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3,19

sur 602 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque le roc sur lequel vous pensez avoir édifier votre vie se révèle mouvant comme un sable humide, il est difficile de ne pas s'enliser dans la folie.
C'est ce que nous confie Olga, la quarantaine , deux beaux enfants et un mari parfait…Quinze années de certitudes et d'oeillères vont malgré tout s'envoler comme une brume du matin poussée par le vent.
Le récit est d'une efficacité remarquable. La langue est soignée mais aussi parfaitement imagée pour rendre compte de la lente plongée vers l'aliénation , que la présence des enfants, témoins, acteurs, thérapeutes, rend encore plus angoissante. On n'ose pas imaginer les conséquences psychiques d'un tel épisode sur de jeunes âmes , fussent-elles bien matures pour leur âge .
Il ne s'agit pas seulement de ruminations ou de délires conceptuels. Olga se bat avec la réalité dans toute sa trivialité : ce qui fut son quotidien d'épouse accomplie devient une trame d'un cauchemar nauséabond.
Si le propos est bien éloigné de ce que l'on a connu dans la saga à succès d'Elena Ferrante, on retrouve la force attribuée à la narratrice , même s'il s'agit d'une force négative. Pas de demi-teinte, pas de mièvrerie, Olga est un personnage marquant, attachant et violent.

C'est tout le talent de l'auteur que de faire d'une banale histoire de l'échec d'un mariage, un quasi-thriller .
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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"Était-il possible que Mario me quittât ainsi, sans préavis ? Il me paraissait invraisemblable que, de but en blanc, il se désintéressât de ma vie comme d'une plante arrosée depuis des années qu'on laisserait soudainement mourir sous la canicule. Je ne parvenais pas à concevoir qu'il eût décidé unilatéralement de ne plus me devoir d'attention."

Quand son mari la quitte après 15 ans de vie commune, commence alors pour Olga, la narratrice, une lente mais vertigineuse descente aux enfers. Elle, la femme posée, calme, polie change du tout au tout. Elle devient négligée, violente, ordurière, confond ses pensées et la réalité. Elle ne parvient pas à faire face au sentiment d'abandon suscité par cette rupture, et perd ses repères et son identité. Elle s'enlise dans des interrogations, des incompréhensions, qui flirtent de plus en plus dangereusement avec la folie, ses 2 enfants et son chien dans son sillage. Nous ne pouvons que l'observer sombrer, perdre pied, lutter maladroitement (très maladroitement!) pour sortir la tête de l'eau où elle est train de se noyer... jusqu'à cette journée fatidique, cauchemardesque, où rien ne va plus, où plus rien n'est à sa place, et où elle se retrouve emmurée avec un enfant malade et un chien à l'agonie.

A partir d'un thème banal et maintes fois abordés, l'auteur explore avec talent les méandres tourmentés de l'âme après une rupture. Écrit à la première personne, nous sommes immergés dans les pensées d'Olga, son désarroi, ses désirs, ses illusions perdues, ses angoisses, sa réalité. Point d'apitoiements ni de larmoiements pour autant. Elle fait d'ailleurs son autocritique sans complaisance. L'approche est étonnante, et surtout l'écriture est flamboyante. Il fallait qu'elle le soit pour me tenir accrochée. On est parfois dans l'exagération et la surenchère mais paradoxalement les phases d'acceptation et les émotions sont disséquées avec un réalisme brutal qui rend l'air suffocant et irrespirable. Je suis toujours impressionnée par ces auteurs qui parviennent à instaurer une atmosphère particulière. Et dans ce livre, elle est particulièrement oppressante, au rythme d'un lancinant exorcisme. C'est brillamment amené mais c'est dérangeant. D'ailleurs, si je devais n'utiliser qu'un mot pour résumer cette lecture, c'est celui que je choisirais : une lecture dérangeante.

