AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 830 notes
5
110 avis
4
63 avis
3
11 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
°°° Rentrée littéraire 2023 #3 °°°

Après l'Afrique du Sud ( Zulu ), l'Argentine ( Mapuche ), le Chili ( Condor ), la Nouvelle-Zélande ( Haka ) ou encore la Sibérie ( Lëd ), l'écrivain baroudeur Caryl Férey pose ses valises au coeur du KAZA, la zone de conservation transfrontalière Kavango-Zambèze créée en 2011 par l'Angola, la Namibie, le Botswana, la Zambie et le Zimbabwe pour développer le tourisme tout en préservant les espèces animales vivant dans les bassins des fleuves Okavango et Zambèze.

« D'étranges rumeurs couraient sur Wild Bunch ; elles disaient que des hommes s'y transformaient la nuit, que les empreintes de leurs pas disparaissaient soudain du sol, qu'ils devenaient des lions, ou léopards, qu'ils tuaient au hasard ceux qui s'aventuraient sur leur territoire, qu'on retrouvait des cadavres lacérés au-delà des clôtures électrifiées, à demi dévorés. »

Ainsi démarre cet excellentissime polar.
Wild Bunch, c'est la plus grande réserve privée du KAZA, 80.000 hectares en Namibie voués au tourisme animalier et à la chasse encadrée dite sportive. C'est là qu'un cadavre est retrouvé, là que le chef de la KAZA dépêche la lieutenante Solanah Betwase, ranger botswanaise dirigeant une brigade antibraconnage, pour mener l'enquête.

Dès les premières pages, on est immédiatement transporté par la puissance des personnages, incroyablement bien caractérisés. Tout particulièrement le formidable duo John Latham - N/Kon, deux êtres complexes et ambiguës comme je les aime : le propriétaire blanc de Wild Bunch, un sud-africain misanthrope vivant en vase clos égalitaire avec les San ( autrefois appelés Bochiman ) qu'il emploie; et son homme de confiance San dont on devine la force des liens mais aussi les mystères qui font qu'on ne sait s'ils sauront des alliés ou pas de l'enquêtrice, une vraie badass qui décoiffe dans ce milieu très masculin, animée par la foi en son métier, quasi un sacerdoce.

L'avancée de l'intrigue répond brillamment aux attentes de l'amateur de polar avec une montée en tension narrative qui culmine dans les cinquante dernières pages d'action pure aussi jubilatoires que déchirantes. On sent Caryl Férey tout particulièrement habité par ce qu'il raconte, questionnant intensément les sentiments humains d'amour, de culpabilité et de rédemption tout en explorant les tragédies présentes et passées.
L'arrière-plan historico-contemporain est ainsi mis en avant avec rage mais sans pesanteur : l'héritage de la colonisation et des guerres civiles, notamment celle d'Angola ( 1975-2002 ) qui dans le contexte de guerre froide a opposé les deux principaux mouvements de libération, l'un soutenu par les Etats-Unis et l'Afrique du Sud, l'autre par le bloc communiste. On est souvent révolté à la découverte du sort des populations autochtones, expropriées, vivant dans des bidonvilles comme des citoyens de seconde zone.

Okavango est un roman engagé, aux côtés des hommes qui subissent le joug des puissants, mais aussi aux côtés des animaux. Caryl Férey dresse un tableau complet du braconnage moderne et du business florissant de ce trafic mondial – cornes, dents et griffes, ivoire entre autres - qui profite aux groupes armés y compris terroristes, avec Hong-Kong comme plaque tournante.

Au-delà de sa maitrise totale du genre polar, ce qui place Okavango très au-dessus du lot, c'est la place que l'auteur offre aux animaux. Eléphants, lions, rhinocéros, guépards participent pleinement à l'intrigue, au même titre que les personnages humains, et pas seulement en tant que victimes en sursis des braconniers. Dans des scènes marquantes, ils reprennent leurs droits.

Un polar grand cru de Caryl Férey, grande classe, hymne à la beauté du monde sauvage menacée par la folie des hommes. Coup de coeur assurément !


