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3,86

sur 1772 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le narrateur se lance, 27 ans après les faits, sur les traces de son vieil ami, Santiago Nasar, éventré comme un cochon par les frères Vicario. La cause : une histoire d'honneur dont nous ne connaîtrons pas réellement le fin mot. Il va s'appliquer, au fil de l'ouvrage, à reconstituer les faits à travers les témoignages des gens de l'époque.
Ce petit roman est absolument remarquable. Il revêt des allures de tragédie grecque transposé dans un espace géographique complètement différent, aux accents et aux saveurs très puissants, celui de l'Amérique du Sud.
On connaît dès le début le dénouement de l'histoire. Santiago Nasar va mourir, tout le monde le sait sauf lui et sa pauvre mère.
Ce n'est pas un secret. Ce qui est captivant c'est la manière dont tout ceci est arrivé. Comment tous ceux qui auraient pu faire quelque chose pour empêcher ce crime, tous ceux qui ont fait quelque chose pour l'empêcher, n'y sont pas parvenu. Pourquoi ? le narrateur exhume les rumeurs, les commérages, les non-dits des habitants de ce petit village de Colombie où s'est déroulée la tragédie.
Ce n'est pas un roman à suspense mais une mise à nu des ressorts qui animent les témoins de l'acte fatal, de leur manière de penser. de l'enchaînement inéluctable dont ils sont prisonniers malgré eux.
Avec humour, dans une langue truculente, Marquez provoque chez le lecteur des émotions littéraires incroyablement fortes avec finalement bien peu de matière. Génial.
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Il y a quelque chose d'immédiatement jouissif dans l'écriture de Garcia Marquez, qui pose d'emblée un univers baroque et immersif, et est animée d'un mouvement propre à altérer le rythme interne de son lecteur, que l'auteur semble venir prendre par la main en lui disant : "Viens, assieds-toi là, je vais te raconter une histoire, et cette histoire je vais te la faire à l'envers."
Et c'est bien à l'envers qu'elle débute cette chronique, avec une mort annoncée dès la première ligne mais à peine a-t-on commencé à remonter le fil des événements qui vont conduire à l'assassinat de Santiago Nasar que les repères temporels se brouillent et se bousculent, la plume de l'ami Gaby virevoltant de personnages en témoins et de points de vue en contrepoints, jusqu'à la saisissante sanglante scène finale.
Grand plaisir de retrouver après « Cent ans de solitude » le bouillonnement unique de sensations que procure cet auteur singulier entre tous !
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Dans un petit village des Caraïbes, les habitants s'endorment enfin après la grande fête donnée à l'occasion du mariage de Bayardo San Roman et d'Angela Vicario.

Mais à deux heures du matin, le jeune marié ramène tout d'un coup Angela à la maison de ses parents. Il la répudie car elle a menti sur sa virginité au moment du mariage.

Quand les jumeaux Pedro et Pablo Vicario, les frères d'Angela, rentrent à la maison, ils décident de venger l'honneur familial en tuant Santiago Nasar, celui qui, d'après leur soeur, est responsable de sa répudiation.


Crónica de una muerte anunciada est un récit d'une force surprenante malgré sa brièveté. Quelle puissance dans les termes utilisés, quel suspense ressenti grâce au coup de génie de l'auteur : commencer par la fin, c'est-à-dire la mort de Nasar, avant de nous expliquer les faits ayant mené à ce désastre.

C'est par le biais d'un narrateur qui semble enquêter a posteriori sur la mort de Nasar que García Márquez nous explique les faits. Minute par minute, la situation est analysée en profondeur et les différentes implications et raisons de l'assassinat commis par les frères Vicario se dévoilent petit à petit.

Désir de vengeance, bien entendu. Mais pas seulement. Obligation, pour deux jeunes hommes, de blanchir l'honneur familial en faisant couler le sang d'un homme dont la culpabilité n'est pourtant pas établie avec certitude. Alors qu'en fait, ni Pablo ni Pedro ne semble ravi de commettre cet acte irréparable. Au fur et à mesure de l'explication des faits par le narrateur, on se rend compte que, si les jumeaux racontent à tout le monde ce qu'ils s'apprêtent à faire, c'est parce qu'ils espèrent être arrêtés avant les faits. Ils souhaitent que quelqu'un, n'importe qui, même une femme, les empêchent de tuer Nasar. Ou, tout au moins, qu'on prévienne leur future victime, afin que Nasar se mette à l'abri ou soit en mesure de se défendre.