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Une séparation vécue comme un abandon a souvent tendance à engendrer de l'empathie voire de la sympathie pour la personne qui reste. Or ici l'empathie n'a été qu'éphémère et je n'ai guère éprouvé de sympathie pour Olga. La violence, les comportements hystériques, les phrases obscènes et ses comportements envers ses enfants m'ont souvent déroutés.
Cela n'a pas empêché de ressentir la souffrance extrême de Olga qui n'arrive pas à faire face à cette séparation.
Les enfant sont eux aussi très touchés et le conflit de loyauté y est bien décrit, leur comportement me semble plus adapté que celui de leur mère qui ne se contrôle plus et qui est souvent borderline .
Olga fait souvent référence à la femme rompue de Simone de Beauvoir qui reste pour moi bien plus émouvant.
J'ai mis 4 étoiles car je me sentais presque coupable de n'en mettre que 3 comme si je ne reconnaissais pas la souffrance d'Olga !
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C'est une histoire somme toute banale, celle d'une vie bien rangée qui dérape quand Monsieur découvre les beaux yeux d'une jeune femme et quitte Madame. Au début, je me suis même dit que c'etait une histoire banale et un peu ennuyeuse. Mais ça a dérapé et c'est devenu beaucoup plus intéressant !

Au début, le dérapage est insidieux, presque imperceptible, juste quelques paroles vulgaires dans la bouche d'une bourgeoise. Puis il s'accélère : les fourmis, les bagarres, les maladies, la serrure, le téléphone, les pétages de plomb avec le voisin et les enfants... C'est quand Olga est au fond du trou, flirtant avec la folie, que je me suis attachée à elle, et au livre par la même occasion.

Car sa descente aux enfers est rendue avec justesse, par petites touches, de l'intérieur. Comme si on s'enfoncait avec elle. Et, dans une certaine mesure, je pourrais m'y reconnaître, même si je n'ai jamais utilisé de pince à linge pour rester connectée à la réalité.

Son désespoir est poignant, sa journée de crise angoissante, son courage admirable. Tout ça grâce au talent d'Elena Ferrante qui se traduit à la fois dans des anecdotes qui sonnent vraies et des mots qui nous emportent.

Challenge Multi-Defis 1,5/30
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Les jours de mon abandon, c'est finalement une histoire assez classique, celle d'une femme quittée, qui passe par toutes les phases du deuil amoureux. L'auteure la raconte de fort belle manière en nous faisant partager les sentiments de son héroïne durant cette épreuve. Une lecture agréable, qui donne envie d'aller plus loin dans l'oeuvre de Elena Ferrante.
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Elena Ferrante est à la fois un auteur plébiscité dans le monde entier (près de 2,5 millions d'exemplaires vendus, avec des traductions dans 42 pays) et un succès planétaire de sa saga L'Amie prodigieuse, et le nom de plume d'un écrivain qui cultive l'anonymat depuis vingt-cinq ans.: aucune photo, aucune intervention médiatique, on soupçonne même un homme de se dissimuler derrière ce pseudonyme...

N'ayant pas lu l'amie prodigieuse, j'ai découvert l'univers de cette romancière(?) avec deuxième roman, Les Jours de mon abandon qui vient de fin juin reparaître en Folio, un drame conjugal situé à Turin, sur le thème classique de la femme abandonnée par son mari.

Sur une trame archiconnue, Ferrante parvient dès les premières pages à instiller un ton bien à elle, clinique, apre, intense, prenant pour tisser une radiographie d'une âme tourmentée, sur les chemins d'une folie ordinaire qui ne dit pas son nom pour une vie de déraison, voire de bestialité.. Une descente aux enfers comme il s'en produit chaque jour, dans le monde, mais en général on reste éloigné de cette cette spirale infernale qui la détruit et dans laquelle Ferrante nous plonge tout entier dedans.

Pour son mari, Olga avait tout quitté, surtout sa passion, l'écriture. Quinze ans de vie commune et de bonheur à Turin. Tout ceci vole subitement en éclats, Olga est totalement brisée et le résultat de cette déflagradation : un cri de hargne qui est tout sauf plaisant, car il fait assez froid dans le dos mais, rarement avait été aussi bien montrée la déchéance d'une femme détruite d'un simple upercut qui semble totalement impuissante à réagir comme il le faut dans ces moments là.

Elena Ferrante décrit avec beaucoup de subtilité et de crauté cet état de folie et de dépression, ce chagrin mêlé au désespoir pleine de cruauté et de révolte.