Commenter  J’apprécie          18050
Okavango, un thriller haletant qui se déroule dans ces contrées peu explorées d'Afrique australe, possède tous les atouts pour une adaptation au cinéma. Un cadre paradisiaque au coeur des réserves africaines où se révèle toute la beauté du monde sauvage mais cette faune sauvage africaine est l'objet de toutes les convoitises et la proie de tous les trafics.
L'Okavango est un fleuve qui prend sa source en Angola central, avant de traverser la Namibie pour atteindre le Botswana. Il a la particularité de ne jamais rejoindre l'océan, il est le seul fleuve au monde à se jeter dans la terre, son cours s'achève par un vaste delta dans le désert du Kalahari.
Roman policier, mais également roman d'amour, car si l'intrigue haletante est sur fond de massacres et trafics d'animaux sauvages, de belles histoires d'amour nous sont contées, la plus belle étant celle que porte Caryl Férey, par le biais de certains de ses personnages, aux animaux et à la nature dans son intégralité.
Okavango s'ouvre sur la découverte du corps sans vie d'un jeune pisteur, en plein coeur de Wild Bunch, une immense réserve animalière à la frontière namibienne. C'est la ranger Solanah Betwase engagée avec ferveur dans la lutte anti-braconnage qui va mener l'enquête, une enquête très difficile, d'autant que John Latham, le propriétaire de la réserve est un personnage ambigu et plutôt misanthrope… de plus, un autre homme dit « le scorpion », un vrai méchant, va bientôt faire surface, un mercenaire recyclé dans le braconnage, le chef de la mafia locale, le pire braconnier du continent. L'aide de Seth, jeune équipier Khoï de Solanah et de Priti, cette jeune San, sera bien utile à Solanah pour dénouer l'intrigue, mais sera-t-elle suffisante ?
Une magnifique couverture et une carte proposée dans les premières pages permettant de situer l'intrigue, mettent le lecteur dans de bonnes conditions de lecture.
J'ai été sidérée par cette intrigue diaboliquement ficelée, émerveillée par la beauté de ce monde sauvage mais effrayée et carrément stupéfaite en apprenant les ravages qu'on lui inflige.
J'étais assez loin de me douter des atrocités que l'homme était capable de faire subir aux animaux et d'apprendre que plus ils sont menacés d'extinction et plus ils prennent de la valeur.
C'est toute la logique capitaliste ! Ainsi cette corne de rhinocéros utilisée dans la médecine traditionnelle asiatique et qui peut atteindre des valeurs faramineuses à la bourse de Hong Kong car, censée doper la libido de celui qui en mange. Quand on sait qu'elle est composée de macronutriments que l'on retrouve tout simplement dans nos cheveux et dans nos ongles, on aimerait pouvoir en rire… Mais des braconniers opèrent, manipulés par des trafiquants intouchables.
J'ai beaucoup appris sur ces Khoï, peuple pastoral et ces San, chasseurs-cueilleurs, reconnus pour leur langue qui comporte des clics, en fait des claquements de langue, longtemps discriminés et chassés par les colons néerlandais puis britanniques, qui montrent qu'un autre rapport au monde est possible, vivre en harmonie avec son biotope.
Le charme du bouquin vient également de la richesse et de la complexité des personnages.
Les personnages féminins sont magnifiques. Comment ne pas être admiratif devant cette ranger Solanah, cette femme mal dans sa peau, mal dans son couple, qui se bat pour son autonomie. Elle porte tellement de choses qu'elle se voit plus grosse que ce qu'elle n'est et il est particulièrement intéressant et plaisant de la voir peu à peu se débarrasser de tout ça.
Quant à Priti, ce petit bout de femme San, je vous laisse découvrir son énergie, sa roublardise et toute la luminosité qu'elle apporte au polar. Solanah, Priti : deux femmes puissantes !
Impossible de terminer sans évoquer ces scènes terribles de cruauté ou d'entraide envers les animaux que Caryl Férey, rencontré aux Correspondances de Manosque 2023, nous décrit mieux que n'importe quel cinéaste ne pourrait nous les montrer !
Il est dur de constater que le rapport aux animaux sauvages et aux braconniers est symbolique de l'état de notre planète et que seuls quelques échos fugitifs dans les médias relaient ces informations.
On ne peut que souhaiter, s'il n'est déjà pas trop tard, que ce thriller Okavango de Caryl Férey fasse considérer le monde d'une autre manière, que l'on comprenne que la liberté de ces animaux sauvages est en réalité aussi la nôtre, s'en prendre à la leur, c'est s'en prendre à la nôtre !
Comme les précédents ouvrages de Caryl Férey, Okavango encore peut-être davantage, si cela est possible, a été un véritable coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          13611
Qu'on vienne encore nous dire qu'il n'y a que les femmes qui sont capables de multitasking ! Avec « Okavango », Caryl Férey tient non seulement le lecteur en haleine avec un polar qui prend aux tripes, mais il l'invite également au voyage, tout en donnant vie au monde sauvage et en dénonçant le braconnage et le sort réservé aux populations autochtones. Et pour couronner le tout, il transforme l'essai en coup de coeur !

