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EAN : 9782752907943
189 pages
Phébus (22/08/2013)
3.17/5   9 notes
Résumé :
Dans les immenses solitudes de l'ouest américain, dans les déserts immobiles, dans les plaines et jusque dans le creux des ravines asséchées par le soleil, deux hommes se poursuivent mutuellement en une implacable chasse à l'homme. L'un est un fils d'armurier étrangement né de l'autre côté de l'Atlantique dans le quartier des Minimes à Toulouse. L'autre est un tueur répondant au surnom de Goodfellow, sorte d'alter ego fantomatique de sa proie. Qui chasse l'autre et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
1848 Jean SISTAC , âgé de 13ans, fils d'un armurier toulousain quitte avec ses parents le continent et donc son quartier des Minîmes pour le Nouveau Monde.
1858 SISTAC , devenu orphelin, égaré dans le Sonora, est pisté par un cavalier, un chasseur de primes : sa tête est mise à prix car il a fait sauter celle de trois soldats lors d'une beuverie dans un saloon…
S'ensuit les aventures rocambolesques de ce bandit pas comme les autres, herboriste à ses heures, initié aux maniements des armes par son père lequel lui a surtout inculqué un principe : surtout ne pas tirer ! La vie n'a pas de prix…

Armé jusqu'aux dents, un vrai arsenal ambulant, mais sans cartouches, Sistac mobilise tout son art et ses connaissances, acquises sur le terrain auprès d'indiens, de hors-la-loi et autres, pour déjouer Goodfellow, le chasseur de primes qu'il a sur les talons, ce dernier ayant lui aussi sa tête mise à prix…
Accompagné de son meilleur ami, Bernard, un superbe et rapide étalon nous suivons Jean E. Sistac dans son improbable et éprouvante fuite.
Patience, discrétion, rapidité suffiront-elles à Sistac pour sortir vivant de cette chasse à l'homme et des nombreuses épreuves qu'il doit endurer ?

Une très belle plume, poétique, imagée, saupoudrée d'humour.
Le récit haché, balisé à l'image de sa fuite, de son errance ponctuée d'étapes, entraîne le lecteur dans les souvenirs, l'imagination, les visions de son protagoniste et les réalités de l'instant.
Un récit si riche en informations qu'il pourrait presque devenir un petit guide de survie en milieu hostile !

Sistac Western, un western décalé prenant l'air parfois d'une errance en absurdie mais un western qui tient la route, oups la piste !
Une vraie plongée dans le Far West américain, grâce aux nombreuses références historiques de Charlie Galibert, agrémente le texte pour mieux en comprendre le contexte.
Une aventure dans une nature impitoyable à la beauté sauvage comparable dans la forme à un crotale qui se mord la queue.
Une vraie réussite .

Je vous invite donc à découvrir les aventures de cet attachant gamin toulousain devenu un cow-boy gorgé de nostalgie et qui pourrait chanter comme Lucky Luke « I'm a poor lonesome cowboy, and a long way from home … » . Car n'oubliez-pas que Jean E. Sistac vient de To loose…
Une lecture agréable, riche, et poétique


Je remercie encore une fois les Editions Anacharsis pour la variété et la qualité des textes qu'elles proposent.
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Dans le grand Ouest américain, Jean Sistac et Goodfellow se poursuivent sans relâche. le premier est un Toulousain qui a émigré en Amérique avec ses parents attirés par les promesses d'or de la Californie. On sait peu de choses sur le second, si ce n'est qu'il est tenace. « Sistac était un fuyard. Sur ses traces, il y avait un chasseur. Et qui venait pour lui. » (p. 10) Les deux sont chasseurs de primes, mais il ne fait pas bon exercer cette profession avec la nouvelle politique d'élimination qui les concerne. Comme dans un combat de titans, il ne peut en rester qu'un. Mais qui chasse l'autre ? « Peut-être avaient-ils tous deux également besoin d'un témoin de leur vie pour la vivre. Et peut-être aussi que la vie de Sistac ne commençait vraiment qu'avec cet autre : Goodbrother. » (p. 63) Car oui, Sistac renomme sans cesse son poursuivant qui est aussi sa proie : il devient Goodbrother, Badbrother, Goodfilou ou encore Snakebrother. Cette identité sans cesse retouchée confère à l'ennemi une dimension protéiforme presque surnaturelle. « Goodbrother le suivait toujours, comme une ombre décalée. Comme s'il avait été en croupe derrière Sistac. » (p. 106)

