Carnets d'Orient - Intégrale, tome 1 : 1830-1954

C'est peu dire que je suis tombée sous le charme de "Carnets d'Orient", de la palette et de la plume incomparables de Jacques Ferrandez.
Le fil conducteur est l'oeuvre du peintre orientaliste Joseph Constant, parti à la découverte de l' Algérie en 1836, il y trouvera l'amour en la personne de Djemilah mais une passion hélas contrariée, la belle ayant été mariée de force!
Joseph lèguera à un ami le premier portrait qu'il fit de sa belle dans le harem.
Ce tableau sera précieusement conservé et légué de père en fils dans une famille de pieds-noirs de 1871 jusqu'en 1954.
Carnets d'Orient retrace l'histoire d'un pays à travers une famille européenne. Les rapports avec les indigènes sont brossés avec finesse et sans complaisance.
Je retiens avant tout la beauté des paysages que j'ai eu l'immense privilège de traverser et que je vois propulsés quelques dizaines d'années en arrière.
Cet album est une ode d'amour pour un pays qui à mes yeux est un des plus beaux joyaux du Magrehb.
C'est aussi une magnifique leçon d'histoire.
Le huitième art n'est pas un vain mot quand on pose son regard sur l'oeuvre de Jacques Ferrandez.

Attention, coup de coeur !

Ce premier tome de l'intégrale des Carnets d'Orient de Jacques FERRANDEZ retrace la colonisation de l'Algérie de 1836 à 1954, juste avant le début de la guerre d'Algérie.

Cette BD est vraiment magnifique, extraordinaire ! Jacques Ferrandez a trois mois lorsque ses parents et grands-parents quittent l'Algérie pour la France en 1955. Il a voulu comprendre pourquoi sa famille a dû quitter cette terre.

Les 5 tomes qui composent cette oeuvre retracent l'histoire de Français, "d'indigènes", de juifs, d'autres européens (espagnols, italiens,..) en partant du voyage d'un peintre orientaliste Français, Joseph Constant vers l'Algérie où il retrouvera son ami peintre. Ses carnets ainsi qu'un de ses tableaux vont passer de mains au mains au sein d'une famille de pieds-noirs.

JDu point de vue historique, ce volume est particulièrement bien documenté et décrit de façon tout à fait réaliste, à travers la fiction, les débuts de la colonisation, l'installation des colons, les conflits avec les Algériens qui se sentent dépossédés de leur terre et les militaires qui tiennent le pays, un département Français mais où les droits ne sont pas les mêmes selon que l'on soit Français, Européen, juif ou Arabe et berbère. Pas d'angélisme ni de manichéisme ici. Bien au contraire.

Le scénario est magnifiquement écrit et les dessins, aquarelles, inspirés ont le sent, de Delacroix, sont très beaux.

J'ai retrouvé quelques souvenirs de mes parents, Algériens, qui ont dû quitter leur pays dans le cadre d'une immigration économique. Une nostalgie de ce pays que nous retrouvons également chez les pieds-noirs, les harkis et les autres exilés. Ce volume rend hommage aux humains qui ont fait ce pays et aux paysages variés de l'Algérie, et, plus particulièrement, à sa magnifique lumière. J'ai très envie de lire le second volume de cette intégrale.

La première intégrale des Carnets d'Orient est une belle fresque romancée de la colonisation française en Algérie. Jacques Ferrandez nous raconte l'arrivée des Français vers les années 1830 jusqu'à la veille de la guerre d'indépendance début des années 50.
L'oeuvre d'un peintre orientaliste Joseph Constant va servir de fil conducteur au récit. Ce peintre arrive dans le pays vers 1830 et va tomber amoureux d'une jeune femme entraperçue dans un harem (1er album) Ensuite, nous retrouverons le tableau et l'histoire du peintre d'albums en albums et l'histoire du pays défile via une famille française.
Colons, officiers de l'Armée, chef de gare, étudiants, les personnages se succèdent et représentent chacun une vision des occupants de l'Algérie : pour certains, l'arrivée dans ce pays correspond au souhait d'apporter du progrès et d'éduquer les populations autochtones, pour la majorité, il s'agit de s'approprier les terres et de faire du profit en employant une main d'oeuvre corvéable….L'auteur montre bien comment les injustices et les brimades constituent progressivement le terreau de la révolte.
C'est donc non seulement agréable à lire mais aussi une bd instructive. Les dessins rendent bien l'ambiance du Sud et de belles aquarelles jalonnent les albums.
Une lecture que je recommande pour qui veut connaître l'histoire de la colonisation tout en se détendant.

