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EAN : 9782377317233
304 pages
Sarbacane (04/05/2022)
3.92/5   97 notes
Résumé :
Il a une douzaine d’années, et est surnommé « le drôle » par son clan une petite troupe de quatre mercenaires qui sévit sur ce monde d’îles flottantes. Gamin doux et
rêveur, il peine à trouver sa place sous les ordres et les taloches de Chef et Tanneur. Il y a bien Rody, son grand frère, mais il ne décroche pas un mot, ne lui accorde jamais un regard.
Le drôle, lui, aime par dessus tout chanter et composer des rimes, ce qui ne lui apporte que des ennui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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Il n'a que 12 ans, le Drôle du titre, et sa vie n'a pas grand-chose de drôle. Il fait partie d'une toute petite troupe de mercenaires comprenant son frère Rody, qui ne décroche pas un mot mais ne rate jamais une cible avec son arc, Tanneur, une espèce de brute épaisse pour lequel le moindre faux pas est prétexte à torgnoler le gosse, et Chef, qui comme l'indique son surnom, dirige et ordonne. le drôle, qui ne se souvient même pas de son vrai nom, est là pour les corvées : s'occuper du cheval (son seul ami en ce bas monde), faire la tambouille, ramasser du bois sec pour allumer le feu du bivouac...
Ce soir-là, ils ont quelques pièces à l'issue d'un contrat, et le chef décide de payer un repas et une nuit à l'auberge, pour une fois. Mais ça tournera vinaigre, et en fait de nuit au chaud, le drôle sortira de cette auberge avec du sang sur les mains, tout ça parce qu'il a eu la mauvaise idée de chanter pour accompagner le luth d'un barde local.
Au cours de la fuite qui s'ensuit, le clan va trouver momentanément refuge sur une des multiples îles qui composent ce monde étrange, et Chef va envoyer le gamin chercher du bois sec, alors qu'il pleut comme vache qui pisse. Et c'est en en ressortant d'une grotte où il a enfin trouvé quelques branches qu'une dragonne va littéralement tomber à ses pieds ! Mais elle n'arrive pas seule, poursuivie par des guerriers Pâles qui cherchent à s'emparer d'un trésor précieux qu'elle détient.
A partir de là vont s'enchaîner les péripéties, et une relation très particulière (et très touchante) va s'établir entre l'enfant et la créature fantastique.

Ce roman jeunesse peut être qualifié d'Héroïc Fantasy, on y trouve des guerriers, un monde imaginaire, une dragonne crachant le feu, tous les ingrédients du genre. Mais on ne peut le réduire à ça, sa particularité réside dans l'écriture très originale de Damien Galisson, membre et parolier du groupe de hardcore Tanen, pour les connaisseurs. C'est donc quelqu'un qui manie les mots et leur musicalité de façon habituelle, et on le ressent bien à la lecture du livre. Rédigé essentiellement en vers libres, un peu comme dans « Moon brothers » de Sarah Crossan, on y trouve aussi de nombreux passages déclinés comme une sorte de mélopée, quand le Drôle chante ou communique avec la Dragonne. Et là, les mots se font tendres et doux, contrastant avec la rudesse des échanges avec Tanneur ou Chef, parfois grossiers, souvent violents. J'ai beaucoup apprécié ces changements de registre, qui induisent comme des respirations dans la lecture. Graphiquement, le texte est également travaillé, la disposition varie selon les circonstances (par exemple la notion de chute va se matérialiser par des mots qui tombent littéralement l'un en-dessous de l'autre), et la typographie également. Les échanges entre l'enfant et la Dragonne sont retranscrits en italique, et disposés en lignes décalées, ce qui leur donne une tonalité toute particulière, on a envie de les déclamer à voix haute.

