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EAN : 9782020308953
310 pages
Seuil (07/11/1996)
4.35/5   958 notes
Résumé :
A coup sûr, le premier des Pibrac n'avait pas la vocation.
Si le seigneur de Bellerocaille, dans l'Aveyron, n'avait eu prestement besoin d'un exécuteur, si Pibrac n'avait eu à choisir entre cet état et les galères, nul doute qui lui même et sa descendance n'eussent point arboré la devise de ceux qu'on nomme familièrement les "bourreaux" : Dieu et nous seuls pouvons.
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Critiques, Analyses et Avis (107) Voir plus Ajouter une critique
4,35

sur 958 notes
C'est avec ce livre que j'ai rencontré Folco, une rencontre marquante.
C'est un livre assez compliqué à "vendre" ailleurs que sur Babélio, l'histoire d'une lignée de bourreaux, rien que cela.
Quand je pense au nombre de fois ou j'ai dû argumenter pour convaincre que la façon jubilatoire dont l'histoire était racontée, ainsi que le côté instructif et quasi documentaire de l'ensemble en faisait un livre incontournable, pour me voir opposer une moue dubitative qui disait : une histoire de bourreaux ? non merci !
Et pourtant nous avons là un livre que je qualifie sans hésiter d'indispensable à avoir lu, car dans ce livre nous allons nous amuser et nous instruire dans un style enjoué et rafraîchissant, deux très bonnes raisons qui ne vont pas toujours de conserve ;)
Vous apprendrez l'origine de nombreuses expressions ou superstitions, ainsi que les raisons du prestige ambigu associé au métier de bourreau, mais cette histoire saura aussi parfois être sérieuse pour nous faire comprendre la malédiction du bourreau qui est de vivre en paria.
L'histoire débute avec Justinien "Trouvé" en 1663 qui sera le fondateur de la lignée et se termine à la fin du XIXème siècle et entre ces deux périodes vous ne verrez pas le temps passer.
Beaucoup de moments marquants et notamment la première exécution, assez éprouvante à suivre car "commentée en direct", avec description du caractère technique du procédé...
Bon, là on s'instruit mais on rigole souvent croyez moi sur parole :)
Vous apprendrez aussi pourquoi avoir un bourreau pouvait revêtir une certaine importance pour une baronnie, une chance pour Justinien (si l'on peut dire).
Réellement, si vous ne l'avez pas encore lu faites le de toute urgence, et si le thème vous rend réticent, passez outre, vous ne le regretterez sûrement pas ;)
En passant, sachez que "Dieu et nous seuls pouvons" est la devise des bourreaux, seuls habilités à donner la mort sans que cela soit considéré comme un crime.
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Dieu et nous seuls pouvons !
Nous, c'est la dynastie des Pibrac.
Sept générations d'exécuteurs des hautes oeuvres qui ont officié dans l'Aveyron du 17ème siècle au début du 20ème siècle.
Le bras armé de la Justice commissionné pour décapiter, pendre, bruler, rouer...
Une lignée de bourreaux de père en fils.
Ca aurait pu être une histoire vraie...

C'est parfois glaçant, certaines scènes sont très dures, tant dans les crimes commis que dans le rituel d'exécution des peines, mais c'est aussi tempéré, pour ne pas dire illuminé, par un humour noir savamment distillé et par un vocabulaire joliment bigarré qui nous transporte au coeur des époques, et ça c'est truculent! Même en compagnie de bourreaux :)

J'ai particulièrement aimé me retrouver au 17ème siècle au côté de celui qui va devenir l'ancêtre fondateur de la dynastie Pibrac, Justinien 1er (ben oui, il faut bien le différencier des autres Justinien qui vont suivre). Âgé d'une vingtaine d'années, un peu candide, un peu voleur, un peu amoureux aussi, il n'avait pourtant pas le profil de l'emploi. Mais y a-t-il vraiment un profil? C'est son parcours que nous découvrons dans la première partie. Un regret cependant: on passe de 1686 aux années 1900, du premier au septième de la lignée, comme le couperet d'une guillotine! Pas que le parcours du septième, et ses descendants, soit inintéressant. Au contraire, la vision du bourrel (comme le désigne les villageois) y est sans doute encore plus édifiante. Mais la transition, ou plutôt l'absence de transition, est assez déstabilisante. Je suis au final restée sur ma faim, l'imagination un peu étouffée dans l'oeuf.

