Cet ouvrage est à la fois vivifiant, stimulant… et terrifiant ! En explorant le concept de solidarité,
Julia Montfort étudie un enjeu vital de notre siècle : comment va-t-on gérer le déplacement de populations combiné à l'urgence écologique ?!
Elle met à l'honneur tous ces anonymes discrets qui hébergent un exilé ‘prêts à chambouler leur quotidien, à dormir sur un canapé, à monter un dossier administratif qui ne les concerne pas, à être hors-la-loi comme jusqu'en 2018'.
On apprend ainsi que la solidarité s'organise partout,
que tous les Français ne rejettent pas les étrangers, au contraire,
et que face au durcissement de la politique migratoire, des citoyens sont mobilisés pour les demandeurs d'asile,
mais que simplement leurs histoires ne font pas la Une...
L'auteure dénonce la politique d'accueil délibérément indigne conduite par des États ayant entière connaissance des conditions d'esclavage et des viols subis dans les camps en Libye, avec des migrants qui errent et meurent en bateau faute d'accoster dans des ports sûrs, et avec une police aux frontières qui ne permet pas aux exilés de déposer une demande d'asile quand ils arrivent sur le sol.
Elle questionne la responsabilité des journalistes qui médiatisent plus les prêcheurs de haine que les solidaires, ainsi que celle du public qui ne fait pas toujours l'effort d'aller puiser ses informations loin des éditos aux amalgames faciles et racoleurs.
Il y a de quoi méditer avec ce livre, et je l'ai refermé en me disant qu'un jour, qui sait, ces États pourraient bien être condamnés pour crimes contre l'humanité,
et que les familles solidaires qui aident les exilés aujourd'hui me font penser aux Justes qui cachaient les juifs sous l'Occupation.