Le monde dans lequel évoluent les personnages est assez original également. Il est constitué d'îles situées à des niveaux différents, et dont certaines se déplacent selon un cycle saisonnier. Elles sont reliées par des passerelles plus ou moins solides, ou il faut emprunter des nefs maintenues en l'air par des ballons pour accéder à certaines. Pour se retrouver dans cette géographie mouvante, on utilise des cartes circulaires qu'on superpose pour faire correspondre les routes à la saison actuelle. Les champignons qui poussent dans les forêts sont parfois gigantesques, certains ont des propriétés redoutables. Et les protagonistes sont pour la plupart assez peu sympathiques, voire carrément haïssables. Exception faite du Drôle, bien sûr, qui est une belle âme, et d'un cuistot qu'on croisera dans le camp des Pâles. Et puis il y a Rody, aussi, dont le silence cache peut-être autre chose que de l'indifférence...
Un mot encore concernant la couverture, que je trouve particulièrement réussie, ainsi que les dessins illustrant les têtes de chapitres. On en dénombre quatre différents, et chacun va donner une indication sur la nature du chapitre : déplacements du clan, chapitres centrés sur les actions du Drôle, interactions avec les Pâles, et chapitres axés sur la Dragonne. Je n'y avais pas fait attention au début, puis j'ai pris la peine de mieux les regarder, et j'ai apprécié l'idée.

Je ne lis pas souvent de roman fantasy, que ce soit en jeunesse ou en adulte, mais celui-ci m'a séduit par son message positif malgré le contexte belliqueux, et par son narrateur courageux et attachant. Cette lecture s'inscrivait dans le cadre du comité de lecture « ado » dont je fais partie depuis quelques années, et grâce auquel j'ai découvert quelques pépites ! Une lecture que je recommande à partir de 13 ans environ.
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C'est l'histoire d'un drôle,
Jeune garçon sans nom,
Embarqué dans un groupe,
Un peu contre son gré.
Avec Rody son frère,
Archer aux doigts de fée.
Et Tanneur, une brute,
Aux grosses mains qui frappent.
Et Chef, dont le sourire,
Est promesse de mort.

J'arrête là avec mes vers de mirliton. Ce début juste pour évoquer de la façon dont ce texte est écrit. Mais j'y reviendrai plus tard. Auparavant, l'histoire, un peu quand même. le drôle, dont on n'apprendra le vrai nom que plus tard, au détour d'un retour en arrière, doit suivre le groupe dans lequel son frère est engagé. On ne l'a pas choisi. Il n'a pas choisi. Il est là. Et puis voilà. Il doit subir les moqueries déplaisantes, les regards torves et, surtout, les coups violents qui tombent sur son visage à la moindre bêtise, à la moindre faiblesse. Pas évident quand on a une douzaine d'années de vivre dans ces conditions. D'espérer en un lendemain rieur. En un lendemain, tout court. Et le quotidien, outre les brimades, est fait de violences. Car Chef et Tanneur s'entendent bien pour rechercher la bagarre, les contrats de mercenaires. Et ils n'hésitent pas à sortir les lames à la moindre contrariété. Des brutes épaisses et sans pitié ! Alors quand le drôle se met à chanter, cela ne passe pas. Mais alors là, pas du tout.

Tout bascule un jour de déprime. le groupe est en fuite après un massacre. Il lui faut se cacher hors des sentiers battus. Sur une ile peu explorée. Ah ! Profitons en pour parler de ce monde : composé d'iles flottant non dans l'eau mais dans le vide. Elles sont reliées entre elles par des ponts ou des poutres ; certaines par des bacs, longues barges portées par des ballons. Certaines sont comme des impasses. Pour s'y retrouver, une carte. Mais pas une carte classique. Car, il faut savoir que certaines iles bougent. Elles se déplacent les unes par rapport aux autres. Selon certaines règles. D'où les cartes qui pivotent l'une sur l'autre selon la saison. Quelle bonne idée ! Cela ajoute au charme venimeux de l'endroit. À cette sensation de se perdre en permanence.
Mais revenons à la rencontre. Parti chercher du bois sec sous une pluie insistante, le drôle fouille partout. S'il échoue, les claques voleront. Et lui avec. Donc, il cherche avec énergie. Et finit par tomber sur une grotte. Et dans cette grotte… un dragon. Ou plutôt une dragonne. Comment le sait-il ? Eh bien, grâce au chant. Car il parvient à communiquer avec elle par le chant.