Avec « Okavango », le lecteur embarque immédiatement pour les terres sauvages d'Afrique, au coeur d'un immense territoire comprenant cinq pays: l'Angola, la Zambie, le Zimbabwe, la Namibie et le Botswana. Tout débute par la découverte du corps d'un jeune pisteur dans la réserve hyper-sécurisée d'un riche misanthrope qui se retrouve très vite dans la ligne de mire de la ranger botswanaise Solanah Betwase et de son partenaire Seth, qui mènent l'enquête sur ce meurtre qui semble lié au braconnage.

Écrivain amoureux du voyage, Caryl Férey invite donc au dépaysement en retournant sur le continent africain, afin d'y dénoncer le trafic répugnant qui menace de nombreuses espèces sauvages de disparition. Des défenses d'éléphants aux vertus soi-disant aphrodisiaques des cornes de rhinocéros, très prisées par des asiatiques qui feraient mieux de se ronger les ongles, en passant par des testicules de tigres sensées augmenter la libido de véritables couillons, le braconnage alimente un marché noir aussi débile que lucratif, qui pousse lentement plusieurs espèces vers leur extinction.

Si Caryl Ferey défend la cause du monde sauvage tout en rendant hommage à sa beauté, il pointe également du doigt les nombreuses exactions commises envers les peuples autochtones par ceux qui se disputent continuellement les richesses du continent. Des conséquences de l'apartheid en Afrique du Sud à l'héritage douloureux de la colonisation, en passant par les horreurs des guerres civiles, l'auteur tisse une toile de fond historique particulièrement didactique qui semble constamment flotter au-dessus du roman, tel un mauvais souvenir qui ne cessera jamais de hanter cette région pourtant belle comme un rêve.

Afin de nous guider tout au long de ce voyage qui invite non seulement à ouvrir les yeux sur les méfaits commis en Afrique, mais également sur ses merveilles, l'auteur fait défiler une galerie de personnages aussi forts qu'attachants. Il y a tout d'abord la bravoure et le charisme véhiculés par l'inoubliable duo composé de John Latham et de son homme de main au nom qui claque (et qui « clic », prononciation oblige) : N/Kon. Mais il ne faudrait pas oublier les femmes fortes et engagées qui font tout le sel du récit, allant de l'indomptable Solanah à la lumineuse Priti, en passant par l'adorable grand-mère de Seth.

Et voilà, le décor était tellement envoûtant et j'étais tellement bien accompagné que le fan de polar que je suis oublierait presque de vous parler de cette intrigue haletante qui débute par un meurtre pour s'accélérer au fil des nombreux rebondissements, gagnant en profondeur et en intensité jusqu'à ce dénouement palpitant au possible.

Un polar engagé, dépaysant, instructif, palpitant… bref, incontournable !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
Commenter  J’apprécie          13311
Rentrée littéraire 2023.

