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3,25

sur 391 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La servante du Seigneur est le quatrième roman de Jean-Louis Fournier que je lis. Et le plaisir est là, intact, profond. Il conforte la place de cet auteur dans la liste sélective de mes auteurs préférés. Sa manière d'appréhender la vie, les événements joyeux et douloureux qui ponctuent l'existence me touche profondément.
Dans ce livre, l'humour noir danse dans les bras de l'amour bouleversé; la souffrance du père questionne la foi en un Tout Autre; les choix mûris bousculent les liens fragilisés.
Ici, l'auteur nous invite à entrer dans l'intimité de sa relation avec sa fille, cette fille qu'il aime, qu'il a aimé voir grandir et s'épanouir comme un bouton de rose, une rose pétillante, peu ordinaire, originale et unique.
Au long des pages, on ressent ce lien incassable, né il y a plus de quarante ans, entre ces deux êtres que les choix de vie ont finalement et inexorablement séparés.
Sa fille a choisi de donner sa vie à Dieu. Soit. le père n'est pas contre ce choix et respecte la liberté de celle qu'il a entraînée à prendre son envol.
Ce qu'il redoute et rejette, ce qui met son coeur en peine, c'est l'impression que ce choix trop radical va emmener sa fille vers des horizons fermés, extrêmes, séparés du monde, des passions, des belles émotions et de la Vie.
L'amour et l'inquiétude paternels se mêlent au fil des lignes.
Et on vacille.
On passe du rire aux larmes, de la tendresse à la colère, de l'incompréhension à l'admiration. Impossible de rester insensible...
Un tout petit roman pour de très grandes émotions. Mission accomplie, Monsieur Fournier !
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N'étant pas fan de religion, j'avais quelques doutes quant à attaquer cette lecture. le livre étant très court, à peu près 150 pages, je me suis finalement décidé en me disant qu'au pire, il serait vite lu.

Et effectivement, il fut vite lu. Une heure tout au plus. Mais contrairement à ce que je pensais, j'ai passé une heure de pur bonheur. Ce livre nous plonge dans la peau d'un père qui voit sa fille s'éloigner pour rentrer au service de Dieu. Elle rentre dans les ordres. Mais elle est surtout aux ordres.

Ce livre nous montre comment quelqu'un peut changer du tout au tout en très peu de temps, comment on peut s'isoler, s'éloigner des gens qu'on aime, s'inventer un passé, devenir un inconnu pour notre famille, notre entourage.

L'auteur, que je ne connais pas du tout, a un style que j'ai immédiatement adoré, il est acerbe, incisif. On peut diviser le livre en deux parties, la première ou le père ne comprend pas pourquoi sa fille qui avait tout pour réussir, va s'enfermer dans ce monde étrange. Il se moque beaucoup, car il ne comprend pas. On sourit, on rigole même, oui certains passages m'ont beaucoup amusé tant ils sont criants de vérité. Je ne suis pas sûr que des personnes religieuses apprécient ce livre. Ne l'étant pas, j'ai tout simplement adoré.

La seconde partie du livre est moins tranchante, le père commence à se faire vieux et il n'a plus envie de lutter contre sa fille, il veut simplement être auprès d'elle avant qu'il ne soit trop tard. Dans cette partie, l'auteur sait nous émouvoir, on est vraiment peiné pour ce pauvre homme qui avait pourtant bien élevé sa fille.
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J'ai trouvé ce livre bouleversant. Car derrière l'ironie mordante transparaît le désarroi de l'auteur.
Cet ouvrage est de la même veine que "Où on va, papa ?" et "Veuf", on y retrouve le même style, le même genre de réflexions décalées.
Mais si Jean-Louis Fournier nous parlait dans les deux premiers livres de la perte de ses deux fils, puis de celle de sa femme, ce qu'il nous raconte ici est bien plus fort. Il a perdu sa fille, et cette perte est d'autant plus terrible que celle-ci est bel et bien vivante. Vivante, oui, mais perdue en religion, happée par l'intégrisme. Cet intégrisme qui vous coupe de tout, amis et famille compris : "Sectaire, ça commence comme sécateur, ça coupe. Ça coupe des parents, ça coupe des amis, ça coupe du monde professionnel, ça coupe du monde tout court. " Sa fille est physiquement présente, mais elle est absente, la communication est rompue.
Comment dès lors faire le deuil d'une personne vivante ? Équation impossible dont Jean-Louis Fournier ne se sort qu'avec ses pirouettes habituelles et un humour sans limite.

