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Annie Morvan (Traducteur)
EAN : 9782246688419
128 pages
Grasset (04/05/2005)
3.6/5   481 notes
Résumé :
"L'année de mes quatre-vingt-dix ans, j'ai voulu m'offrir une folle nuit d'amour avec une adolescente vierge. Je me suis souvenu de Rosa Cabarcas, la patronne d'une maison close qui avait l'habitude de prévenir ses bons clients lorsqu'elle avait une nouveauté disponible.
Je n'avais jamais succombé à une telle invitation ni à aucune de ses nombreuses tentations obscènes, mais elle ne croyait pas à la pureté de mes principes. La morale aussi est une affaire de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 481 notes
Papi Gaby joue les mouchacho au bordel de Bogota,

Cette oeuvre de Gabriel Garcia Marquez parue à la fin de sa vie, librement inspirée de Kawabata, a suscité le scandale et l'interdiction de publication en Iran notamment.

L'embryon d'intrigue est la chaste passion d'un vieillard pour une très jeune pensionnaire de maison close, qu'on ne peut que supposer unilatérale. En effet, à aucun moment le point de vue de cette jeune fille n'est connu et la seule personne qui se porte garante de la réciprocité des sentiments de l'adolescente c'est Rosa, la mère maquerelle…

Garcia Marquez montre avec délicatesse la misère affective d'un homme qui jamais n'a connu l'amour dans l'altérité mais qui a toujours été un client de l'amour. Son dernier fantasme, sa dernière perversion, lubie, élixir de jeunesse, caprice, appelez cela comme vous voulez, c'est cette jeune fille. Si cela pourrait presque être un peu navrant raconté comme ça (un peu ridicule pour lui et révoltant pour elle) ce n'est heureusement pas le chemin du pathétique qu'emprunte l'immense écrivain colombien, mais une voie plus ironique, presque un chuchotement complice pour son lecteur.

“Celui qui n'a jamais chanté ne peut savoir ce qu'est le plaisir du chant”. Les digressions du narrateur sont autant d'occasions pour Garcia Marquez de faire acte de passation. Il lègue à ses lecteurs du monde entier le bonheur de découvrir Pablo Casals et les 6 suites pour violon de Bach, César Franck et sa suite pour violon et piano, les 24 préludes de Chopin mais aussi les boléros d'Augustin Lara, Carlos Gardel ou encore le Lagrimas Negras de Miguel Matamoros.

“Les vieux perdent la mémoire des choses qui ne sont pas essentielles et gardent presque toujours celle des choses qui les intéressent le plus.” Sans réel cheminement narratif, cette promenade dans le quotidien d'un nonagénaire, consommateur émérite de prostituées, est aussi prétexte pour l'auteur, à de sincères et légères réflexions sur l'âge, le temps qui passe, un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur. Une lecture déroutante, parfois malaisante, souvent agréable mais pas inoubliable.

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Le dernier roman qu'ait ecrit Garcia Marquez. A l'age de 77ans il pond une histoire sur un nonagenaire. Est-ce parce que lui-meme se sent vieillir? En tous cas ce n'est pas une de ses meilleures oeuvres.


Un vieux loup solitaire veut une derniere aventure, une derniere salve, qu'il veut payer, comme il l'a toujours fait, mais il veut que ce soit avec une toute jeune fille, une vierge. Une entremetteuse aura vite fait de lui arranger cela et l'aventure commence. Une aventure ou son individualisme exacerbe, son egocentrisme, va etre battu en breche par une adolescente qu'il ne touchera meme pas et dont il tombera eperdument amoureux. A son age, lui qui n'a connu, qui n'a voulu connaitre que l'amour leger et remunere de compagnes d'occasion, va ressentir, va s'emporter en un premier, ardent et pur amour. C'est lui qui revient en adolescence, avec les jalousies obsessives, la passion et les chagrins extremes provoquees par l'absence, la disparition de l'aimee. Lui qui ne jurait que par du sexe sans surcharges sentimentales se fait pieger dans une relation toute platonique, comme un debutant, comme le debutant qu'il est en fait. Ce qui amenera la maquerelle a lui dire, mi-attendrie mi-narquoise: “Ne va pas mourir avant de faire l'experience de tirer un coup par amour”.


