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EAN : 9782330104931
500 pages
Actes Sud (02/01/2019)
3.27/5   26 notes
Résumé :
Un vétéran de la guerre des Malouines est chargé par ses supérieurs d'assurer la sécurité d'une mystérieuse avocate espagnole, venue à Buenos Aires mettre en oeuvre un trafic de cocaïne parfaitement inédit. Il prend sa mission de garde du corps trop au pied de la lettre et les ennuis commencent. À la fois roman d'aventures, thriller d'espionnage et charge politique acérée contre le système péroniste, ce roman basé sur des faits réels démonte les rouages d'un système... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il était posé là depuis des semaines, je l'ai ouvert dans un moment d'égarement et je ne l'ai plus lâché. Pourquoi n'ai-je pas lu ce Gardien de la Joconde plus tôt? Ce puissant roman noir argentin restera dans ma mémoire, et ce pour maintes raisons.
Jorge Fernández Díaz a fait de son personnage principal l'unique narrateur. L'exercice est périlleux, le résultat bluffant, et la traduction d'Amandine Py y contribue sans aucun doute.
Je ne sais par quel miracle je suis parvenue à m'identifier au protagoniste de cette sombre histoire, manipulée par ce choix narratif. Parce qu'au départ, le thème du Gardien de la Joconde semble (mais semble seulement) empester le cliché à plein nez.
Rémil (« hijo de remil putas », de son petit surnom) est un orphelin recueilli par le mystérieux « Colonel ». Vétéran de la guerre des Malouines souffrant de stress post-traumatique, il reste fidèle à ses anciens compagnons d'arme, et travaille dans l'ombre au sein d'une agence pro-gouvernementale secrète dirigée par son mentor, l'Annexe. Son boulot est celui de tous les barbouzes: ramener dans le droit chemin les femmes infidèles ou les gamins rebelles des huiles du pays, secouer, espionner, voire tuer. Solitaire, il passe son temps libre au freefight, a quelques maîtresses, peu d'attaches et un rapport aux femmes assez basique. Bref, Le gardien de la Joconde s'annonce comme un énième polar violent ambiance « avec sa bite et son couteau », mais car il y a un mais, il n'en est rien.
Car Rémil , qui a grandi à l'ombre tutélaire du Colonel, bibliophile féru d'histoire, est un lecteur compulsif, un homme doué d'une grande curiosité intellectuelle. Et sa vie va changer lorsqu'il se voit chargé par l'Annexe de protéger une mystérieuse et belle avocate espagnole, venue à Buenos Aires non pas pour plaider, mais pour mettre sur pied un trafic de drogue totalement inédit et à grande échelle. Bon, on oublie Bodyguard, l'histoire d'amour gnangnan entre le garde du corps et la femme fragile à protéger. Nous sommes en Argentine, pas à Hollywood. La relation entre Rémil et Nuria prend une tournure des plus complexes, et des plus fascinantes avec pour toile de fond un portrait glaçant du paysage politique argentin.
Et c'est là tout le talent de Jorge Fernández Díaz, de donner à voir au lecteur à travers le prisme du roman noir, l'état déplorable du système péroniste, la corruption institutionnalisée, et surtout l'ampleur du narco-trafic dans le pays. L'Argentine autrefois lieu de transit est devenue zone de trafic. Elle n'est pas dans le viseur de la D.E.A, contrairement au Mexique ou à la Colombie, ses 10.000 kms de frontière sont pain béni pour les trafiquants. Tout le monde en croque, à commencer par les hommes politiques et les différents corps de police. Le Gardien de la Joconde déploie son intrigue sur une surface pyramidale, avec à la base les cartoneros et crève-la-faim et au sommet, l'élite élégante et raffinée, composée de fiscalistes, hauts-fonctionnaires, ténors du barreau, rejetons de politiciens, plus dangereuse et nocive que tous les sicaires réunis.
Le roman doit beaucoup à son personnage principal, assez fascinant il faut le reconnaître, à sa critique politique et sociale sans appel, ainsi qu'à un savant mélange de violence sauvage, de cruelle lucidité, d'érudition et de tension sexuelle. Sans compter l'ombre de la guerre des Malouines qui plane sur les vies de Rémil et du colonel. Se plonger dans Le Gardien de la Joconde c'est revoir des scènes de Celda 211, de Mémoire d'un saccage. Argentine, le hold-up du siècle, de El Bonaerense , et de Soldado argentino solo conocido por dios. C'est simple, il ratisse large et bien. Une véritable friandise hardcore pour tous les amateurs de noir. Et en plus, il y a une suite. On retrouve Rémil dans La herida.
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« _ La Joconde provoque une obsession bizarre chez certaines personnes. Une obsession destructrice. Tu as dû lire ces bouquins sur la maladie de la beauté ?
_ Faut croire que non...
