Une auteur italienne que je découvre et que j'ai appréciée.
Comme beaucoup de femmes qui écrivent, elle a choisi de traiter un sujet sur l'amour, ici un drame conjugal. A priori, l'auteure ne cherche pas à verser dans l'originalité en choisissant ce thème : la séparation de 2 époux après plrs années de mariage. Or, on peut d'emblée noter ce paradoxe : le sujet est banal, fait écho à tant de drames conjugaux. Surtout que là, c'est le point de vue de l'épouse bafouée qui est mis en avant. On voit ainsi se dessiner la trame narrative : l'intrigue reposant sur l'évolution des états d'âme de l'héroïne et de ses relations avec son ex, ses enfants, son voisin. Amateurs d'action, passer votre chemin, tout est dans l'introspection comme pr
Marie-Neuser.
Donc on voit l'héroïne passer par une palette variée de sentiments :
-d'abord l'incompréhension, les questions : son mari très concis ne s'est pas étalé sur les motifs de son départ. Elle passe alors en revue les années passées et subit les appels qui restent sans réponse...
- le poids du quotidien : comme il lui faut tout assumer dans ce nouveau contexte, elle se sent de plus en plus fatiguée, commet parfois des oublis, des maladresses.
- la vengeance : Par hasard, elle rencontre son mari en ville au bras de sa maîtresse, cette fois-ci identifiée, et sur le coup de la colère, lui vole dans les plumes. S'ensuit aussi le rapide échange sexuel avec son voisin.
- l'accident ou choc révélateur : un drame survient au cours d'une nuit où son chien et son fils tombent malades sans qu'elle sache pourquoi. Par symboles interposés, la clef perdue, une hallucination, l'appel au secours qui n'aboutit pas, le miroir qu'elle évite avant de l'affronter, l'auteur suggère une crise existentielle qui se termine par un dénouement double.
- la distance : elle décline les invitations à rencontrer d'autres hommes tout en recueillant des infos qui l'amènent à voir son mari sous un autre angle, bien plus critique.
- l'indépendance : elle trouve un emploi, assume ses enfants à la différence de son ex. avec lequel elle a un dernier entretien froid avant de revoir le voisin (qui l'avait déjà un peu aidée au préalable).
Bref, l'auteure transforme presque un drame courant en une sorte de parcours initiatique. Pas mal, assez bien vu : l'héroïne parvenant à dépasser la tragédie qui avait frappé une de ses voisines confrontée à la même situation qu'elle. Face à cette mère courage, on voit aussi en contrepoint se dessiner le portrait critique du père : adultère, abandon du domicile sans explication, tentation de la jeunesse, peu d'attention pour ses enfants. C'est sûr, on voit là la patte d'une écriture féminine qui exprime le point de vue de beaucoup de ses contemporaines, lasses de ces excès et de ces offenses qui se perpétuent encore en dépit des siècles qui passent et ce, malgré l'émancipation du sexe faible en Occident.
Enfin, j'ajouterais pour ma part, que j'ai surtout apprécié la scène devant la vitrine car c'est plutôt rare de voir une femme frapper un homme et le faire avec autant d'impétuosité : une vengeance qui, en plus, est méritée. Un bémol par contre sur la crise existentielle : même si c'est assez ingénieux et cocasse l'astuce du marteau et de la barre de fer pour réveiller le voisin, cette crise peut paraître superficielle ou du-moins, on peine à en voir le sens car les pensées restent enfermées dans les symboles qu'elles ne dépassent pas.