On a apparente ce petit livre aux Belles Endormies de Kawabata, et avec assez de raison. Moi je le rapprocherais aussi au Vieil Homme et la Mer de Hemingway. C'etait aussi le dernier roman publie de son vivant par Hemingway. La derniere prouesse d'un auteur, racontant la derniere aventure, la derniere prouesse d'un homme qui n'accepte pas pleinement sa vieillesse. Ce livre-ci est moins tragique, dispensant moins de suspense et plus d'humour. Mais c'est la meme vieillesse, poignante, meme quand elle se cache derriere l'ironie. Et cela donne un petit roman, si pas tres tendre a chaque page, attendrissant en fin de compte. Et c'est un peu dommage que ce soit tout. Parce que pour moi, malgre le traitement affute d'une vieillesse navrante, c'est loin du meilleur de son auteur. Mais cela garde quand-meme sa marque. Garcia Marquez.


P.S. Je ne sais pas comment a ete accueilli ce livre en 2004. Ce n'est pas si loin. A-t-il ete vilipendie comme une celebration de la pedophilie? Je souris en mon for interieur a la pensee qu'aujourd'hi il n'aurait pas rate les accusations, le denigrement de wokistes bien-pensants. Ah! Bonnes gens, dechirez ce livre! Censurez Lolita! Mettez Genet au ban! Et brulez le plus pervertissant de tous les livres, La Bible! Ne laissez rien corrompre la merveilleuse harmonie de notre nouvelle egalite, notre uniquement tolerable, notre conquerante mediocrite!
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Je suis un vieillard d'à peine quatre-vingt-dix ans, écris quelques chroniques qui se veulent littéraires depuis des lustres même si elles ne passionnent guère de monde. Pour célébrer mon anniversaire, j'ai eu envie de me faire un doux plaisir. Une chose inhabituelle par les temps qui courent : une adolescente vierge. Difficile à trouver, même pour la maquerelle expérimentée qui me racole depuis des années. Mais la perle rare ne se négocie pas et elle finit par me trouver une jeune fille de quatorze printemps ; toute frêle, toute fraîche, travaillant dans un atelier de couture. C'est ma veine ! Faite que mon coeur ne lâche pas, le médecin dit que tant qu'il bat c'est que je ne suis pas encore mort ! Tant qu'il bat c'est que de l'amour vit encore en moi…

La belle vie, merde ! A cet âge-là, être encore capable de tirer son coup. Mieux, se voir proposer une jeune fille encore pure. Il fallait oser. Gabriel García Márquez l'a fait. Mais là où tu pourrais t'attendre à du glauque et de la perversion, sa plume possède cette aura qui transforme cet acte à la limite des moeurs de bonne conduite en moment de grâce dans la vie du vieux. Il ne fait pas l'éloge de la prostitution mais une ode à la vie, à l'amour. Parvenir à trouver le grand Amour sans sexe. Non pas qu'à cet-âge-là on ne peut plus (et je suis là pour le confirmer !) mais cette jeune fille, droguée au somnifère, est si belle et si pure endormie et nue sur le lit qu'elle ne mérite pas de se voir réveillée par la vieille chose que je vois dans le miroir. Ah, l'amour, à tout âge…

