoré, et Mapuche fait partie de ceux-là. Une fois qu'on a dit qu'ils sont bien fichus, que l'intrigue se tisse très bien autour de personnages attachants et complexes, que les thématiques abordées permettent au lecteur d'apprendre des choses sous le couvert du roman policier, il ne reste plus qu'à vous inviter à découvrir Caryl Férey si ce n'est déjà fait, et à vous plonger dans Mapuche, un Pisco Sour à la main !
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Défi ABC 2017-2018

Oubliez vos préjugés envers thrillers, romans noirs et enquêtes, et lisez Mapuche.
Parce que c'est captivant. parce que Jana et Ruben, vous n'êtes pas près de les oublier. Parce que les mères de la place de mai ne seront plus des femmes anonymes . Parce que la dictature argentine, ce n 'est pas de l'histoire ancienne, et que des familles sont en deuil, aujourd'hui. Parce c'est écrit dans une langue limpide, imagée, rythmée. Parce que les personnages sont riches de leurs faiblesses, et que rien n'est manichéen. Parce qu'il faut parfois avoir le coeur bien accroché. Parce que c'est un voyage en Argentine qu'aucun guide ne proposera jamais. Parce que Jana est une sculptrice à découvrir. Parce que des personnages aussi vivants, on n'en rencontre pas tous les jours, ni dans les livres, ni dans la vie. Parce qu'une fois ouvert, vous ne pourrez plus lâcher.

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Si ce livre n'était que passionnant, haletant, émouvant, au suspense à peine supportable, ce serait un bon polar comme d'autres… mais Caryl Férey, avec Mapuche, va bien au-delà. Il réussit une plongée indispensable dans ce que fut la dictature en Argentine, afin que l'oubli ne recouvre pas tous ces crimes, toutes ces abominations commises il n'y a pas si longtemps et dont les plaies ne cicatriseront jamais.
Le Processus de réorganisation nationale - dénomination officielle d'une dictature qui a duré de 1976 à 1983, imitant ce que l'Uruguay avait fait auparavant, avec l'aval de Gérald Ford, Président des USA, et de son secrétaire d'État, Henry Kissinger - a causé 30 000 disparitions, érigé la torture systématique, bénéficiant des conseils de militaires français rôdés en Algérie, et volé à leurs parents plus de 500 bébés élevés dans des familles proches du pouvoir.
La force de Caryl Férey est là : emmener le lecteur dans une histoire tendue, le tenant en haleine tout en rappelant régulièrement le contexte historique, politique, économique du moment dans un pays dont il donne précisément les caractéristiques géographiques. L'auteur ne résiste pas à nous rappeler la fameuse formule caractérisant bien l'Argentine : « Les Mexicains descendent des Aztèques, le Péruviens des Incas, les Colombiens des Mayas, les Argentins descendent du bateau. »
Après une ouverture glaçante où des sbires appliquent encore les mêmes méthodes que durant la dictature pour éliminer les opposants ou, tout simplement, les gêneurs, nous faisons connaissance avec Jana, jeune sculptrice mapuche. Elle est la « fille d'un peuple sur lequel on avait tiré à vue dans la pampa… les chrétiens n'avaient pas fait de quartier… huit cent mille morts. » Son meilleur ami est Miguel Michellini, un travesti qui se fait appeler Paula, « soeur de misère et d'espoir. »
Premier drame : le corps de Luz, un autre travesti, ami de Paula, est repêché dans le port. Entre alors en scène Rubén Calderón, détective privé, fils de Daniel, un poète victime de la dictature, comme sa petite soeur. En quelques pages, dans son Cahier triste, il nous plonge dans l'horreur de sa détention, en pleine Coupe du monde de football 1978, en… Argentine ! Sa mère, Elena, fait partie des Abuelas, ces femmes qui ont défié le pouvoir sur la Plaza Mayor, à Buenos Aires, femmes qu'on a appelé folles alors qu'elles réclamaient simplement la vérité sur le sort de leurs enfants et de leurs maris.
Jana et Rubén vont lier leur sort dans une quête folle parsemée de cadavres. C'est encore l'occasion de rappeler le sort des Mapuche : « tirés comme des lapins… livrés aux écoles religieuses… parqués, acculturés, appauvris, réduits au silence, mentant sur leur origine lors de rares recensements, oubliant par honte ou désoeuvrement leur culture, les Mapuche avaient traversé le siècle comme des ombres. »
Inutile d'en dire davantage. Il faut se plonger dans la lecture de Mapuche, traverser tout le pays, se rendre dans les Andes, batailler dans les marécages du delta du Río de la Plata, passer en Uruguay, retraverser le pays, découvrir les riches vignobles établis en spoliant les propriétaires pour voir Jana devenir Kulan, la femme terrible de la tradition Mapuche.


