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EAN : 9782343204277
358 pages
Editions L'Harmattan (23/10/2020)
5/5   2 notes
Résumé :
Belleville Mamie Blues retrace l'histoire de la grand-mère de l'auteur, de sa naissance dans un shtetl des environs de Tarnów en 1911, au Belleville de Willy Ronis, qui l'accueillit à l'aube de ses dix-huit ans. Ce furent les années folles, un bonheur entraperçu, puis vinrent la guerre, l'exil, la peur, avant la libération et une vie à reconstruire. Remontant le temps à la recherche de ses racines, l'auteur s'interroge sur l'héritage laissé par cette grand-mère.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Avis : MÉMORIEL
J'ai un goût réel pour l'Histoire et surtout les petites histoires qui la font, mais ici l'intérêt est à la fois très présent mais aussi très difficile par les évènements décrits et qui touchent à la propre famille de l'auteur.
À partir d'un courrier reçu à la fin de la guerre 45 mais retrouvé quarante-six ans plus tard, un pan de l'histoire familiale va être mis à mal car le grand-père ne l'est sûrement pas vraiment. Chaque vie des personnages va nous entraîner dans le monde juif, allemand, collabo, résistant, militaire, avec des détails précis qui nous feront avancer en nous donnant toutes les facettes de ces années de guerre et de destruction. La lecture de ce livre aux nombreux documents d'archives familiales devrait être prévue dans le cursus scolaire des adolescents, et serait bien moins insipide que d'autres. Belleville, quartier du domicile des familles évoquées, nous est quasiment présenté pierre par pierre.
La préface d'Henri Raczynov est une belle entrée en matière et je retiens ces mots que je fais miens pour parler de l'auteur et de son travail de mémoire : un détective inlassable qui poursuit une ombre, l'ombre d'un doute. Jean-Jacques Fradet pudique mais sans pitié quand il révèle les actes nauséabonds que les descendants ne semblent pas encore connaître, raconte la vie, la mort, sans parti-pris, juste ce qu'il sait pour nous faire ressentir la vie de l'époque avec tous les détails des courages et des compromissions. J'ai noté un passage très émouvant où il cite le stylo comme arme de destruction massive, puisque de nombreux disparus ont été dénoncés !
La lecture est facile malgré le côté documentaire du livre ; la chaleur de l'amour porté à la grand-mère qui a traversé les années en rejetant les idées de vengeance, de violence, nimbe de liberté de dire des pages que l'on tourne, souvent la larme à l'oeil. L'écriture est de qualité et ne souffre d'aucun défaut orthographique ou autre. Les personnages célèbres sont nombreux, comme Charles Denner, enfant de la famille, devenu acteur après ses années de résistance.
Après l'avoir lu, je vous encourage à conseiller cet ouvrage comme je le fais ; il y a des visites qui peuvent se faire à domicile, juste pour prendre notre part et ne pas fermer les yeux sur les horreurs passées.
Je tiens à remercier tout particulièrement Jean-Jacques Fradet pour l'envoi, en service presse, de ce roman empli de témoignages écrits et visuels, et de secrets de familles.

Lien : https://www.facebook.com/Lya..
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Blog Abracadamots

Voici le premier ouvrage de Jean-Jacques Fradet édité chez l'Harmattan.

J'ai eu la surprise un soir d'être contactée par l'auteur et charmée par la présentation de son roman et de son élégance, il était évident pour moi de vous le partager.

J'ai dit « roman » ? pas vraiment, plutôt un roman témoignage, poignant et signé par un graveur de mémoire.

Ce récit à la recherche d'une vérité à travers la vie d'une grand-mère nous emmène aux plus petits détails d'une guerre qui fait froid dans le dos. On vit les instants tragiques qu'on traversé les personnages de l'arbre généalogique de l'auteur avec une telle force que l'on s'approprie la sueur du wagon, le mutisme des mères, l'ocre du passé jusqu'à sentir l'amidon de l'aïeule couturière.