_ Ca arrive très souvent au Louvre. "Le syndrome de Stendhal", ils appellent ça…
L'amour est une drogue psychosomatique - tachycardie, vertige, confusion, hallucinations. T'imagines, en un seul dimanche d'ouverture gratuite, tu peux avoir jusqu'à soixante-cinq mille personnes exposées à cette radiation. Et toi, tu dois faire en sorte que personne pète les plombs, que ce trésor ne soit jamais détruit. Je te raconte pas le stress, vieux. Un stress terrible. »
Oubliez le Louvre, la Joconde en question ne sourit pas, a mauvais genre et des fréquentations d'un genre encore plus mauvais. le gardien, lui, n'a rien à voir avec ceux de nos musées nationaux, uniformes fatigués, regards apathiques et démarches épuisées. Rémil, notre garde du corps est, comment dire, un peu plus dynamique ? S'étant autrefois cassé les dents (façon de parler parce qu'en réalité il a pris une balle dans le ventre) sur les commandos de Mrs Thatcher aux Malouines, il entretient depuis (nage en eaux vives, combats de rues et salles de sport) une forme olympique qui lui permet de donner pleine satisfaction à son employeur le Colonel, dont les attributions à priori mystérieuses sont au final assez claires : «c'est un militaire à la retraite qui a repris du service en 1984, dans l'ombre…les présidents et les ministres ont tous eu affaire à lui, et dans le monde de la politique, il est devenu "le type qui règle les problèmes"… manu militari, vous me suivez.
On nage dans le narcotrafic, on barbote dans une violence qui s'affiche, et on patauge dans la corruption des élites financières, militaires, policières, judiciaires et politiques de l'Argentine, ce beau pays où le romantisme péroniste sert toujours de cache-misère à toutes les turpitudes.
« - Dis-moi, en deux mots: Rada, c'est qui? (...)
- Une péroniste de la troisième génération.
- Ce qui veut dire?
- Les premiers péronistes ont été des héros, la deuxième génération, des révolutionnaires. La troisième génération, c'est des millionnaires. »
La Joconde ne sourit pas mais, en bonne femme fatale qu'elle est, elle n'en demeure pas moins plus que « bandante », comme on dirait dans ce genre de polar. Rémil a beau être un professionnel qui sait rester à sa place, se faire le plus discret possible et, entre deux missions, se changer les idées en lisant un des bons livres que lui a conseillé «le « colonel », ce serait mentir que de nier qu'il commence à ressentir des émotions.
Le fidèle lecteur de Pérez-Reverte que je suis commence à se dire que Rémil et Nuria, la Joconde, ont des airs de Coy et Tanger, dans le Cimetière des Bateaux sans Nom. La confirmation survient un peu plus loin, lorsqu'on lit ce passage : « Alors je passe la journée à lire "Le Cimetière des bateaux sans nom", en buvant de la vodka citron avec des glaçons. le soleil va bientôt se lever sur le lundi quand je lis ce dialogue : "S'il arrive quelque chose, dit-elle soudain, ne me laisse pas mourir seule."
Si je préfère la quête du trésor englouti (la longue phase de recherches érudites, en particulier) de Pérez-Reverte à cette histoire de trafic international de drogue entre Buenos Aires, Madrid et Vigo, je ne peux que saluer cette bonne histoire qui offre tous les bons ingrédients du genre et en prologue une énigme dont on ne saisira le sens qu'après avoir franchi le point final. Pecosa, que je remercie pour nous avoir conseillé cet excellent roman, l'avait fort bien dit : « le roman doit beaucoup à son personnage principal, assez fascinant il faut le reconnaître, à sa critique politique et sociale sans appel, ainsi qu'à un savant mélange de violence sauvage, de cruelle lucidité, d'érudition et de tension sexuelle. »
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Remil est un ancien militaire argentin qui a participé à la guerre des Malouines et en a gardé, outre des images traumatisantes, quelques amitiés tenaces. Mais il a réussi sa reconversion, et est devenu l'un des agents d'un certain Calgaris qui a monté une officine de services secrets, chargés non pas de protéger l'État d'ennemis extérieurs, mais de lutter contre quelques empêcheurs de tourner en rond du système politique argentin, un système qui mélange allégement chantage, corruption, concussion et coups tordus. Remil aime bien ce travail qui lui permet de frapper un journaliste trop fouineur, voire de surveiller et de trouver des preuves pour compromettre un député qui risque de proposer une loi diminuant les pouvoirs de l'agence de Calgaris. C'est alors que son patron l'envoie pour une nouvelle mission qui semble bien anodine : surveiller et protéger une avocate espagnole venue pour repérer des entreprises dans le cadre d'achat par un consortium international. Mais, très vite, Remil comprend que ce n'est là que la partie immergée de l'iceberg. Calgaris lui avoue donc sa vraie mission : l'avocate est le poisson pilote d'un groupe criminel venu pour créer un réseau de drogue entre l'Amérique latine et l'Europe. Et Remil est chargé de protéger la jeune femme qui pourrait être l'objet d'attaques de la part des cartels locaux. En fait, les finances de l'État argentin ne sont pas au beau fixe et l'agence va s'associer au trafic, comme consultant sécurité, afin de se financer. Remil s'engage de manière sérieuse dans cette nouvelle mission, d'autant plus qu'il vient d'entamer une liaison volcanique avec la jeune femme. Bien entendu tout n'est pas aussi simple, ni aussi rose que cela pourrait l'être.