Damien Galisson, nous apprend la notice biographique, est depuis longtemps parolier d'un groupe musical de métal, assez sombre. D'où, sans doute, ce goût du rythme et de la musicalité des textes. D'où, sans doute, ce roman en partie écrit en vers, pas nécessairement sentencieux ou emberlificotés comme on peut le voir parfois. Ici, le vers est au service de la narration. Il est clair et accessible, même si certains mots sont plus recherchés que d'autres. Il n'est pas sacré, ni au-dessus des contingences matérielles de base :
« Lapidaire, il profère :
- Vous me faites chier.
Silence.
- Montez le camp. Pas De feu »
Trivialité et quotidiens sont présents dans ces lignes. Pour un effet maximal. Car ce parti pris, loin d'alourdir ou de ralentir la lecture la rend plus claire, plus lumineuse, plus immersive. J'ai eu tendance, devant certaines pages, à lire à voix haute des passages, sentant le balancement des mots, des phrases. J'ai senti le mouvement des personnages, des émotions à travers celui des syllabes. Plus encore que dans un texte uniquement en prose. Alors attention, le roman n'est pas entièrement en vers. Loin de là. Mais des moments se transforment en petits poèmes, en courts refrains. Certains mots se dessinent dans l'espace, comme lorsque le personnage tombe et que les lettres miment cette chute sur la plage. Ce procédé n'est pas nouveau, assez présent dans toute une série de livres pour la jeunesse. Mais ici, ce n'est pas un gadget destiné à rendre les pages plus attractives visuellement. C'est un choix qui a des conséquences sur le sens et la mise en place de l'ambiance. Cela ajoute à l'histoire, la rend plus sensible au lecteur. En tout cas, moi, cela m'a porté tout au long d'un récit déjà prenant en lui-même.

Car La Dragonne et le drôle raconte une histoire qui ne peut laisser froid : on est vite happé par la vie de ce jeune garçon, pas nécessairement originale dans son contenu, mais si bien racontée, si bien exprimée, avec tellement de petites touches qui la rendent réelle, présente, à portée de main. Damien Galisson a le sens des mots, sans hésitation. Et il l'a utilisé avec talent dans l'écriture de ce beau récit, dont les airs et les mélodies flottent encore après la fermeture de la dernière page.
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Ils sont quatre.
Chef, d'abord, qui dirige la bande, impose ses décisions, fais ses petits calculs et signe les contrats.
Tanneur, ensuite, guerrier redoutable et compagnon violent, aussi impitoyable que retors.
Rody, enfin, l'archer émérite que personne n'égale.
Mais aurions-nous oublié notre narrateur et dernier membre de cette compagnie ?
Le Drôle.
Jeune homme d'une douzaine d'année, plus chanteur que bretteur, frère de Rody le taciturne, souffre-douleur de Tanneur le cruel.
C'est avec lui que l'on entre dans l'auberge et que l'on en ressort différent, après le premier sang, après le massacre. Une initiation comme un traumatisme, un traumatisme comme une révélation.
C'est ainsi que débute le premier roman du français Damien Galisson chez Sarbacane. Avec des mercenaires et la mort, avec des soldats et un gamin qui lui, préfère chanter.

Comprendre l'autre
L'aventure, pourtant, ne s'arrête pas là. C'est même tout le contraire.
Après son « baptême » du feu, le drôle doit composer avec ses remords et sa culpabilité. Croisant la route des Pâles, peuple belliqueux qui contrôle cette partie du monde, notre jeune héros va surtout tomber par hasard sur une créature de légende : un dragon. Ou devrions-nous plutôt dire une dragonne.
Point de grand combat épique ou de domptage à la Game of Thrones ici mais une rencontre qui renvoie à celle du Dragons de Dreamworks, avec la même grâce et la même beauté, avec cette volonté de faire du dragon un animal sensible et amical au lieu d'une bête féroce prête à servir d'arme ultime. Damien Galisson accompagne son héros avec tendresse et sensibilité au sein d'un monde fantasy qu'il esquisse par petites touches.
Un univers fait d'îles flottantes dans les cieux reliées par des ponts et de royaumes en guerre dont les troupes arpentent le ciel à bord d'immenses aéronefs.
Et c'est à peine si nous en saurons davantage, tant le mystère ici ne concerne pas aux conflits…mais les hommes.
Prenant à rebrousse-poil le lecteur, voilà que les guerriers de l'histoire sont relégués au second plan et que c'est le plus petit, le plus fragile et le plus touchant d'entre eux qui s'empare de la scène.
Le drôle est un personnage de toute beauté qui fouille dans les blessures de son passé et surtout dans sa relation difficile avec son grand-frère Rody, une relation faite de tellement de non-dits qu'on les dirait maudits.
Le lecteur retrouvera cette sensibilité dans la relation que tisse le drôle avec la dragonne, au-delà des écailles et des langues de feu pour entendre le coeur de l'animal battre et la vie à naître. Damien Galisson se concentre sur l'intime et la façon dont on a d'aimer un frère, une mère, un compagnon d'arme, un cuisinier… et les faux-pas, les blessures, les joies qui en découlent.
Mais ce n'est pas tout…

