Une famille particulièrement tourmentée, notamment du fait que la mère a eu un premier enfant à
dix-sept ans d'un père rapidement parti, puis des enfants de l'homme qui l'épousa plus tard et qui adopta, en le reconnaissant, le garçon premier-né. Cet enfant est le narrateur du récit où l'on apprend à connaître la vie de la mère et où l'on assiste à la redécouverte de cette mère, à la fin de sa vie, par son fils aîné. Fait aggravant pour le climat familial, la mère de la jeune maman, grand-mère du narrateur, reste obstinément accrochée à des principes de rigueur morale qui mettent la réputation bien au-dessus de l'amour.
Les enfants de cette famille ont longtemps, trop longtemps, vécu les uns à côté des autres sans soupçonner le drame que leur mère leur révèle dans sa vieillesse. Dès lors, le regard et le comportement du narrateur changent radicalement, car il essaye de combler le vide laissé par des années de manque d'affection. Par son talent et sa sincérité (car on devine que cette autofiction est bien évidemment fondée sur des faits réels), Éric
Fottorino nous démontre qu'il est possible malgré tout de lancer un pont d'amour au-dessus d'un gouffre d'années de silence, de malentendus et d'ignorance par manque d'attention à l'autre. En cela, ce roman qui aurait pu être triste, est finalement rassérénant.
Faire parler les non-dits, se comprendre à demi-mot, jouer parfois sur les mots, mais surtout échanger avec ces inconnus que sont nos proches peut permettre de sauver in extremis une relation, même entre un fils et sa mère qu'il n'a jamais pu pourtant appeler "Maman".
Il y a des romans tout en action ; d'autres tout en expression de sentiments. "
Dix-sept ans", servi par une écriture agréable, fait partie de ces derniers.