Nul larmoiement ni d'auto-complaisance dans cheminement intérieur décrit avec une précision chirurgicale et un réalisme parfois dérangeant et perturbant.

Une acuité psychologique qui laisserait à prouver que derrière ce pseudo, c'est bel et bien une femme qui se cacherait derrière...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'histoire, somme toute banale, est celle d'Olga, une femme de 38 ans trompée et délaissée par son mari pour une petite midinette de 20 ans.
Le départ de ce mari boulerverse en tout point la vie sécurisée d'Olga. Se retrouver seule à tout gérer n'est pas simple, d'autant plus quand la honte et la perte de confiance et de repères viennent batifoler avec la folie.

L'abandon dont il est question dans le titre est sauvagement mis en scène. On suit la rupture de cette femme avec tout ce qui l'entoure, ses deux jeunes enfants, son quotidien, son chien Otto, son appartement. Un lent décrochage qui amène Olga à se délier de la réalité sombrant peu à peu dans la folie.
Son esprit fourmille, il se montre obsédé par l'abandon du mari, cela cogite inlassablement, cela cogne, blesse et décroche.

Telle une plongée dans les profondeurs d'une mer(e) de plus en plus noire, les objets matérialisent la peur, l'abandon. le téléphone grésille, les fourmis affluent, le chien s'empoisonne, les enfants tombent malades, les portes peinent à s'ouvrir.

Le roman à coups de macération prenant tout un quotidien en otage est efficacement agencé.
Une dissection d'une âme à la dérive, aussi dérangeante qu'interpellante.
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La femme quittée qui devient folle...Un thème récurrent, il me semble, chez Elena Ferrante. Soit en personnage secondaire (Mélina dans l'amie Prodigieuse), soit en personnage principal, comme ici. Et Olga, la narratrice, se souvient elle-même d'une femme abandonnée devenue folle dans le Naples de son enfance, jumelle de Mélina de l'Amie prodigieuse...
Un soir, donc, sans signe annonciateur particulier (mais peut-être que si, à bien y réfléchir), Mario, le mari d'Olga, lui annonce qu'il part-et le fait. Mais alors vraiment. Et il laisse tout, le bougre. Les enfants, en particulier, comme s'ils n'étaient plus les siens. Sacrés bonshommes. Il part rejoindre une autre dame, pour lui faire d'autres enfants, sans doute...Bref, ce n'est pas vraiment le sujet du livre. Que les enfants lui soient laissés et que le père disparaisse de leurs vies n'est pas ce qui perturbe en premier lieu la narratrice. C'est la rupture, l'abandon, la trahison et le mensonge qui la déchirent, comme un grand coup de hache porté sur elle, sur tout son corps et sur sa tête en particulier. Olga essaie de retenir les morceaux d'elle-même qui se font la malle, mais c'est compliqué. Elle a perdu ce qui la maintenait dans son identité, et perd littéralement la boule. Voilà qui est intéressant. Les réactions d'Olga pour survivre à ce monde intérieur qui s'écroule sont violentes, haletantes, parfois insupportables (le chien ! le mignon chien !! Une médaille pour le chien !!!), mais j'étais accrochée à mon livre comme un marin en pleine tempête, en pleine dérive.
Dans l'Amie Prodigieuse, Lenù parle de l'écriture de Lila, qui rend les choses vivantes sur le papier. Et qu'elle lui a pris cela. Voilà, ici aussi, dans les Jours de mon Abandon, les choses sont vivantes et hallucinatoires. Et toi aussi, mon beau chien, beau chien !
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Olga et Marco sont ensemble depuis quinze ans, ils ont deux enfants. Ils s'accordent, ont appris à se compléter. Un soir, dans la cuisine et sans préambule, il lui annonce qu'il la quitte. Incompréhension, douleur et rancoeur, elle se trouve prise dans un tourbillon qui l'isole, des autres et d'elle-même. Ses pensées lui échappent, fragments de passé et de présent se font écho, tentent de s'expliquer, d'instaurer une cohérence, voire une causalité, oblitérant toute projection dans le futur. Une spirale infernale qui l'emmène vers une folie en sourdine, une horreur intime.

