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EAN : 9782706716829
292 pages
Salvator (24/05/2018)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Japon, 1708. Le pays vit au temps du sakoku : tout contact avec les étrangers (et surtout les missionnaires chrétiens) est rigoureusement interdit ou contrôlé. Dans ce contexte de persécutions violentes, le 12 octobre 1708, un étranger vêtu en samouraï débarque furtivement sur l'île de Yakushima. Il se nomme Jean-Baptiste Sidotti. C'est un missionnaire italien. Aussitôt arrêté et emprisonné, il a le choix entre l'abjuration et la condamnation à mort. Mais Arai Hakus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Jean Baptiste Sidotti, prêtre missionnaire de 40 ans, débarque seul à Yakushima en pleine connaissance des risques qu'il encoure - le martyre. En effet, en 1708, le Japon est en pleine époque sakoku (fermeture du pays et exécution des étrangers) et les paysans japonais de l'île font face à un être qu'il n'ont jamais vu, mesurant près d'un mètre quatre-vingt, portant des vêtements et la coupe de cheveux à la japonaise...La nouvelle circule vite et l'étranger, ainsi que les personnes l'ayant aidé, sont transférés à Nagasaki puis à Edo (l'actuel Tokyo) pour interrogatoire. le convoi se compose de près d'une centaine de personnes, entre samouraïs, gardiens, fonctionnaires sans oublier les interprètes. Parallèlement Hakuseki, conseiller du shogun, un homme intègre, lettré et curieux va essayer d'en savoir un peu plus sur cet homme qui a bravé l'interdiction, a t-il agi seul ou est-il le légat officiel pour diffuser la religion maléfique au Japon ? Après plus de cent ans sans avoir de contact avec l'extérieur - à part les Hollandais protestants, basés à Déjima, - une île faisant face à Nagasaki - la connaissance de l'Occident est plus que parcellaire et orientée par les Hollandais qui s'emploient, dès qu'ils le peuvent, à jeter le doute sur tout occidental afin de préserver leurs relations commerciales. Hakuseki, chargé d'instruire le procès de cet étranger qui a bravé l'interdiction d'entrer au Japon, s'intéresse à cet homme érudit, lettré et curieux comme lui semble t-il. Toutes sortes d'interrogations philosophiques, religieuses, historiques, géographiques sur la perception du Japon par l'occident vont surgir...Trois possibilités s'offre au conseiller, prononcer l'exil, l'incarcération ou l'exécution...
S'appuyant sur les interrogatoires menés dès l'arrivée du prêtre à Yakushima, et des rapports rédigés par les interprètes, Hakuseki va essayer de trier le vrai du faux pour statuer sur le sort de l'étranger...

Le dernier missionnaire est une enquête circonstanciée et très factuelle sur les parcours philosophiques et religieux de Sidotti, l'étranger venu en terre interdite et d'Hakuseki, confucéen ouvert et curieux qui va voir en Sidotti un interlocuteur de valeur, érudit qui peut lui permettre de connaître l'état d'esprit et le niveau d'avancement de l'Occident. C'est une enquête poussée pour reconstituer le parcours de Sidotti et le prétexte pour évoquer les coutumes, l'histoire religieuse, politique, sociale et culturelle d'un Japon coupé du monde. le récit est entrecoupé des propres réflexions de l'auteure qui illustre habilement ses propres recherches pour cette reconstitution.
C'est donc un témoignage extrêmement riche et intéressant que livre
Tomoko Furui, un témoignage qui permet de découvrir la mentalité de deux mondes, deux conceptions de vie qui s'ignoraient et qui par l'intermédiaire de deux hommes érudits, droits et honnêtes vont se rapprocher et permettre à Hakuseki d'écrire plusieurs livres qui serviront de référence en matière de connaissance de l'Occident.
Je remercie Babelio et les éditions Salvator pour la découverte de ce livre.
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Tomoko Furui nous invite à découvrir la quête du dernier missionnaire chrétien Jean-Baptiste Sidotti. La première tentative d'évangélisation du Japon est conduite par le jésuite François-Xavier en 1549. Mais le pays, particulièrement récalcitrant, commence par chasser les missionnaires une quarantaine d'années plus tard. Par peur et refus du colonialisme (voir les conquêtes espagnoles sud et centrale américaines), l'aventure a tourné court. Si des conversions se poursuivent pendant deux ou trois décennies, les japonais convertis sont persécutés, et les missionnaires occidentaux restés vont être torturés et même crucifiés. C'est notamment de cette malheureuse expérience qu'a grandi, au sein de l'église catholique, un débat entre les partisans d'une évangélisation dure, éradiquant les traditions religieuses locales, et une plus tolérante intégrant certains des rites autochtones.

