Elle me disait souvent :
"On devrait vieillir avec la beauté. Ou plutôt on devrait se soulager de la vieillesse par la beauté
_C'est vrai...
_On devrait voir de belles personnes, de beaux paysages, de beaux tableaux. J'ai vu tant d'horreurs dans ma vie.Pourquoi devrais-je assister maintenant au délabrement des autres ?"
Que dire ? Elle avait raison.
J'observe toujours l'icône qui est près de ma mère avec le sentiment que c'est réciproque. Je sais, c'est absurde, mais on dirait vraiment que la sainte me regarde. Elle m'interroge sur ma vie, sur mes choix, voilà ce que je me dis. C'est peut-être elle qui est la cause de la dépression de ma mère. Et je vais devenir fou aussi, à la contempler ainsi. Ma mère continue à me sourire, toujours un peu béatement, et pendant ce temps je cherche les mots justes. Ce sont les plus durs à trouver, ils se cachent au fond de nous, mais ne laissent aucun indice quant au chemin à emprunter pour les toucher. Je lui dis qu'elle est encore si jeune (argument basique, un peu pathétique). Puis je tente, misérable VRP de la vie, de lui vanter tout ce qu'elle pourrait vivre encore.
En général, il ne se passait pas grand chose dans ma boîte aux lettres. Elle avait ce point commun considérable avec ma vie sentimentale.
J’éprouvais le sentiment qu’elle était là depuis toujours. D’une certaine manière, attendre quelqu’un, c’est le faire exister avant son apparition.
Les premières fois sont la suprématie des souvenirs.
"J'ai pensé que le bonheur se trouvait peu-être là, au tout début de l'éveil, quand on ouvre les yeux sur notre vie, quasiment surpris d'être nous."
La vie est une machine à explorer notre insensibilité.On survit si bien aux morts. C'est toujours étrange de se dire que l'on peut continuer à avancer, même amputés de nos amours.
Elle vit soudain à quel point elle n'était plus une mère, mais un poids.
Est-ce cela la ligne de démarcation de la véritable vieillesse? Quand on devient un problème?
Les bonnes idées viennent la nuit pendant que les mauvaises idées dorment.
Je me souviens du moment où quelque chose s’est débloqué en moi. C’est un de ces instants, c’était comme si j’avais cumulé la mélancolie nécessaire à l’écriture… tout est venu de manière organisée dans ma tête…Et je me souviens avoir pensé… c’est le moment.