Être en train de lire le dernier roman de Caryl Férey, Okavango, et me retrouver devant l'auteur intervenant pendant les Correspondances de Manosque, ce fut un moment privilégié, émouvant et très instructif à la fois.
Après Mapuche, Zulu, Condor, Paz, Lëd et Norilsk, me voilà à nouveau captivé par l'écriture de Caryl Férey. Non seulement, il fait preuve d'imagination, sait ménager le suspense, intriguer, émouvoir aussi mais, en plus, il nous rappelle le drame de la disparition des animaux sauvages dans cette Afrique qui fut le berceau de notre humanité.
Autour de John Latham et Solanah Betwase, il bâtit une histoire passionnante qui se passe principalement en Namibie en y incluant la KaZa (Conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze). Cinq pays sont concernés : l'Angola, la Namibie, le Bostwana, le Zimbabwe et la Zambie et cela devrait protéger la faune sauvage tout en favorisant le tourisme…
Quand débute Okavango, du nom de ce fleuve qui se termine par un delta sans se jeter dans une mer ou un océan mais dans le désert du Kalahari, je suis dans la réserve Wild Bunch appartenant à John Latham dont le passé sera révélé au fil des pages.
En Afrique australe où, depuis le milieu du XXe siècle, quand ont été créées les premières réserves, le braconnage n'a pas cessé, bien au contraire. Les rhinocéros et les éléphants en sont les premières victimes pour le commerce de l'ivoire mais lions, panthères, guépards et bien d'autres ne sont pas épargnés pour… le plaisir d'afficher un tableau de chasse qui devrait faire honte à leurs auteurs.
Comme nous l'affirme avec humour Caryl Férey, les Asiatiques, principalement, sont persuadés que la corne de rhinocéros peut raffermir leur virilité alors que ces cornes sont constituées de kératine que l'on trouve tout simplement dans nos ongles, nos cheveux…
Tout en suivant le travail de Solanah, ranger à Kundu, l'auteur distille quantité d'informations sur la vie des peuples San ou Bochimans, Khoï (hommes du désert) et autres ethnies, des gens vivant dans la misère et prêts à tout pour gagner un peu d'argent. Ils sont une proie facile pour les trafiquants comme ce Rainer du Plessis et ses sbires qui s'enrichissent honteusement tout en détruisant la vie en Afrique australe.
Il se trouve que le corps d'un jeune Ovambo vient d'être découvert à Wild Bunch. Cela déclenche aussitôt une enquête de la part des rangers de Rundu et c'est Solanah qui s'en occupe Elle vient au lodge interroger N/Kon, l'intendant de John, pas bavard. Justement, John Latham est là et ne laisse pas Solanah insensible. Ici, Caryl Férey, comme à son habitude, livre des descriptions claires, détaillées, précises.
Pour préserver sa réserve du braconnage, John a fait installer un système de vidéo surveillance sophistiqué mais, bizarrement, il semble y avoir quelques lacunes. Les rapports compliqués entre les divers protagonistes de l'histoire et les malheurs causés aux animaux par la concupiscence des hommes et leur goût immodéré pour les plaisirs factices causent beaucoup de péripéties.
Cette lecture addictive d'Okavango me mène de surprise en coup de théâtre, de révélations surprenantes en scènes d'amour relaxantes mais je n'oublie pas les trafiquants, ce fameux Scorpion qui tire les ficelles sans le moindre scrupule, sans aucun respect pour la vie, animale ou humaine.
Okavango est vraiment un magnifique roman qui va bien au-delà du thriller car il comporte une part importante destinée à ouvrir les consciences grâce aux précisions détaillées données par l'auteur. C'est intense, prenant, palpitant comme cette scène émouvante de l'accouchement du bébé rhinocéros avec l'aide de John !
Caryl Férey apporte aussi d'intéressantes précisions sur la réalité de la vie agricole en Namibie, les rapports entre les éleveurs et les animaux sauvages – tiens, cela me fait penser à quelques polémiques qui agitent régulièrement l'actualité de nos régions… Il souligne aussi le rôle de l'Afrique du Sud de l'apartheid dans ces pays d'Afrique australe. Il offre même une visite intéressante de Windhoek, la capitale de la Namibie.
Pour vivre au plus près de la nature, des moeurs des animaux sauvages, partager aussi la vie des gens qui peuplent depuis longtemps ces contrées et surtout, vibrer jusqu'à la dernière ligne d'un final palpitant : lisez Okavango !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1327
Caryl Férey réalise un nouvel exploit avec ce thriller sauvage au coeur d'une réserve d'Afrique australe, en Namibie, exploit consistant à rassembler et distiller une multitude d'informations sur les moeurs des animaux de la savane, sur les trafics autour de tout qui peut enrichir braconniers, mercenaires, flics ou militaires corrompus, en anéantissant peu à peu des populations animales pourtant protégées, tout en construisant une intrigue au dénouement très rythmé ce qui est souvent la finalité d'un bon polar.

L'auteur a démontré une nouvelle fois son savoir-faire pour créer des personnages attachants ou détestables, mais aussi d'autres à propos desquels les doutes du lecteur vont ajouter au suspense développé tout au long de cette histoire.

Deux femmes dominent dans ce roman, une ranger Solanah, quarantaine bien épanouie, et une jeunette, Priti, courageuse, pleine d'humour et de tendresse. Les deux sont amoureuses et apportent donc des piments aux maturités différentes dans l'histoire. Ce sont de vraies héroïnes qui éclipsent nettement les mâles, dominants ou inférieurs. Un homme émerge, John Latham, personnalité mystérieuse, protecteur déclaré des animaux, au passé mystérieux.