Il est question d'Indiens, de la guerre de Sécession, de soldats déserteurs, d'esclaves et de pénurie de munitions. Mais aussi de froid, de fièvre, de faim et de bêtes sauvages. « L'ennui, c'est que jamais un homme ne vit assez longtemps pour voir la couleur de ses rêves. » (p. 70) Dans l'immensité du désert et des espaces sauvages, la perte de repères n'est pas que géographique, elle est aussi mentale. Sistac est désorienté, obsédé par Goodfellow qui est à la fois son alter ego et son frère ennemi. « Fuir devant lui était encore le poursuivre. » (p. 106) La fuite reste la seule échappée possible, mais vers où ? le Mexique ou le Grand Nord ? Quoi qu'il en soit, le mouvement entraîne le mouvement, maintient en vie et affine les réflexes de survie. « On ne réfléchit jamais aussi bien qu'en fuyant au galop. » (p. 10)

Ce western est un très bon roman d'aventure et de course-poursuite, mais la fin est un peu décevante après la tension accumulée au fil des 110 premières pages. Sans doute faut-il poursuivre cette lecture avec L'autre qui évoque plus précisément la figure de Goodfellow dont l'ombre maudite plane sournoisement sur la marche effrénée de Sistac. « La chasse continuelle que lui donnait Goodfellow en lui laissait encore d'autre issue que la fuite. » (p. 31) Je garderai toutefois un bon souvenir de ce roman. Et, au cours de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de fredonner les premières notes de certaines musiques d'Ennio Morricone. Je vous mets au défi de ne pas entendre des airs d'harmonica en tournant les pages de ce roman !
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C'est l'histoire d'une poursuite. Dont les raisons ou la conclusion importent peu. Restent ses acteurs, son long et répétitif déroulement, l'hostile immensité au coeur de laquelle elle prend pied.

Pour avoir abattu trois soldats confédérés ivres qui lui cherchaient des noises, Jean Sistac a vu sa tête mise à prix, un prix plutôt flatteur de 5000 $. Depuis il est en fuite, avec son indispensable et fidèle compagnon Bernard, cheval qu'il a ainsi prénommé en souvenir d'un ami d'enfance, de l'époque où il vivait encore dans le quartier des Minimes, à Toulouse. Une époque reléguée à des années-lumière : cédant aux rêves de Nouveau Monde de la mère, sa famille a quitté sa France natale pour périr quelques mois plus tard sous une avalanche à quelques miles de l'Eldorado tant convoité. Seul Sistac, alors âgé de treize ans, a survécu.

Et le voilà, une décennie plus tard, pourchassé par une unité de cavalerie et surtout par Goodfellow, chasseur de primes faisant lui-même l'objet d'un avis de recherche mais réputé pour être tellement vicieux et dangereux que personne ne se risquerait à tenter sa capture. Sistac le surnomme Goodbrother, parce qu'à force de se suivre de longs mois durant, de vivre la similaire expérience d'une fuite perpétuelle, il s'est installé entre les deux hommes une sorte de complicité distante, liée à une connaissance intuitive mais profonde de l'autre, chasseur et chassé inversant parfois les rôles, brouillant ainsi jusqu'à leur propre perception d'eux-mêmes, comme s'ils ne devaient plus le sens de leur existence qu'à l'autre...

