AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 330 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est d'abord l'histoire pour le moins mouvementée du shtetl ukrainien Trachimbrod. Tout commence en 1791, avec la chute spectaculaire du chariot de Trachim B. dans la rivière Brod, mais ce n'est que le début d'un récit rythmé par les conflits entre Verticalistes et Avachistes, les discours du Rabbin, les rites, les rêves, les joies, les drames et les secrets, génération après génération. Jusqu'aux atrocités de 1941 qui ont chassé le grand-père de l'auteur vers les États-Unis.

Jonathan Safran Foer nous raconte cette histoire qu'il semble avoir reconstituée à partir des fragments qu'il a pu rassembler, lors d'un voyage en Ukraine. Sa voix s'entremêle avec celle d'Alex, son traducteur ukrainien, qui parle un ramage un peu harassant mais d'une inventivité qui n'est pas dénuée de poésie. Il nous révèle, quant à lui, dans, les coulisses du récit en rapportant leurs recherches sur les traces de Trachimbrod, conduits par son grand-père embauché comme chauffeur bien qu'il soit convaincu d'être aveugle…

Cette narration est très déstabilisante. Elle nous fait basculer sans transition de la réalité à la fiction en train de s'écrire, d'une époque à l'autre, de la comédie burlesque et de l'autodérision à la tragédie, avec plusieurs moments de pure grâce. Voilà un texte qui ne se lit pas facilement. Pourtant, à l'image des deux protagonistes qui parviennent à surmonter leurs nombreux décalages culturels et malentendus, tout finit par s'illuminer et on comprend mieux chemin faisant comment les deux fils du récit s'enchâssent. L'enquête menée par l'auteur en Ukraine met au jour les traces qui constituent la base de son histoire familiale. Une histoire de mémoire, d'amour, de solitude et de filiation qui va ébranler et transformer à jamais Alex et son grand-père.

Avec ce roman, ce (très) jeune auteur faisait irruption avec fracas sur la scène littéraire où sa fantaisie, son originalité et son culot firent l'objet de louanges unanimes. Pour ma part, je ne sais que penser d'un roman plein de vie et d'humanité, indéniablement stimulant et touchant, mais trop étrange et « illuminé » pour moi.
Commenter  J’apprécie          354
Qui a dit que le creative writing desservait la littérature américaine en la normalisant à l'excès?!

(Réponse : ma libraire, et je ne suis pas d'accord avec elle)

En tout cas ici, l'écriture à plusieurs voix (un des gimmick du creative writing) enrichit le récit d'une manière qui m'a tout à fait séduite :

A la voix bouffonnante du road movie de ce jeune écrivain juif américain qui vient rechercher ses racines européennes, se mêle celle, tout en classicisme et délicatesse, de l'histoire ressuscitée de la civilisation juive des shetl d'Europe, haute en couleur et riche de sa longue culture, avant la grande désolation.

Et c'est bien ce jeu de contrastes saisissant: passé/présent, burlesque/tragique qui permet de redonner vie comme rarement à ce village ukrainien.

Une prouesse littéraire, qu'un peu de technique ne fait que renforcer!
Commenter  J’apprécie          130
Quelle entrée flamboyante en littérature que ce roman! J'ai encore du mal à imaginer que Foer n'a que 26 ans lorsqu'il publie cette oeuvre qui déborde, détonne et régale, et qui lui valut alors d'être considéré comme un prodige des lettres américaines.

Les premières pages ont pourtant failli avoir ma peau : des phrases ampoulées, une langue qui sonne faux (le travail de traduction est en réalité époustouflant), et des aller-retours incessants entre différentes époques m'ont fait l'effet d'un trop-plein bouillonnant impossible à saisir. Mais c'est sans compter l'énergie communicative de cette odyssée et le génie littéraire de Foer qui nous embarque malgré nous dans sa quête d'identité.

En deux mots, c'est l'histoire d'un jeune écrivain juif new-yorkais, Jonathan (toute ressemblance est volontaire) qui se rend en Ukraine sur les traces de ses aïeux, de leur village décimé par les Nazis en 1941, et de la mystérieuse Augustine qui sauva son grand-père d'une mort certaine. Pour le guider sur place, il s'adresse à une agence de voyage, celle de la famille Perchov. le grand-père (sacré personnage!) conduit le taxi et le petit-fils, Alex (fasciné par les Etats-Unis, et surtout le "numéraire") fait office d'interprète (aussi doué en anglais que moi en serbo-croate en gros).

Ainsi ce récit baroque alterne entre la quête des origines de l'écrivain américain, raconté par le jeune Alex, entre drôlerie et tendresse, et l'incroyable histoire des générations qui se succèdent dans le shtetl de Trachimbrod, aussi fantasque que tragique.

Fantaisie et douleur, dinguerie et massacre, centralité du souvenir et amour filial, on ne sait pas où donner de la tête dans ce roman, et c'est tant mieux. Une très belle entrée dans l'oeuvre de Foer pour moi!