Si l'intrigue est très agréable à suivre, malgré quand même de nombreux personnages et un risque d'égarement si l'on n'est pas assez rapide dans cette lecture, ce sont les bêtes sauvages qui m'ont paru retenir l'attention, qu'il s'agisse des éléphants convoités pour l'ivoire, des rhinocéros tués pour leur corne, des lions abattus pour leurs dents et leurs griffes, mais aussi des hippopotames aux airs paisibles capables pourtant de déchaînements surprenants. Les araignées, les serpents ne sont pas en reste et vont aussi jouer leur rôle dans l'histoire.

Toutes les références au pistage, à l'observation des déjections, des branches d'arbustes arrachées sont également passionnantes même si le roman n'évoque jamais de vraie scène de chasse.

J'aime toujours beaucoup le travail littéraire bien documenté de Caryl Férey, qu'il emmène ses lecteurs en Sibérie, en Amérique du Sud ou en Nouvelle-Zélande. Okavango, c'est l'Afrique, avec un fleuve très présent, aux multiples dangers, qui donne un titre traduisant si bien toute l'atmosphère violente et passionnée de ce roman.
Commenter  J’apprécie          1060
RRRRooooooaaaarrrrhhhh !
Envie de rugir de plaisir et de partir en safari dans une réserve africaine ?
Ah nooon, le passeport n'est toujours pas prêt ? impossible d'avoir un rendez-vous à la mairie ? et les vaccins, plus rien n'est à jour ? Aarf, c'est vraiment dommage de rater un si beau voyage…
L'excellent nouvelle, c'est que grâce à Caryl Férey, pas besoin de tout ça pour s'évader à l'autre bout du monde et se repaître de nature et faune sauvage.
Il suffit d'ouvrir les pages d'Okavango pour être transporté en plein coeur de la réserve de Wild Bunch à observer lions, springboks, rhinocéros et éléphants venir se désaltérer au point d'eau le soir et les voir évoluer dans leur habitat naturel.
Dans ce polar haletant, foisonnant, pas de seconds couteaux, les animaux sont de véritables personnages au même titre que les rangers, les braconniers et le mystérieux propriétaire afrikaner de Wild Bunch, John Latham.
Les femmes dans ce roman se taillent également la part du lion, elles n'ont pas froid aux yeux, tout particulièrement Solanah Betwase, la ranger intrépide décidée à faire toute la lumière sur des morts mystérieuses à l'intérieur de la réserve.
Caryl Férey nous mène par le bout du museau avec aisance à un rythme trépidant, c'est parfois sanglant, violent, entre les hommes comme entre les animaux.
Il y a bien plus qu'un simple polar dans ce roman, on découvre le braconnage, les trafics, les coulisses des réserves détenues par les blancs qui ne se gênent pas, sous prétexte de sauvegarde de la nature, d'en évacuer leurs habitants autochtones.
Si ce petit aperçu vous donne les crocs, jetez-vous avec férocité sur ce pavé qui devrait croustiller sous vos canines aiguisées, car il réunit d'excellents ingrédients ; suspense, tension, rebondissements avec l'occasion d'apprendre plein de choses sur cette région du monde. Captivant !
Commenter  J’apprécie          8126
Coup de coeur, depuis le début jusqu'à la fin, tout à la fois grand thriller où tous nos doutes sombrent devant une autre explication des mêmes évènements présentés au début et un livre sur l'histoire de cette Afrique Australe sur laquelle pèse le souvenir de l'apartheid de l'Afrique du Sud, puisque la Namibie lui a appartenu avant la guerre de libération portée par Cuba et le bloc communiste.
Aux chasses aveugles, massacrant par exemple douze mille éléphants dans la seule année 1887, mélangeant l'exotisme au danger, cela sur les terres dont les animaux sauvages attiraient le reste du monde, a succédé la nécessité de créer des parcs pour les survivants.
Ces réserves, outre le travail donné aux sociétés privées de sécurité, souvent des mercenaires pro- apartheid, sont le pain béni du braconnage, quatrième commerce illégal au monde. En voulant les préserver, créer des parcs de la paix pour transcender les frontières, en suivant l'idée de Mandela, on met en danger, puisque regroupés, les troupeaux de rhinocéros et des éléphants dont la mémoire des carnages s'est transmise de génération en génération. Ces derniers, depuis le massacre des « grandes défenses » se sont adaptés, et leurs défenses ont raccourci.
La sauvagerie continue cependant : Solanah la « ranger », forte femme, n'ayant peur de rien, même quand elle se fait braquer par un monstrueux éléphant, est chargée de débusquer les pièges « inventifs » des chasseurs locaux, fils de fer ou lames acérées immobilisant les girafes recherchées pour leur queue comme tape-mouches, leurs os comme manches de couteau, leurs tendons comme cordes de guitare, leurs poils des bracelets( !!!).
Et son job de ranger se passe dans une des réserves au nord-est de la Namibie, le Bwabwata, jouxtant un immense parc privé, appartenant à John Latham et à N/Kon, un San, ou Bochiman, parlant en « clics » (comme les héros de « les dieux sont tombés sur la tête ») et appartenant à une très vieille culture de plus de trente mille ans.
Ce parc, le Wild Brunch, est protégé par de nombreuses caméras de surveillance de haute technologie, de drones et d'un avion, et pourtant un meurtre a été commis, puis un autre, puis l'assassinat d'un rhinocéros appelé « longue queue », allant jusqu'à l'empoisonnement des eaux tuant beaucoup d'animaux pour récupérer les cornes et les griffes…
Comment un parc privé peut-il, à la mort du directeur, qui se trouve propriétaire des bêtes sauvages et peut en décider le « prélèvement », ne pas revenir de droit à l'État namibien ? c'est que John Latham veut rendre ces terres, même si c'est illégal, aux San, les premiers habitants de la région avant l'invasion bantoue, puis la colonisation allemande. Les San n'ont jamais tué d'éléphants, qu'ils considèrent comme leurs égaux. Pacifiques, qu'on leur rende leur terre !
« il leur avait fallu éveiller l'oeil qui voit l'invisible, l'oeil de l'esprit, développant des aptitudes intellectuelles décisives, comme la puissance de l'imagination. »