« Mémoire de mes Putains Tristes », un petit roman digne d'un prix Nobel qui d'une plume emplie de sensualité et de poésie donne une vision si belle du proxénétisme, de la prostitution et de la pédophilie. Il faut oser, oser baiser à tout âge, oser rêver à tout âge, et surtout oser aimer à tout âge. La vie n'est qu'amour aux temps du choléra ou d'autres maladies vénériennes. Surtout lorsque le sarcasme de la vie se mêle à la pudeur de l'amour. La vie d'un vieillard n'est pas cent ans de solitude et si la mort est annoncée, rien ne vaut les derniers instants de désir et de plaisir.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Une douceur acidulée qui parait politiquement incorrecte voire sulfureuse, de prime abord, que ce roman de Gabriel Garcia Marquez, un auteur que j'apprécie particulièrement. En effet, Mémoire de mes putains tristes déroule l'histoire d'un journaleux grand amateur de prostitués qui veut à 90 ans, s'offrir une dernière nuit d'amour auprès d'une adolescente vierge qu'il a commandé à sa mère maquerelle de prédilection...
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Un narrateur dont on ne connaît pas le nom (décidemment, c'est une manie dansles romans pour ce Challenge 15 Nobel) se réveille la veille de ses 90 ans. Dans sa jeunesse, cet homme a assidûment fréquenté les maisons closes de sa ville - au point d'être plusieurs fois couronné "client de l'année" par plusieurs d'entre elles - mais, à la veille de son anniversaire, il se rend compte que cela fait près de vingt ans qu'il a cessé cette pratique. Pourtant, Rosa Cabarcas, une tenancière de maison close qu'il a bien connue, l'a souvent relancé...
Aujourd'hui, notre homme se sent près à retrouver les chambres de Rosa. Mais il impose à Rosa une condition : la fille qu'elle lui fournira doit être vierge.

Gabriel Garcia Marquez est l'un de mes auteurs préférés. Sa plume magnifique lui permet de transformer les sujets les plus scabreux en véritable poésie ; ainsi, dans ce Mémoire de mes putains tristes, la simple description d'une maison close délabrée devient un vrai poème, car l'auteur a la bonne idée de nous parler de l'environnement qui l'entoure : la forêt toute proche, le vent qui souffle doucement dans le peu de cheveux que son héros conserve sur son crâne, la chaleur moite de cette ville sud-américaine que le narrateur connaît si bien,...
Les principaux thèmes traités par Garcia Marquez dans ce court roman sont la vieillesse et - aussi étrange que cela puisse paraître étant donné le titre - l'amour. le narrateur se réveille un beau matin à l'aube de son 90e anniversaire et ne sait toujours pas comment il a atteint ce jour. Lui se sent encore jeune ; ce sont les autres et certains objets (notamment les miroirs) qui lui renvoient l'image d'un homme âgé. D'après lui, les changements physiques que l'on remarque chez soi-même sont tellement infimes que la vieillesse nous tombe dessus sans crier gare. Et, alors que mentalement, on a toujours 20 ans, physiquement, on a l'air centenaire.
Ce genre de réflexion nous accompagne tout le long du récit, car notre narrateur écrit des chroniques pour un journal local et décide justement, dans les premières pages du récit, que sa chronique hebdomadaire sera consacrée à son anniversaire.
Le second thème récurrent est, comme je l'ai signalé plus haut, l'amour. Car contre toute attente, notre héros tombe amoureux de la jeune fille que Rosa Cabarcas a déniché pour lui. Il ne connaît même pas le nom de cette fillette (car elle n'a que 14 ans) pauvre, mais décide de l'appeler Delgadina.
Peu à peu, sa passion pour Delgadina commence à l'envahir tout entier : il ne pense plus qu'à elle et s'imagine même la voir près de lui dans sa maison, quand il travaille ou quand il lit. Notre héros rajeunit de vingt ou trente ans, allant jusqu'à faire de la bicyclette dans les rues de sa ville sous les yeux ébahis des passants (la bicyclette est en réalité destinée à Delgadina, mais notre homme ne résiste pas à l'envie de la tester). Ses chroniques dominicales pour le journal deviennent de véritables lettres d'amour à la jeune fille et commencent à inspirer de nombreux lecteurs, qui n'hésitent pas à se manifester à la rédaction du journal.
Le plus étrange dans l'histoire, c'est que malgré - ou peut-être à cause de - cette passion dévorante, la relation entre Delgadina et notre narrateur reste presque totalement platonique : quelques caresses et quelques baisers de sa part sont les seuls contacts physiques échangés entre ce couple pas comme les autres.
Il est donc étrange de lire un tel récit, mêlant les vies d'un vieux bonhomme de 90 ans et d'une jeune vierge qui pourrait être son arrière-petite-fille. Mais Gabriel Garcia Marquez est le spécialiste des récits étranges, à la limite du merveilleux et, une fois encore, son talent de conteur est parvenu à me passionner pour ce récit atypique, que j'ai lu en quelques heures à peine. Mêlant avec beaucoup de talent l'humour et la mélancolie, Mémoire de mes putains tristes aborde des thèmes universels (même si sa manière de les aborder diffère des récits habituels à ce sujet). Vieillir et aimer n'est-ce pas le sort de chacun d'entre nous ?

