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sur 913 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une fois «Nord et Sud», d'Elizabeth Gaskell, terminée, je ne me suis dit qu'une chose : en voilà un livre brillant ! Il constitue un subtil mélange entre «Orgueil et Préjugés» et «Germinal», je trouve.

Je fais le parallèle avec Zola car Elizabeth Gaskell nous dépeint la société industrielle anglaise - avec des nombreux parallèles entre le Nord et le Sud du pays - et l'émergence des conflits entre classe ouvrière et patronat. Ainsi, elle aborde de manière pertinente les thématiques de la grève, des syndicats, du cadre d'évolution au travail, des conditions de vie des ouvriers (famille nombreuse à nourrir avec faible revenu, difficultés dans la vie de tous les jours, pressions au travail) en comparaison de celles des grands patrons (organisations de grandes soirées luxueuses, renommée et soutien social importants, spéculation financière pour s'enrichir davantage). J'admire le réalisme dont elle a su imprégner son roman.

Pour ce qui est d' «Orgueil et Préjugés», je retrouve de nombreuses similitudes tant dans le caractère des personnages que dans l'intrigue.
En effet, John Thorton et Margaret Hale sont aussi fiers que Darcy et Elizabeth Bennet. de plus, la première déclaration des deux hommes se voit essuyée d'un refus, et suite à celle-ci, les deux héroïnes se sentent offensées et humiliées (à tort, elles le reconnaitront plus tard d'ailleurs). Dans la suite, et malgré cet échec amoureux, Darcy tout comme Thorton vont veiller sur leur bien-aimée et donner d'eux-mêmes pour soulager leurs problèmes – et ce dans l'ombre. L'évolution des sentiments des personnages est également semblable ; ça ne m'a donc pas surprise d'apprendre qu'elle s'était largement inspirée de l'oeuvre de Jane Austen.

Malgré tout ce qu'on peut lui reprocher, j'ai pour ma part aimé l'héroïne Margaret Hale, qui est brillante et impose le respect. Son caractère et sa volonté me plaisent énormément, bien qu'elle se sente parfois trop supérieure aux autres – ce qui, néanmoins, lui confère une force de caractère inébranlable car elle est sûre d'elle - , et qui va nettement en s'améliorant au fil du récit, car plus elle souffre, plus elle devient humble, tout en gardant son éclat d'esprit.
John Thorton, par sa sincérité, son flegme et en même temps sa passion a su me séduire.
J'ai été sensible à la plume d'Elizabeth Gaskell, elle a vraiment une écriture magnifique, et surtout drôle, son immense humour m'a réellement conquise; d'ailleurs, on ne peut pas fermer le livre sans un sourire aux lèvres: la fin est vraiment réussie, et bien à l'image du livre ! Ce qui est admirable, c'est que là où elle réussit à nous faire sourire, elle parvient tout aussi habilement à dépeindre les malheurs et souffrances humaines, et il est alors bien difficile de ne pas être peiné…

Ce roman est donc une très belle découverte, et je comprends toutes les louanges entendues à son propos. A lire sans plus attendre !
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Nord et Sud est un roman que j'ai trouvé passionnant, émouvant et qui offre une fine analyse des débuts de la révolution industrielle au XIXe siècle, des rapports de forces, des luttes de pouvoirs entre patrons et ouvriers.
J'ai particulièrement apprécié la qualité de l'écriture, des dialogues, des réflexions développées, qui donnent lieu à de vifs débats entre Margaret et John. La profondeur de l'analyse psychologique est aussi remarquable.

Tous les personnages m'ont touchée et j'ai regretté de les avoir quittés : Margaret Hale, figure charismatique de ce récit, jeune fille courageuse et intelligente ; John Thornton, patron arrogant et dur d'une usine, d'une filature, dont la personnalité évolue au fil des chapitres et devient plus attachante, surtout vers la fin où il montre sa force morale, égale de celle de Margaret, son sens de la dignité, sa volonté d'oeuvrer pour la paix sociale, d'établir des relations amicales avec les ouvriers, pour arriver à une meilleure compréhension mutuelle dans l'intérêt de chacun. Il veut mettre en pratique ses idées novatrices pour l'époque, elles font écho à celles de Margaret.

