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Jacques Thiériot (Traducteur)
EAN : 9782868695468
216 pages
Actes Sud (10/08/1993)
3.75/5   2 notes
Résumé :
L'oraison funèbre, à la fois grave et drôle, d'une petite bourgade brésilienne engloutie sous les eaux d'un barrage.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une petite ville brésilienne disparaît sous les eaux d'un nouveau barrage, probablement dans les années 1960 ou 1970 puisque la société Petrobras qui a été créée en 1953, est citée, dans le livre, comme employeur de certains des habitants.

L'auteur ne précise pas la localisation du barrage et de la ville, et ne s'intéresse pas non plus à ce qu'il va advenir des habitants expulsés de leur bourgade condamnée.
Non, ce qu'il tente avec cet ouvrage, c'est de rapporter quelques traits de ceux qui vivaient là, qui constituaient une communauté humaine, dans toutes ses composantes.
Consigner ce que chacun représentait dans ce groupe, ce qui le caractérisait ou, du moins, ce que ses concitoyens connaissaient de lui. L'auteur s'attache donc à des anecdotes, des faits du quotidien, mais aussi des drames, qui avaient donné ses couleurs et son ambiance à la ville. Des histoires d'enfance, de bel amour ou d'amour désespéré, de haine et de vengeance, de fêtes religieuses, d'échecs et de faillites, d'obsessions, de jalousies, de maladies, de bonté, et même de résurrection...

En rendant aux habitants une part de leur histoire dans cette ville, l'auteur refuse que tout en soit perdu, noyé sous les eaux, définitivement.
Il ne consacre pas plus de deux ou trois pages à chacun, parfois quelques lignes seulement. Mais la ville se dessine au fur et à mesure que l'auteur en parcourt les rues et les maisons, suivant la progression de l'eau qui les envahit peu à peu. Et de chaque maison ou fazenda, il rappelle les occupants, leurs noms, leurs activités, leurs relations de voisinage, leurs liens familiaux.

La ville était brésilienne, sans doute, dans ses habitants, dans ses coutumes et ses métiers, dans sa faune et sa flore. Mais ce qui se dégage du récit, pourrait être de n'importe quelle nationalité. Et l'auteur veut sauver de l'oubli, de l'inondation, ce qu'a été ce morceau d'humanité, en ce lieu précis.

Si les écritures et les styles sont très différents, s'il y a une continuité évidente dans le livre de Oswaldo França Junior qui n'existe pas dans les « Faits » de Marcel Cohen, je retrouve pourtant un peu le même principe : un observateur, neutre et transparent, écrit des histoires brèves qui racontent, chacune, quelque chose de ce que nous sommes.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans la maison qui jouxtait le salon de coiffure habitait dona Laïsa, une institutrice du groupe scolaire que ses élèves aimaient beaucoup. Le jour de son mariage, quand elle entra dans l’église, à sa demande tout enjolivée de fleurs blanches, ses élèves occupaient tous les bancs des deux côtés. Elle entra au bras de son père, souriante, au comble du bonheur. Mais les enfants ne se tenaient pas tranquilles. Ils faisaient du bruit, changeaient de place, parlaient à voix haute : du coup elle arrêta sa marche nuptiale, alors que pendant ce temps son fiancé et les témoins l’attendaient devant l’autel, et elle rétablit l’ordre. En pleine église, elle ordonna à voix haute aux enfants de se taire et de se mettre les filles d’un côté et les garçons de l’autre. Et elle les prévint :
- Je demande que personne ne parle et ne change de place.
Elle avait l’habitude d’imposer la discipline dans sa salle de classe et elle n’avait pas supporté ce chahut. Là-dessus elle offrit de nouveau le bras à son père et s’avança vers l’autel toute souriante, à la rencontre de son fiancé.
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Elle prenait au sérieux le traitement, alors que naguère elle refusait de suivre les régimes, les normes, les prescriptions, comme s’ils ne s’appliquaient qu’aux autres. Et pas à elle, habituée à voir l’argent et le pouvoir de son père écarter de son chemin les contraintes désagréables. Mais quand elle avait eu sa crise, elle l’avait questionné et il lui avait fourni toutes les explications, réaffirmant la nécessité du traitement, lui parlant clairement de son état. Alors seulement, là devant lui avec ses yeux très verts, elle avait compris quelles seraient les conséquences si elle ne suivait pas ses prescriptions. Et s’était mise à pleurer.
- Mais ça ne peut pas m’arriver à moi, disait-elle.
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Ensuite elle constata que non seulement lui, mais les hommes, eux tous, étaient sujets à ça, à des accès de folie. Les deux dans le bus qui voulaient se tuer à coups de couteau parce qu’une manche de chemise avait été légèrement déchirée. Les autres qui se battaient à coups de poing parce qu’un fagot de bois avait égratigné le vernis d’un bottillon. Aux yeux de Cynthia, les hommes étaient des êtres sujets à une volonté dictée non pas par le bon sens, mais par un instinct qui échappait à toute explication rationnelle.
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Le jour de la fermeture des vannes du barrage, tous les riverains avaient déjà quitté leurs maisons et leurs terres. Les avaient abandonnées pour ne plus jamais y revenir. Tout avait été prévu et les eaux montèrent lentement, atteignant d’abord la rue qui longeait la rive du fleuve.

(incipit)
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Mais les eaux arrivèrent et couvrirent la chapelle, le calvaire et toutes les maisons. Pas seulement celles qui étaient proches de Sao Vicente, mais toutes les maisons de toutes les fazendas, des bourgades et de la ville.
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