Les frères Vicario ne sont pas des assassins, ce sont les us et coutumes de leur société qui ont véritablement tué Nasar. de manière indirecte, mais aussi sûrement que les couteaux utilisés par les jumeaux. Si la virginité d'une femme avant le mariage n'était pas aussi importante dans ce petit village reculé des Caraïbes, si Angela n'avait pas menti sur l'identité du responsable, si elle avait avoué à son futur mari qu'elle n'était pas vierge, si quelqu'un avait prévenu Nasar, si celui-ci avait fait la grasse matinée au lieu de se lever tôt pour apercevoir le bateau de l'évêque passer sur le fleuve derrière le village... Ce sont tous ces éléments très divers et apparemment sans aucun lien entre eux qui mènent Nasar à sa perte.

Et le pire, dans tout cela, c'est que la quatrième de couverture nous apprend que c'est un événement réel similaire qui a inspiré cette nouvelle (vu le peu de pages, je pense que c'est le terme le plus approprié) à García Márquez :

" Acaso sea Crónica de una muerte anunciada la obra más «realista» de Gabriel García Márquez, pues se basa en un hecho histórico acontecido en la tierra natal de escritor. "

(" Cronica de una muerte anunciada est sans doute l'oeuvre la plus " réaliste " de Gabriel Garcia Marquez, puisqu'elle se base sur un fait historique qui s'est déroulé dans le pays natal de l'écrivain. ")

On a d'ailleurs plus d'une fois l'impression que, lorsque le narrateur parle, c'est en fait García Márquez qui s'exprime à travers lui. L'auteur aurait-il lui-même enquêté sur ce fait divers qui l'a marqué au point de lui inspirer une histoire ? Mystère.

Toutefois, malgré ce réalisme, la part de " magie ", typique du de l'auteur, ne manque pas. Ainsi, le village décrit ici rappelle Macondo, cette bourgade imaginaire, décor des Cent ans de solitude de García Márquez. Et pour être sûr que son récit marque les esprits, l'auteur n'hésite pas à faire marcher et parler un Santiago Nasar agonisant qui, tout en retenant les entrailles qui tombent hors de son ventre, parvient à rentrer chez lui en faisant le tour de la maison (les frères Vicario l'ont tué alors que Nasar essayait de rentrer chez lui par la porte de devant, fermée à clé) à crier à une voisine : " Ils m'ont tué ".
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Tout a déjà été dit : petit roman aussi court qu'exceptionnel, nouvelle où les sentiments et l'inéluctable sont parfaitement représentés, ...

C'est un petit bijou que nous a offert là Garcia Marquez !

Lisez-le si comme moi vous étiez passé à côté. Cela en vaut vraiment la peine !
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Nous avons affaire avec Chronique d'une Mort Annoncée à un roman court… mais exceptionnel ! Quel rythme, quelle puissance, quelle magie, quelle efficacité !... Vraiment, Garcia Marquez, sans abandonner une peinture toujours juste, humainement et socialement du monde, sait pourtant le réenchanter. Quel livre ! Quel brio ! Quel tourbillon d'idées et de pensées !... Et puis, il y a l'écriture, l'écriture tellement évocatrice de Garcia Marquez. Et n'oublions pas l'atmosphère sud-américaine qu'on ressent dans tous les textes de l'écrivain…
Un bref roman doté d'une puissante magie.
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Une oeuvre courte et saisissante dans laquelle García Marquez laisse entrevoir tout son talent.
Ici, pas de suspens. On sait que le personnage principal va mourir pour une sombre histoire de vendetta. Il s'agit davantage de donner à voir l'inéluctabilité du destin et la tentative désespérée et vaine de l'homme d'y échapper.
Le lecteur se retrouve lui aussi pris dans un étau qui se resserre, et se resserre, et se resserre.
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Les frères Vicario ont décidé de tuer Santiago Nasar pour laver l'honneur de leur soeur. En effet, celle-ci répudiée par son mari, lors de sa nuit de noces, leur avoue qu'elle a perdu sa virginité par la faute de Santiago Nasar. Tout le village est au courant de la décision des deux frères sauf l'intéressé. Il sera assassiné devant sa porte.
Très bien écrit, j'ai eu l'impression d'être plongée dans une enquête réelle. Au début, je me demandais un peu comment l'histoire allait se dérouler (vu que l'on commence par la mort de Nasar et donc par la "fin" de l'histoire) mais très vite on est plongé dans l'enquête du narrateur et les événements s'enchaînent d'eux-mêmes.

