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4,06

sur 1551 notes
J'avais beaucoup apprécié Zulu pour sa puissance, son contexte sur l'Afrique du sud et la fêlure de son personnage principal. Je retrouve les mêmes points forts dans Mapuche.
L'histoire se passe ici en Argentine, pays traumatisé par la dictature et qui, une fois de plus en 2001 vient de subir une forte dépression économique fragilisant encore les plus faibles.
Ruben Calderon est détective privé et un ami journaliste le branche sur la disparition d'une jeune photographe, fille d' un riche entrepreneur qui finance la campagne électorale de Torres au poste de maire.
Ruben est le fils du poète Daniel Calderon, emprisonné et torturé à mort lors du Processus en 1978. Daniel, Ruben et sa jeune soeur avaient été enlevés et torturés par l'ESMA (l'Ecole de Mécanique de la Marine). Ruben s'en est sorti, meurtri dans sa chaire et son âme et garde en lui ce profond secret pour ne pas fragiliser sa mère qui fait partie des femmes de la Plaza de Mayo, celles qui enquêtent sur les disparus de la dictature.
Dans son enquête, il rencontre Jana, une jeune Mapuche, une tribu indienne décimée par les colons blancs. Elle aussi vit avec le souvenir et les cicatrices de l'âme et du corps.
Les mapuches sont des Auracans "ceux qui ont la rage".
L'enquête sur la disparition de la photographe et le meurtre d'un travesti, ami de Jana va les mener sur le chemin de leur passé.
Ruben et Jana sont deux personnages qui n'ont plus rien à perdre "Mourir ou devenir fou".
Ils vont tous deux replonger dans l'horreur de leur passé, retrouver la torture, leurs fantômes mais peut-être ainsi renaître ou mourir ensemble.
L'enquête est passionnante, rythmée avec certes des scènes assez insoutenables mais que j'arrive à supporter à la lecture, sûrement en atténuant leur mise en image. Par contre, une adaptation cinématographique me tirerait sûrement des cris d'horreur.
Vous ne résisterez pas à cette poussée d'adrénaline, ni au charme de l'enquêteur au regard anthracite ponctué d'éclats de myosotis ni à la rage guerrière de Jana.
Si vous avez aimé Zulu du même auteur ou le retour du professeur de danse d'Henning Mankell, vous allez frissonner et succomber au charme diabolique de Mapuche.
Caryl Ferey s'inscrit désormais dans mes auteurs incontournables.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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Que dire de plus après les quelques 100 critiques qui ont déjà été faites sur ce livre.

J'ai longtemps attendu avant de le lire, j'en attendais beaucoup après tous les commentaires élogieux, et bien, oui, il a tenu ses promesses, tant par l'intrigue, les personnages, et évidemment la documentation historique. J'ai découvert un pays l'Argentine, une société et une histoire dont je ne savais pas grand chose.

Ce serait bète de passer à coté d'un pareil ouvrage sous prétexte qu'il s'agit d'un livre "policier" ou "noir"

A recommander encore et encore et encore ......
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Mapuche… J'ai totalement été envoutée par Jana, l'héroïne de ce roman, une indienne issue du peuple mapuche. J'ai été entrainée vers le côté sombre de l'Argentine, dans les quartiers sordides où la violence fait la loi, où les souvenirs de la dictature ne sont pas loin.

Les personnages portent une folle souffrance en eux. Ce sont des êtres qui, pour la plupart, se soignent dans la solitude. Ruben Calderon, le détective privé qui a vécu l'enfer des prisons argentines. Paula, travesti, qui se prostitue pour s'en sortir et Jana, sculptrice, pour qui la vie n'a jamais été un cadeau. Les chemins de ces personnages vont se croiser suite au meurtre d'un ami de Paula. Un meurtre qui les mènera dans les sphères politiques et militaires du pays, qui les mènera aussi au bout d'eux-mêmes.