Ce couple antagoniste au départ finira par se rapprocher. Ils m'ont fait penser, à certains moments, à Chimène et Rodrigue dans le Cid de Corneille, à travers leur souci constant de rester digne et fier, coûte que coûte, de ne pas être avili aux yeux de l'autre, de peur de perdre son respect. John est séduit par l'intelligence de Margaret.

Elizabeth Gaskell était l'épouse d'un pasteur qui fut, lui aussi, séduit par son intelligence et sa beauté. La vie qu'elle a menée aux côtés de son époux, rencontré chez des parents à Manchester, est probablement la source de sa sensibilité aux questions sociales.

Elle écrivait ses textes pour l'hebdomadaire de Charles Dickens, qui s'est intéressé aux débuts de la révolution industrielle dans Temps difficiles. Ce roman utilise le conte et la satire dans la ville imaginaire de Coketown (la ville du charbon) pour évoquer la situation à Manchester mais Nord et Sud me semble plus abouti dans son évocation des problèmes liés à l'obsession du capital, de la productivité, du coût de la main-d'oeuvre. Cette attitude a tendance à transformer l'être humain en donnée comptable. Cette critique de l'utilitarisme, de l'importance accordée à l'économie politique au détriment de l'imagination, la sensibilité littéraire et la vie intellectuelle est présente dans les deux romans qui se complètent et expliquent l'entente qu'il y avait entre Dickens et Gaskell. Ces deux romans me semblent avoir encore une résonance avec notre époque bien qu'ils datent du XIXe siècle.

Au-delà des réflexions idéologiques, politiques et sociales fort intéressantes, Nord et Sud est aussi riche en scènes émouvantes et personnages secondaires dont je garderai le souvenir longtemps, comme Bessy, la fille de Nicholas Higgins, ouvrier syndicaliste. Margaret les a rencontrés au cours d'une promenade et découvre, grâce à eux, que tout n'est pas aussi simple que dans les discours de John. Issu d'un milieu modeste, orphelin de père, John a appris le travail chez un marchand de tissus et a dû quitter l'école tôt. Il est persuadé qu'avec de la volonté, tout le monde peut suivre son exemple et s'élever au rang de patron ainsi qu'au pouvoir qui va avec. Il méprise « les gens faibles » et leur manque de volonté. Mais Bessy a travaillé dur, elle aussi, dans les ateliers, pour un salaire dérisoire, et n'y a gagné qu'une maladie mortelle qui lui dévore les poumons à force de respirer des poussières.

Elizabeth Gaskell décrit une classe sociale sacrifiée sur l'autel du développement économique sans régulation et de la richesse d'une minorité conquérante et avide de pouvoir. Qu'en est-il de la liberté individuelle, du droit légitime à avoir un peu de repos et de bonheur pour que la vie mérite d'être vécue pour ces hommes et ces femmes aussi et ne soit pas qu'un long chemin de croix, uniquement fait de servitude et de souffrance ?

Elizabeth Gaskell observe avec finesse la société de ses contemporains et analyse aussi les mécanismes de pouvoir au sein du syndicat. Elle pose ainsi une question essentielle : l'homme a-t-il le droit d'être libre ou doit-il toujours obéir à un collectif, d'un côté le syndicat, de l'autre le patron, au risque, s'il refuse, d'être exclu et voué à un destin tragique, comme c'est le cas d'un des personnages. La mère de John est, elle aussi, un personnage remarquable, « une femme très forte et dotée d'une grande volonté », qui aime inconditionnellement son fils, qui le lui rend bien. John s'avérera être un homme intègre et mériter cet amour, lui qui refuse de « courir le risque de ruiner d'autres gens pour un misérable avantage personnel » en s'adonnant à la spéculation boursière, comme tant d'autres le feront pour conserver et accroître leur fortune.