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Très en attente de lire Mapuche que je ne trouvais à la médiathèque, j'avais fini par emprunter Zulu. Là, j'avoue que j'avais déjà été étonnée par la qualité de l'intrigue, l'authenticité du propos ancré dans l'histoire et l'actualité, les personnages à la fois sombres et attachants.
Nulle déception avec la lecture de Mapuche, j'ai retrouvé la même frénésie à avancer dans le polar : dès les premières pages, on est accroché et on peine à lâcher le livre. Ici, les personnages principaux sont Jana, une artiste indienne ayant vécu l'oppression, et Ruben, un détective dont la soeur et le père ont été arrêtés par la junte. Ils vont unir leurs efforts pour découvrir qui a tué un jeune travesti et mettre à jour un des nombreux scandales qui ont entaché la dictature Argentine.
C'est du polar intelligent car toujours articulé à un pays et à ses cultures. Documenté, bien écrit, efficace - c'est réussi.
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Ce livre est à la fois un excellent thriller et un documentaire, un témoignage sur les années noires de la dictature en Argentine.
Jana est une jeune Mapuche, elle vient d'une tribu indienne décimée par les colons blancs. Elle est sculptrice à Buenos Aires et a pour amie Paula, un travesti.
Rubén Calderón est détective privé pour le compte des Mères de la place de Mai, il est le fils du poète Daniel Calderon, emprisonné et torturé à mort lors du Processus en 1978. Rubén et sa jeune soeur ont été également enlevés et torturés, seul Rubén en a réchappé.
Les chemins de Rubén et Jana vont se croiser sur le port de la Boca. En effet, Rubén enquête sur la disparition de Maria Victoria Campallo, une photographe, fille d'un riche homme d'affaires argentin qui se destine à la politique. Et Luz, un des amis travestis de Jana est retrouvé assassiné dans le port. le lecteur apprend rapidement qu'il existe un lien entre Maria et Luz.
Il est question de l'histoire de l'Argentine durant les années mi 70 et fin 80. de la dictature de Videla et des disparitions d'enfants enlevés et clandestinement adoptés par les familles de militaires, de policiers ou de proches du pouvoir.
L'enquête est passionnante, les personnages de Jana et Rubén sont attachants et émouvants, il y a bien sûr quelques scènes assez insoutenables, mais elles ont leurs raisons d'être...
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Caryl Ferey nous entraîne dans la noirceur de cette Argentine contemporaine qui ne sait pas comment panser ses blessures. Tandis que certains veulent oublier –bourreaux et victimes-, d'autres demandent réparation –familles des victimes (Mères de la Place de Mai), victimes elles-mêmes -, ce que le gouvernement n'est pas en mesure de leur donner pour le moment. L'ombre des vivants (les tortionnaires) est là, tout comme celle des desaparecidos (les disparus).

A l'image de Paula, l'un des travestis du roman, le pays tâtonne dans son appréhension de ce temps pas si révolu que cela. le portait que nous dresse l'auteur est sanglant, violent, sans complaisance, à l'image de ces écorchés vifs qui déambulent au fil des pages.

Âmes sensibles s'abstenir, c'est un roman percutant, où rien n'est gratuit, jamais occulté. Caryl Ferey énonce les choses, les faits, sans fioritures. Les mots sont durs, aussi dure que cette réalité, part entière de la société.

Mais à travers ces ténèbres, une lueur d'espoir : l'histoire d'amour qui répare, qui fait avancer. L'amour qui fera renaître de ses cendres l'Argentine, et réconciliera les peuples. Et la plume de Caryl Ferey, si rude, revêt des tons de velours et nous embrasse de sa douceur. J'ai suivi cette lumière tout au long du roman, elle m'a donné de l'air, fait respirer, m'a donné la force de poursuivre, parce que l'avenir est amour…

Un roman magistral (un grand bravo pour le travail de documentation), pour lequel je n'aurais qu'un seul regret : le titre. Il m'avait laissé croire que nous allions nous immerger dans les communautés indigènes (les mapuches), alors qu'on ne fait que les frôler du doigt avec le personnage de Jana. Mais quel personnage… Alors finalement cela n'a pas d'importance. C'est un roman dont je ne suis pas sortie indemne. Véritable drogue… Malgré sa rudesse, je n'ai pu le lâcher.
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