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4,18

sur 1265 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Je suis restée aux portes du camp, sur le bord de la route. Je reconnais que l'écriture de Freney (c'est mon deuxième essai avec cette romancière après une malheureuse conversation amoureuse abandonnée) est très plaisante et que la démarche d'Esther, la bibliothécaire quadragénaire qui se soucie de l'alphabétisation des petits gitans, m'a d'abord semblé tout à fait légitime.

Alors quoi, qu'est-ce qui m'a déplu dans ce roman ? Pourquoi n'ai-je pas emboité le pas de la douce Esther ? Eh bien je lui reproche d'abord un manque d'ouverture et de curiosité pour ces gens, leur culture, leur histoire, leurs chants, leurs croyances. Non elle arrive avec ses histoires à elle, bien établies et moralisantes à souhait, cachant mal sa volonté d'assimiler ces petits roms à la culture dominante et aux « bonnes manières ». Et le pire, je trouve que le propos transpire de préjugés et idées préconçues. Voilà une occasion ratée de rencontrer ce peuple.

Ensuite, Esther révèlera peu de choses de sa propre famille, même après les questions répétées des femmes du camp et les invitations à emmener ses fils jouer avec les enfants du camp. Non Esther laisse mari et fils bien loin du camp (et de sa mauvaise influence ?). le summum est son refus de porter le chemisier reçu, tellement révélateur de son manque de considération pour ce peuple magnifique et flamboyant, sauvage et libre. L'histoire perd peu à peu de sa crédibilité.

Dommage car le personnage de la matriarche, la fière Angéline, aurait mérité, à lui seul, tout un roman. On reste sur sa faim et l'écriture très travaillée ne réussit pas à masquer les faiblesses de l'histoire.
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C'est bien ce que tu lis ?
Heu, moyen, ça parle d'une bibliothécaire qui vient lire des livres aux enfants d'une famille de Gitans.
Ben, ça devrait te plaire !
Mouais... Mais je ne trouve pas agréable d'être dans le froid, sur un terrain plein de déchets, de bouts de verres avec un feu qui pue.
Tu rigoles, t'es dans ton lit !
Non je suis dans le livre, je suis la bibliothécaire, je suis la vieille Angelina, je vis ce qu'ils vivent. Mais je n'arrive pas vraiment à m'identifier. Ces gens fatalistes, qui ne se battent pas, restent dans leur crasse, ne cherchent pas à améliorer le sort de leurs enfants m'agacent.
Ah oui, je comprends. Mais c'est bien écrit ?
Ah oui, tout à fait.
Alors tu vas le finir ?
Oui d'autant qu'il est court, ce roman.

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Alice, pardon, il faut que je te confesse quelque chose...
J'ai fait ta connaissance l'an dernier, avec le règne du vivant, et je garde un souvenir ému de cette rencontre éblouissante. Je me faisais une joie de te retrouver et de m'extasier à nouveau sur ta prose lumineuse, alors je n'ai pas hésité une seconde quand j'ai vu que Grâce et Dénuement, ton troisième roman (primé en 1998) était disponible à la bibliothèque.

Las, je l'avoue piteusement, ce deuxième rendez-vous a vite douché mon enthousiasme.
Les thèmes que tu as choisis (ceux de la misère, de l'exclusion sociale de l'inégalité des chances), avaient pourtant ce qu'il faut de profondeur et de complexité pour suciter mon intérêt, de même que ton écriture toujours forte et maîtrisée (même si pour dire vrai, je n'y ai pas retrouvé toute la puissance qui m'avait emporté dans le règne du vivant...)
Et pour finir bien sûr, ton message me "parle", ce message plein de tolérance et d'humanité que tu nous adresses par la voix d'Esther, la jeune bibliothècaire devouée corps et âme à la cause d'une famille de gitans installés quelque part en banlieue parisienne, dans la plus grand précarité.

