Bela Lugosi. Biographie d'une métamorphose

En août 1979, le groupe anglais post-punk gothique Bauhaus publie « Bela Lugosi's dead », son premier single en hommage à Bela Lugosi :

« White on white translucent black capes
Back on the rack
Bela Lugosi's dead
The bats have left the bell tower
The victims have been bled
Red velvet lines the black box

Bela Lugosi's dead
Bela Lugosi's dead
Undead undead undead
Undead undead undead

The virginal brides file past his tomb
Strewn with time's dead flowers
Bereft in deathly bloom
Alone in a darkened room
The count

Bela Lugosi's dead
Bela Lugosi's dead
Bela Lugosi's dead
Undead undead undead
Undead undead undead
Undead

Oh Bela
Bela's undead
Oh Bela
Bela's undead
Bela's undead
Oh Bela
Bela's undead
Oh Bela

Undead ».

Selon les registres, Bela Lugosi, né Béla Blaskó, serait décédé en 1956. À moins que comme le chante Bauhaus, il ne serait pas vraiment mort mais mort-vivant (undead) - trois ans après sa mort, Bela Lugosi sera d'ailleurs à l'affiche du célèbre « Plan 9 from Outer Space » (1959) d'Ed Wood. Edgardo Franzosini, auteur de Bela Lugosi. Biographie d'une métamorphose, rappelle d'ailleurs les dernières paroles que l'acteur hongro-américain aurait prononcées : « Je suis le comte Dracula, je suis le roi des vampires, je suis immortel. »

Même si sa carrière ne se résume pas à son interprétation de Dracula, Bela Lugosi a incarné le roi des vampires dans le premier Dracula parlant du cinéma, celui de Tod Browing de 1931. Dans sa biographie qui tient davantage de l'essai que de la stricte biographie et qui se lit comme un roman, Edgardo Franzosini montre comment le rôle de Dracula aura en fin de compte vampirisé Bela Lugosi - "En guise de commentaire de la vie de Bela Lugosi, on peut citer ce que G. K. Chesterton dit des personnages créés par Dickens : "... ils arrivent à être humains en dépassant l'humanité, autrement dit en apparaissant à première vue si excessifs qu'ils frisent la caricature" (p. 99), comment Bela Lugosi se transformera en vampire - "Bela Lugosi s'éteignit le 16 juin 1956 en prononçant cette phrase : « Je suis le comte Dracula, je suis le roi des vampires, je suis immortel. » Et cette transformation en vampire est désormais un fait établi que peu de gens se sentent de contredire" (p. 5)

Il est aussi question de quelques éléments de la vie de Béla Blaskó en Hongrie avant son émigration vers les Etats-Unis, des difficultés rencontrées aux Etats-Unis et notamment à cause de l’apprentissage de l'anglais, de l'eugénisme de Galton, des différences entre les façons d'interpréter Dracula de Christopher Lee, que Franzosini ne goûte pas, et de Bela Lugosi, du Nosferatu le vampire de Murnau, de Boris Karloff ou du « brusque tournant esthétique dans la garde robe qui caractérise le vampire » (p. 71) que l'on doit à Bela Lugosi.

Traduit par Thierry Gillyboeuf (traducteur entre autres de Rudyard Kipling, Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson ou Herman Melville), cette traduction arrive dans sa version française comme une espèce de résurrection vampirique plus de 35 ans après la parution de la version originale. Aujourd'hui, peu de monde se souvient encore de Bela Lugosi (certainement qu'il en va de même du groupe Bauhaus) non que le mythe du vampire ne fasse plus recette mais probablement parce que Twillight, Lestat ou autre Buffy contre les vampires sont passés par là.

Ce court livre de Edgardo Franzosini est l'occasion de se remémorer de brillante façon Bela Lugosi ainsi que les neuf minutes du « Bela Lugosi's dead » de Bauhaus.