C'est dans ce contexte qu'en 1700, alors même que l'église a quasi-renoncé à évangéliser le Japon, le jeune (32 ans) et aventureux prêtre sicilien Sidotti, qui avait tout pour évoluer sereinement avec les honneurs dans les ordres à Rome, va se donner la périlleuse (pour ne pas dire suicidaire) mission de gagner le Japon, où règne toujours le temps du sakoku : tout contact avec les étrangers, et en particulier les missionnaires chrétiens, est rigoureusement interdit ou contrôlé. Dans sa stratégie, Sidotti s'embarque d'abord pour les Philippines, terres plus accueillantes pour les évangélisateurs. De là, après trois ans d'un service très méritoire, il s'embarque soudainement pour le Japon, se jouant des réticences de la hiérarchie ecclésiastique romaine. Le 12 octobre 1708, vêtu en samouraï, il débarque furtivement, seul, sur la petite île de Yakushima, dans l'extrême-sud de l'archipel.
Si l'accueil des habitants n'est pas hostile, les autorités le repèrent très rapidement. Il va alors être interrogé par le conseiller du Shogun, le lettré confucéen Arai Hakuseki. L'entretien est courtois et intelligent, les protagonistes ont un intérêt réel à la découverte et à l'échange entre deux civilisations. Mais si Arai Hakuseki est enclin à une certaine clémence, le Shogun va décider de maintenir en prison Sidotti…qui ne renonce pas pour autant à sa mission divine, puisqu'il baptise deux geôliers. Cela ne tarde pas à se savoir, et ses conditions de détention sont durcies…jusqu'à ce qu'il succombe en 1714, à 47 ans, dans l'oubli total de l'église chrétienne qui ne s'est jamais préoccupée de son sort.

Bien qu'elle ne soit pas chrétienne, comme elle l'indique clairement, Tomoko Furui s'est passionnée pour cette forte personnalité et son tragique parcours de dernier missionnaire chrétien. Car il s'agit d'une histoire vraie. L'auteur ne s'écarte guère de la vérité historique, mais si le récit peut sembler un peu sec et froid de ce fait, cette recherche s'avère vite à mon sens une qualité, permettant un recentrage sur les faits. L'absence de parasitage d'éléments exagérément « romancés» rend le propos efficace et extrêmement instructif sur une histoire individuelle très méconnue, même si Shûsaku Endô, notamment dans Silence, avait traité le contexte du dramatique échec de l'évangélisation (même si certains, il en est une voix éminente, sont passés à travers les mailles du filet !). L'auteur tient à coup sûr son style de son métier de journaliste, comme sa ténacité à mener une enquête rigoureuse sur la base de sources documentaires assez rares. Elle met enfin l'accent sur la persistance étonnante dans cette petite île d'à peine 500 km² de la mémoire de Sidotti, dont témoigne le nombre important de petites églises.

Une excellente lecture, originale, qui cultive, et peut aisément plaire à des agnostiques comme moi, car il s'agit finalement ici plus d'aventure humaine et humaniste que de religion. Je remercie donc Babelio et les éditions Salvator pour cet envoi dans le cadre de Masse critique.
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Merci Babelio et aux maisons d'éditions pour permettre aux lecteurs de découvrir toujours plus de livres. En particulier aux éditions Salvator pour m'avoir envoyé ce livre.

C'est rare quand je lis une préface et je ne regrette pas de l'avoir fait. Ces quelques explications remettent dans le contexte du Japon au début du XVIIIème siècle.
L'histoire est bien présentée avec ce qu'il faut de détails, pas trop d'annotations qui pourrait rendre fastidieuse ou ennuyeuse la lecture. Agréable à lire, ce roman historique est basé sur Jean-Baptiste Sidotti mais il sert de marchepied pour l'Histoire du Japon. J'ai trouvé que c'était une belle façon de me familiariser avec cette époque sans être étouffé par les dates et noms.