Qui braconne ? les villageois des alentours des parcs touchent de l'argent pour préserver la faune et profitent du tourisme, il serait illogique qu'ils braconnent leur propre gagne-pain. Et pourtant cohabiter avec des animaux sauvages est
dangereux, cause d'accidents mortels. Or dans le désert, tuer les lions voleurs de bétail parait être légitime défense.
La peur, la faim.
Tout aussi paradoxal, les éleveurs doivent souvent quitter leurs terres « au nom de la préservation exclusive des bêtes sauvages, ceux-là même que l'Occident avait majoritairement exterminés.
Un nouveau colonialisme vert. »
Mais plus que tout, ce sont les trafiquants asiatiques, avec leur nouvelle route de la soie, et trouvant des acheteurs prêts à croire aux vertus aphrodisiaques des cornes de rhinos qui perpétuent le trafic finançant les conflits armés et les groupes terroristes ou financés par eux. le chapeau étant porté par un malfaiteur afrikaner, appelé « le Scorpion ».

Okavango, c'est une rivière, entre l'Angola, la Namibie et le Botswana. C'est surtout un des plus beaux livres sur l'Afrique, dont on sent l'engagement de l'auteur, dont on ressent les dangers et les difficultés, dont on lit la beauté sauvage. Caryl Ferey, par sa manière de camper ses personnages avec leurs contradictions, par sa dénonciation du braconnage et son analyse des raisons diverses qui le rendent possible, par ses interventions explicatives quant au passé récent de la zone a écrit un chef d'oeuvre.
Coup de coeur. et merci à Pascale @CalouRmn, qui m'a prévenue de la sortie du livre.
Commenter  J’apprécie          7458
En Afrique australe se trouve la plus grande réserve au monde, la KaZa, regroupant 5 pays (la Namibie, l'Angola, le Botswana, la Zambie et le Zimbabwe), avec des couloirs de migration afin de permettre aux animaux sauvages de circuler librement. Non loin, John Latham, après avoir fait fortune grâce à une mine de diamants, possède aujourd'hui une réserve privée de 90000 hectares, Wild Bunch. Une réserve, comprenant un lodge et plusieurs infrastructures, ouverte dorénavant au tourisme du sanctuaire animalier, qu'il a pu bâtir grâce au peuple San, notamment N/Kon, son homme de confiance depuis des années. En pleine expédition avec des touristes américains, il découvre le corps d'un homme, gisant dans la poussière, face contre terre, le dos tailladé et des blessures profondes. La piste du braconnage étant privilégiée, l'enquête est confiée à la lieutenante botswanaise, Solanah Betwase, de la lutte anti-braconnage, et son homologue namibien, Seth Shikongo...