Malgré cette petite déception, ce récit n'en demeure pas moins captivant avec des personnages hauts en couleur. J'ai apprécié le style de l'auteur qui permet de garder une certaine distance tout en nous maintenant les pieds dans le purin ! Tour à tour drôle et cruel, et avec une précision affutée, il met en exergue 'les coulisses' de cette profession, assez méconnue finalement, les traditions et superstitions qui l'entourent, le mépris et la crainte suscités par les bourreaux, les relations avec la population locale, avec la famille, avec la confrérie des bourreaux, une vie en marge de la société. Une bien belle découverte qui pourrait en estourbir plus d'un!
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La situation est embarrassante pour le baron de Bellerocaille : il a condamné à mort, comme il se doit, un cuisinier coupable d'un meurtre particulièrement atroce, mais il n'y a aucun bourreau à l'horizon, tous sont retenus ailleurs ou retardés par des brigands de grand chemin. La populace gronde, une solution de rechange devient urgente.

Justinien saisira l'occasion : condamné aux galères jusqu'à ce que mort s'ensuive pour avoir cru sur parole les jolis yeux d'une saltimbanque, il choisit d'apprendre sur le tas le métier de bourreau en échange de sa grâce. Les débuts dans le métier sont difficiles, l'ostracisme social qui accompagne tout ceux qui travaillent un peu trop près de la mort est ressenti comme une injustice. Mais Justinien ne manque pas de ressources, et découvre que les préjugés, quand on les manie bien, peuvent se retourner contre ceux qui les possèdent.

La seconde partie du roman se déroule sept générations plus tard : Justinien a fondé une véritable dynastie de bourreaux, chaque père transmettant ses secrets à son fils aîné. Autant dire que la population ne peut pas grand chose contre cent cinquante ans d'expérience dans la manipulation des superstitions. L'horizon s'obscurcit pourtant pour la famille : les décrets s'accumulent pour la limitation des condamnations à mort, et son abolition pure et simple n'est plus très loin. Mais les Pibrac ne se rendront pas sans un dernier baroud d'honneur.

Un roman historique sur les bourreaux avait déjà tout pour me plaire, réussir à y mêler en plus un humour délicieusement noir est juste jubilatoire ! Les personnages sont très charismatiques, et l'auteur parvient à retourner des situations macabres en mortifiant les gens qui les ont provoquées. Devoir laisser Justinien pour aller observer sa descendance est un peu difficile sur le coup, tant l'envie est grande de prolonger l'aventure avec lui. Ceci dit, les arrières-arrières-arrières-petits-fils ne manquent pas non plus d'intérêt. Tout acquis à leur cause, on se surprend, l'espace d'un instant, à s'indigner aussi contre la disparition de la guillotine sur la place publique.
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"Dieu et nous seuls pouvons" ceci est la devise des Pibrac.
Mais qui sont-ils? Pour cela il faudra commencer par le fondateur, le 1er du nom. L'histoire s'ouvre donc par un meurtre. Un crime terrible qui s'abat sur la douce terre en Aveyron, au 17ème siècle.
On retrouve le coupable. Qui doit commuer sa peine. Mais dans la ville, personne ne veut le punir et commettre le péché mortel, celui de donner la mort.
Dans cette époque superstitieuse et très catholique, il n'y a que Dieu.....et un bourreau qui puisse tuer pour la justice. Trouvons un bourreau parmi les prisonniers, pardi!
IL est tout trouvé bé ! C'est Justinien Trouvé, un jeune homme un peu candide et maladroit, au nez en bois. Il n'a pas le choix, sinon il devra aller aux galères.
Le voilà donc bourreau commis d'office. Avec des avantages en nature et surtout des inconvénients (on se signe sur son passage, "il doit converser avec le diable", résider hors de la ville, porter uniquement du rouge...).
Mais Justinien s'en sortira avec panache et ingéniosité pour bâtir un empire puisqu'on retrouve ses descendants aisés sept générations plus tard.
*
Fin XIX ème siècle, voilà son 7ème descendant, dans le manoir originel, au chômage. En France, la profession de bourreau est abolie dans les campagnes. Mais cet ultime descendant n'a pas dit son dernier mot.
*
Un récit historique et bien sûr romancé qui ne manque pas de charme. Avec une plume agréable et d'humour noir , l'auteur a réussi le pari de nous faire (presque!) aimer les bourreaux. C'est rustique, c'est brut. On se prend d'affection pour les personnages. Ils sont si excentriques quelquefois.
Le récit est scindé en deux parties. J'ai largement préféré la première avec la genèse des Pibrac. En vieille langue française qui m'a immergé complètement dans cette période effroyable où la barbarie n'est pas un vain mot.
J'aurais peut-être voulu connaître les histoires des autres descendants notamment le 3ème, l'inventeur de plusieurs "outils de torture".
Une parenthèse historique et instructive des plus délicieuses !

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Je ne saurais dire précisément à quoi je m'attendais mais, en tout cas, pas à ça. Ce roman est époustouflant !

Quel talent d'écrivain et de conteur que celui de Michel Folco ! Je me suis retrouvée en immersion totale dans toutes les époques et les ambiances qu'il décrivait. À tel point que, lors de la lecture de la première partie, j'ai cauchemardé deux nuits de suite tant j'étais imprégnée de ces récits.