Malgré la noirceur qui envahit les pages, j'ai continué parce que de la lumière a accompagné mon périple, tout n'est pas que souffrance. On y trouve aussi l'amour, le courage, l'engagement et la liberté. Une liberté si bien décrite par la magnifique couverture du livre illustrée par un cheval galopant dans la nature… J'ai cru y reconnaître Jana…
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C'est l'histoire d'un voyage en train un peu plus de 4 heures à l'aller et autant au retour que je devais occuper. Mapuche est arrivé récemment dans ma PAL sur les conseils d'un Babelio-aute, et le nombre de pages correspondait bien à la durée du voyage.
Je m'étais déjà plongé dans un ou deux chapitres très noirs, la veille de prendre le train. Et j'ai continué une fois "embarquée". Je dois avouer que j'ai mis plus d'une centaine de pages avant d'accrocher au récit, et finalement je me suis fondue dans ces pages. Arrivée à destination je voulais savoir la suite. Mais il fallait descendre du train et rejoindre l'hôtel, là il est un peu tard, mais je reprends ma lecture. J'aurais pu y passer la nuit, mais je préfère être raisonnable.... la journée de travail du lendemain fut tout de même un peu rude.
Mais enfin le retour, je peux à nouveau me jeter sur ces pages.... et ce second voyage était trop court de 30 minutes pour que je finisse enfin le livre... surtout que les dernière pages sont à couper le souffle. Devoir faire une pose dans ma lecture à ce moment n'était donc pas agréable.

Le début de cette lecture fut donc laborieux, mais petit à petit les éléments s'emboitent les uns aux autres. Pas de gros retournement de situation, pas de situation irréaliste (oui même les pires horreurs étaient crédibles).
Un bon roman noir très bien documenté, qui au delà de l'enquête m'a aussi appris plein de choses sur l'histoire récente de l'Argentine.
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Encore un roman dont on a beaucoup parlé, et en bien uniquement, mais un polar ce coup ci d'un auteur de polars qui est certainement selon beaucoup d'observateurs, un des plus doués du moment.

Son livre le plus connu, Zulu est d'ailleurs sans doute un des meilleurs polars de ces 10 dernières années, et auréolé de plusieurs prix, dont le prix des Quais du Polar 2009 fort et original, ne serait ce que par le décor dans lequel il nous plonge, celui des ghettos du Cap et nous livre le tableau, récent, d'une Afrique du Sud qui éprouve les plus grandes difficultés à se débarrasser de ses vieux démons.

Caryl Ferey a visiblement une prédilection pour les polars se passant dans des pays éloignés et gangrénés par la violence, et ce Mapuche, sorti en poche chez Folio Policier il y a quelques mois nous plonge maintenant dans dans l'Argentine d'aujourd'hui, que se déroule cette double enquête qui plongera les deux protagonistes principaux, le détective intègre et la fière indienne, dans l'Argentine de Videla, celle de la dictature militaire, celle de "la guerre sale".

J'avais déjà entendu parler évidemment de ces folles de mai, ces grands mère qui cherchent les enfants des milliers d'opposants au régime assassinés et enlevés et confiés à d'autres familles, mais pas par le biais d'une fiction...

Si l'auteur est toujours à l'aise pour peindre un contexte politico-social passionnant et s'appuie comme toujours sue une documentation très solide et nous apprend plein de choses sur cette Argentine qui aimerait pourtant taire ses démons du passé, l'enquête policière m'a moyennement passionné. Un manque de densité parfois grève un peu l'intéret pour l'histoire, des dialogues parfois un peu convenus et surtout un peu trop de stéréotype dans les personnages (les méchants qui poursuivent le gentil couple, ca lasse un peu) font de ce Mapuche pourtant salué ici et là comme - là encore une petite déception.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Après la Nouvelle-Zélande (Haka et Utu) et l'Afrique du sud (Zulu), notre globe-trotteur nous emmène en Argentine. Il nous embarque pour une visite touristique...à sa façon. Vous vous doutez bien que ce n'est pas un voyage organisé qu'il nous propose mais une visite du pays version Argentine au pays de la corruption, de la dictature et de la torture.

Côté personnages, on découvre tout d'abord Jana. Une jeune femme issue du peuple mapuche au sud de l'Argentine. Elle débarque à Buenos Aires sans un sous, bientôt obligée de se prostituer. Depuis 2001, elle survie grâce à ses talents de sculptrice. Elle bouillonne de rage mais ne peux se résoudre à retourner auprès des siens. Si elle tient le coup c'est aussi grâce à sa seule amie Paula, travesti qui tapine sur les docks.

Mais un soir, Paula l'appelle affolée car sa protégée, Luz (elle aussi travestie), a disparu. Celle-ci est rapidement retrouvée morte près du port. Bien décidées à trouver le coupable, Jana et Paula se passeront des services de la police, qui ne prend évidemment pas la peine d'enquêter (Qui peut se soucier de la mort d'un pauvre trav ?).