Mais alors pourquoi cette petite déception, pourquoi cet arrière-goût de rendez-vous manqué ?
Sans doute en premier lieu à cause de tes personnages que j'ai trouvés trop caricaturaux. D'un côté la bonne samaritaine immaculée, de l'autre une fratie de tziganes marginaux et violents, que l'on a du mal à différencier et qui semblent se complaire dans leur misère et dans leur ostracisme. Je n'ai trouvé ni chez l'une ni chez les autres suffisamment de nuances et de sincérité pour m'en faire des amis.
Evidemment, l'indigence morale et matèrielle de la vieille Angéline et des siens nous touche, leur fierté et leur résilience nous impressionne, mais quand cette fierté vire à l'arrogance, quand les propositions d'intégration ou d'améliortion de leur condition (notamment celle des enfants) sont systématiquement rejetées, la corde sensible finit malheureusement par céder.

Quant au récit en lui-même, dont le cadre se cantonne à l'espace restreint des caravanes et du terrain vague crasseux, il tourne en boucle indéfiniment autour des visites successives d'Esther sur le camp. J'ai fini par le trouver ennuyeux et répétitif, d'autant que les progrès en termes de dialogue et d'ouverture à l'autre s'avèrent minimes. Les hommes restent des alcooliques machos et agressifs, la condition des femmes est toujours aussi déplorable, les enfants s'éveillent doucement à la lecture mais il n'est toujours pas question de les scolariser et les dernières pages du roman sont au moins aussi moroses que les premières... Chronique d'une impasse, quoi.

Question dénuement, Alice, c'est très réussi. Pour ce qui est de la grâce, je suis désolé de ne pas pouvoir en dire autant.
Tu m'en veux pas trop, hein, Alice ? On reste amis ?
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Avertissement : Angeline et les siens sont loin de la vision des gitans que l'on trouve dans Carmen (Mérimée) ou Notre-Dame de Paris (Victor Hugo). Autant Carmen et Esmeralda sont des personnages flamboyants autant les membres de cette tribu paraissent englués dans leur marginalité.

Globalement, j'ai trouvé en lisant ce livre beaucoup de dénuement et peu de grâce. J'ai ressenti un puissant sentiment d'impuissance, de fatalisme et de résignation. Malgré le lien clanique, il y a incommunicabilité entre les membres de cette tribu : entre les hommes et les femmes, entre les parents et les enfants et, bien sûr, entre la tribu et la société qui les entoure. Même s'ils vivent en permanence ensemble, on a l'impression que chacun d'entre eux est solitaire : parce qu'il a des aspirations incompréhensibles pour les autres, parce que le poids des traditions empêche d'atténuer cette marginalité, parce qu'il n'a aucune prise sur les évènements ; seules les brus paraissent former un clan dans le clan. Certes, on parle d'amour, mais un amour qui "se lasse, se fatigue, se remplit de doute".
On ne peut qu'avoir de l'empathie pour cette bibliothécaire, Esther, qui essaie d'apporter un peu de nourriture intellectuelle à des enfants dont les parents n'assurent que le matériel. Et on se prend à espérer que la découverte des livres (et des mots) et leur scolarisation enfin obtenue par Esther leur permettent de trouver un équilibre entre leur appartenance à un peuple au mode de vie qui les exclue de la société et cette société elle-même. D'une certaine manière, Hélèna, une des protagonistes de l'histoire, semble réussir ce pari : elle quitte la tribu pour s'insérer dans la société mais se met en ménage avec un gitan !!

Impossible d'adhérer au style de l'auteur : je n'aime pas le discours indirect libre (terme technique), mélange de narration et de relation de propos non signalée par la ponctuation habituelle. le texte est diffus, tout est flou ; je préfère un style plus ‘'aéré''.


Enfin, le constat de ce livre est difficile pour un lecteur ou une bibliothécaire (même si c'est une évidence) : les mots ne sont pas un remède universel ; alors que, au début, ‘'elle lut comme si cela pouvait tout changer'' (1ère partie, chapitre 6), à la fin ‘'elle se moquait des mots. Il leur arrivait de danser et d'entraîner les rêves, mais ils ne suffisaient pas'' (dernier chapitre du roman).
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Roman sec et rude qui remue même si les phrases minimalistes de l' auteur qui tient à reproduire le parler des gitans sont parfois trop minimalistes justement.
Cela gâche un peu la lecture.
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