La banalité de la situation frappe le lecteur de plein fouet. Banalité, et pourtant la douleur est toujours inédite et s'étire. L'on assiste, impuissants et happés, au délitement du personnage. Olga ne laisse pas indifférent : on voudrait lui tendre la main ou la secouer selon les pages, elle touche à nos propres faiblesses, qui pourraient surgir sans prévenir. Elena Ferrante écrit avec délicatesse cet abandon et évite les écueils d'une pitié déplacée.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Une auteur italienne que je découvre et que j'ai appréciée.
Comme beaucoup de femmes qui écrivent, elle a choisi de traiter un sujet sur l'amour, ici un drame conjugal. A priori, l'auteure ne cherche pas à verser dans l'originalité en choisissant ce thème : la séparation de 2 époux après plrs années de mariage. Or, on peut d'emblée noter ce paradoxe : le sujet est banal, fait écho à tant de drames conjugaux. Surtout que là, c'est le point de vue de l'épouse bafouée qui est mis en avant. On voit ainsi se dessiner la trame narrative : l'intrigue reposant sur l'évolution des états d'âme de l'héroïne et de ses relations avec son ex, ses enfants, son voisin. Amateurs d'action, passer votre chemin, tout est dans l'introspection comme pr Marie-Neuser.

Donc on voit l'héroïne passer par une palette variée de sentiments :
-d'abord l'incompréhension, les questions : son mari très concis ne s'est pas étalé sur les motifs de son départ. Elle passe alors en revue les années passées et subit les appels qui restent sans réponse...
- le poids du quotidien : comme il lui faut tout assumer dans ce nouveau contexte, elle se sent de plus en plus fatiguée, commet parfois des oublis, des maladresses.
- la vengeance : Par hasard, elle rencontre son mari en ville au bras de sa maîtresse, cette fois-ci identifiée, et sur le coup de la colère, lui vole dans les plumes. S'ensuit aussi le rapide échange sexuel avec son voisin.
- l'accident ou choc révélateur : un drame survient au cours d'une nuit où son chien et son fils tombent malades sans qu'elle sache pourquoi. Par symboles interposés, la clef perdue, une hallucination, l'appel au secours qui n'aboutit pas, le miroir qu'elle évite avant de l'affronter, l'auteur suggère une crise existentielle qui se termine par un dénouement double.
- la distance : elle décline les invitations à rencontrer d'autres hommes tout en recueillant des infos qui l'amènent à voir son mari sous un autre angle, bien plus critique.
- l'indépendance : elle trouve un emploi, assume ses enfants à la différence de son ex. avec lequel elle a un dernier entretien froid avant de revoir le voisin (qui l'avait déjà un peu aidée au préalable).
Bref, l'auteure transforme presque un drame courant en une sorte de parcours initiatique. Pas mal, assez bien vu : l'héroïne parvenant à dépasser la tragédie qui avait frappé une de ses voisines confrontée à la même situation qu'elle. Face à cette mère courage, on voit aussi en contrepoint se dessiner le portrait critique du père : adultère, abandon du domicile sans explication, tentation de la jeunesse, peu d'attention pour ses enfants. C'est sûr, on voit là la patte d'une écriture féminine qui exprime le point de vue de beaucoup de ses contemporaines, lasses de ces excès et de ces offenses qui se perpétuent encore en dépit des siècles qui passent et ce, malgré l'émancipation du sexe faible en Occident.
Enfin, j'ajouterais pour ma part, que j'ai surtout apprécié la scène devant la vitrine car c'est plutôt rare de voir une femme frapper un homme et le faire avec autant d'impétuosité : une vengeance qui, en plus, est méritée. Un bémol par contre sur la crise existentielle : même si c'est assez ingénieux et cocasse l'astuce du marteau et de la barre de fer pour réveiller le voisin, cette crise peut paraître superficielle ou du-moins, on peine à en voir le sens car les pensées restent enfermées dans les symboles qu'elles ne dépassent pas.



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Elena Ferrante est le pseudonyme de Erri De Luca, le véritable auteur des romans.

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