le roman de Jorge Fernández Diaz est un thriller qui joue avec un axe unique, centré sur la personnalité de Remil. Tout est vu à travers son regard et le texte décrit avec soin d'une part sa personnalité très spéciale, son souci de la sécurité absolue (on passe son temps à surveiller amis et ennemis, à poser des micros sur les téléphones, dans les appartements et sur les ordinateurs, car on ne sait jamais ce qui peut se passer), et ses actions criminelles vécues comme des éléments très normaux de la vie. Aucune morale, juste une description aiguisée d'une situation effrayante, de traîtrises sans nom, de corruption généralisée, vue à travers la trajectoire d'un soldat de base, d'un homme qui poursuit son propre projet sans se soucier des options éthiques, avec une vérité et une force prenante. le Gardien de la Joconde c'est avant tout une plongée dans le cloaque des liaisons incestueuses entre grands criminels, hauts fonctionnaires et forces de l'ordre. Et c'est glaçant.

Citation

« Ce samedi-là fut une journée éprouvante : on se repliait, j'en avais buté cinq ou six quand un franc-tireur anglais me plomba d'une balle dans le bide avec son viseur infrarouge. »
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Un peu de mal à suivre cette abondance de citations littéraires. Pour le reste un superbe livre et une densité de caractère des personnages qui font penser à ceux d'Ellroy. Pour une fois les scènes de cul sont magnifiquement écrites. Une "belle" radiographie de l'Argentine contemporaine.
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Ce roman est un bon scénario pour le prochain James Bond ; on n'y retrouve toutes les ficelles de ces films (moins de gadget néanmoins) ; mais à part cela ,c'estun peu rébarbatif , avec un récit assez plat
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critiques presse (2)
LeDevoir
01 avril 2019
L’écriture de Fernández Díaz (et l’excellente traduction d’Amandine Py) emporte le récit à un rythme affolant ; on ne cessera de s’étonner devant la complexité des combines des trafiquants, la description des quartiers complets de la ville abandonnés aux mafias diverses de même que de la pertinence des personnages secondaires du récit. Mais c’est surtout l’intensité de la relation entre la Joconde et son gardien qui frappe tout au long. On rencontre rarement des personnages tragiques de cette ampleur dans un polar. Autant en profiter.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeSoir
28 janvier 2019
À Buenos Aires, il est difficile de distinguer les bons des méchants dans ce polar sulfureux qui mêle la poudre au vin.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
- Dis-moi, en deux mots: Rada, c'est qui? (...)
- Une péroniste de la troisième génération.
- Ce qui veut dire?
- Les premiers péronistes ont été des héros, la deuxième génération, des révolutionnaires. La troisième génération, c'est des millionnaires.
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Un jour, j'ai rencontré une femme obsédée par les mains des sculpteurs. Ça l'excitait terriblement. Sais-tu pourquoi? Parce qu'elle se disait: "Si ce mec est capable de créer toutes ces oeuvres d'art de ses mains, j'ose pas imaginer ce qu'il pourrait faire sur mon corps."
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_ La Joconde provoque une obsession bizarre chez certaines personnes. Une obsession destructrice. Tu as dû lire ces bouquins sur la maladie de la beauté ?
_ Faut croire que non...
_ Ca arrive très souvent au Louvre. "Le syndrome de Stendhal", ils appellent ça.
_ Je connais Stendhal.
_ Stendhal raconte je sais plus où qu'après avoir visité un musée à Florence - ...(il) lance, les yeux levés au ciel pour citer de mémoire...et récite d'une voix de chevalier des croisades : "J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber."
_ Il se droguait, ce type ?
_ L'amour est une drogue psychosomatique - tachycardie, vertige, confusion, hallucinations. T'imagines, en un seul dimanche d'ouverture gratuite, tu peux avoir jusqu'à soixante-cinq mille personnes exposées à cette radiation. Et toi, tu dois faire en sorte que personne pète les plombs, que ce trésor ne soit jamais détruit. Je te raconte pas le stress, vieux. Un stress terrible.
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On l'appelle "colonel", mais techniquement c'est un militaire à la retraite qui a repris du service en 1984, dans l'ombre, quand il est devenu notre directeur des opérations : les présidents et les ministres ont tous eu affaire à lui, et dans le monde de la politique, il est devenu "le type qui règle les problèmes". Le vieux m'a appris à lire, à étudier, et à exercer tous les verbes interdits. Si je ne me suis pas fait exploser la cervelle comme pas mal de mes camarades de tranchée, c'est grâce à lui. C'est dire que je lui dois beaucoup. Même si quelquefois, faut l'avouer, ça me démange de l'expédier dans l'autre monde.
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J'ai pas mal de nuits blanches au compteur, mais j'ai rarement vu une fille dans cet état. Son visage a viré cireux, elle ne sait plus s'il lui faut gerber ou s'acheter un chaton.
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