La musique des mots
Car pour faire vivre cette aventure pleine d'humanité et de sensibilité, pour inviter la tristesse et la perte au coeur de l'histoire, pour renouer les liens et se comprendre alors que tout nous sépare, Damien Galisson va utiliser à plein régime la disposition du texte.
Non seulement pour indiquer aux lecteurs ce qu'il se passe dans le récit, faisant tomber un mot sur la page quand un personnage tombe, mais aussi pour faire correspondre le fond et la forme.
Nous voici devant l'aventure d'un personnage épris de mots, de vers et de musique, qui nous parle de la même façon qu'il voudrait chanter.
L'écriture de la Dragonne et la Drôle est musique. C'est pour cela que la disposition s'avère aussi importante puisqu'elle vous donne le rythme de lecture, elle vous distille la petite chanson à avoir en tête lorsque vous suivez les tribulations du drôle.
Tout cela ne serait rien, ou peu de choses, si Damien Galisson n'avait pas un style magnifique, aussi doux que poétique. C'est là ce qui impose le roman comme bien supérieur à d'autres du même genre, cette envie de travailler la phrase et de lui donner un souffle propre, de ne pas négliger le style sur l'autel d'une jeunesse supposée incapable de l'apprécier.
Ici, la beauté des mots contrebalance souvent la cruauté des évènements qui se déroulent sous nos yeux, contournant les séparations et les disparitions causées par la guerre.
Si La Dragonne et le Drôle est une ode à la paix, c'est aussi une déclaration d'amour quant à la puissance des mots et des faibles, ces faibles qui préfèrent chanter plutôt que guerroyer, aimer plutôt que détester.

Par sa beauté renversante, le roman de Damien Galisson joue contre les attentes. Prenant une troupe de mercenaires pour en suivre le membre le plus sensible, amenant une dragonne pour lui refuser la guerre et profitant des mots pour nous dire l'intime. La Dragonne et le drôle est un merveilleux premier roman, une vraie réussite de la première à la dernière page, un régal.
Lien : https://justaword.fr/la-drag..
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Je tiens à remercier l'ensemble des intervenants de l'opération MASSE CRITIQUE BABELIO, grâce à laquelle j'ai pu découvrir La Dragonne et le Drôle de Damien Galisson.

A réception du livre, je suis soufflée par la beauté de la couverture et la qualité des dessins en début de chapitres. Je suis également intriguée par le mélange des codes que nous propose l'auteur avec un roman mêlant IMAGINAIRE et POESIE en vers libres.


1) le contexte

Jeunes orphelins, le Drôle et son frère Rody, ont rejoints, pour leur survie, Chef et Tanneur. A eux quatre, ils forment un clan de mercenaires, qui sillonnent les chemins en quête d'argent facile.
Loin d'être dans son élément aux cotés de ces guerriers opportunistes et avinés ; le Drôle souffre de chercher constamment l'attention d'un frère que la mort de leurs parents a rendu muet. La violence le répugne, il préfère cultiver son talent pour le chant et la poésie.
Hélas, cela n'est pas du goût de Chef et Tanneur. Sans cesse rabroué et rabaissé, il est perçu comme le boulet du groupe à qui sont confiées les tâches ingrates.


2) le Drôle

« Le Drôle », « le gamin »... voilà comment notre personnage est appelé, interpelé, réprimandé, par son clan de fortune ; sous les yeux - et dans le silence - de son frère Rody.
Ballotté par les accidents de la vie, au début du roman, il subit son sort, ses choix étant uniquement dictés par l'impératif de survie de son frère et lui.

Cet harcèlement constant a ruiné l'estime de lui-même, et il finit même par réfréner sa passion pour le chant.

