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EAN : 9782830918038
304 pages
Labor et Fides (11/01/2023)
4/5   4 notes
Résumé :
Voici une fresque passionnante qui retrace l'histoire des Africains-Américains sous un angle inédit. Lorsque les Africains déportés dans le Nouveau-Monde découvrent la religion des esclavagistes, ils s'en emparent pour leur renvoyer un tout autre message : un message de dignité, d'égalité et de liberté. Ils bâtissent alors une Église tout à fait singulière, au carrefour de leur lecture de la Bible et de leurs propres héritages spirituels et religieux.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a près de cinq siècles, l'horreur de l'esclavage s'installait tranquillement en Amérique. Les Africains, sous le joug de cette dégueulasserie, allaient devoir trouver des expédients pour tenir le coup face à la barbarie d'une condition dont ils savaient qu'ils ne sortiraient pas. Pour beaucoup, ce salutaire soutien vint de la bible.
Livre saint que leurs maîtres – en les maintenant sciemment dans l'analphabétisme – ne souhaitaient pas les voir lire ; trop de versets exaltant les libertés humaines risquaient de leur mettre des idées d'émancipation dans la tête. Tant pis, faisant fi de leur illettrisme, les esclaves ont façonné leur propre interprétation du nouveau testament et, mélangés aux croyances de leurs racines religieuses africaines, des sermons ont commencé à se faire entendre dans les huttes, dans les champs... Partout où ils pouvaient se rassembler, un prédicateur prêchait la bonne parole.
Depuis, cette ferveur spirituelle qui au départ ne semblait qu'un refuge pour supporter l'infortune de leur misérable destinée et nourrir l'espoir d'être sauvé (sinon dans ce monde au moins dans l'autre) et libéré à l'instar du peuple d'Israël lors de l'exode hors d'Égypte, n'a eu de cesse de prospérer et de se perpétrer à travers les âges et les bouleversements de l'Histoire. L'église Noire fut et reste encore l'indéfectible ciment liant théologie, culture, histoire et politique.

De l'esclavage à Black Lives Matter, Henry Louis Gates Jr, à travers le prisme de la religion, retrace donc plus de 400 ans d'Histoire Africaine-Américaine que l'on découvre par le biais de son peuple, de ses croyants et de ses leaders. Jalonné d'illustres repères à l'évocation de quelques grands noms universellement connus (Malcolm X, MLK...), reste beaucoup de découvertes dans ce Black Church foisonnant d'informations et dont certains thèmes abordés de façon quelque fois sommaire mériteraient de voir un livre entier leur être consacré. Malgré ces survols parfois un peu frustrants, Gates nous retransmet parfaitement les différentes façons dont l'église Noire a incarné et représente encore aujourd'hui l'identité des Africains-Américains souvent pour le meilleur mais pas toujours, l'auteur ne minimise pas la problématique inhérente aux croyances développées au fil du temps : patriarcat solidement enraciné, conservatisme et négation systématique de la communauté LGBT+.