Nord et Sud est un beau roman, qui mêle romantisme, au sens littéraire du terme (sensibilité, imagination, engagement politique) et réflexion économique et sociale. J'ai découvert Elizabeth Gaskell récemment, grâce à Babelio, et je trouve que ses romans méritent d'être mieux connus et sortis de l'ombre que son contemporain et ami, Charles Dickens, par sa célébrité, a peut-être involontairement contribué à jeter sur eux.
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Si Jane Austen avait rencontré Emile Zola , ça aurait pu donner Nord et Sud...
Quand Margaret Hale, après une année à Londres afin de parfaire son éducation chez sa tante et sa cousine, revient dans le Sud, chez son père, un pasteur, elle ne s'attend pas à ce que ce brave homme ait perdu la foi et décide de devenir percepteur dans le Nord ... Un de ses élèves, un riche self made man , tombe sous le charme de la jeune fille , mais il devra faire face à l'orgueil et aux préjugés. Mais aussi à sa conscience sociale qui éclot face à la pauvreté des ouvriers , des gréves et manifestations ... Alors que le Nord , en plein essor industriel, avance vers un monde nouveau, le Sud est resté conservateur et bucolique . Au Nord , les syndicats émergent, les ouvriers se battent pour ne pas mourir de faim , les pauvres gens remettent en question la religion .
Margaret Hale, est un personnage totalement Austenien , Elizabeth Gaskell , de trente-cinq ans plus jeune que notre Jane, lui rend un parfait hommage." Fille et femme de pasteur, l'auteur connaît intimement la vie provinciale et les milieux industriels".
Et si l'histoire démarre avec des incompréhensions, des oppositions , le Nord (gris, bruyant, et pollué) contre le Sud si verdoyant , celles d'un homme et d'une femme, celles des ouvriers contre les patrons , etc... le propos d'Elizabeth Gaskell est de montrer que les contraires peuvent cohabiter , s' attirer, s'apporter et que l'humain est au centre de tout .
" - une fois sortis de leurs rôles respectifs de patron et d'ouvrier, ils avaient chacun commencé à se rendre compte que le coeur humain est partout le même."
Quatre petites soirées pour venir à bout de ce roman , et j'aurai aimé lire plus lentement , étirer le temps , tellement, les romans d'Elizabeth Gaskell sont agréables à lire . Dire que je ne la connaissais pas , il y a seulement un an ...
It's a shame
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Que dire de ce livre absolument magnifique ?
C'est l'histoire de Margaret Hale, une jeune femme de dix-huit ans, revenant dans sa maison natale à Helstone après le mariage de sa cousine Edith.
Malheureusement, sa famille doit quitter ce village après le choix de son père, pasteur, ayant des remords concernant l'Eglise.
Ils s'installent donc dans une ville du Nord, dans le Darkshire: Milton-Nothern.
Margaret fait ainsi la connaissance de John Thornton, possédant la manufacture de Malbourough-Mills mais elle le méprise dès ses premiers rapports avec lui...

Elizabeth Gaskell veut nous montrer une opposition entre le Sud (avec Helstone), paisible, tranquille, heureux ; et le Nord, sale, précaire. triste.
Le lecteur suit, tout au long de l'histoire, l'évolution des sentiments de John Thornton pour Margaret (à savoir qu'il l'admire puis l'aime passionnément) et réciproquement.

Mais cette histoire nous décrit également les conditions déplorables des ouvriers comme les Higgins- chez qui la maladie fera son apparition- tellement humains, sensibles et affectueux.

A travers joie, insouciance, tristesse, mélancolie puis souffrances, deuil et enfin paix, nous suivons le chemin de Margaret devenue plus sage au fil des évènements terribles qui vont s'abattre sur elle ; ses sentiments sur John Thornton vont évoluer au cours de l'histoire et elle parviendra à l'aimer.

Ce roman est tout simplement émouvant (je n'ai pas pu résister : j'ai dû verser quelques larmes...), attachant et tellement SPLENDIDE !!!

