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EAN : 9782889493609
144 pages
5 sens éditions (20/04/2022)
4.71/5   7 notes
Résumé :
Il faut beaucoup de force pour demeurer fragile.
C’est l’histoire d’un enfant lunaire perdu au milieu des enfants solaires.
Il est mutique mais parle aux fleurs.
Il est coupé du monde mais en ressent tous les tremblements.
Son coeur ne bat pas, il explose ou s’arrête.
Il ne vit pas au pays des autres.
Il est né différent.
Mais le monde n’aime pas la différence.
Dans son jardin secret, il pleut des crachats.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
On ne peut guère commenter un pareil texte fait d'émotions révélées, suggérées ou tacites et qui nous sont transmises. Les mots pour donner un « avis » semblent grossiers à côté d'une telle poésie. Je m'y autorise quand même pour dire ma découverte, mon enthousiasme, mon émotion devant cette délicatesse, mon éblouissement, dans chaque phrase, dans chaque mot accolé au suivant, dans chaque son que l'alliance de ces mots nous renvoie, évoquant l'enfance, « le temps d'avant les mots », puis d'après, d'une poésie subjuguante.

Un livre émerveillant! Chaque paragraphe, et même chacune des phrases livre et délivre une telle émotion qu'on a envie aussitôt de la relire et de la lire encore, de s'en souvenir. Jean-Christophe Galiègue "tourne" ses mots, les fait se répondre, s'enlacer, se distendre, se mettre en écho dans des assonances harmonieuses, pour ainsi rythmer ses courtes phrases qu'on aimerait presque couper pour en renvoyer à la ligne la seconde partie, ou la troisième parfois, de façon que physiquement elle ressemble à une poésie. C'est un « roman poésie ».

Et comment appeler ces phrases si particulières à votre style, Jean-Christophe Galiègue, à votre écriture, qui se suffisent à elles-mêmes et résument une émotion, un sentiment? Des phrases semées entre deux étoiles...

Et puis, sur la route difficile du narrateur enfant en but à la haine parce qu'il est différent, il y a tout à coup la sombreur de la page du dictionnaire qui lui donne ce mot, celui de sa différence, un mot qui ne sera jamais nommé, parce que trop cru parmi les autres de la liste, dévoyé, déplacé, honteux sans doute et qui seul dans la bouche des autres élèves de l'école, du collègue, du lycée ensuite leur donne, croient-ils, le droit (quel droit ?) de malmener, brutaliser, se moquer, harceler, rejeter et possiblement tuer. Tuer à cause de ce mot.

Heureusement il y a la nature qui sauve, qui est là dans ses plus petits brins d'herbe pour aider, pour faire voir autre chose que les murs de l'école, des murs qui enferment. Alors l'enfant s'adresse parfois directement à la nature, lui écrit des « lettres », de vraies lettres qui commencent par « Chère forêt », « Chers nuages », des lettres à la nuit, à la neige, aux fleurs sauvages, au brin d'herbe (mon préféré je crois).

Un livre inclassable en vérité, un hymne à la nature, à l'amour, à la tolérance, au droit à la différence, à la VIE, qui a reçu le Prix du Roman Gay 2022 dans la catégorie Roman poétique.

Tout cela est précieux et rare et donne le désir de mieux connaître l'auteur. Et on peut le connaître ! Il est accessible et vous répond avec la même sensibilité, les mêmes mots, la même délicatesse infinie que lorsqu'il écrit ses livres... Un auteur rare.

Et pour choisir donner un extrait, comme c'est difficile! Chaque paragraphe ou chacune des «lettres» pourrait être mon extrait préféré. Quel serait donc le vôtre ?