Les Carnets d'Orient, ce sont ceux de Joseph Constant, peintre inventé par Jacques Ferrandez, mais au plus proche des peintres orientalistes des années 1830 ayant vraiment existé – surtout Delacroix, dont les carnets servent de source d'inspiration-, qui se rend en Algérie, toute jeune colonie française. Dans le premier tome, d'un cycle de 5 tomes présents dans cette intégrale, mais d'une série de 10 – enfin 11, avec le nouveau cycle, Suites algériennes, qui vient de débuter -, nous découvrons les périples de Joseph via ses carnets, entre croquis, aquarelles, et textes, ses rencontres, ses réflexions sur ce qu'est, dès les premiers temps, en train de devenir l'Algérie colonisée. Au fil des tomes, et ce jusqu'à la fin de cette première intégrale, à l'aube de la guerre, les carnets referont surface et seront l'un des liens entre plusieurs générations de personnages, algériens, français installés ou nés en Algérie.

Plus la colonisation et les colons s'imposent dans la vie et les coutumes algériennes, à coup de violences, de spoliations diverses et variées au fil des années, plus le propos de Jacques Ferrandez laisse place, au fil des pages, à davantage d'Histoire que de fiction, à travers des extraits de journaux d'époque notamment, de représentation de discours ou d'allocutions de certains grands hommes – ainsi de Camus. L'Histoire de l'Algérie colonisée se dessine avec une remarquable précision, narrative comme graphique, sous nos yeux, dans toute sa barbarie, ses injustices, ses bourreaux – mais aussi parfois ses sauveurs -, à tel point que les personnages inventés par l'auteur nous semblent criants de réalisme et de vérité.

C'est la principale raison pour laquelle j'ai particulièrement apprécié cette première intégrale : alors que nous sommes en 1987, Jacques Ferrandez prend à bras le corps la problématique algérienne, encore à vif dans les esprits, très peu évoquée dans les arts, pour montrer les choses et les évènements sans fard : oui, la colonisation algérienne a été une monstruosité française, comme toute colonisation et oui, comme le montre l'auteur, l'on ne pouvait qu'en arriver à la guerre de 1954…

La deuxième intégrale, s'intéressant exclusivement à la guerre d'Algérie, a été lue dans la foulée, et l'avis, aussi enthousiaste, arrivera donc sous peu.
Lien : https://lartetletreblog.com/..

Cet épais volume des carnets d'orient de Jacques Ferrandez est un magnifique témoignage fictif de la colonisation de l'Algérie.

A travers différentes époques, on suit plusieurs personnages liés par un rêve ou par des gènes, mais qui tous aiment ce pays. Les français arrivent avec leur rêve, leur envie de recommencer quelque chose ailleurs, ils trouvent en Algérie un terreau fertile pour cette nouvelle vie, dans la douleur parfois. Mais à travers ces récits on voit aussi toute la douleur de la colonisation. Beaucoup sont arrivés sur ces terres africaines en dominateur. Ils ont spolié les Algériens de leur terre, les ont relégués à des taches ingrates, ils les ont méprisé, rabaissé. Ils ont pris les richesses et n'ont laissé que la pauvreté à la population qui était pourtant ici chez elle, et en prime de la haine, du racisme. Des guerres de colonisation, des rebellions sévèrement réprimées, aux années post guerre, on voit le fossé se creuser entre les colons et la population autochtone., on sait malheureusement comment cela va se finir...

Le dessin est très beau. Ce trait fin est très charismatique, et avec cette colorisation chaude on sent la chaleur de l'Afrique.