Ainsi, ce roman, est - et sera- toujours pour moi un chef-d'oeuvre de la littérature anglaise.
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Une critique de Lucilou m'avait donné envie de découvrir ce texte.
Ô joie : le challenge solidaire propose dans sa liste d'auteur(e)s à lire justement Elizabeth Gaskell.
Soyons honnêtes avant la critique de Lucilou, je n'avais jamais entendu parler d'Elizabeth Gaskell. Contemporaine de Dickens, des soeurs Brontë ou de George Eliott, j'ai l'impression qu'elle n'a pas trop franchi la Manche (j'ai mis un temps fou à recevoir ma commande de ce livre ! Quant à ma bibli elle a le livre en VO en édition originale de 1860 ou approchant, donc pas question de le sortir.... limite j'aurais dû mettre des gants blancs !)
*
Donc critique enthousiaste lue sur Babelio + challenge solidaire comme alibi = allez j'affronte les 673 pages du roman ! 673 pages.... Comment trouver les mots pour vous dire d'oser, d'essayer car ce livre est remarquable. Je n'aime pas comparer les auteur(e)s mais là je vais tenter la simplification : entre Jane Austen et Emile Zola (si si). Je pense que les Anglais pensent à Orgueil et préjugés en lisant ce Nord et Sud. En bonne française biberonnée à la littérature française, je pense à Au bonheur des dames de Zola. En effet dans Nord et Sud vous trouverez une romance avec un côté jeu chat/souris, mais aussi un oeil précis sur la vie dans une ville manufacturière. Certaines pages, certains discours sont criants de modernité. On dirait un texte écrit de nos jours par (selon le personnage) un représentant syndical / un chef d'entreprise. C'est ça qui m'a le plus surprise : cette incroyable modernité, ce regard presque naturaliste sur une ville ouvrière avec l'opposition patron/ouvriers.
*
J'ai eu un mal fou à lâcher ce roman tant j'étais dedans, conquise par Margaret jeune fille qui quitte son Sud natal, agricole, pour suivre ses parents dans le Nord industriel (Manchester). Elle va y rencontrer Mr Thornton, patron d'entreprise, de filature. L'auteure va entrecroiser la romance et la description sociale.

Un régal que je me suis empressée de conseiller à mes filles (elles ont aimé Orgueil et préjugés et le Bonheur des dames donc ça devrait leur plaire aussi !)
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Mon histoire avec ce livre a été des années durant un malentendu. Je l'avais vu sur la table de ma librairie et j'ai longtemps cru qu'il s'agissait d'un livre sur la guerre de Sécession. Car j'avais le souvenir d'une série télévisée éponyme.

Il a fallu que je lise une critique élogieuse sur "Mères et filles" d'Elizabeth Gaskell pour que je parte à la recherche de ses romans. Et c'est à ce moment que j'ai réalisé mon erreur.

L'histoire se déroule au milieu du XIXème siècle en Angleterre. Margaret Hale, fille d'un pasteur de campagne, a passé quelques années de sa vie chez sa riche tante londonienne, Mrs Shaw, et s'apprête à retrouver ses parents suite au mariage de sa cousine Edith.

Son retour à Helstone sera perturbé par une décision de son père. Ce dernier, en désaccord avec les préceptes de l'église anglicane, décide de quitter son ministère. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il deviendra précepteur à Milton, une ville industrielle du Nord du pays.

Le départ sera mal vécu, surtout par la mère de Margaret, une femme ultra sensible. D'autant que le contraste entre le Hampshire rural et le Darkshire industriel est saisissant.

Margaret et son père s'adapteront. D'autant que ce dernier est subjugué par un de ses élèves, un industriel, un self-made-man, du nom de Thornton. Celui-ci est irrésistiblement attiré par la beauté altière de Margaret qui, elle, affiche son hostilité envers cet homme.

Ce roman est, comme son titre l'indique, celui des contrastes entre deux régions, entre deux personnalités et entre deux conceptions du monde et de la vie. Il y a de l'inimitié entre les deux protagonistes. Une inimitié causée par des préjugés, des malentendus.

Au fil de l'histoire, la vie de Margaret va être marquée par diverses épreuves et celle de Thornton jalonnée d'obstacles professionnels. Ces événements marquants les conduiront à modifier leurs points de vue.

La lecture de ce roman m'a pris du temps mais j'ai été subjuguée par cette histoire rythmée et riche en péripéties. Elizabeth Gaskell n'a pas son pareil pour "décortiquer" les sentiments de ses personnages.Margaret et Thornton ont une force de caractère incroyable derrière laquelle pointent sensibilité et altruisme. De plus, la connaissance de la romancière des milieux industriels de son pays permet au lecteur d'avoir un aperçu de la condition ouvrière de l'époque.

