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Après la théorie de la justice de John Rawls, je suis de nouveau confronté à une lecture qui a pour thèmes la justice et les idées utilitaristes de Bentham. Mais cette fois, l'ouvrage est bien plus abordable et agréable à lire, malgré la complexité du sujet traité. Peut-être parce que Foucault écrivait en français tandis que l'ouvrage de Rawls a été traduit de l'anglais. Dans cet ouvrage, considéré comme l'un des plus important de Michel Foucault, l'auteur explique comme est apparu la prison moderne dont le type panoptique est le modèle par excellence. de "l'exécution spectacle " dont le régicide Damiens a été l'une des victimes les plus célèbre à l'enfermement (couvents, maisons de fous, atelier-manufactures, etc.) puis à la prison moderne dont Mettray est la forme la plus aboutie en 1840, plusieurs siècles se sont écoulés accompagnés de réflexions diverses dont Bentham a été l'un des plus important contributeur. Outre l'apparition de la prison moderne, Foucault explique le rôle de la prison comme expression du pouvoir de l'Etat. La prison comme forme de privation de liberté est t-elle une punition ? Vise t-elle à remettre dans le droit chemin les "mauvais citoyens" ? Ou au contraire comme le prétend ses détracteurs dès son apparition, la prison est t-elle une fabrique à délinquant ?
Surveiller et punir a été une agréable surprise d'autant que le sujet ne me paraissait pas si accessible de premier abord.
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La description de l'exécution du régicide Damiens, tirée de la Gazette d'Amsterdam du 1e avril 1757, donne le ton à ce livre, où Foucault entremêle au fil exigeant de sa pensée précise et brillante des images frappantes trouvées ici et là au cours des siècles.
Comme souvent chez Foucault, le titre est trompeur. Alors qu'on pourrait s'imagier que le sujet principal semble être les systèmes de contrôle normatif des populations, il s'agit avant tout d'exposer, en survolant l'évolution des milieux carcéraux, la relation entre le pouvoir et la discipline :
« S'il y a un enjeu politique d'ensemble autour de la prison, ce n'est ... pas de savoir si elle sera correctrice ou pas; si les juges, les psychiatres ou les sociologues y exerceront plus de pouvoir que les administrateurs et les surveillants... le problème actuellement est plutôt dans la grande montée de ces dispositifs de normalisation et toute l'étendue des effets de pouvoir qu'ils portent, à travers la mise en place d'objectivités nouvelles. » (313)
Foucault tente de démontrer que la transition de la société vers la modernité entraîne la formation d'institutions de plus en plus aptes au contrôle disciplinaire des populations. Alors que la punition visait autrefois le physique du coupable, depuis les lumières, la cible a été transférée sur son esprit. Ce n'est plus l'extériorité mais bien l'intériorité qu'il s'agit maintenant de plier au respect des normes établies.
Le tout est écrit avec une froide précision qui convient d'une manière sublime au contenu philosophique et historique du livre.
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Pourquoi avons-nous honte de nos prisons ? Et pourquoi nos prisons sont honteuses. Comment découvrir l'humain que nous sommes par les châtiments que nous acceptions voir infliger.
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Les prisons forment un monde mystérieux, et objet de tous les fantasmes. Perdu entre ceux qui s'indignent de l'état de délabrement de nos prisons actuelles, et ceux qui s'indignent tout autant que les prisonniers aient assez d'espace dans leur cellule pour étendre leurs jambes, confort qu'ils ne méritent certainement pas, une question se pose rapidement : qu'est-ce qu'on attend réellement de nos prisons à notre époque ? Cet essai de Michel Foucault nous fournit de bonnes bases de réponses.

Réponse qui commence par un nécessaire historique du système pénal en France : d'abord expression de l'autorité et de la puissance du souverain, et donc « forcée » de répliquer à chaque infraction par un coup plus dur, on glisse progressivement vers une justice qui doit « réparer » le coupable et le réinsérer dans la société. On ne juge plus un acte, mais la personne dans son ensemble : quelle est sa part exacte de responsabilité dans l'acte qu'elle a commis, et surtout, quels sont les risques qu'elle recommence ?