Chaque ligne est source de ressentiments allant de l'angoisse au plaisir découvert.

Les détails sont cinématographiques; la lecture commence en noir et blanc et peu à peu s'ouvre à la couleur dépendante des dates.

« Belleville Mamie Blues » a le mérite d'être lu, plusieurs fois , et devrait faire partie des grands témoignages à étudier en nos écoles.

Grâce à Jean-Jacques Fradet, chaque pavé du village du 20 ème arrondissement parisien ne sera plus jamais arpenté sans le goût du souvenir.

Les illustrations photographiques nous permettent de mieux investir l'histoire.

C'est un très grand récit que je vous invite à vous offrir.
Lien : https://abracadamots.fr/2020..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Belleville Mamie Blues - Extraits

Cette lettre jaunie, à l’en-tête du ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre, postée le 22 juillet 1947, fut reçue par ma grand-mère quelques jours plus tard. Le temps l’avait rendue tellement fine qu’elle aurait pu s’envoler au moindre souffle. On aurait dit un vieux parchemin roulé dans une bouteille échouée sur la grève de l’Histoire. Elle dérivait depuis quarante-six ans quand je la ramassai, surgie du passé, ce 20 septembre 1993, sans imaginer un seul instant ce que cette mince missive allait chambouler dans ma vie.
On parvenait à déchiffrer que Yankel Szajman, né le 31 mars 1894 à Varsovie, Pologne, avait été arrêté le 7 septembre 1942, interné à Drancy, puis déporté à Auschwitz le 16 septembre 1942.
Yankel Szajman est mon grand-père.
Personne n’avait jamais vu ce papier méticuleusement enfoui au fin fond de la petite valise marron au cuir élimé, où Mamie entreposait pêle-mêle quelques papiers en lambeaux, de vieilles photos sépia aux bordures crantées, un reste de couverture d’un journal yiddish où ses parents avaient été croqués, et le reste de ses petits souvenirs. Cinq jours après son décès, nous débarrassions silencieusement son minuscule appartement de la rue Préault derrière les Buttes-Chaumont, seulement troublés par le babillage des bambins faisant leurs premiers pas dans la cour de la crèche voisine.
Je venais tout juste de fêter mes vingt-quatre ans.
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Belleville Mamie Blues - Extrait

Le lieu tenait davantage du bouge que d’un bal des familles. Le musette de Marcel la Bohème, surnom du tenancier, n’était pas plus grand qu’un mouchoir de poche et l’estrade où jouait l’orchestre avait été surélevée pour laisser place aux danseurs et épargner les musiciens, quand la soirée s’achevait par un concerto de bourre-pifs joué allegretto ou fortissimo selon l’origine de la querelle. Les tables étaient vissées au sol pour la même raison et, au fond de la salle, trois tabourets attendaient de fendre quelques crânes imprudents devant le comptoir en étain.
Une odeur de tabac froid et d’alcool artisanal mettait tout de suite les visiteurs dans l’ambiance et le parquet ciré, plus glissant que le lac des Buttes-Chaumont gelé par l’hiver, invitait à la danse. La clientèle, des truands des quatre arrondissements de Belleville et des filles de Montmartre, ne donnait pas dans le satiné et leur langage n’était pas celui du quai Conti, mais l’endroit avait du succès malgré tout.
Tous ne finissaient pas la soirée sur leurs deux pieds, Belleville étant encore un des seuls endroits de Paris où l’on trouvait de la verte authentique sous les comptoirs. Les pavés de l’Impasse servaient bien souvent d’oreiller à ces buveurs imprudents, avant qu’ils ne finissent par ramper jusqu’au premier métro, où il n’était pas rare qu’ils achèvent leur nuit au terminus.
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Il faudrait toujours embrasser ses enfants comme si c’était la dernière fois, qu’ils sachent qu’on les aime, quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe. Qu’ils gardent en eux ce dernier instant pour que cet amour les accompagne tout au long de leur vie.
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Si ça se remplace, c’est que ce n’est pas grave.
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