« - Au pire on vend le bourrin, ricane Tanneur.
C'est une vieille blague entre eux,
quand les bourses sont vides.
Je n'aime pas cette blague,
j'ai très peur qu'ils le vendent.
Ils pourraient aussi dire :
«  Au pire, on vend le gamin », parce que
à part nourrir le cheval
qui sait se nourri seul
je
ne
sers
à
rien. » (page 33)



Extrêmement seul, il cherche désespérément l'attention de son frère, de la reconnaissance, de l'amour – en vain.
Les points de rupture avec le groupe vont se succéder


3) L'ode au merveilleux et l'invitation aux rêves




4) L'humour au rendez-vous

La quatrième de couverture laisse entendre un roman léger et bourré d'humour. Promesse tenue, l'auteur utilisant de nombreux ressorts pour donner ce ton humoristique au récit :

- L'absurde et le comique de situation

A titre d'illustration, le Drôle se voit confier par Chef et Tanneur une mission des plus absurdes :


- La parodie des stéréotypes 

L'auteur n'hésite pas à jouer avec les stéréotypes, notamment celui de Chef – qui, comme son nom l'indique, a toujours raison. Ou encore avec l'égo des personnages :

«  Et il n'est pas QUESTION
de faire demi tour
de le suggérer
de commenter
Alors qu'on sait TOUS
qu'on est perdu
qu'on s'empêtre
qu'on s'entête
à s'enfarger
dans les cent mille ronces et fardoches qui s'accrochent à nos frocs. » (page 36)

- La fracture entre le ton léger, et les situations dramatiques

L'auteur utilise également la dichotomie entre le ton du livre, léger et drôle, et les péripéties d'ordre dramatiques que rencontre le personnage principal. Ainsi le Drôle se retrouve-t-il, seul, confronté à une flotte d'aéronefs de guerre.

- le ton des personnages

Les dialogues sont très présents, le plus souvent avec un langage familier. L'auteur n'hésite pas à utiliser le flegme des personnages.

«- T'es con le Drôle,
c'est qu'un oeuf. » (page 281)

- de même que le comique de répétition :


- le burlesque

A titre d'exemple, le monde imaginaire est constitué d'une multitudes d'Îles aux noms ésotériques, allant de « Jachères » à « Cases ». Ces Îles bougent en fonction des saisons.


5) L'importance donnée à la forme

Il est bien rare de lire un roman dans lequel la priorité est donnée à la forme plutôt qu'au fond. C'est le pari original tenu par Damien Galisson avec La Dragonne et le Drôle.

L'intrigue en elle même, est assez simple :
Cela n'entache en rien la qualité du récit, savamment rythmé, et aide même à conférer le ton léger nécessaire à ce roman humoristique.

L'attention est davantage portée sur la manière dont l'histoire est contée : En vers libre, Damien Galisson joue avec les mots et parvient à transmettre le plaisir que lui procure cet exercice.

Ainsi, le roman est ponctué de figures de style, dont les exemples ci-dessous ne prétendent pas à l'exhaustivité :

- Des allitérations et des assonances, en veux-tu en voilà

« Par contre j'tai pas dit, mais dans la cabine, j'me suis rendu compte que tu cocottes sévère. Tu l'prends pas mal, mais servir de la bouffe alors que tu fouettes comme une malle-arrière mal aérée, c'est pas joli. » (page 171)


« Je fuis,
fais feu,
devant ces vaisseaux fous. » (page 226)

- Pléthores d'anaphores

A titre d'exemple, l'anaphore du pronom « je » page 185, accentuant les ressentis du personnage lors de son partage sensoriel avec la Dragonne.

Ou encore :
« Il s'est protégé. Par un silence d'absent.
Absent à son frère,
absent à lui-même,
absent à la colère. » (page 219)

- Répétitions et Anadiplose

« La besace pleine de poison me bat à la hanche à chaque pas que je fais, bat comme le tambour,
le tambour que l'on donne, avant que le bourreau applique la sentence. » (page 199)

« A brigander, de-ci de-là.
Louant leurs lames aux plus offrant.
Offrant la mort aux moins chanceux.
Cherchant la guerre, car ça paie mieux. » (page 30)

- Rimes

« Il est devenu ce mercenaire imperturbable, cet archer imparable, le guerrier indispensable, seul capable de protéger son frère. » (page 219)

- Césure

« Je veux tant qu'elle le sache, qu'ils sont là, qu'ils sont fous. » (page 184 )

- Afin d'accentuer l'effet produit par ces figures de style, l'auteur joue également avec la mise en page de ses paragraphes, n'hésitant pas à modifier l'alignement du texte.