Leur progression, non linéaire, délimitée aux régions désertiques jouxtant la frontière mexicaine de l'extrême ouest des Etats-Unis, en acquiert une dimension erratique et infinie. Les repères temporels ont eux-mêmes tendance à se dissoudre dans les caprices d'un climat qui ne semble jamais clément, tantôt les écrasant de sa chaleur torride, tantôt leur faisant subir tempêtes de neige ou pluies diluviennes... le quotidien est rythmé par les pragmatiques impératifs de survie, que seule la possession d'une arme, d'un cheval, et la connaissance des ressources naturelles, rendent possible : trouver de la nourriture, un abri pour la nuit, se débarrasser des sangsues, éloigner les meutes de loups ou de chiens sauvages... D'improbables et brèves rencontres avec quelque vagabond égaient parfois cette austère routine.

Pour rendre la perpétuelle âpreté de cette poursuite, pour évoquer l'écrasante prédominance de la lumière, du ciel, de la poussière, Charlie Galibert a choisi une approche minimaliste. Constitué de courts paragraphes et de constants retours à la ligne, évoquant une chanson de geste ou un long poème sans rimes, "Sistac" ne manque pas d'un certain lyrisme, malgré la rusticité de son propos. Il est aussi riche d'un humour souvent noir, soulignant l'omniprésence d'une violence dont l'iniquité et la banalité réduisent à néant la valeur d'une vie humaine.

A lire !

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les carcasses pourries des bisons se sont lentement enfoncées dans la terre anéantie, et la plupart des os ont été recueillis par des affairistes du Nord, et vendus pour faire de la colle. On ne recolla pas les Indiens.
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À suivre

Trois jours déjà qu'il se savait poursuivi.
Ce n'était pas l'armée : hier, il avait aperçu un cavalier, seul, à environ deux heures de marche, dans l'immense plaine qui ondulait sous le vent.
Sistac avait multiplié les embûches et les empreintes trompeuses, mais des pièges avaient été éventés. Le cavalier devait être un redoutable pisteur pour ne pas avoir pedu sa trace depuis la veille.
Le soir, du haut du piton qui dominait l'étendue des prairies herbues, il constata que son suiveur était toujours là.
Et toujours à deux heures.
Cette persévérance commença de l'inquiéter.
Réglant sa longue-vue, il tenta de détailler le cavalier, mais celui-ci était trop loin.
De plus, il avançait en tenant son cheval dans les ombres.
Sistac était un fuyard.
Sur ses traces il y avait un chasseur.
Et qui venait pour lui.
Il fallait réfléchir.
Le mieux était encore d'entraîner l'homme vers un secteur qu'il connaissait comme sa poche. Il pourrait alors le perdre, ou le piéger.
Il examina rapidement le ciel pour prendre les vents et juger du temps qu'il allait faire.
Alors, quittant le Sonora, il fila droit vers la Gila.
On ne réfléchit jamais aussi bien qu'en fuyat au galop (p.11-12)
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Il arracha l'affiche et la roula consciencieusement après l'avoir longuement détaillée.
L'avis de recherche promettait 5000 $ pour la capture, "vivant uniquement", d'un "jeune homme entre vingt-cinq et trente ans, brun, yeux marron. Recherché pour triple meurtre à Vegas, Nevada. Dangereux."
Il se sentit grandi : l'avis portait cinq pieds dix pouces, il ne mesurait guère qu'un mètre soixante-quinze.
Il se ferait à sa nouvelle stature.
Comme il se ferait aussi à sa nouvelle valeur.
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Galop
Cette fois, il allait le piéger.
La veille, il l'avait promené toute la journée.
À la nuit, il avait allumé ce feu auprès duquel il n'était pas resté.
Il avait obligé Good à rester à distance.
Sa marche se terminait.
Il possédait désormais une grande nuit d'avance.
Lentement, à l'est, les ténèbres se muèrent en un gris pâle.
Des rais de lumières rouge jaillirent au-dessus des murs de la Femina Morta.
L'aube se leva, claire et brillante.
Du vent balayait la plaine, couchant l'herbe.
[...]
Cette nuit, il pourrait dormir, puis attendre Good-brother dès l'aurore.
Il remonta sur Bernard qu'il lança dans la plaine.
Le monde roulait sous les sabots du cheval au galop, dans un grand ronflement de vent.
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« Sistac était un fuyard. Sur ses traces, il y avait un chasseur. Et qui venait pour lui. » (p. 10)
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