Si les premiers penseurs imaginent des punitions directement liées au crime commis, le système carcéral vient balayer toutes ces idées et s'affirme capable de corriger n'importe quel coupable. Les mécanismes se mettent en place : surveillance continue, recensement de tous les bons et mauvais comportements, consignes à respecter scrupuleusement, … Ces mécanismes sont vite adoptés par toute une foule d'autres institutions : école, armée, hôpitaux, entreprises, qui y voient le moyen idéal de gérer des groupes importants en imposant une normalisation de chaque individu.

L'essai est assez dense, et bouscule beaucoup d'idées préconçues : quand on ne connait pas un sujet, on a tendance à le voir de manière linéaire (tout était très mauvais il y a des siècles, et chaque décennie fait un pas vers le mieux). le constat sur la prison est sévère, et est présenté comme un échec. Difficile pourtant d'imaginer une solution alternative, tellement elle s'est imposée comme une évidence de nos jours. On peut aussi se demander s'il est possible d'instruire et de faire travailler des milliers de personne sans les formater quelque peu auparavant. Si le coeur crie « oui ! », trouver des alternatives qui tiennent la route est loin d'être simple. En bref, « Surveiller et punir » nous force à nous interroger sur le bien-fondé de mécanismes qu'on a acceptés depuis longtemps sans trop se poser de questions.
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Voilà quelques temps que je souhaitais faire la découverte de Foucault, l'entame de celle-ci s'est portée vers cet ouvrage, Surveiller et punir, dont je ne regrette pas la lecture.


Il y fait la généalogie du système pénal -français, avec quelques exemples mondiaux, mais l'extrapolation n'est pas compliquée à faire, la nature humaine restant partout fidèle à elle-même- et comment celui-ci influence notre société.

La privation de liberté est maintenant la peine la plus aboutie dans notre pays, la plus aboutie et la plus conséquente à une époque où la liberté justement ne l'a jamais autant été elle aussi -n'en déplaise à ceux qui aiment à hurler à sa destruction, restons lucides-, la coïncidence ne doit pas en être une.
La prison telle que nous la connaissons a environ deux siècles, et aujourd'hui, comment la considérons-nous ? Comme un échec encore et toujours retentissant, les statistiques sont éloquentes, les probabilités d'y passer une partie de sa vie sont presque supérieures après y avoir séjourné quelques temps que si l'on n'y a jamais été, symptôme d'une erreur en perpétuelle recommencement, ou réussite camouflée d'une préparation des individus ?
A la lecture de ce livre, la réponse ne fait plus guère de doute, mais la prison n'est que la quintessence de la façon dont est organisée notre société contemporaine, elle est l'organisme disciplinaire qui nous est le plus éloigné, mais nous connaissons et expérimentons son principe tous les jours. Non, ce n'est pas un délire de paranoïaque en mal de nouvelle théorie du complot à propager, la façon dont Michel Foucault a mené son étude a des bases tellement solides, cite tellement de sources, possède un raisonnement tellement logique et évident sitôt que l'on nous met face aux bons éléments, que l'on ne peut qu'y souscrire.

Le style d'écriture qu'a choisi Foucault pour nous exposer sa thèse, sans être vulgarisé, est vraiment accessible pour peu que l'on s'en donne la peine ; ne vous excusez pas de ne pas accepter d'ouvrir les yeux sur la manière dont s'articule notre système autour de la prison sous prétexte que cet ouvrage doit être incompréhensible, car il n'en est rien, on peut le lire sans même avoir fait la connaissance avec le genre de l'essai pour peu que l'on s'en donne la peine.