J'ai ressenti une grande exigence dans l'écriture d'Elizabeth Gaskell. Elle ne cède pas à la facilité et sait "tenir" une histoire.

Je tenais aussi à souligner la qualité de la traduction, de la préface et des annotations de Françoise du Sorbier qui m'a permis d'apprécier ce roman.
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Exquise littérature victorienne où la beauté de la plume exprime si intensément l'Angleterre du XIXe siècle ! Elizabeth Gaskell nous donne ici une magnifique page sociale, humaine et sentimentale dans laquelle on déambule agréablement, savourant toute la précision et la richesse qui en émanent.

Après une dizaine d'années passées à Londres pour partager les leçons données à sa cousine Edith, Margaret retrouve le hameau de Helstone dans le Hampshire où quelques cottages côtoient l'église avant de se perdre dans la forêt alentour. Amoureuse des promenades offertes par cet environnement campagnard, Margaret défend avec fougue son petit coin de quiétude. Mais une tristesse se dessine sur les traits de son père, pasteur du village, et un cas de conscience qui le ronge lui fait quitter ses fonctions. C'est alors l'arrachement à Helstone et la montée vers le Nord de l'Angleterre, dans la ville industrielle de Milton, où l'air a l'odeur des fumées qui s'échappent des filatures. Les habitudes vestimentaires y sont plus grises que dans le Sud, des expressions de souffrances tirent les traits des travailleurs. Et la mère de Margaret qui jugeait malsain l'air de Helstone !

Ce très grand roman puise toute sa force dans l'impressionnante profondeur qui ressort de chaque personnage. Aucun d'entre eux n'est insignifiant en commençant par la jeune Margaret dont les yeux reflètent la douceur et la franchise alors que son allure altière laisse plutôt deviner un tempérament fier et orgueilleux, donnant une impression de supériorité.
Mr John Thornton, le riche industriel frappé par sa beauté, est cependant souvent mortifié par ses propos tranchés sur l'attitude des patrons car elle ne peut lui cacher tout le mépris qu'elle éprouve à l'encontre des industriels qu'elle assimile péjorativement à de grands commerçants.
Entre eux deux, l'antagonisme patrons-ouvriers sera soulevé avec des réflexions très explicites qui attiseront l'antipathie éprouvée par la mère de John face à cette fille fière et supérieure. L'arrogance que Margaret montre vis-à-vis de son fils chéri déplait ouvertement alors que celui-ci est tout de même loin d'être un homme ordinaire !
Malgré les propos irritants de Margaret, Mr Thornton, contre toute attente, apprécie de converser avec elle et lorsque la grève fera entendre sa clameur, d'autres sentiments s'élèveront.

Côté ouvriers, la famille Higgins éclaire sur les conditions de travail dans ces usines textiles, sur leur vision des patrons et leurs espoirs de renverser leur toute puissance. Pourtant, le commerce florissant, en plein changement avec la concurrence mondiale qui émerge, n'est plus à l'abri de faillites. Margaret, se tournant vers les miséreux pour leur apporter son aide et son soutien, se liera d'amitié avec cette famille et surprendra la jeune Bessy par ses propres malheurs car les chagrins de la vie ne l'épargneront pas.

Arrivant plus tardivement dans le roman, le parrain de Margaret, Mr Bell, apporte une merveilleuse touche semi-humoristique, semi-pertinente avec des propos tout à fait savoureux.

Filles de pasteur, l'auteure et donc son héroïne feront souvent référence à la religion, mentionnant des épisodes de l'évangile pour y puiser consolation face aux deuils et à l'injustice. Cette appartenance se retrouvera aussi dans l'extrême importance aux yeux de Margaret d'être irréprochable, à l'abri de tout mensonge pour ne pas descendre dans l'estime d'un certain Mr Thornton.

