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Lucie Moreno (Autre)
EAN : 9798525057487
156 pages
Auto édition (26/06/2021)
5/5   3 notes
Résumé :
Du pianiste de bar à l'apprenti vacher, de l'ouvreuse de cinéma au soldat des tranchées, ils sont braves, jusqu'à ce que leur quotidien dérape et que la situation dégénère. Au fil de quiproquos, bavures et manœuvres en tous genres, chacun se dépatouille à sa manière.
Que lire après Les braves gens ont triste mineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Initialement, chroniquer le recueil de Séverin Foucourt me posait problème, un véritable dilemme, pour une bête question de familiarité : je connais l'auteur. Personnellement. Intimement. On part en vacances ensemble. On joue au tennis. On échange vinyles et cancans. Bibliquement même. On multiplie les soirées. On ricane. On se gausse. On joue à touche-touche. Au point d'avoir vécu quelques parties de frotti-frotta — consenties pour la plupart, sous prétexte d'éthylisme pour les autres —. Je connais à la fois son ancienne femme et la future. Sa tante m'embrasse sans masque FFP2. Sa cousine me turlupine. Sa mère me… non, pas madame Foucourt ! le « fiston à sa maman » possède ses limites, mais vous mesurez le genre de relations que j'entretiens avec l'énergumène à la braguette tombante.

Bref. J'étais gêné, baignant dans un inconfort éthique, craignant que mes sentiments pour l'homme, l'auteur et l'amant ne trahissent ma réception de son livre, dans un sens comme dans l'autre d'ailleurs, soit en embellissant ma rubrique (pour garder mon compagnon de route), soit en ternissant injustement son travail (car on porte rarement crédit aux gens que l'on voit boire avec excès). Mais après tout, pourquoi « le p'tit gars du coin » n'aurait-il pas l'envergure des « p'tits gars d'ailleurs » ? On est toujours l'auteur « local » de quelque part. Est-il si difficile de porter un oeil objectif aux scribouillages d'un copain, d'un camarade de bamboche, d'un mec de chez moi ?

C'est donc un tantinet angoissé, fiévreux, avec la bave au coin des lèvres, que j'ai entrepris la lecture de ce recueil de 17 nouvelles, courtes et sèches, qui n'est pas sans rappeler une certaine anatomie de l'auteur (mais j'ai vite appris, ici, que ça n'est pas la taille qui fait l'habit du moine…).
En effet, et c'est bien où je souhaitais en venir : dès les premières nouvelles, toutes mes craintes affectives sont tombées ! Bam, bim, boum ! J'ai découvert chez mon ami — rassuré et le slip un brin tendu — un véritable gratte-papier, une dentelière, un créateur, avec ses mondes, ses aspirations, et une palanquée de nouvelles ciselées, vives, efficaces, rodées. Que n'ai-je été apaisé ! Pas la peine pour moi de modérer mes louanges, je peux m'y fourvoyer avec franchise et sincérité. Surplus de jouissance, je découvre — en sus — des angles nouveaux chez un poto de longue date, ce qui n'a pas de prix (enfin, si, 12 euros, mais c'est peu cher payé pour le nombre de rhums engloutis dans sa cahute).

Côté thématiques, Séverin ouvre avec des histoires d'infidélités, des vengeances de cocus, entre coups de feu et coups de sang. Quand on voit comment l'auteur traite la concurrence, on évite de trop tourner autour de sa femme (et ça n'est pas ici que j'avouerais quelque coup de canif au contrat de mariage).

On sent que l'homme Foucourt aime décortiquer le triangle amoureux, qu'il affectionne les vengeances psychologiques, qu'il aime faire vivre les petites gens, défendre les modestes. L'auteur ne fait jamais la leçon, il laisse entendre. Il suppose les choses, mais ne les impose pas au lecteur. Ses lignes sont dynamiques, dignes d'intérêt, les ambiances travaillées, les débuts de texte toujours alléchants. On ne voit pas les chutes arriver, on les prend pleine face. On n'entend pas de petite musique, on sursaute aux coups de clairons. Quand ça tombe, ça tombe ! Chez lui, le couperet est imprévisible.

Aucune redite, pas de méthode appliquée, l'auteur se renouvelle avec brio, explore, creuse, surprend. Bref. Faut s'y pencher.

Une seule critique, un seul bémol (mais de taille) : le livre se corne au bout de trente lectures. Je préconise donc d'acheter l'ouvrage en double. A bon entendeur. Pour ma part, je retourne bouquiner l'ouvrage, une trente-et-unième fois, car je me lasse aussi peu de sa prose que de sa femme... enfin, ceci est une autre histoire... mais chut ! Toutes les histoires ne sont pas bonnes à dire. Contrairement à celles de ce recueil, qui sont toutes bonnes à lire.
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Comme il est de coutume dans les recueils de nouvelles, aucune nouvelle ne se ressemble dans ce livre. Et personnellement, j'adore ça. Une friandise succède à une autre, on ne se lasse de rien et file à l'essentiel.
Chez Séverin Foucourt, on dodeline volontiers d'une atmosphère à l'autre, on voyage, on serpente, aussi bien dans l'espace que le Temps, on passe d'un mafieux à un fermier, d'un dentiste à un cowboy, sans sourciller.
« Les braves gens ont triste mine » nous susurre l'auteur, mais le traitement n'a rien de tristounet. de la mélancolie certes, des sentiments doux-amers, soit, mais pas de pathos. C'est divertissant au possible. J'ai été étonnée par la vivacité de certaines scènes très cinématographiques, l'action répondant à l'intrigue initiale (« Rejoue-la moi encore, Tim » par exemple).
Contrairement à certaines anthologies (passant d'un auteur à l'autre), j'ai trouvé l'ensemble homogène, toujours de bonne facture, sans faute de goût, l'artisanat est maîtrisé de A à Z, ça fait vraiment plaisir. Les ambiances sont particulièrement bien posées. J'ai pensé tantôt à Marcel Aymé (pour les gens de peu, les personnages à tout crin positifs malgré les déboires), tantôt à Marc Villard (pour le côté polar), à Daniel Pennac (pour la prose accessible et immédiate).
Une belle découverte pour un premier recueil, qui, espérons-le, en appellera d'autres, j'en redemande en tout cas !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« (…) Comme chaque soir, maris et femmes sont à deux verres de se tromper de lit. C’est fou ce que l’alcool déploie leurs ailes, au point d’oublier tout ce qu’ils s’étaient promis, des années d’amour jetées le temps de quelques godets (…) » (p. 4).
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« (…) Le Tonio, il aime les affaires qui tournent, mais pas sa femme. (…) » (p. 5).
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Video de Séverin Foucourt (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Séverin Foucourt
Deuxième émission live facebook avec quatre auteurs de l'anthologie Nuits de Bretagne : Séverin Foucourt, Rose Morvan, Camille Salomon et Morwenna le Bevillon. Nous y abordons quatre nouvelles légendes : la sorcière Naïa, les korrigans, Yannig an Aod et les lavandières de nuit.
Retrouvez le livre sur notre site : http://editionsluciferines.com/catalogue/nuits-de-bretagne/
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