Dès la première de couverture, et à la lecture du titre, l'auteur,
José Féron Romano, annonce la couleur. L'illustrateur,
Miles Hyman, aussi. le noir et le rouge sont mis et nous, lecteurs, savons qu'une partie d'échec décisive va se jouer sous nos yeux, en plus ou moins 150 pages. Et Claudio, le narrateur, ainsi arbitrairement renommé et déshumanisé par le gouverneur, sait qu'il devra jouer serré pour survivre et revoir les siens.
Ledit gouverneur- les premières lignes de ce roman n'en font pas mystère-règne en maître absolu sur son Etat. Seules, ses rares faiblesses, que Claudio devra sonder finement, font de lui un homme. Autocrate, grand timonier, dictateur, monstre sanguinaire : tous ces vocables servent à le décrire. Et Claudio, 15 ans, littéralement arraché aux siens et conduit manu militari dans le palais-citadelle du chef suprême, nous narre comment il s'est retrouvé là, à garder le chien-loup muselé - Et pour cause ! - de l'incontestable et incontesté despote.
Et l'on découvre aussi, comment il se voit contraint de partager le quotidien austère et ennuyeux de celui qui s'est octroyé tous les pouvoirs et surtout celui de vie ou de mort sur chacun, menant, par ailleurs, jusqu'à son paroxysme une politique belliqueuse expansionniste ô combien déraisonnable. Une folie, telle que seuls les enfants de moins de 14 ans, les femmes et des vieillards de plus de 75 ans vivent encore dans le pays. Tous les autres étant mobilisés aux fronts.
Dans la salle hypostyle du grandiose palais, véritable coeur de vie du gouverneur et prison dorée de Claudio, se trouve un échiquier. de quoi redonner à Claudio l'espoir et surtout une chance certes bien risquée de faire échec et mat.
Bien qu'attendue car annoncée, la fin n'est pas si convenue qu'on pourra le croire. Chaque lecteur l'appellera de tous ses voeux, tant la partie est tendue, ne lui épargnant aucun drame. Elle se joue majoritairement à huis clos est ne pourra pas vous laisser indifférents. Il faut dire que, en quelques pages, une à deux heures de lecture tout au plus, de multiples combats se jouent pour regagner chèrement toutes les libertés. Et on s'en doute, leur reconquête a un prix, qui laissera des saveurs en bouche après lecture. Tristesse, joie, émotions, amertume, piquant, douceur... Quel arôme dominera t-il en vous la dernière ligne franchie, si vous acceptez d'entrer dans les méandres stratégiques de la partie ?