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J'éprouve une admiration immense pour les auteurs qui réussissent à trouver les mots pour parler du territoire d'enfance, exercice d'une extrême difficulté. Nombreux sont ceux qui s'y sont essayés, presque aussi nombreux sont ceux qui se sont noyés dans l'océan insondable qui sépare notre vie d'adulte de l'île d'enfance où nous vivions. Avec le temps, on oublie la magie, les fleurs qui parlent, la cour d'école qui devient océan, les châteaux qu'abritent les nuages. « La fin des cachettes sonne la fin de l'enfance ».
Dans ce livre, Jean-Christophe Galiègue a parcouru avec maestria cette traversée. J'ai retrouvé dans ces lignes la poésie fabuleuse de Bleumalt et d'Idelon qui ont également foulé de leurs yeux d'adulte le monde des jeunes années. Dans ce texte entre poésie et prose, l'auteur décrit tout en finesse la solitude d'un garçon qui se découvre différent. Sa différence, il en parle sans la nommer, il la contourne, la délinée d'images à la fois délicates et cruelles, et on ne peut qu'être profondément étreint, bouleversé par ces mots choisis si justement, avec l'évidence de l'enfant qui voit le sol en lave et les fleurs en robes gitanes. On frémit avec lui, on admire avec lui, et certaines pages nous donnent envie de le serrer dans nos bras, de lui dire que c'est pas censé être aussi dur, mais y croyons-nous seulement ?
J'ai lu ce texte magnifique d'une traite, et puis je l'ai relu, stylo à la main, pour ajouter à ma collection les phrases diamant qui m'avaient fait vaciller le coeur. C'est une oeuvre d'une rare poésie que je viens de ranger dans ma bibliothèque, après en avoir gardé dans les alcôves de ma poitrine le chant intime et universel, celui que l'on entonne pour soi-même lorsque le crépuscule vient nous murmurer que l'on est seul dans la foule.
Un véritable coup de coeur, un livre que je conseille mille fois, à tous les pissenlits qui se rêvent roses…
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Lorsque Jean-Christophe Galiègue m'a proposé de m'envoyer son livre "Un coeur indestructible", je n'ai pas hésité longtemps avant d'accepter. C'était l'occasion de découvrir un auteur que je ne connaissais pas, sinon à travers les réseaux. Et je n'avais pas davantage entendu parler de sa maison d'édition. Ce furent deux belles découvertes.

"Pensées", le nom de la collection dans lequel cet ouvrage est édité convient parfaitement à ce petit recueil de réflexions. C'est un petit garçon qui parlait, se parlait et parlait aux fleurs et aux nuages "Enfant, je restais longtemps à regarder le ciel par la fenêtre. J'admirais les nuages, leurs métamorphoses et leur lenteur royale, leurs alliances avec le vent et leurs défis au soleil." C'est un petit garçon qui était différent, timide et avait peur des autres, de leur regard. C'est un petit enfant qui, un jour repéra le nom de sa différence mais ne put jamais l'exprimer. Pourtant il sut trouver les mots qui la disait cette différence sans pour autant la nommer : "Aucun roman ni poème, ni tableau, ni film, ni musique ne semblait dépeindre ma différence. J'apprenais que des légendes unissaient Tristan et Iseut, Roméo et Juliette. Mais aucune n'unissait Roméo et Tristan, Juliette et Iseut."

Toute la délicatesse du récit se trouve dans ces deux phrases. L'auteur déroule une pelote de fil soyeux brodé de jolis mots légers, d'images poétiques, de paysages fantastiques. Les phrases courtes donnent au texte un rythme régulier tel un mantra que l'on réciterait. Difficile d'en arrêter la lecture tant les idées s'enchaînent, se mêlent, se rattrapent. Difficile, parfois, d'alléger son coeur, d'empêcher les larmes d'affluer, les yeux de se fermer. La beauté de ce texte réside dans la poésie, l'hymne à la tolérance, l'appel à la liberté, le baume de l'écriture, l'importance des livres et l'amour qui sauve.

"Un coeur indestructible" est une petite merveille de douceur et de finesse dans le monde de brutes que nous vivons actuellement. Et, si l'histoire tient de l'intime elle déborde vers l'universel. Une belle leçon de bienveillance.

Je remercie l'auteur pour cette très belle lecture.
Lien : https://memo-emoi.fr
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Son écriture dépouillée et profonde, outre sa valeur littéraire indéniable, porte un dire d'une infinie pudeur qui, n'excluant ni la netteté, ni le front haut, possède par là même un pouvoir d'émotion énorme. Ce petit garçon terrifié, qui fraternise avec les mauvaises herbes, s'invente une reine, ne sait pas pourquoi il est "autre" - ou veut l'ignorer par peur de l'abandon, par besoin de s'intégrer- bouleverse le lecteur en toute économie d'effets. Aucun pathos gluant, rien de complaisant ni de voyeur.
En supplément d'âme s'y trouve a à tout instant une poésie qui danse, et cette omniprésence, sans faire du livre une oeuvre poétique et seulement cela, car un livre uniquement fait de style ne se suffit pas, donne au récit un relief singulier. « Les jonquilles cueillies dans les forêts de mon enfance ne se fanent pas. Sur une place ensoleillée de ma mémoire, la fontaine d'or coule toujours.» A la neige : « En rêve, j'écris à l'encre blanche pour te revoir tomber » . Et la justesse, toujours, celle d'un grand observateur, ou plutôt bien au-delà du simple regard, les sens en éveil du contemplatif ; ces mots en témoignent, qui parleront à tous les lunaires : « L'enfant dans la lune répond « absent » à l'appel et dit « non merci » au monde ». A ceux qui écrivent : « Les visages, les jours, les étoiles filantes. Avec leurs poussières mélangées à mon sang qui se souvient, je fais de l'encre ». A ceux qui doutent, entre peur et envie : « La vie tombe en pluie. Mon âme ancienne craint l'orage, l'enfant en moi court dessous. »
Invictus, le beau poème de William Ernest Henley, dont les mots ont tant aidé Mandela à tenir dans sa prison, s'invite en écho.
Dans les ténèbres qui m'enserrent
Noires comme un puits où l'on se noie
Je remercie les dieux quels qu'ils soient
Pour mon âme invincible et fière
Car si l'histoire contée ici est douloureuse, l'espoir n'est pas absent : il se tient là, bien là, en fil rouge de tout le récit. Au-delà de la peur, du refus inconscient d'être soi, des railleries et du rejet (qui n'est jamais détaillé dans la forme : seuls apparaissent ses effets, dévastateurs, sur une sensibilité à fleur de peau et d'os, sur une différence qui ne sait pas encore se nommer), le lecteur sent toujours que quelque chose va bouger, que ce temps torturant va forcément, un jour où l'autre, s'éloigner. La pudeur, toujours elle, tenant lieu de boussole, on sait, en quelques phrases, que c'est chose faite. Car ce coeur indestructible n'est plus seul. Enfin.

