chaque jour me fait vouloir demain,
un jour, le jour ne poindra point,
ne me parlez pas d'une aube,
c'est du soir ce que je dis,
et puis, au bout de tout dire,
j'entrerai peut-être content dans le silence.
j'ai coupé deux branches
de l'arbre dans la cour
pour la vieille dame notre voisine
parce que les jeunes branches
nuisaient à sa corde à linge
les branches repoussent parfois
les vieilles dames ne repoussent jamais
je suis un bonhomme qui fait des poèmes
(...)
que mes peines, mes joies soient des offrandes
aux enfants neufs, comme aux vieilles connaissances,
un rondin pour le feu de conscience
Quand j'étais dans ma couchette cachette
déjà je me souvenais et clairement
pour toujours du recours
qu'au doux silence j'aurais
où la lune voyage, alliage
de fable et de remembrance,
vif jusqu'en la vieillesse, caresse
venant du fond de l'enfance.
Michel Garneau lit le poème « C'est fini » de Leonard Cohen, tiré du Livre du constant désir.