« Les voici :
bleus
toxiques
soporifiques

dangereux. » (page 199)


Il est très agréable de redécouvrir
le plaisir
d'une lecture dans laquelle chaque mot du récit
est soigneusement choisi.

En conclusion,
pari relevé pour Damien Galisson
qui offre une lecture drôle, pétillante,
poétique, rafraichissante.
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Je n'ai jamais vraiment été Drôle, plutôt « Gamin, reviens c'était pour rire ». Et même si dans mon Midi natal, le dròlle était doux à l'oreille, c'est mainat que j'ai entendu chanter le plus souvent.

L'imaginaire en vers libres de Damien Galisson nous amène à parcourir des îles balayées par des Contrevents qui ne sont pas sans rappeler celles peuplées de dragons de Terremer. A la différence que celles-ci flottent et se déplacent au gré des saisons des vents. Cet univers de fantasy (médiévale) sans véritable nom, cartographié de ponctuations et d'idéogrammes, est un chant empreint de l'esthétique et de la poésie d'Ursula K. Le Guin et de Hayao Miyasaki. La Dragonne et le Drôle est une partition dont la musicalité et la rythmique des mots sont marquées par une typographie travaillée. Un art de la mise en page, rappelant la créativité d'Alain Damasio, subtilement exploité par l'auteur, parolier d'un groupe de Métal, Tanen.

Haut comme trois pommes, le Drôle sans nom apprend la guerre, la rapine et la démerde à coup de taloches au sein de ce qu'on ne peut ni appeler une Horde ni une troupe : trois hommes, mercenaires de surcroît, et un drôle, bon à rien. Mais un drôle de rossignol dont l'innocence est sa cuirasse, le chant, son audace. Il saura donner de la voix pour La Dragonne qui a su lire son âme et entendre la mélodie de grâce qui court dans ses veines.

La Dragonne et le Drôle est un air qui touche ceux qui, là-haut dans le ciel, voient des fréoles à ballons, bouillons de culture de champignons, et des dragons. Vous avez raison M. Galisson, les dragons existent. Continuez d'écrire des chansons, les drôles ça ne restent pas p'tits. Je parcourrais encore vos îles ponctuées par les vents à dos de dragons, Russian Circles et Hania Rani pleins les oreilles. Je retrouverai bien Chef, Tanneur, Rody et le Drôle devenu grand.
Merci aux éditions Sarbacane (et à Babelio) pour ce doux et court envol à la découverte de ces curieuses terres de ciel.
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critiques presse (1)
Ricochet
12 octobre 2022
L’originalité voire le génie de ce roman, c’est d’atteindre, par des moyens narratifs variés chaque lecteur, et de provoquer chez chacun d’entre eux des émotions universelles en donnant lieu à un écrit inclassable.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Un soldat, en contrebas, commence à dire les noms
des hommes,
et puis des femmes,
qui sont morts cette nuit.
[...]
La brume s'espace, je vois mieux.
Les corps
entourés d'un linge blanc,
reliés à une baudruche
sont poussés dans le vide,
et doucement
s'élèvent.
C'est comme ça que l'on fait, sur les îles d'où je viens.
Commenter  J’apprécie          70
La guerrière fait la moue, mi-sourire, mi-grimace, elle a parié ma vie plutôt que celle de ses hommes. Je le sais. Elle sait que je le sais. Elle s'en fout.
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Ces gens-là ne pillent pas,
n'enlèvent pas,
ne trucident jamais.
Ils prélèvent l'impôt.
Requisitionnent les hommes.
Défendent le peuple.
A se demander quel mot ils emploient quand ils vont chier.
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Depuis que la pupille brûlante de la dragonne a visé ma rétine, je suis comme marqué. Un fer de braise rouge s’est posé sur ma peau. Mon cœur en est à vif. À croire qu’on me l’arrache.
Commenter  J’apprécie          30
À brigander, de-ci de-là.
Louant leurs lames au plus offrant.
Offrant la mort aux moins chanceux.
Cherchant la guerre, car ça paie mieux.
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