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EAN : 9782234070332
216 pages
Stock (14/03/2012)
5/5   1 notes
Résumé :

Le village de Lodi, à une centaine de kilomètres au sud-ouest d’Alger, près de Médéa, porte le nom prestigieux du pont italien qui a permis aux troupes de Napoléon d’entrer victorieuses à Milan.

Il incarne aussi un épisode occulté de l’histoire.
C’est là, pendant la guerre d’Algérie, que des centaines de pieds-noirs, sympathisants de l’indépendance, ont été enfermés de façon arbitraire.

Des années durant, ils ont croup... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Des syndicalistes, des communistes, des chrétiens progressistes, des anarchistes –notamment les membres de la Fédération communiste libertaire, Fcl- et les trotskistes... tous des pieds-noirs anti-colonialistes. Simples sympathisants ou militants actifs, d'abord en soutenant le Mna créé sur les cendres du Mtld, puis le Fln... La répression, dès le déclenchement de la guerre d'Algerie, et tout particulièrement à partir d'avril 55 après la mise en place de l'état d'urgence et, concrètement, à partir des derniers jours de septembre 1955, ne va pas les épargner. Suspects (presque tous) ou impliqués (certains, assez nombreux), ils seront, par centaines, enfermés dans les prisons du pays, dont le camp de Lodi (Draa-Esmar) situé dans la région escarpée du Titteri) sur la base d'un ancien camp de vacances de la Compagnie des chemins de fer algériens (Cfa) : «Le Petit cheminot à la montagne». le «camp des Français». le «camp des pieds-noirs» (à noter que l'Algérie va compter un total de douze camps en Algérie... et quatre autres en «métropole»). Premier «arrivage»: cent trente-cinq personnes puis vingt-sept puis cinq, puis... Une moyenne de cent cinquante «pensionnaires» durant toute l'existence du camp de 1965 à 1960. Des arrivées et des départs. Un peu plus d'un millier au total. On dort par terre sur des nattes en alfa, des paillasses jetées sur la dalle de béton... Des centaines de prisonniers... sans compter les femmes, internées dans un autre camp (Tefeschoun, à l'est d'Alger ou à Béni Messous)... et sans compter tous les prisonnier(e)s «hébergé (e)s»... ailleurs.

Il y a de tout, jetés, bien souvent, derrière les barbelés sans condamnation... et pour beaucoup, après un passage dans les centres dits de «tri et de transit», en fait des centres d'interrogatoire et de torture (plus d'une centaine) gérés par les paras: des chrétiens, catholiques ou protestants, des juifs, des athées, des agnostiques, des fonctionnaires, des industriels, des présidents d'associations, des vendeurs de pataugas, des journalistes, des enseignants, des agriculteurs, des médecins, des avocats, des infirmiers, des anciens résitants et prisonniers de guerre durant la Seconde Guerre contre les nazis... Des noms, aujourd'hui bien connus : René Justrabo (ancien maire de Sidi Bel-Abbès et dont l'épouse est internée à Tefeschoun), Léon Cortès (le père d'une actrice célèbre, Françoise Fabian), Pierre Cots, les trois frères Timsit (Daniel qui sera «hébergé» à la maison centrale de Lambèse, Gabriel et Meyer qui, bien que condamnés «avec sursis», s'en iront à Lodi), Jean-Pierre Saïd (dont le cousin Pierre Ghenassia rejoindra le maquis Fln en février 1957 à l'âge de 17 ans et décèdera dans l'Atlas de Blida... comme d'ailleurs Maurice Laban, Roland Siméon, Georges Cornillon, Georges Raffini, Raymonde Peschard, Henri Maillot..), Jean Farrugia (un rescapé de Dachau), Marcel Lequément, Lucien Hanoun, Albert Smadja, Elie Guedj, Robert Manaranche, Maurice Baglietto, Jacob Amar dit Roland Rhaïs (fils d'Elissa Rhaïs, Rosine Boumendil de son vrai nom, la romancière et de l'ancien rabbin de la synagogue de la basse Casbah d'Alger), Gabriel Palacio, Jacques Waligorski, René Zaquin, Elie Angonin, Raymond Neveu, Louis Pont, Fernand Doukhan, Georges Hadjadj, Henri Alleg, René Zaquin, Paul Amar, Henri Zanetacci, René Duvalet, les trois frères Perles (dont deux passés d'abord par la villa Sésini)...

Premières libérations (des internés poussés dehors sans argent et sans titre de transport, devenant ainsi la cible facile de la «Main rouge», entre autres), à partir de mars 1960... assorties d'assignations à résidence, d'expulsions... mais quatorze (neuf Algériens et cinq Européens) seront gardés jusqu'en novembre... pour être gardés, enfermés à Douéra puis transférés à la Santé (en France).

