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sur 1546 notes
Je viens de terminer « Mapuche », hé bien quelle gifle. Sans dévoiler l'histoire (vous avez du remarquer, je lis jamais les 4ème de couverture) il y est question d'Argentine, de dictature, d'enlèvements et d'assassinats arbitraires, de grands-mères qui veulent savoir que sont devenus les maris et enfants disparus. Avec deux personnages formidables qui vous hanterons longtemps : Jana la mapuche et Ruben Calderon le détective.
Après le remarquable « Zulu » qui m'avait sérieusement impressionné, Caryl Ferey frappe un grand coup, son livre vous happe dès les premières pages, une plongée dans les arcanes du mal qu'il déroule avec une puissance narratrice tout simplement dévastatrice. Une plongée effarante au coeur de la barbarie humaine (une de plus). Jana et Ruben sont des personnages inoubliables. Impossible de le lâcher, les bouffées d'angoisse et d'adrénaline vous secouent durablement. Pas de répit, une course contre la mort maitrisée de bout en bout.
Pour ceux qui pensent que ce genre de littérature est mineur, il ferait bien de découvrir Caryl Ferey, il vient d'écrire un chef d'oeuvre. Tout simplement.
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♫Est-ce que ce monde est sérieux?
Est-ce que ce monde est sérieux ?
J'en ai poursuivi des fantômes
Presque touché leurs ballerines
Ils ont frappé fort dans mon cou pour que je m'incline
Ils sortent d'où ces acrobates
Avec leurs costumes de papier?
J'ai jamais appris à me battre contre des poupées
Sentir le sable
Sous ma tête, c'est fou comme ça peut faire du bien
J'ai prié pour que tout s'arrête♫
-Francis Cabrel- 1994 -
----♪----♫----🤘---🕵️‍♂️---🤘----♫----♪----
Banderille enfoncée dans la colonne vertébrale
Pointe aiguisée fichée entre deux vertèbres
Cloué au plancher s'accorde lie tes râles
Douleur fulgurante, l'enfer, refuge funèbre
succédané de tauromachie
succés damnés, tes rêves finiront détruits.
Faux dires ou vrai sang blanc, torture
1976-1983, Buenos Aires, dictature qui dure...
Indulto après quinze ans de procédure...
Oune dose stress
"La police tue"
Sauf qu'ici ils le font express
Ticket de metro à la place du Mayo
Las Madres, lange sur la tête, le Panuelo
Tournée en couche-culotte et anti-Généraux
Dans le cercle d'un poète disparu
Au coin de la rue
Chaman ou Catwoman
La Mapuche compte pas pour une greluche
La Corrida n'aura plus lieu
Le picador et el Toro
ont perdu oreilles et la queue.
Est-ce que ce monde est sérieux ?
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Mapuche, un peuple perdu aux confins du Chili et de l'Argentine. Après l'Afrique du Sud de Zulu et les Maori dans Utu et Haka, Caryl Férey nous propose une nouvelle plongée sociale à l'orée d'une peuplade opprimée pour y modeler un thriller complexe sans fausse note.

Nous alternons ici entre deux personnages forts, à la vie bien remplie, pour leur plus grand malheur ; en effet, ce sont tous deux des rescapés, des survivants. La crise économique et ses conséquences, les régimes autoritaires et leurs carabiniers : les causes douloureuses ne manquent pas. Sombre indienne du fin fond de l'Argentine, Jana côtoie les travestis, a fait le trottoir et tente de lancer sa carrière de sculptrice avec difficulté ; détective au passé douloureux, Ruben Calderon a le goût de l'illégal et du crasseux. Malgré leurs habitudes et leurs modes de vie, ces deux là démarrent, quand ils se rencontrent, une chevauchée meurtrière de haute volée.
Caryl Férey nous propose trois parties très tranchées : une présentation glauque et flippante des bas-fonds argentins (« Petite soeur »), puis une enquête débridée nous mettant face aux plus grandes barbaries (« le Cahier triste »), et enfin un road-trip mortellement sanglant (« Kulan – la Femme terrible »). C'est non seulement l'occasion de rencontrer une violence à l'état pur avec des descriptions parfois très crues, quelquefois gores aussi, mais également de contempler avec un certain fatalisme l'incroyable prégnance de l'histoire dans notre psychologie, elle circule à fleur à peau de notre existence et influe sur notre réflexion de tous les jours.
Certains lecteurs n'adhèreront peut-être pas à la quête de liberté et de vérité de ce casting distordu, tout comme ils pourraient tout aussi bien s'étonner de l'insistance faite à la description cabossée de Jana. Or, finalement, les défauts physiques et « moraux » de Jana sont bien peu de choses face à ses réflexes affectifs et instinctifs. Et c'est bien là le fond de cet ouvrage : c'est se raccrocher à des souvenirs perdus, à une famille, à un rêve, à un amour naissant qui nous fait nous construire un peu plus.