Son écriture fluide, aisée, reprend sans lourdeur l'accent, les expressions et la psychologie des époques successives où se situent les évènements et cela contribue à apporter au récit crédibilité et réalisme.
Quels personnages ! Quels caractères ! Que de péripéties ! L'ensemble déroulé sur une solide trame historique en fait un roman palpitant d'une grande richesse.

Aux images qui me sont venues s'est ajouté le souvenir de ma visite de la Maison Forte de Reignac en Périgord et, plus spécifiquement, celle de la pièce destinée à l'exposition sur la torture que nombre de visiteurs attendent ou redoutent. À noter que cette pièce est en dehors du circuit de visite et est interdite aux mineurs (c'est dire !). J'en étais ressortie troublée, si ce n'est choquée, devant l'imagination déployée par les hommes pour générer la souffrance et la mort.

Petit clin d'oeil à CasusBelli dont l'excellent billet m'a inspiré cette lecture ; ce dont je le remercie chaudement.
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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
p.305 Hippolyte séchait sur un mot de sept lettres : « On peut le mettre en boite sans risquer de le vexer. »
A peine s’était-il assis qu’il trouvait le mot récalcitrant de sept lettres : « cadavre ».
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— Voilà qui est fâcheux, Monseigneur. Vous n’avez donc rien rapporté de la Terre sainte ? Aucun trésor, pas une seule relique ? s’étonna le banquier.
Béranger soupira : sa mère et son frère lui avaient posé la même question.
— Non, rien.

Il revit tous ces insolents gardes-babouches qui harcelaient les croisés autour de la mosquée du Berceau, du mont des Oliviers ou du Saint Sépulcre, colportant toutes sortes de reliques. Ce rustre de Gauthier Fendard faisait fortune depuis qu’il avait ramené le prépuce du petit Jésus et l’exposait dans une chapelle. « Si j’avais su », regretta-t-il amèrement en songeant à cette fiole de verre soufflé contenant trente-trois gouttes du lait de Marie qu’on lui avait proposée pour un demi-besant seulement. Et que penser de ce gros morceau de la Vraie Croix et du clou de bronze encore fiché dedans et taché de sang séché ? Son authenticité était garantie par le vendeur qui lui avait affirmé qu’à l’époque ses descendants possédaient un négoce d’huile d’olive sur le Golgotha et qu’ainsi, une nuit, après le crucifiement...

Béranger n’en avait pas voulu et c’était Bohémond qui l’avait acheté, recevant en prime la pierre de David qui avait occis Goliath. Et comment ne pas envier Baudoin de Boulogne, le frère de Godefroi de Bouillon, à qui tout réussissait depuis qu’il s’était offert une écaille ayant appartenu au seul poisson sur le dos duquel Jésus avait marché par mégarde lors de sa traversée pédestre du lac de Tibériade ? Ne venait-il pas de se faire oindre roi de Jérusalem ? Hélas !
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Le front bas du baron Raoul se plissa sous sa perruque poudrée. Ses yeux sombres fortement encavés dans leurs orbites brillèrent méchamment.

Pour lui il ne faisait aucun doute que la diffamation était à l’esprit ce que l’empoisonnement était au corps. Pis même puisqu’il était bien plus commode de colporter un propos trucidant l’honneur d’un honnête homme que de lui faire ingurgiter une potion assassine. Aussi, tenant compte du fait qu’il n’existait point d’antidote contre la calomnie alors qu’il en savait plusieurs contre les poisons, le baron dit :

— Assurez-vous de ces médisants et percez-leur la langue !

Puis on en revint au problème initial : où trouver un bourreau rapidement ?
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S’approchant du commissaire Delguay qu’il connaissait bien, Anatole sortit son palmarès, un carnet aux pages numérotées, et dit :
— Je sais qu’elle a tué son père, mais j’en ignore les motifs, je n’ai pas suivi l’affaire.
Le commissaire ne se fit pas prier. Il connaissait la coutume des exécuteurs et la respectait : lui-même tenait un compte détaillé de toutes ses arrestations et comptait le publier un jour.
— Il était grabataire, elle l’a étouffé durant son sommeil. Elle n’a jamais voulu dire pourquoi.
— Quelle est l’arme du crime ?
Delguay eut un rire sec.
— Je me demande ce que vous allez inscrire, monsieur Deiler, quand vous saurez qu’elle s’est assise sur son visage.
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Comme on ignorait encore que le nez n’était qu’un simple appendice chargé de transmettre l’odeur à une tache olfactive située à l’intérieur des fosses nasales (intactes chez Justinien), on le considérait comme le siège naturel de l’odorat. (Le cœur était celui des sentiments, l’estomac celui de la colère. Certains plaçaient celui du raisonnement dans leurs pieds sous prétexte qu’ils sont les seules parties du corps à reposer sur du stable.)
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