Hélas, pour bien d'entre-eux, ce n'était pas fini : l'Oas les guette... puis l'Indépendance du pays... puis la grande désillusion pour ce qui concerne, en mars 1963, l'obtention de la nationalité algérienne... puis le coup d'Etat du 19 juin 1965 qui vit l'arrestation quai-massive des «communistes» et des «expulsions» vers... la France... puis la guerre israélo-arabe des Six jours en juin 1967 et la montée d'un certain antisémitisme... puis la msie en place de l'Islam comme religion d'Etat... puis les attentats islamistes...

Roland Rhaïs, l'un des derniers à quitter Lodi, resté en Algérie, est mort à Alger en avril 1987 à l'âge de 84 ans, et Maurice Baglietto, dernier interné à avoir été libéré, n'a jamais voulu partir de son quartier du Ruisseau.
Avis : le monde de l'honneur face à celui de l'horreur. Un livre qui «réhabilite»... Reste à faire un livre identique sur les pieds-noirs et autres Européens indépendantistes et/ou simplement libéraux victimes de l'Oas.
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critiques presse (2)
LesEchos
20 juin 2012
Rédigé sans aucun parti pris, cet ouvrage fait revivre les dernières années de l'Algérie coloniale.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Bibliobs
06 avril 2012
Une enquête fascinante sur les prisonniers de Lodi, officieusement dirigés par René Justrabo et vêtus des manteaux usés de la Seconde Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Lodi ressemble aux villages montagneux d’Algérie. Une route qui serpente autour d’une grappe de bicoques blanches, une église dressée sur une place en terre battue, des fermes éparpillées dans la vallée, peu d’orangers et de palmiers, mais des chênes et des vignes à perte de vue... C’est là, dans la région escarpée du Titteri, à une centaine de kilomètres au sud- ouest d’Alger, que les premiers Français ont débarqué un siècle plus tôt, un jour de décembre 1848. Ils avaient grimpé, le mois d’avant, dans une péniche du quai de Paris-Bercy, avec leurs guides de conseils pratiques (tamiser les eaux à cause des minuscules sangsues, porter un chapeau de paille ou de feutre gris...) et leurs bagages limités à cinquante kilos par adulte. Ils avaient traversé la Méditerranée à bord du Christophe-Colomb puis remonté la nouvelle route des gorges de la Chiffa et tourné à l’ouest de Médéa. Au moment de poser leur barda au pied du piton du Dakla, à huit cents mètres d’altitude, ils ont changé la dénomination du village. Draa-Esmar, la « Colline-des-Joncs » en arabe, est devenu Lodi. En hommage à la bataille du pont du même nom en Lombardie, en mai 1796, qui avait permis au général Bonaparte de percer les lignes autrichiennes et d’entrer victorieux dans Milan.

En cet automne 1955, Lodi n’a guère changé depuis l’arrivée des premiers colons. C’est toujours un bourg rural de trois mille habitants qui vivent de l’élevage et du raisin. Après la crise du phylloxéra, la maladie des vignes qui a ravagé les plantations du sud de la métropole dans les années 1880-1890, le vin de Médéa et des villages alentour est devenu l’un des plus prisés des amateurs. Le climat de montagne, avec ses hivers froids et neigeux, est sain. La température tombe au-dessous de zéro degré autour de Noël mais n’est jamais trop brûlante l’été. Il n’y a pas eu ici, comme dans les plaines du reste de l’Algérie, ces terribles épidémies de malaria qui ont décimé des familles entières de Français à peine installées. Sans doute est-ce pour cela que la compagnie des chemins de fer algériens (CFA) a décidé de bâtir à Lodi la colonie de vacances des enfants de ses employés. L’endroit s’appelle le « Petit cheminot à la montagne ». Des bâtiments blanchis à la chaux, entourés d’un muret, trois dortoirs délabrés, une courette défoncée, un terrain de volley-ball, deux tables de ping-pong et des fenêtres qui donnent sur les forêts et les monts enneigés.
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«La France préfère enfermer les importuns au moindre doute. Parce qu'elle veut se débarrasser de tous les gêneurs... Il faut interner ceux qui risquent de ne jamais être condamnés, mais aussi ceux qui ne l'ont pas été suffisamment» (pp. 31-32)
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«Dans l'Algérie en guerre, il n'y a pas pire espèce qu'un Français indépendantiste. Le répression ne va pas les épargner» (p. 24
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