L'histoire entre ces deux hommes est une belle leçon de d'ouverture et d'intelligence. Un missionnaire chrétien et un conseiller du shôgun, Arai Hakuseki piqué par sa soif de connaissances commence alors une discussion avec l'italien.
A partir du chapitre V « débarquement », l'auteure entre dans l'intrigue directe tout en gardant le ton posé du début. J'ai vraiment apprécié ce ton car avec les descriptions des paysages s'en dégage une atmosphère nippone apaisante.

Ce roman historique m'a plu, je n'ai pas l'habitude de lire ce genre mais j'ai été convaincu d'en lire d'autres.
Le Japon me passionne donc ce livre aussi, cela dit il vous plaira sûrement aussi même si vous n'y connaissez rien à son Histoire. Ce que vous avez besoin de savoir est écrit au début ou au fur et à mesure, le roman est avant tout sur cette magnifique rencontre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pour mener à terme de tels engagements, il fallait travailler avec ardeur et avec méthode. Quand Sidotti arriva à Nagasaki, les interprètes constituaient une équipe professionnelle à hiérarchie pyramidale composée d'environ cent employés. Parmi eux, il y avait un groupe d'une dizaine d'interprètes réguliers, divisés de la façon suivante : quatre interprètes majeurs (ôtsûji) à la tête du groupe, quatre interprètes mineurs (kotsûji) et quelques interprètes stagiaires. Et à un niveau inférieur à ce petit groupe, il y avait des interprètes occasionnels (naitsûji) qui assistaient leurs collègues en suivant leurs ordres dans les pratiques commerciales, payés à la commission. Entre les interprètes réguliers et occasionnels, la position sociale était nettement distincte. Chaque groupe appartenait à un système héréditaire et l'on disait qu'il était presque impossible à un interprète occasionnel d'accéder à une position régulière.
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François Xavier s'était arrêté au Japon pendant environ deux ans, à partir de 1549. Il fit l'éloge des Japonais, les décrivant comme "le peuple le plus excellent parmi tous les peuples avec lequel nous avons eu des échanges (...), un peuple très honnête, sociable et extrêmement ambitieux dans son désir d'acquérir de nouvelles connaissances". Il laissa à ses successeurs les avertissements suivants pour les missionnaires qui partaient pour le Japon : "Il ne suffit pas de brûler de passion. On a besoin de personnes préparées aussi intellectuellement et formées aux études rationnelles comme les sciences naturelles. Observez bien les personnes que vous envoyez au Japon. Les gens âgés sont physiquement faibles et ceux qui sont très jeunes n'ont pas suffisamment d'expérience, aussi ne devraient-ils pas être envoyés au Japon. Les personnes à envoyer devraient avoir de la force d'âme, une santé excellente et un physique vigoureux."
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La situation des bushi (guerriers) qui avaient perdu leurs postes de samouraïs après la défaite des feudataires qui avaient servi pendant la période Sengoku (période des États combattants) était plutôt critique. Le nombre des samouraïs et des fonctionnaires était limité et les postes héréditaires. Si l'on n'instituait pas de nouveaux postes, pour les bushi il n'y avait pas beaucoup d'opportunité de retrouver un emploi, une fois qu'ils étaient au chômage (les bushi sans patron s'appellent ronîn).
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Pendant la période Sakoku (c'est à dire de fermeture du pays) les commerces avec l'extérieur n'étaient permis qu'à Dejima, l'île artificielle construite dans la baie de Nagasaki, et Bônotsu devint une base pour la contrebande. Le han (domaine) de Satsuma, faisant semblant d'être fidèle au shogunat, permettait aux marchands de commercer librement, violant l'interdiction du gouvernement central. En pratique, c'était un secret de polichinelle.
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L'activité la plus profitable de l'époque était la production de planches de cryptomères. Les planches de bois tirées des cryptomères de Yakushima sont riches en résine et pourrissent difficilement; elles étaient utilisées pour payer le tribut annuel au feudataire de Satsuma à la place du riz. Chaque homme de plus de 15 ans devait s'acquitter de six tas de planches. Un tas était composé de cent planches de bois. Les planches de bois tirées des yakusugis (cryptomères) géants qui avaient plus de mille ans étaient traitées comme un bien de luxe pour construire les temples bouddhistes et shintoïstes et étaient exportées non seulement dans le reste du Japon mais dans les lointaines Chine et Corée.
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