Malgré tout, l'église Noire que les suprématistes blancs ont tenté à toute époque (heureusement en vain mais en multipliant les attentats et les morts) d'éradiquer demeure bien implantée et ne cesse de prospérer avec l'édification des mega-églises, des mosquées et autres lieux de culte où les Noirs encore et toujours peuvent enfin se sentir légitimes sous les harangues des prédicteurs pentecôtistes, méthodistes, pasteurs ou imams. Cette église qui fut et reste également le berceau de toutes les musiques noires, du jazz au blues et plus récemment du hip hop et du rap (genres parfois récriminés en chaire mais cependant toujours rattachés à ce lieu d'espoir et de liberté).
Didactique sans être indigeste, Black Church est finalement un long morceau de gospel servant de bande originale à « The Black Church : This is Our Story, This is Our Song » la série documentaire commise par le même Henry Louis Gates Jr. et diffusée sur l'excellente chaîne PBS.
Merci à Babelio et aux éditions Labor & Fides qui m'ont fait découvrir l'histoire passionnante de l'église Noire qui, avec le temps, s'assouplit et se modernise même si, comme bien souvent dans tous mouvements religieux, le retard est parfois abyssal.
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Cet essai raconte l'histoire des Églises noires américaines, ou comment les esclaves déportés d'Afrique vers les États-Unis ont forgé leur identité et leur résistance à la suprématie blanche dans les lieux de culte, qu'ils ont créés à leur image, où les chants et les danses ont nourri toute la musique nord-américaine.
L'auteur, Henry Louis Gates, est un historien, professeur à Harvard. Il a vécu la ségrégation dans son enfance. Il raconte toute cette histoire sur cinq siècles depuis l'esclavage jusqu'au mouvement Black Lives Matter.
Cet ouvrage est une référence sur le sujet. Il est issu d'un documentaire diffusé sur la chaîne de télévision publique, conçu comme un hommage à l'Église noire américaine, cette institution fondamentale pour la préservation de la vie intellectuelle, morale, politique et artistique de peuples opprimés.
L'ouvrage met à l'honneur la musique, en mettant Mahalia Jackson en couverture.
Des photos parsèment les écrits ainsi que des portraits d'acteurs fondamentaux qui ont oeuvré dans la lutte pour acquérir le droit d'être des citoyens ou tout simplement pour être considérés comme des êtres humains.
Document passionnant mais assez technique. Je le recommande fortement.
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Voici un ouvrage richement documenté qui m'a permis de mieux appréhender les origines du christianisme par la communauté americo africaine et j'ai trouvé particulièrement intéressant de comprendre les différences de visualisation de la religion entre la communauté blanche (se voyant comme le peuple élu) et la communauté noire (se voyant comme le peuple opprimé qui serait un jour libéré comme Moïse avait pu le faire par le passé.

Anthropologiquement passionnant
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critiques presse (1)
Telerama
27 février 2023
Henry Louis Gates Jr. a voué sa vie aux études afro-américaines. Professeur à Harvard, auteur d'une oeuvre considérable, il est enfin traduit en France, avec un ouvrage soulignant le rôle émancipateur de l'Église
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Chan-Malik explique d'ailleurs que King et Malcolm X avaient plus en commun que ce que l'histoire nous a laissé croire :
« On dépeint dans la presse Malcolm X et King comme deux antagonistes, et cette impression perdure jusqu'aujour'dhui, posant que l'un était pour l'intégration, la paix et l'amour, et l'autre pour la libération des Noirs par tous les moyens nécessaires, quitte à prendre les armes. On veut dépeindre Malcolm X comme un agitateur, comme cet insurgé dont le discours plus libéral des droits civiques doit se débarrasser. Même si Malcolm et Martin amorcèrent leurs combats dans des lieux très différents, à la fin de leur vie, leur pensée et leur façon d'aborder les problèmes de leur époque convergeaient vraiment. »
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Aux yeux de l'historienne Evelyn Brooks Higginbotham, de Harvard :
L'Église a deux identités. L'une d'elles consiste à être oppressive envers les femmes. C'est intéressant, car, en étudiant l'esclavage et l'Église du maître, le même genre de message s'adresserait à l'esclave. Ainsi, lorsque les femmes commencent à réclamer leur autonomie, elles dénoncent cette double contradiction. Je pense que, pour les hommes, céder aux femmes signifiait de bien des façons, dans leur tête, une émasculation. Puis ils avaient la Bible, pour leur dire qu'ils étaient censés dominer. Seulement, les femmes l'avaient aussi et pouvaient répliquer : « Les Écritures disent plus que ça, mes chers. »
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Projetées dans un monde en constante mutation et confrontées non seulement à des conflits internes, mais aussi à une oppression externe due à la suprématie blanche, les Églises noires durent répondre à l'impatience de leurs membres. Cette insatisfaction, fondée dans ce monde et non dans celui à venir, visait à libérer les Noirs des contraintes de la ségrégation et à leur accorder une pleine participation à ce pays que leurs ancêtres avaient édifier sans rémunération, ni gratitude, ni reconnaissance de leur humanité.
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