Mention spéciale au passage qui donne son titre au roman : le rayonnement de nos corps aimants pourraient peut-être résoudre la crise énergétique
Commenter  J’apprécie          90
Ayant lu "extrêmement fort et incroyablement près", je me rappelais simplement que Jonathan Safran Foer avait une écriture particulière dans laquelle je souhaitais me replonger.

Ce n'est pas une lecture "facile", parfois saccadée, des flash back réguliers, des personnages qu'il faut comprendre, un auteur qui parle de lui à la troisième personne, certains passages dont on ne sait pas s'ils sont réels ou imaginaires mais... texte bourré d'humour, des petits passages partout où il faut en saisir le sens et beaucoup de réflexion... voilà une fois de plus la recette de Jonathan Safran Foer.

On le rencontre ici, à la recherche de son passé, en Ukraine, parmi une famille juive. Entre croyance et réalité, il faut arriver à suivre le fil mais j'ai beaucoup apprécié ce livre, tout comme je peux comprendre ceux pour qui ça n'a pas été le cas.

Un seul conseil : lisez-le afin de pouvoir vous faire votre propre opinion.
Commenter  J’apprécie          90
Tout est illuminé est un roman savoureux et drôle, basé sur des prémisses qui n'ont rien de réjouissant et qui sont, pour tout dire, dramatiques. Jonathan Safran Foer se met lui-même en scène, en jeune écrivain américain, débarqué en Ukraine afin de retrouver ses origines, à la recherche des vestiges d'un village, que les Nazis détruisirent en leur temps, en massacrant la quasi totalité de ses ressortissants juifs. Il y aurait eu évidemment de quoi sombrer dans le pathos le plus naturel : que nenni, c'est un roman qui s'avère à la lecture absolument débridé et original.

S'étant adressé à une agence de voyage russe apportant son concours aux touristes américains en quête des lieux où vivaient leurs ancêtres, Jonathan se voit affublé d'une sacrée équipe de bras cassés pour l'assister dans ses recherches. Alex Perchov, son "traducteur", baragouine un anglais des plus baroques, à la limite du compréhensible; le chauffeur-guide de l'équipée n'est autre que le grand-père de ce dernier : bourru, plutôt ignare pour un guide, disposé à la sieste impromptue et impérieuse, il est d'une utilité toute relative. Ajoutez une chienne pétomane, nommée Sammy Davis Junior, dont l'affection intempestive afflige notre héros cynophobe, vous obtiendrez notre fine équipe. Toute la narration de cette partie du récit est prise en charge par Alex, dont le jargon truffé de barbarismes, demande une bonne aptitude chez le lecteur à l'interprétation par analogie. S'intercale régulièrement, en interrompant cette trame, la chronique pittoresque et familiale, échelonnée sur cent cinquante ans, du village en question, et dont le héros-narrateur assume le récit. Enfin, quelque lettres savoureuses du dénommé Alex à Jonathan, devenu entre-temps son ami et rentré depuis au Etats-Unis, apporte un contrepoint et une mise en abîme des plus drolatiques, à un récit qui regorge d'humour malgré la gravité du sujet traité et le drame sous-jacent.