Le personnage de Rubén Calderón apparaît alors. Son père était poète sous la dictature de Videla (1973/1983). Lui et sa fille ont fait partis des 30 000 disparus qui ne sont jamais revenus. Rubén, lui, a survécu à la torture mais n'a jamais raconté à quiconque ce qui lui était arrivé. Depuis 30 ans, sa mère avec d'autres femmes ont crée un mouvement de résistance que l'on a appelé Les Mères ou folles de la place de mai. Leur but : retrouver leurs enfants enlevés par le régime militaire. Caldéron, hanté par le passé, devient détective privé pour faire juger et punir les tortionnaires de l'époque.

Vous vous doutez bien que Jana et Caldéron vont finir par se rencontrer pour une enquête qui va vite les dépasser. Ils seront confrontés à d'anciens tortionnaires, aujourd'hui toujours au pouvoir devenus tous puissants et intouchables. Caryl Férey en profite pour nous raconter "La grande Histoire" sans jamais être pesant ou donneur de leçon. C'est bien là son talent, celui de nous servir une intrigue en béton, en évitant de nous faire la morale mais en appuyant là où ça fait mal.

Il donne à ses personnages l'énergie du désespoir et cette soif irrésistible de vivre. Jana et Caldéron ont comme seule arme leur conviction, leur rage et leurs tripes. C'est ce qui leur permettra, en dépit de leur traque, de profiter de chaque moment de répit pour jouir de la vie.

A travers leur regard, Caryl Férey nous emmène en voyage, pour nous faire partager des paysages d'une beauté éblouissante, l'ambiance festive d'une boîte de tango ou encore l'atmosphère des rues de Buenos Aires. Pour nous faire voir un pays différent et lumineux malgré la crise, la pauvreté et un passé douloureux aux réminiscences tenaces.

Caryl Férey fait parti indéniablement des grands en signant une fois de plus un roman puissant, de rage, de violence, de dignité et de poésie.
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
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Quand on a en face de soi la violence, la fureur et la haine; quand on les a si bien instillées en vous à votre corps défendant au point que les mots n'ont plus de sens et que seul l'isolement devient synonyme de survie; quand bourreaux et victimes ne forment plus qu'un magma infâme qui ne s'éteindra même pas avec les derniers survivants puique les brûlures imprégneront longtemps encore les mémoires; que reste-t-il comme solution, "mourir ou devenir fou ?"

Jana Wenchwn, indienne mapuche, a fui la terre des ses ancêtres massacrés par les blancs pour venir s'échouer à Buenos Aires en pleine crise économique des années 2000. Patiemment, elle a refait surface et s'est installée dans une friche où elle sublime blessures et fantômes à coup de ferraille sur ses sculptures qui envahissent son terrain.

Quant à Rubén Calderón, fils d'un poète résistant disparu en détention et rescapé lui-même des geôles de la dictature en pleine euphorie falcificatrice de la coupe du monde de foot de 1978, il est devenu détective privé spécialisé es disparus auprès des Mères de la place de Mai, mouvement dans lequel milite activement sa mère.

Deux événements vont réunir ces deux êtres refermés sur leurs traumas. On retrouve dans le port de la Boca le corps mutilé d'un travesti ami de Jana, pendant que la fille d'un ponte de la capitale disparaît à son tour. Faisant appel à Rubén, Jana et lui se retrouvent en partance pour une descente aux enfers afin de dénouer les fils qui relient ces deux faits, entre relents de dictature qui empoisonnent toujours l'atmosphère avec ses souvenirs de corps barbouillés de sang plein les yeux et les cris des torturés dans les oreilles.

C'est donc une lecture éprouvante qui ne mâche pas ses mots, un roman bien documenté, quelques raccourcis faciles et des coincidences heureuses et bienvenues nous rappellent que nous sommes quand même dans la fiction malgré le théâtre historique et cruel du récit, et j'avoue avoir poussé un ouf de soulagement arrivée à la dernière page. Ayant déjà suivi l'auteur chez les Maoris et les Zoulous, je savais à quoi m'attendre, Caryl Férey n'est pas du genre édulcoré, les âmes sensibles devront sauter quelques lignes de temps en temps et ne comptez pas sur un air de tango pour détendre l'ambiance...

Par contre, à celles et ceux qui souhaitent découvrir une autre facette de l'auteur - et il écrit aussi pour la jeunesse - je conseillerais ses premiers polars, plus classiques et bourrés d'humour, notamment La jambe gauche de Joe Stummer et Plutôt crever - avec en prime pour le dernier une chouette balade en Finistère - ils sont tous en poche.