Mapuche est donc un très bon thriller social, nourri de la verve foisonnante de Caryl Férey et de son goût prononcé pour le passé historique récent qui rejaillit inopinément : en effet, au pays du tango, mettez vos Mapuches, il pleut des coups d'État. L'ensemble est porté par des personnages entiers, dont une héroïne singulière ; et c'est cette figure de la femme argentine, bafouée mais battante, qui soutient le récit. Elle est belle, elle est rebelle, elle est Mapuche.

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Quelle adresse ! Quelle densité ! Quel suspense ! Je reste totalement abasourdie par la lecture de ce roman noir, très noir qui nous entraine en Argentine bien après le coup d'état de 1976 alors que les conséquences des exactions qui ont eu lieu à cette époque sont encore très prégnantes, et meurtrières. Comme le dit Adolfo Esquivel, prix nobel de la paix "Les gouvernements changent, mais le système, toujours aussi pervers, continue à privilégier le capital financier plutôt que le capital humain. Ce système condamne aujourd'hui plus de dix millions d'Argentins, des hommes, des femmes, des jeunes, des personnes âgées et des enfants, à vivre dans la pauvreté et l'indigence."


Un meurtre à connotation sexuelle, puis la disparition d'une jeune photographe déclenchent chez Ruben Caldéron, privé, la volonté inexpugnable de comprendre. A ses côtés, Jana, une jeune indienne de la tribu Mapuche : elle veut découvrir pourquoi son amie Paula, travesti, a elle aussi disparu. L'enquête les emmène beaucoup plus loin que prévu, entrainant dans son sillage de nombreuses victimes collatérales. Qui veut-on protéger et pourquoi?


Ces deux-là se reconnaissent immédiatement : leur solitude, les séquelles de leur passé de souffrance n'ont pas besoin de mots pour que des sentiments profonds les unissent inexorablement. Et le lecteur est happé par leur périple ahurissant et mortifère (j'avoue avoir céder à la tentation de jeter un oeil à la dernière page....mais chut!) L'écriture est suffisamment habile pour plonger le lecteur dans cette aventure avec l'impression de voir un film (d'action!) ou même d'être carrément présent dans le devoir avérées protagonistes. J'ai eu à plusieurs reprises les jambes en coton, comme Jana.


L'aspect pédagogique est parfaitement fondu dans le récit : l'auteur a su éviter l'effet Wikipédia copier-coller, écueil que l'on retrouve hélas souvent dans les romans avec une base historique. J'ai appris là quantité d'informations, horriblement affligeantes sur cette période sombre de l'histoire de l'Argentine, dont les conséquences perdurent aujourd'hui. Un avertissement : c'est très violent. À ne pas lire avant de s'endormir, sous peine de ne pas y arriver. Ou alors faire suivre d'une épisode de la Petite Maison dans la Prairie....
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Bienvenue chez Férey Travel Tour....
Sa douce balade Maorie vous avait transporté de bonheur .
Sa bucolique escapade en terre africaine ne vous laissa pas indifférent .
L'argentine , votre nouvelle destination idyllique , ne saurait , à prestations égales , manquer de combler l'intrépide aventurier assoiffé d'ailleurs qui sommeille en vous !
Le prix à payer ? Trois fois rien...si ce n'est celui de la rage et du sang !

