Hector n'avait pas lu Aragon, et finalement on n'a pas besoin de lire Aragon pour savoir que le plaisir sensuel est une dictature. La tyrannie par excellence qu'on ne renverse qu'en se renversant soi-même.
C’est aussi dans ces moments qu’ils comprirent la valeur bourrative du sexe : on comblait les creux des existences en s’encastrant, on colmatait avec du sensuel. Hector posait sa revue et, en embrassant la bouche de Brigitte, il lui en arrivait d’en avoir mal de bonheur. C’est un bonheur de partout qui surgissait comme une armée napoléonienne en Prusse. Les métaphores ne manquent jamais au moment de s’embrasser.
il aurait pu mourir ce jour-là puisque Thomas Mann avait écrit:"Celui qui a contemplé la beauté est déjà prédestiné à la mort."Brigitte lavant les vitres, c'était un peu son Mort à Venise à lui. Mais Hector ne savait pas qui était Thomas Mann, alors il pouvait survivre.
L mort a ses défauts, elle encombre la vie des bien-portants en laissant sur leurs bras ceux qui ne meurent pas. Une mère, par exemple.
Ivres de bonheur, le père sur un nuage et la mère dans le cirage, les parents venaient de s'installer dans un autre monde.
Face à l'innocence, on est face à la vie qu'on ne vit pas.
"Le bonheur ne s'annonce jamais"
En l’épousant, il voulait faire d’elle la princesse d’un royaume dont il était le seul sujet.
Les amoureux éprouvent toujours deux sensations frôlant l’hystérie douce. Tout d’abord, ils trouvent toutes les qualités à la vie. Subitement, le quotidien fait un régime, et les soucis qui encombraient l’existence de tout célibataire respectable disparaissent dans une nouvelle légèreté. La vie leur paraît belle avec le même manque de lucidité qu’ils ressentiront plus tard en s’extasiant devant la beauté de leur bébé laid. La deuxième sensation est une grande griserie.
Par le corps de l’autre, on progresse, c’est par le corps de l’autre qu’on devient innocent.
Les femmes s'étaient habillées en noir ; et les talons aiguilles rappelaient au défunt le tic-tac de l'horloge qu'il n'entendrait plus.
Un surréalisme poétique délicieux.