Lien : http://moustafette.canalblog..
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L'auteur nous propose un roman policier avec en toile de fond la politique argentine de la fin du XXème siècle. Junte militaire, dictature, enlèvements et tortures sont l'héritage de ces années noires. Principalement les"appropriators", ces couples proche du pouvoir qui adoptaient les nouveaux-nés des "disparus".
Les personnages principaux, issus des "minorités" sont attachants, ils sont couverts de cicatrices à l'âme et au corps.
J'ai apprécié le début du roman, assez "sobre" dans l'intrigue comme dans les événements, j'ai trouvé par la suite que l'auteur glissait lentement vers l'action pure et dure et perdait par la même de la crédibilité. le récit devient rocambolesque et parfois prête à sourire.
Sinon, je comprend que l'on puisse apprécier l'histoire, à condition de ne pas être un maniaque de la vraisemblance comme moi.
J'ai passé un bon moment de distraction avec ce livre, mais je n'ai pas cru au déroulement des événements...dommage. Pour moi, le sujet méritait davantage de sobriété, presque de recueillement, en tous les cas d'émotions.
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C'est de manière plutôt spontanée que j'ai choisi de prendre ce roman à la médiathèque : j'en avais eu des échos plutôt positifs et la lecture du quatrième de couverture m'a donné vraiment envie d'en découvrir encore davantage.

Je dois dire que j'ai trouvé que l'histoire développée par Caryl Férey était passionnante, surprenante et haletante du début à la fin, autant parce qu'elle présente des scènes d'action ou d'enquête assez vives que parce qu'elle décrit avec beaucoup de précision l'histoire secrète de l'Argentine qui s'est produite 30 ans avant les faits. Elle revient en effet sur toutes les corruptions, sur tous les évènements monstrueux qui ont eu lieu pendant la dictature, mêlant parfaitement intrigue fictive et récit documentaire. Je n'en dirai cependant pas plus à ce sujet : Mapuche fait partie de ces romans sur lesquels il vaut mieux ne pas trop en raconter, au risque de gâcher le plaisir de son futur lecteur.

Un autre point est tout aussi intéressant que ce que j'ai évoqué précédemment, ce sont nos deux personnages principaux, qui sont fouillés et donnent à l'histoire toute sa puissance. D'un côté, Ruben, un homme qui a vécu l'enfer alors qu'il était adolescent, dans une prison de l'EMM, et qui ne parvient pas à s'échapper de ce douloureux passé; de l'autre, Jana, une jeune femme d'origine Mapuche, qui doit de la même façon vivre avec l'idée d'être considérée comme un être issu d'une minorité qui n'a plus sa place en Argentine. Ils sont ainsi tous deux, par leur enquête croisée, amenés à affronter leurs démons pour enfin réussir à vivre dans le présent et non plus à se laisser ronger par leur passé difficile, jusqu'à se rapprocher, d'abord par nécessité, puis par attirance mutuelle qui devient au fil de l'histoire amour réciproque. Cet amour va se consolider dans le sang et la violence, qui va aller crescendo jusqu'à la fin de l'intrigue.

Tout ceci est de plus mené par une écriture extrêmement en accord avec son sujet, écriture que j'ai franchement adorée : parfois violente, parfois sensible, parfois neutre, elle met parfaitement en scène l'histoire et la psychologie des personnages complexes qui se mettent en place, tout en gardant le suspense nécessaire pour que l'on suive avec intérêt ce qu'il se passe, et ceci jusqu'aux dernières lignes.


Mapuche est donc un excellent roman que j'ai dévoré avec grand plaisir et qui m'a donné envie de lire d'autres oeuvres de Caryl Férey : il réussit avec brio à mêler Histoire et polar tout en donnant à son récit, par son écriture, une grande force romanesque.
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Mapuche est le premier roman de cet auteur français que j'ai découvert au printemps 2020 (confinement oblige...).
Quelle claque !
Sa description tragiquement réaliste de l'Amérique du sud (ici l'Argentine) nous fait découvrir la gangrène de son histoire avec les descendants de nazis réfugiés sur ce continent, la violence de ses dictatures successives et la main mise des cartels de trafics en tout genre...
Mapuche met en scène une jeune femme de ce peuple indigène dont le destin va croiser la route d'un détective à la recherche des enfants de disparus adoptés lors de la dictature...
Un roman magistral dont on ne sort pas indemne !
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