Jana , 28 ans , sculptrice , Mapuche et fière de l'être ! Un corps sans aspérités , à l'image de sa Pampa nourricière, et l'esprit aussi aride que le soleil qui la baigne .
Ruben Calderon . Détective . Particularité : le fait d'avoir échapper à la torture étatique quand son père et sa soeur , eux , ployaient sous les coups mortels de leurs bourreaux toujours plus ingénieux en la matière...
A ma droite Toro . Son arme , un membre surdimensionné dont il use et abuse à volonté en véritable sodomite brutal qu'il est afin d'extorquer toute info susceptible de satisfaire ses commanditaires .
A ma gauche , le Picador . Son arme , la banderille qu'il plante judicieusement laissant qui sanguinolent , qui handicapé à vie voire flottant mortellement dans un bain de sang , le sien...
A priori , aucun point commun , aucune raison de frayer dans le même milieu . N'étaient les disparitions concomitantes d'un travesti , proche de Jana , retrouvé proprement massacré puis éparpillé façon puzzle et celle de Maria Victoria Campalo , fille d'un notable notoire , de par le fait , dont Ruben se faisait désormais fort de retrouver la trace .

Aaaah , Férey le poète mais aussi Férey la tendresse , Férey le joyeux troubadour...
Voilà exactement ce que vous ne trouverez pas en découvrant la nouvelle pépite de cet auteur français à l'écriture si prompte à vous étourdir . le contraire eût été étonnant !
L'auteur poursuit son p'tit tour du monde de l'horreur en décidant de mettre en lumière l'Argentine et son cortège d'exactions douteuses . Perso , à part Maradona , ses chutes du Niagara et sa grande muraille , mes connaissances en la matière frôlaient allègrement un vide abyssal propre à rendre vert de jalousie un JCV d'pourtant gravement aware en la matière .
Au programme et dans le désordre : vol d'enfants , assassinats , torture , église et pouvoir corrompus . Mixant allègrement Histoire et fiction , Férey dresse le portrait peu flatteur d'un pays en période post coupe du monde del Foutchebol . Bien moins horrifique qu'à son habitude , l'auteur semble avoir atteint une certaine maturité en épurant le propos sans forcément faire dans la démonstration outrancière . Les faits historiques se suffisant largement à eux-mêmes...
Un cru bien plus instructif qu'à son habitude qui ne saurait laisser indifférent l'amateur avisé de thrillers racés !

Mapuche : Un dernier tango à...Buenos Aires .
http://www.youtube.com/watch?v=7siDINqzpUA
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Que dire de plus si ce n'est de découvrir combien la dictature argentine avait été horrible et c'est vrai que certains passages du livre sont très durs et vous bouleversent. Un petit plus "pendant que certains argentins se faisaient torturer avait lieu la coupe du monde de football...
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Peut-être est-ce parce que j'ai déjà lu plusieurs romans (policiers ou non) sur l'Argentine, peut-être est-ce parce que ce pays m'attire, peut-être suis-je trop exigeante en matière de romans noirs, peut-être est-ce parce que j'avais beaucoup aimé "Zulu", un autre livre de Caryl Férey, en tout cas j'attendais beaucoup de ce livre de cet auteur sur ce pays. Et souvent, c'est quand on espère trop qu'on est déçu. Ça n'a pas manqué en ce qui me concerne.

Or donc, nous avons d'un côté Jana, sculptrice appartenant au groupe ethnique des Mapuche, jeune et pourtant déjà salement meurtrie par la vie, squattant un hangar désaffecté à Buenos Aires. Quand Paula, son amie travestie, déboule paniquée parce qu'un autre trav' de ses amis a disparu, Jana décide de faire appel à un détective privé.