Une grande découverte qui, bien que pouvant décontenancer, permet une plus fine analyse de notre société contemporaine et de la façon dont celle-ci est organisée.
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La bible du criminologue. Juste impressionnant. A l'instar de sartre, les intellectuels français du XX ont l'air d'être critiques et gauchiste. Comme si un intellectuel n'a pas de vie à droite.
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Un livre à lire absolument.
Une brique nécessaire à la compréhension de notre société, sous l'angle de son mode de fonctionnement central : le "carcéral continu", le tout dans le cadre de la recherche de disciplination du citoyen, et conséquemment de sa normalisation.
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Surveiller et punir est incontournable pour déchiffrer les mécanismes moderne d'exercice du pouvoir disciplinaire. Prison, école, hôpital...toutes les institutions apparaissent progressivement comme des espaces de contrôle des corps, d'administration des âmes et de normalisation de la pensée. Plus qu'un ouvrage philosophique, Surveiller et punir se veut une généalogie, le produit d'un archéologue qui fouille dans les strates de l'histoire de la pensée, à la recherche des motifs qui ont conduit à la fabrication du pouvoir moderne. D'une plume profondément littéraire. Brillant?
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Je ne connais rien de l'oeuvre de Michel Foucault. Je ne sais ce qui m'a poussé à choisir ce livre, "Surveiller et punir, naissance de la prison", peut-être, me semble-t-il, le fait que Michel Foucault soit l'un des grands intellectuels français de la seconde moitié du vingtième siècle et qu'il soit une référence pour de nombreux penseurs et philosophes...
Il s'agit donc d'une critique de novice, sans prétention aucune, mais sans doute est-il bon, parfois, d'avoir un regard vierge de toute érudition sur des oeuvres tant vantées et commentées…
J'ai compris, dès les premiers chapitres, pourquoi Michel Foucault avait acquis cette renommée. La clairvoyance de ses analyses et l'originalité de ses observations ne peuvent que laisser pantois. C'est une oeuvre extrêmement documentée, l'auteur ayant effectué un travail de recherche exhaustif pour tenter de comprendre les problèmes actuels (nous sommes alors dans les années 1970) du système pénitentiaire. Ce véritable travail d'historien l'a amené à élargir son champ d'analyse aux pratiques organisationnelles de nos sociétés avec l'apparition, au XVIème siècle, des structures disciplinaires héritières des règles monastiques. Celles-ci expliquent le basculement progressif d'une justice comme expression de l'autorité et de la puissance d'un souverain, à une justice comme emblème d'un contrôle de la normalité.
En effet, la prison n'est, selon Michel Foucault, que l'arbre qui cache la forêt. Si ces principes élémentaires : contrôle panoptique (voir sans être vu) et règles de vie disciplinaires, n'ont jamais été remis en cause malgré les perpétuels échecs du système (les crimes et délits n'ont jamais diminués), c'est que ces principes s'appliquent aussi à l'extérieur pour le contrôle des populations par notre système politique. La récurrence disciplinaire donne raison à Foucault : dans les écoles, dans les casernes, dans les hôpitaux, dans le monde du travail, tout est soumis à la discipline. On compartimente, on sépare, on divise dans le temps et dans l'espace pour normaliser et assujettir afin de mieux contrôler.
Ces réflexions font écho en 2008 avec les questions actuelles de fichage informatique généralisé, du développement de la vidéo-surveillance et de l'abaissement de l'âge de la pénalisation à douze ans ! Cette accentuation dramatique, qui sera forcément sans résultats, sinon celui de mettre dans le circuit de la délinquance encore plus de monde, celui des classes les plus exposées, les classes non protégées, les classes les plus pauvres, cette accentuation aurait, à n'en pas douter, fait réagir Michel Foucault. Comment, il est vrai, ne pas protester quand les politiques stigmatisent les petits délinquants, les responsables, selon eux, de tous les maux de notre quotidien, alors que les rois de la finance vivent loin des caméras, à l'abri de tout soupçon, continuant paisiblement à ne pas respecter les lois pourtant garantes de notre vivre ensemble.
Tiens donc ! il me semble comprendre soudain pourquoi j'ai voulu lire cet indispensable essai…
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