Challenge 15 Nobel : 11/15
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi vous ai-je connu aussi vieux ? Je lui répondais la vérité : On n’a pas l’âge que l’on paraît mais celui que l’on sent.
Depuis lors, elle a été présente dans mon esprit avec une telle netteté que je faisais d’elle ce que je voulais. Je changeais la couleur de ses yeux selon mes états d’âme : couleur d’eau au réveil, couleur d’ambre quand elle riait, couleur de feu quand je la contrariais. Je l’habillais selon l’âge et la condition qui convenaient à mes changements d’humeur : novice énamourée à vingt ans, pute de luxe à quarante, reine de Babylone à soixante, sainte à cent ans.
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Dès lors, je n'ai plus compté en années mais en décennies. Celle de la cinquantaine a été décisive, parce que j'avais pris conscience que presque tout le monde était plus jeune que moi. Celle de la soixantaine la plus intense, car j'avais cru ne plus pouvoir me permettre de faire des erreurs. Celle de soixante-dix à quatre-vingts a été terrible, car elle aurait pu être la dernière. Cependant, quand je me suis réveillé en vie le matin de mes quatre-vingt-dix ans dans le lit heureux de Delgadina, il m'est apparu que la vie ne s'écoulait pas comme le fleuve tumultueux d'Héraclite mais qu'elle m'offrait l'occasion unique de me retourner sur le gril et de continuer à rôtir de l'autre côté pendant encore quatre-vingt-dix années.
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Nous sommes vieux, a-t-elle soupiré. L’ennui c’est qu’au-dedans on ne le sent pas, mais qu’au dehors tout le monde le voit.
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j’ai couvert son corps de baiser jusqu’à ne plus avoir de souffle : chaque vertèbre, une à une, jusqu’aux fesses langoureuses, la hanche avec le grain de beauté, le côté de son cœur inépuisable. Plus je l’embrassais plus son corps devenait chaud et exhalait une fragrance sauvage. Chaque millimètre de sa peau me répondait par de nouvelles vibrations et m’offrait une chaleur singulière, une saveur distincte, un soupir inconnu, tandis que de tout son être montait un arpège et que ses tétons s’ouvraient comme des fleurs sans même que je les touche.
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Je me souviens que je lisais La Belle Andalouse dans le hamac de la galerie, quand je l’ai vue par hasard penchée au-dessus du lavoir avec une jupe si courte qu’elle découvrait la succulence de ses courbes. Pris d’une fièvre irrésistible, je la lui ai relevée, j’ai baissée sa culotte jusqu’aux genoux et l’ai prise par derrière. Aïe, monsieur, a-t-elle dit dans une plainte lugubre, c’est pas une entrée, ça, mais une sortie.
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Vidéo de Gabriel Garcia Marquez
Troisième épisode de Dans les pages avec la romancière américaine Joyce Maynard. Elle est venue nous parler des livres qu'elle aime, de Gabriel Garcia Marquez, du Petit Prince et de musique.
Bon épisode !
"L'hôtel des oiseaux" est publié aux éditions Philippe Rey, Arthur Scanu à la réalisation
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>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
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