Et nous avons donc, de l'autre côté, Rubén, beau et ténébreux quarantenaire, rescapé des geôles de la dictature où il a été torturé alors qu'il était à peine adolescent. Depuis lors, il consacre sa vie à enquêter sur les exactions de la junte, ses victimes et ses tortionnaires. La disparition d'un travesti n'est donc pas son coeur de métier. Jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que l'histoire que lui raconte Jana est liée à l'affaire dont il s'occupe au même moment, à savoir la disparition de la fille d'un riche entrepreneur, soutien financier d'un futur candidat à la présidence de l'Argentine. Et voici Rubén et Jana lancés dans une enquête dangereuse qui les amène à plonger dans le passé nauséabond d'un pays qui n'en finit pas de régler ses comptes avec lui-même.

Tout est très bien documenté, et si vous n'avez jamais rien lu sur l'histoire récente de l'Argentine, vous allez en prendre et en apprendre pour votre argent. Sur la dictature et son régime de terreur, les arrestations arbitraires, les tortures, les disparitions, les vols de la mort, l'appropriation des enfants de prisonniers par des familles proches du régime, la résistance des "folles" de la Plaza de Mayo, la mascarade de la Coupe du Monde de football 1978, la guerre des Malouines qui précipite la fin de la junte, la survivance, au-delà du retour de la démocratie, de certaines "amitiés" tissées pendant ces heures noires et qui continuent à mener la danse politique en coulisses.

Tout cela donne un thriller très sanglant et très violent, un peu trop même (rien à redire sur la cruauté avérée de la dictature, mais fallait-il faire dans la surenchère gratuite pour les péripéties de l'enquête actuelle ?). Et ce goût de "too much" ne s'arrête pas à la débauche d'hémoglobine, il concerne aussi le style : beaucoup de métaphores douteuses ou de formules alambiquées plombent le récit (il "riait avec l'élégance d'un semi-remorque sous la pluie", "la honte allait la déminéraliser", "Parise empoigna le corps avec des frissons de lépreux", "le monde était là, avec ses poumons de pétrole"...).

A ce thriller moyennement efficace et vraisemblable, l'auteur ajoute une histoire d'amour assez mièvre (trop de poésie massacre la poésie) et prévisible, et une sorte de vengeance par-delà les siècles des Esprits indigènes massacrés par les conquistadors espagnols. Et surtout il veut montrer qu'il connaît l'Argentine aussi bien qu'un autochtone, et nous sert, tout en parsemant son texte de mots en espagnol pour démontrer sa maîtrise du sujet, une foule d'informations sur, pêle-mêle, le foot, le tango, l'asado du dimanche, le vin argentin, le boeuf argentin, la pampa, la cordillère des Andes, l'immigration européenne au début du 20ème siècle, la crise financière des années 2000, la corruption, le milieu culturel de Buenos Aires. Et encore, le maté n'arrive que dans la deuxième moitié du bouquin. C'est intéressant, certes, mais dommage que ce soit plaqué sur l'histoire un peu artificiellement, façon extraits de pages Wikipédia insérés entre deux avancées de l'enquête, sans réel liant entre tous ces ingrédients. Un condensé d'Argentine en 550 pages, c'est ambitieux, mais pour moi ça n'a pas pris.

Bon j'arrête de faire ma mauvaise tête et je passe à autre chose.

PS : pour des histoires sur l'Argentine par des auteurs argentins, lire entre autres "Le baiser de la femme-araignée" (M. Puig), "Luz ou le temps sauvage" et "Double fond" (E. Osorio), "L'échange" (E. Almeida) ou "Les eaux troubles du Tigre" (A. Plante).
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Avec Mapuche, Caryl Férey poursuit ses pérégrinations dans l'hémisphère sud et nous invite cette fois-ci en Argentine à la rencontre de personnages profondément humains… jusque dans leur inhumanité.