Sur fond de crise industrielle, les qualités humaines se dévoilent et nous attachent un peu plus, à chaque page parcourue, aux personnages qui habitent ce magnifique roman.
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J'adore le challenge Pioche dans ma PAL qui me permet de sortir de la mienne de beaux livres qui, pour d'obscures raisons, se sont doucement installés tout en bas de ma pile. Quelle belle lecture que ce Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell !

Je dirais que son principal atout est sans aucun doute sa peinture de la société industrielle anglaise de l'époque victorienne, représentée par les habitants de Milton.
Elizabeth Gaskell mène une réflexion sur l'origine des conflits sociaux qui opposent les ouvriers, via le syndicat, et les patrons. On ne peut qu'adhérer à sa théorie, qui est que la source des conflits est à chercher dans un manque de communication ou des incompréhensions mutuelles accentuées par des moeurs dissemblables.

La plume de l'auteur est exigeante, belle et fluide, et se met au service des personnages, chacun d'entre eux évoluant au fil des pages de manière très réaliste. La plupart d'entre eux ont de fortes personnalités qui leur permettent de surmonter, plus ou moins bien et plus ou moins vite, les souffrances humaines auxquelles ils vont être confrontés (maladies, morts, soucis financiers, émeutes, interrogations théologiques...).
Heureusement pour le lecteur, il y a beaucoup d'humour sous la plume d'Elizabeth Gaskell. Car, il faut bien le dire, sans cela, le récit aurait parfois paru bien morose.

C'est aussi pour cela que la romance entre Margaret et Thornton est la bienvenue. Bien que reléguée au second plan, elle permet d'apporter joie et espérance, dussent-elles sembler bien futiles au regard de la peinture sociale.

Un livre de contraste donc (Nord et Sud, hommes et femmes, patrons et ouvriers, êtres forts et être faibles) qui offre une belle image de ce qu'est l'humanité : des êtres et des vies bien différentes, mais des vies humaines tout de même, de valeur et de coeur égales.
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Après le mariage de sa cousine Edith, Margaret Hale est heureuse de retourner à Helstone, joli village du Sud de l'Angleterre, pour y vivre avec ses parents. le pasteur Hale, hélas, décide de quitter l'Église anglicane, ce qui le prive de revenus. Il choisit, sans consulter sa femme et sa fille, de s'installer à Milton où personne de le connaît. La mère de Margaret n'étant pas capable d'organiser le déménagement, c'est cette dernière qui, la mort dans l'âme, prépare le départ à Milton.
Une romance sur fond de ville industrielle dans le Nord de l'Angleterre avec un beau personnage féminin.

Lien : https://dequoilire.com/nord-..
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Quel magnifique récit! Plein d'émotions, sans aucune lenteur malgré le pavé qu'il représente et avec une histoire tellement bien pensé et raconté.
L'héroïne, Margaret Hale, vient tout juste de rentrer de plusieurs années chez sa tante à Londres, et savoure l'idée de retrouver le foyer de Helstone, petit hameau au sud de l'Angleterre dont son père est le pasteur. Ce dernier, tiraillé par les doutes sur la religion, décide de chambouler sa vie et celle de toute sa famille en abandonnant sa charge et en devenant précepteur dans une ville industrielle de Milton.
L'auteure nous dépeint tour à tour ces trois endroits, si disparates les uns des autres, avec, bien sûr une prédominance pour Milton.
Les personnages sont très humains, avec leur force et leur faiblesse, notamment le personnage de Margaret Hale et Mr Thornton, patron, qu'elle exècre au passage malgré la passion dévorante qu'il subit pour elle. Elle, elle est d'un soutien inébranlable, donnant beaucoup et toujours, mais d'un orgueil! Mr Darcy n'est rien à côté. Lui est self-made man avant l'heure, avec le sens du devoir et de la justice, mais d'une inflexibilité dans sa qualité de patron dommageable. le récit nous permet de voir leurs évolutions tout en douceur, malgré des drames successif. Evolue également leur passion, une histoire d'amour pleine de rebondissements vis-à-vis de laquelle on attend un heureux dénouement. La fin remplit d'ailleurs ses promesses.
Je finis ce livre en me disant que décidément ces romancières du XIXe s, quel talent elles ont...

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