Challenge 15 Nobel : 2/15
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L'ami qui m'a prêté ce livre avait annoté en page de garde : "Formidable, fantastique. Les adjectifs me manquent pour cette nouvelle hors du commun".
J'y ai ajouté : "D'accord avec toi. Les mots me manquent aussi. Finalement, il aura fallu pas moins que Gabriel Garcia Marquez pour nous faire taire !".
Ce livre est excellent. L'atmosphère, les sentiments, l'inéluctable y sont parfaitement décrits. Durant tout le récit "on y est".
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Voilà un roman court et puissant !

Santiago Nasar est assassiné juste devant sa porte. Les assassins ont clamé sur les toits à qui voulait l'entendre qu'ils allaient le tuer. Et personne, PERSONNE n'a levé le petit doigt, alors que la vie du jeune homme aurait pu être épargnée à de multiples occasions, ses meurtriers n'étant pas de fait des plus motivés et semblant chercher prétextes et excuses pour ne pas avoir à accomplir cette besogne....

Alors comment cela a-t-il bien pu arriver ???

Gabriel Garcia Marquez nous emmène au matin de ce jour fatidique par l'entremise d'un cousin du mort, et nous relate cette funeste journée moment après moment, du point de vue de toutes - ou presque - les personnes impliquées...

Chronique d'une mort annoncée est à la fois triste et drôle, en tous cas très original et très efficace !
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Plus de vingt-cinq après, l'auteur retrace les événements qui ont eu lieu dans son ancien village et qui ont mené à un crime prémédité, clairement annoncé et qui n'aurait pas dû arriver.

En effet, les tueurs n'étaient, c'est le moins qu'on puisse dire, pas très motivés. Se sentant obligés de commettre ce crime d'honneur pour ne pas perdre la face, ils ont tout de même tenté tout ce qu'ils pouvaient pour qu'on les arrête. Mais cela n'a pas pris. Dans ce village de gens ni bons ni mauvais et où toute l'humanité se croise, chacun a eu un rôle qui a permis au crime d'avoir lieu : il y a ceux qui n'y croient pas, ceux qui s'en fichent, ceux que ça arrange, ceux qui ont quelque chose de plus urgent à faire, ceux qui ont peur, ceux qui essaient d'agir mais en vain…

Et le temps a commencé à s'écouler lentement mais résolument vers la réalisation du crime.

Le futur mort, lui, est le seul à ignorer ce qui se trame. Il est presque un personnage secondaire de cette affaire puisque tout se joue à côté de lui. Cette chronique reprend la chaîne des événements parfois rocambolesques, des détails pleins d'humour et des hasards qui ont mené à sa mort, mort à laquelle les villageois vont venir assister comme au théâtre, à la fois impatients, incrédules et stupéfaits de ce qui se déroule sous leurs yeux. L'auteur place également le lecteur dans une position de spectateur impuissant puisqu'il ne peut qu'être le témoin de la force centrifuge qui mène au crime.

Ce court roman d'un fatalisme tragique est intelligent, drôle, assez étonnamment plein de suspense et terriblement humain. Avec son air de ne pas y toucher, il redistribue les cartes de coupables et victimes et pose finement la question de nos irresponsabilités collectives face à l'irréparable. Je le relirai sans aucun doute et avec beaucoup de plaisir.
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