Ce livre court se lit très vite, mais il laisse une impression très forte.
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Jean Louis Fournier est un auteur que j'apprécie particulièrement, celui-ci montre par son écriture toutes les contradictions de leur relation. Son originalité réside dans le fait est qu'elle lui apporte "sa réponse" à la fin du livre.
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Marie, la fille de Jean-Louis Fournier, a quitté son emploi de graphiste et est partie en province pour chercher Dieu. Elle semble être tombée sous l'emprise d'un ex-séminariste, ex-chargé de cours et auteur d'une thèse jamais achevée. Elle était belle, elle était intelligente, elle était drôle et voilà qu'elle est devenue terne, bornée, cassante et sans humour. Elle accuse même son père d'être une sorte de cabot radin et égoïste quand celui-ci refuse de « subventionner » sa recherche de sainteté... le pauvre ne comprend pas ce qui lui arrive. Que s'est-il passé dans la vie de sa fille pour qu'elle adopte ce genre de vie, qu'elle l'abandonne alors qu'il a déjà perdu sa femme et ses deux fils handicapés et qu'il croyait que sa fille l'aimait et le comprenait ?
Ce très émouvant ouvrage se présente sous la forme d'une sorte de long dialogue-monologue dans lequel l'auteur alterne les personnes (seconde et troisième du singulier) selon qu'il s'adresse à la Marie d'avant ou à celle de maintenant, ce qui donne un effet de style très efficace tout comme les vrais-faux extraits de correspondance qui sont autant de dialogues de sourds. Inutile de revenir sur le style minimaliste, cette extraordinaire faculté, cette grâce qui permet à Fournier de dire ou suggérer tant de choses avec si peu de mots. Tout est analysé ou évoqué avec finesse, intelligence et talent. Il faut être parent soi-même et avoir vécu l'expérience déstabilisante d'une telle métamorphose (entrée dans une secte, déchéance dans l'alcool, la drogue, le jeu et autres addictions...) pour comprendre à quel point le ton de Fournier est juste et efficace et entrer en empathie avec sa souffrance. A noter toutes sortes de jolis aphorismes sur la religion, l'humour, l'amour paternel ou filial. Encore un très beau texte, bien entendu pas dans la veine du Fournier humoriste, mais plutôt dans celle du poète, du philosophe et de l'humaniste. Mélancolique, intimiste et magnifique. L'amour peut aussi faire souffrir.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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L'auteur relate se relation avec sa fille qu'il a adoré. Elle était gaie, intelligente et drôle. Il aurait tout donné pour elle. Jusqu'au jour où : elle rencontre un Monseigneur, un Belzébuth qu'elle vénère. Dieu prend toute la place dans son coeur et elle rejette tout son passé : famille, travail et gaieté. Et pourtant, elle se dit enfin heureuse.
Un humour noir et beaucoup de cynisme.
Quelle est cette créature qu'est Fournier pour décrire sa fille sous une telle noirceur ? Je comprends tout à fait ceux qui le critiquent. En même temps, c'est un père qui souffre. Quand à la fille, elle paraît bien peu reconnaissante ou sympathique. Mais que cachait-elle derrière cette joie enfantine qui était la sienne ? Ils auraient bien besoin d'une thérapie tous les deux et l'auteur n'a peut-être pas choisi la bonne, même si pour lui, cela lui a permis de s'exprimer. On ne peut pourtant pas appeler ça de la communication...
Je suis partagée sur cette publication mais pas sur son talent.
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Décidément, la plume de Jean-Louis Fournier me plait et me plaira toujours autant. Avec humour, dérision, il arrive à nous communiquer ses émotions, ses ressentis, sa tristesse. Il essaie de comprendre pourquoi sa fille est entrée dans les ordres. Toute une remise en question, a-t-il raté quelque chose ? Ou ne peut-on tout simplement pas décider du destin des autres ? Il règne dans ce livre, un sentiment d'incompréhension, de tristesse (quelque part, c'est comme s'il « perdait » sa fille), mais aussi d'amour, puisqu'en tant que père, il accepte, tant bien que mal, ce choix, tout en gardant l'espoir qu'elle revienne à une « vie normale ».
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Bouleversant!

J'ai trouvé ce livre très émouvant.
Jean-Louis Fournier nous parle de sa fille Marie ou plutôt de ce qu'il ne reconnait plus de sa fille, devenue pour lui "La servante du seigneur", l'homme dont elle est tombée amoureuse et avec qui elle ne vit plus que dans sa foi.

Malgré l'humour et le cynisme de ses propos, on devine le manque, la douleur et l'incompréhension. Pourquoi cet abandon?

Le mot de la fin est écrit par Marie elle-même. Suite au procès qu'elle a intenté contre son père, elle a donc eu un droit de réponse. Mais elle n'en donne que très peu pour qu'on puisse la comprendre...