Une scène choc ouvre le livre : un paquet jeté dans l'océan depuis un avion, paquet qui ouvre les yeux, vision d'un être humain précipité dans le vide !... On se doute dès lors que le voyage ne sera pas de tout repos. " A deux mille mètres, la mer est un mur de béton". L'histoire se dessine avec les contours de cinq personnages principaux : Jana, Paula, Luz, Ruben, Maria Victoria.
Jana est indienne, issue du peuple Mapuche qui donne son titre au roman. Elle est venue étudier les Beaux Arts à l'université de Buenos Aires. Faute de ressources – la crise financière de 2001-2002 a provoqué la banqueroute du pays qui s'enfonce dans la misère, les émeutes, les manifestations et les pillages - elle a survécu en se prostituant, dormant dans des parcs, des squats, fréquentant le monde interlope des bars et des boîtes où elle a rencontré Paula, un travesti. Ces deux-là sont devenues amies dans l'adversité. Pendant que Paula partage son temps entre le tapin et la blanchisserie tenue par sa mère à demi folle, Jana se bat avec elle-même dans son atelier, construisant avec rage d'immenses sculptures de fer en hommage à la mémoire de son peuple sur lequel on a tiré à vue dans la pampa - massacre perpétré par les chrétiens qui les ont dépossédés de leurs terres. Un soir, Paula, inquiète, vient trouver Jana. Luz, un ami travesti avec qui elle avait rendez-vous, a disparu. Les voilà parties à sa recherche, errant dans la nuit de Buenos Aires au volant d'une vieille Ford. Dans le quartier du port, des gyrophares les alertent. La police a trouvé un corps flottant dans l'eau au milieu des détritus. le cadavre, émasculé, – " Pénis, testicules, tout avait été sectionné du pubis au scrotum. Il ne restait qu'une plaie noire, malsaine, mêlée à la vase"– est celui de Luz.
Devant les lenteurs de l'enquête policière, les deux amies, bien conscientes que la mort d'un travesti n'intéresse pas les flics, décident d'avoir recours à un détective privé. L'annuaire et le hasard d'une adresse, proche de la blanchisserie de la mère de Paula, les décident à contacter Ruben Calderon. Lui aussi a vécu une histoire personnelle cruelle puisqu'il est l'un des rares rescapés des arrestations arbitraires qui étaient monnaie courante sous la dictature. Il a érigé une chape de silence sur la mort de sa petite soeur et de son père, poète, qui ne sont jamais ressortis d'un des 340 camps de concentration et d'extermination, où l'on savait torturer de main de maître (l'Argentine, terre d'accueil des criminels de guerre, a su reconvertir anciens nazis et membres de l'OAS en Algérie). Alors que sa mère rejoint le mouvement de résistance pacifiste des Mères de la Place de Mai, Ruben a créé son agence de détectives, non pas pour retrouver des disparus – la plupart ayant été liquidés – mais les responsables qui n'ont jamais été inquiétés. Quand Jana sonne à sa porte, il est déjà sur une affaire : un de ses amis journaliste lui a demandé d'enquêter sur la disparition de Maria Victoria Campallo, photographe, fille d'un riche entrepreneur qui a réussi dans les affaires...

Les différentes trajectoires des personnages vont progressivement se rejoindre pour composer un grand roman dense et fouillé, à l'écriture maîtrisée, comme une eau-forte qui serait gravée en trois couleurs : la noirceur des abominations humaines, le rouge des blessures de l'Histoire de l'Argentine qui n'en finissent pas de saigner, et le blanc des pics enneigés de l'Aconcagua, " la Sentinelle de Pierre", qui se perdent dans les nuages.