Certes, on peut considérer les passages de baragouinage du piteux traducteur comme de l'anti-littérature; il est vrai qu'un léger temps d'adaptation est nécessaire au lecteur, mais très vite on n'a de cesse d'attendre ces savoureux interludes du slave estropiant allègrement l'anglais, dans un choc des cultures cocasse. Roman polyphonique, burlesque, foisonnant, audacieux dans sa conception, ce roman est une prouesse, il accomplit le tour de force d'égayer une situation dont les fondements sont tragiques.
Commenter  J’apprécie          81
TOUT EST ILLUMINÉ de JONATHAN SAFRAN FOER
Jonathan Safran Foer se met en contact avec une agence ukrainienne qui organise des visites, Héritage Touring. Il voudrait retrouver trace de sa famille juive disparue en 1941. L'agence en question est composée du père, d'Alex le fils proche de l'illettrisme mais que son père croit bilingue anglais et du grand père qui ne veut pas venir mais qui se croit obligé, nul ne sait pourquoi! Jonathan va donc découvrir à la gare ce trio improbable, accompagné d'un chien( qui pue). Il est muni d'une vieille photo qui représente son grand père Safran avec Augustine une jeune fille dont la famille qui habitait Trachim, l'aurait sauvé du massacre. Jonathan va donc vouloir visiter cette ville, le problème étant que personne ne semble la connaître!!
En parallèle, se déroule la chronique d'un village nommé Trachimbrod depuis les années 1790 date à laquelle un homme nommé Trachim tomba dans une rivière avec son attelage et un bébé nommé Brod fût miraculeusement sauvé et adopté par un certain Yankel, usurier de son métier. Elle se mariera avec un Kolkien qui aura le crâne fendu par une scie mais survivra avec des séquelles particulièrement curieuses.
Les deux récits ne manqueront évidemment pas de se croiser.
Les histoires sont passionnantes, celle de Jonathan et du Héritage Touring sont picaresques car l'auteur transforme habilement l'anglais d'Alex en faisant un langage totalement déformé mais qui reste compréhensible et de ce fait hilarant. Pour le récit ancien, l'auteur nous immerge dans la vie traditionnelle d'un Shtetl, village juif ukrainien de l'époque, dans le plus pur style d'un Bashevis Singer.
C'est le premier roman de cet auteur, excellent, plein de trouvailles stylistiques, pas toujours facile à lire par moment mais qu'on lâche difficilement. Il écrira ensuite le très bon Extrêmement fort et Incroyablement près. Un des meilleurs auteurs américains de la jeune génération.
Commenter  J’apprécie          72
La langue baroque d'Alex le traducteur, qui accompagne JSF dans ce retour aux origines, est au début déroutante mais on se laisse progressivement charmer par tous ses néologismes et toutes ses trouvailles linguistiques dont certains sont irrésistibles (être charnel avec quelqu'un, être proximal de quelqu'un, la boutique du pétrole, manufacturer des RRR, payer en numéraire...).
Ce roman est bien différent de "Extrêmement fort et incroyablement près" même si JSF jongle toujours avec la même maestria entre les points de vue des narrateurs, les styles d'écriture et les tons. On y retrouve le même humour ravageur, la même inventivité et, en creux, le thème de la Shoah.
Le titre " tout est illuminé" fait référence à une scène de liesse villageoise et à la lumière qu'émet le corps des amoureux lorsqu'ils fusionnent.
Un livre touffu, foisonnant, dense, tourbillonnant, illuminé.
Commenter  J’apprécie          50
Il est difficile de croire qu'on tient là un premier roman, tant la forme est audacieuse et le fond maitrisé, en équilibre constant entre comédie et drame, autour d'un sujet profondément douloureux : celui de la Shoah. Souvent déroutant dans l'arc secondaire qui reprend l'histoire fantasmée par Safran Foer de Trachimbrod et des racines de sa famille, l'arc principal du point de vue de Sacha est juste incroyable d'émotion et d'humour, grâce à l'utilisation du "broken english" (où un anglais thésaurisé à l'extrême par un jeune ukrainien). Sans être du niveau de son deuxième roman ,Tout est illuminé reste une expérience littéraire somptueuse et assez rare...
Commenter  J’apprécie          40
Jonathan Safran Foer est à la recherche de l'histoire de sa famille. Une histoire qui commence en Ukraine avant que la guerre et le fascisme ne passent par là, décimant les communautés juives. Pour cette expédition, il fait appel à une agence spécialisée pourvoyant chauffeur et interprète. Safran Foer se retrouve affublé d'un bien étrange couple : un jeune ukrainien rêvant d'Amérique dans un anglais comiquement approximatif et son grand-père qui veut se persuader qu'il est aveugle. Sans oublier Samy Davis Junior Junior, une chienne à l'affection incontrôlable. Tout ce petit monde sillonne les routes d'Ukraine guidé par l'histoire familiale de Foer. Mais ce qu'ils découvriront remuera les âmes de chacun d'entre eux.

Dans un jeu subtil de narration, Foer offre avec ce premier roman un récit étonnant aussi bien par la forme et le style que par l'histoire elle-même. Ce roman est presque indescriptible : deux narrateurs, deux histoires et une correspondance qui les relie, deux styles d'écriture totalement différents, deux héros. Bref rien de simple mais quelque chose d'enivrant c'est sûr. On s'attache à Alex, ce jeune Ukrainien rêveur et simple qui se révèle d'une grande sensibilité, à ce grand-père étrange et taciturne ainsi qu'aux ancêtres de Safran Foer aux destinées incroyables. Les passages narrés par Alex sont truculents tant sa maîtrise de l'anglais est déplorable. Ceux écrits par Safran Foer sont flamboyants : ils nous plongent dans la culture et les croyances juives avec délectation, avec ce petit quelque chose de typique qui font des personnages des héros de légende, à l'image d'un Solal ou d'un Mangeclous. Un jolie prouesse pour un premier roman.
Lien : http://lencreuse.over-blog.com
Commenter  J’apprécie          30


Ce roman a quand même réussi à me faire sourire à plusieurs reprises, malgré la gravité des histoires retracées
Le côté décalé d'Alex y est pour beaucoup je pense ! Sa manière de parler et d'écrire apportent un peu de légèreté et permettent de reprendre un peu de souffle avant d'enquiller sur un évènement encore plus tragique que le précédent

J'avais un peu peur de subir cette lecture, mais le tout est tellement bien dosé et équilibré que j'ai dévoré chaque chapitre !

J'ai parfois fait les gros yeux ou bien été très perplexe mais je garde tout de même une bonne impression et un bon souvenir de ce roman =)
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (808) Voir plus



Quiz Voir plus

Fort et près

Quand meurt le père d'Oskar ?

17/09/2008
26/02/1993
11/09/2001
19/04/1995

10 questions
79 lecteurs ont répondu
Thème : Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran FoerCréer un quiz sur ce livre

{* *}