Avec son nouveau roman, Okavango, titre qui invite aussitôt au voyage et au dépaysement, Caryl Férey tient, une nouvelle fois, toutes ses promesses et nous immerge à la perfection au coeur de cette Afrique australe. L'on y croise des lieutenants luttant contre le braconnage, des propriétaires terriens (blancs, il en va presque de soi) dont l'un d'eux, écolo, de prime abord peu aimable et misanthrope, se révèle insaisissable, notamment de par son passé trouble, des braconniers prêts à tout pour mettre la main sur leurs proies, quelque soit les méthodes, pour satisfaire les désirs de riches clients, un trafiquant surnommé le Scorpion, des autochtones expropriés et des animaux, protégés mais aussi mutilés. Des personnages denses, forts, marquants et complexes. Si l'enquête policière, riche en rebondissements, se révèle particulièrement prenante et troublante, le décor, plus que jamais réaliste, et toutes les informations (passées et présentes) que distille l'auteur sont passionnantes et instructives.
Un roman noir, engagé et enragé...
Commenter  J’apprécie          684
Comme d'habitude, Cary Ferey nous embarque dans une histoire romanesque, aux accents sombres, dans un pays à la forte identité.
Cette fois nous sommes en Namibie, en bordure de l'Angola, dans une réserve animalière.
Le début commence très fort avec l'assassinat d'un braconnier, sa découverte par Latham, le patron de la réserve, et le début de l'enquête menée par une ranger, Solanah.
Les plus de 500 pages du roman vont permettre d'affiner les personnages.
Solanah, la ranger animée par son amour des animaux et sa lutte contre le braconnage.
Latham, le patron de la réserve animé par les mêmes passions mais au passé trouble.
Les « San », ethnie vivant sur la réserve et faisant corps avec ce pays.
Et aussi de magnifiques rôles secondaires, Seth, Priti, N/Kon, auxquels on s'attache immédiatement.
Et j'oubliais le personnage principal, la nature sauvage avec ses animaux protégés mais chassés par les trafiquants, et aussi le contexte historique et social douloureux de cette région d'Afrique.

De tous les livres de Caryl Ferey, c'est celui qui donne la plus grande place à la nature et à l'urgence de sa préservation.
Très bien documenté, l'auteur nous rappelle les chiffres inquiétants de la disparition des espèces en Afrique, des trafics d'animaux vers l'Asie et des ventes d'ivoire et de cornes de rhinocéros.
Cary Ferey sait raconter une histoire et c'est le coeur battant que nous suivons cette histoire qui a un petit côté « Mogambo » (rappelez-vous, avec Clark Gable qui dirige le safari,,,).
On quitte le récit à regret (je ne vous dis pas si, comme à son habitude, Caryl Ferey fait mourir ses héros,,,) et on rêve d'une adaptation au cinéma... !
Commenter  J’apprécie          6312
Avec ce roman le dépaysement est garanti, avec un voyage dans et aux abords de la plus grande réserve naturelle au monde, en compagnie de deux rangers. Bienvenue dans bassins des fleuves Okawango et Zambèze ! Les animaux sont au centre de l'action, tout tourne autour d'eux puisque le premier meurtre est en lien avec le braconnage. L'enquête est une merveilleuse occasion de se plonger dans la faune et la flore d'Afrique australe, ainsi que dans l'histoire complexe de cette région (d'autant plus complexe pour nous que la réserve est à cheval sur cinq états aux passés, tant colonial que récent, un peu différents). Tous ces éléments sont au service d'une intrigue solide, très liée à tout ce contexte. Les personnages sont riches, complexes, ils ont de l'épaisseur. Caryl Férey nous fait découvrir diverses ethnies avec leur culture, souvent de pauvres gens prêts à tout pour gagner un peu d'argent, proies faciles pour des trafiquants qui font fortune en détruisant la faune. Un peu désespérant quand on songe que Romain Gary tirait déjà la sonnette d'alarme en 1956 avec Les racines du ciel.
Un magnifique roman, engagé, instructif, passionnant, sombre et addictif.
Commenter  J’apprécie          550




Lecteurs (1901) Voir plus




{* *}