Un grand roman noir qui nous propose une ouverture sur les maux du monde et témoigne de l'incroyable force propre à l'Homme de continuer à vivre… malgré tout. Mapuche est un coup de maître, de ces livres dont on n'oublie pas les personnages, ni les messages. Un thriller encore plus intense et bouleversant que Zulu.
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Jamais je n'aurais lu ce livre si Caryl Férey n'était venu en dédicace dans ma petite commune et pourtant, quelle découverte!
Caryl Férey est une sorte d'étoile montante dans le milieu du polar français, récompensé par de multiples prix pour ses différents romans. le polar n'étant pas mon genre favori, je n'avais jamais lu de roman d'une telle violence physique et psychologique - mais donc, je n'ai jamais lu James Ellroy.
Pourtant, comme il l'a expliqué lui-même, cette violence n'est pas gratuite et si en France elle semble exagéré, elle existe bel et bien à une telle intensité dans d'autres pays.
Rùben est un jeune homme qui revient de loin, rescapé des geôles de la dictature argentine des années 70, alors que son père et sa soeur font, officiellement, partis des disparus. Lui s'est juré de ne jamais parler de leur sort à personne et surtout pas à sa mère, pour ne pas qu'elle flanche.
Il consacre désormais son temps, avec sa mère et l'organisation des Abuelas, à la recherche des coupables de ces actes de torture qui ont décimés une grande partie de la population argentine et participé à l'adoption d'enfants volés à leurs parents, donné à ces familles de criminels qui n'ont jamais été jugés, suite à la loi de pardon "Punta Final".
Une jeune indienne, Jana, vient le voir au sujet de la mort d'un de ses amis travestis, sauvagement assassiné, et tous deux, bientôt, vont être traqués pour les informations qu'ils détiennent.
Les deux personnages, Rùben et Jana, sont fascinants; écorchés, abîmés, balançant entre l'amour et la haine vengeresse, l'un gardant en lui le souvenir à vif de ces mois de torture et la disparition de sa petite soeur, l'autre celui du massacre de sa tribu Mapuche.
C'est un thriller politique et social fort, douloureux, angoissant, écrit par un auteur qui semble si simple et plein d'humour.
J'ai fini le livre hier soir et n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit.
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Jana est une jeune Argentine, qui met dans ses sculptures la colère et la haine qu'elle ressent suite à l'extermination de son peuple, les mapuches. Sa meilleure amie est une travestie, Paula/Miguel. Paula est très inquiète, car l'un de ses amis, travesti aussi, lui a posé un lapin, et que ce n'est pas son genre. Paula part à sa recherche, mais ne retrouve que son cadavre atrocement mutilé. Bientôt, c'est Paula qui disparait.
Ruben est l'un des rares rescapés des camps de l'ESMA, un de ces endroits fantômes où l'on torturait et tuait du temps de la junte, et où sont morts son père et sa petite soeur. Portant sur lui les traces de son passé, il travaille comme détective privé pour le compte des grands-mères de la place de mai, ces femmes qui défilent chaque jeudi pour qu'on leur rende leurs enfants disparus. C'est ça, sa mission : retrouver les enfants enlevés et élevés par les hauts-gradés du gouvernement de Videla.
Jana peine à retrouver Paula, et contacte Ruben pour qu'il l'aide. Les pistes qu'ils vont suivre vont les amener à croiser ceux des personnes peu recommandables, de celles qui ont largement contribué aux heures noires de l'Argentine…

Après l'Afrique du Sud de Zulu, Caryl Ferey nous emmène dans l'Argentine de l'après dictature de Videla. Mapuche a déjà été largement critiqué et commenté. Ce qui m'a étonné dans cet opus, c'est d'une part l'histoire d'amour improbable entre nos deux héros blessés par la vie (mais ça va, ce n'est pas non plus trop gnan gnan), et d'autre part, le fait que ce livre tient autant du thriller que du roman noir. Je pourrais reprocher à l'ouvrage un côté un peu pédagogique sur cette période de l'histoire argentine, une vision assez manichéenne des gentils et des méchants, un certain penchant pour le trash pas toujours bien justifié, et une trame simple voire simpliste.
Bref, si les ficelles ne sont pas très fines, j'ai ceci dit trouvé que l'ensemble fonctionnait bien : les temps d'explication permettent au lecteur de reprendre son souffle, l'action est bien présente, et bien sûr, les exactions des "méchants du gouvernement" ne sont pas qu'issus du cerveau enfiévré de Ferey, hélas. Mapuche, que je trouve moins réussi que Zulu, est ceci dit un bon thriller noir dépaysant au charme qui fonctionne, que demander de plus ?
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