Lien : https://www.joelle-petillot-..
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Je viens de terminer la lecture du livre. C'est le second livre que je lis de cet auteur-poète. Ses mots, ses phrases, me touchent profondément et m'évoquent des souvenirs de ma propre enfance que j'avais enfouis il y a bien bien longtemps. Voici un petit résumé de ce livre:
L'enfant n'est pas à son aise parmi les autres enfants à l'école, dans le monde en général. Il est différent, il se sent DIFFÉRENT. Cette différence qui l'inquiète tellement, n'existe plus au contact de la nature: il veut prendre le tronc du grand chêne dans ses bras, mais n'y arrive pas: il est trop petit. Il y arrivera, plus tard. Il aime la neige, les fleurs sauvages, les brins d'herbe, il aime les nuages. Il aimerait voler jusqu'aux nuages et s'y blottir, loin du monde, loin de tous. L'enfant a trouvé son refuge: l'écriture, mais surtout, la poésie. Il écrit à la neige, à la fleur sauvage, au brin d'herbe, aux nuages.

Bien plus tard, il comprend ce qu'est cette différence, et l'accepte.

C'est un livre rempli de belles phrases, de beaux mots qui font rêver.

« La poésie ne disparaîtra jamais ». « J'accroche mes mots aux étoiles filantes ».

J'ai noté beaucoup de phrases qui m'ont ému. Je ne peux pas les citer toutes. Lisez le livre et vous comprendrez.

Merci, Jean-Christophe, de votre sensibilité, de votre amour.



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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
J’étais réellement timide et je n’osais pas dire que j’étais timide. J’étais regardé et mon visage virait au rouge. Je devais parler et mon cœur cognait à se rompre. Je me rêvais invisible. Sur le chemin de l’école, je fis la découverte d’un monde souterrain et d’une autre nature. Sur les trottoirs déchirés et dans les murs fissurés, je découvris les herbes et les fleurs emprisonnées. Elles sortaient de nulle part, vivaient de presque rien, tout le monde les piétinait. Les vents cherchaient jour et nuit à les faucher. Elles ne semblaient pas souffrir et dansaient en robes gitanes. Le plus beau est peut-être caché, invisible, pensais-je. Je rapportais ma trouvaille à tout le monde. « Rien que des mauvaises herbes ! » Le plus beau doit rester caché, décidais-je. Personne n’admirait les pissenlits flambant dans la poussière, tout le monde rabaissait les trèfles à trois feuilles, je décidais de n’aimer qu’eux. Je m’éloignais des roses idolâtrées, je longeais les ruelles et les fossés, je cherchais partout les fleurs répudiées. Je cachais une bouteille d’eau et des tuteurs dans mon cartable. J’arrosais les brûlées du soleil, je soignais les blessées par le vent. Et je retrouvais la parole. Accroupi et dans les courants d’air, je leur parlais. Je les consolais du mépris et des crachats, je les rassurais de n’être plus abandonnées. Secrètement, je reliais la pauvreté et la splendeur, la beauté et le mépris. J’écartais les déchets et les mégots. Les mauvaises herbes rêvaient de prairies. Je rêvais d’un autre monde, d’une cinquième saison pour les bannis. Les trèfles à trois feuilles me porteront chance, me disais-je, solitaire et heureux.
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Arbre parmi les hommes, homme parmi les arbres, je sais maintenant pourquoi au moindre vent, tout mon être tremble.
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La solitude et l'écriture sont sœurs. Elles se tiennent la main pour ne pas tomber.
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