Touchant!
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Jean-Louis Fournier a écrit un Hymne d'amour à sa fille Marie « entrée en religion ». Oui, mais quelle religion ? Mis à part Monseigneur qui a étendu son emprise sur elle, nul couvent ou ordre religieux ne se profilent. « Monseigneur ne me paraît pas très catholique. Je ne lui donnerais pas le bon Dieu sans confession. »
« Elle est dans les ordres ou elle est aux ordres ?».
Elle a fait voeu de pauvreté, mais demande, à son père, un 4x4 intérieur cuir et une pension…. « Elle voudrait être une sainte subventionnée ». « Heureusement qu'elle a fait voeu de pauvreté, sinon elle m'aurait demandé une Rolls-Royce ».

Jean-Louis Fournier écrit : « S'ils plaisantent, c'est peut-être pour être moins malheureux.
L'humour est un antalgique, on l'utilise quand on a mal ». C'est ce qu'il fait dans ce livre d'une fort bien belle façon, à la manière des désespérés, il invite même Desproges, son compagnon, à son secours.
Parodiant une des dernières paroles du Christ, il écrit « Fille, Pourquoi nous as-tu abandonnés ? »
Il lui pose et se pose beaucoup de questions, voudrait comprendre :
« Peut-être qu'à la différence des piles, les sentiments s'usent quand on ne s'en sert pas ».
« Pourquoi maintenant c'est si difficile ? »
« Pourquoi, maintenant que tu dis être heureuse, que tu déclares être sur terre pour le bien des autres, tu t'es durcie ? »
Pourquoi, depuis que tu es à Dieu, tu es odieuse ? »
Que peut-il espérer d'autre que le bonheur de Marie ; « L'important, c'est qu'elle soit heureuse. Est-ce qu'elle est heureuse ? »

Au fil des années, il ne partage plus grand-chose avec sa fille et c'est terrible pour lui « Je ne l'ai pas invitée au Théâtre du Rond-Point pour voir mon dernier cheveu noir. Je n'ai pas eu envie qu'elle vienne. » Quelle phrase terrible et horrible

Petit livre qui se lit très vite, mais poignant et qui ne se laisse pas oublier. le sectarisme enferme et coupe de tout. « Sectaire, ça commence comme sécateur, ça coupe. Ça coupe des parents, ça coupe des amis, ça coupe du monde professionnel, ça coupe du monde tout court. ».
Et puis, il y a l'attente, cette attente de la voir quitter son gourou, revenir à son travail de graphiste qu'elle aimait tant. Jean-Claude Fournier avec l'humour acide du désespéré, souffre. Sa détresse affleure à chaque phrase, mais il ose quémander avec cette supplique : « Reviens, avant que je m'en aille. »

J'ai lu de lui Poète et paysan où il y avait déjà cet humour noir et acide. D'autres sont dans l'attente. Jean-Louis Fournier est une belle personne, normal puisqu'il a travaillé avec Desproges en réalisant « La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède » !
N'hésitez pas, lisez-le, c'est un petit bijou à faire grincer les dents.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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J'ai découvert Jean-Louis Fournier avec Où on va Papa ? que j'avais beaucoup aimé pour son ton. J'ai retrouvé la même légèreté de ton dans La servante du seigneur.

Jean-Louis Fournier a perdu sa fille, Marie, (Destin, quand tu nous tient J ) si vive, si intelligente et si « colorée » lorsqu'elle s'est approchée de Dieu. Ce roman développe ce constat.

Un livre très intime. L'auteur nous relate sa relation filiale sans rien nous cacher. Il n'apparaît comme le père « idéal », c'est cependant une véritable déclaration d'amour qu'il fait à sa fille. En tant que parent, j'ai ressenti sa douleur d'exister si peu pour sa fille mais surtout de la voir si différente de celle qu'il a vu grandir, de celle qu'il a élevée. La différence est nette entre Marie, sa complice d'antan, et La servante du seigneur. Cette différence est soulignée par l'utilisation tantôt du « tu » pour les moments de connivence tantôt du « elle » pour les moments d'incompréhension.

J'ai lu ce livre sans voir le temps passé. J'aime beaucoup le style de l'auteur. Il manie l'humour et l'autodérision avec une grande subtilité.

Avant la publication de ce roman, Jean-Louis Fournier l'a fait lire à la principale intéressée. Elle a un droit de réponse sur quelques pages. Si elle n'est plus la même, elle n'a rien perdu de sa verve et de son humour. Elle est bien la fille de son père. Sans donner raison à son père, Marie s'explique mais le message est reçu, l'amour est reçu.
Lien : https://mesexperiencesautour..
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