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Citations sur Écoutez nos défaites (230)

Les batailles qu’on nous a demandé de gagner nous les avons gagnées, mais nous savons, vous et moi, que nous sommes vaincus…
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Corps, souviens-toi, non seulement de l'ardeur avec laquelle tu fus aimé, non seulement des lits sur lesquels tu t'es étendu, mais de ces désirs qui brillaient pour toi dans les yeux et tremblaient sur les lèvres...
[Cavafy]
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Le musée de Bagdad est debout à nouveau. C'est une réponse au bulldozer de Nimroud et à la disqueuse de Mossoul. Cela fait douze ans qu'elle lutte contre le trafic d'objets d'art, douze ans qu'elle tente d'endiguer l'hémorragie du patrimoine archéologique irakien. Tant d'objets vont disparaître. Les hommes en noir marchent sur Hatra. Le pillage se poursuit. Alors une idée la traverse et elle se demande soudain si elle ne devient pas folle. Il lui semble qu'elle passe et repasse dans les salles vides pour que les objets la voient. Qu'ils voient, oui, qu'il est des hommes et des femmes qui se soucient de leur conservation. Qui veillent sur eux. Que le monde qui les a tirés hors de terre n'est pas que rapacité et outrages.
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Lorsqu'il m'a demandé d'où j'étais et que j'ai répondu : "Irakienne", j'ai vu, dans son regard, qu'il connaissait mon pays. Il a pris ensuite un air étonné, a prononcé une phrase, une de celles que j'entends lorsque je décline ma nationalité : "Ce n'est pas trop dur...?", mais il l'a fait justement pour que cela paraisse anodin. Je l'ai senti. Dans son regard, juste avant, il connaissait mon pays et ce simple mot, "irakienne", avait suffi à le transporter là-bas. J'en suis sûre. Plus tard, dans la soirée, tandis que nous étions encore au bar, il est revenu sur le sujet et il a demandé : "Où, en Irak?" J'ai dit : "Bagdad", et là encore j'ai vu qu'à la seule évocation du nom de ma ville, il partait là-bas en esprit. Il s'en ai moins caché. Il a gardé le silence longtemps. Et je n'ai rien dit. Puis il a eu un sourire doux et j'ai su que nous monterions dans sa chambre, j'ai su que nous ferions l'amour.
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Elle a pleuré lorsqu'elle a vu les images du musée de Mossoul que diffusaient en boucle les chaînes d'information : un homme en dishdasha avec une disqueuse à la main qui s'en prend au grand colosse ailé. D'autres qui frappent une statue avec un maillet. Elle a mis sa main sur sa bouche comme si elle allait crier ou vomir. Elle sait pourtant la violence de ces hommes, qui tuent, violent, pillent. Elle sait que son pays se disloque sous l'avancée de cette armée au drapeau noir qui brandit le nom d'Allah mais n'est qu'un visage de plus de l'obscurantisme de toujours, celui qui n'aime ni le savoir ni la liberté des peuples, ni les femmes ni les chants. Elle sait tout cela.
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Il n'y a pas de défaite possible. Car cela voudrait accepter de n'être plus ce que nous sommes, cela voudrait dire désapprendre à vivre.
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Sa victoire, elle est là, mais il veut se souvenir que ce sont des morts qui la lui offrent. Il en est toujours ainsi et malheur à celui qui l'oublie.
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Tout ce qui se dépose en nous, année après année, sans que l'on s'en aperçoive : des visages qu'on pensait oubliés, des sensations, des idées que l'on était sûr d'avoir fixées durablement, puis qui disparaissent, reviennent, disparaissent à nouveau, signe qu'au-delà de la conscience, quelque chose vit en nous qui nous échappe mais nous transforme, tout ce qui bouge là, avance obscurément année après année, souterrainement, jusqu'à remonter un jour et nous saisir d'effroi presque, parce qu'il devient évident que le temps a passé et qu'on ne sait pas s'il sera possible de vivre avec tous ces mots, toutes ces scènes vécues, éprouvées, qui finissent par vous charger comme on le dirait d'un navire ....
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Pour que la victoire soit réelle, il ne faut pas uniquement que l'ennemi soit pris dans la souricière, qu'il n'ait plus d'issue, que son chef soit mort, il ne faut pas seulement que plus aucun ordre ne fédère les troupes, que chacun ne pense plus qu'à sa vie, essaie de fuir, tremble de peur. Pour que la victoire soit réelle, il faut aller jusqu'au bout et, lorsque l'ennemi est acculé, avec le lac dans le dos, ne sachant plus que faire, il faut encore avancer et le tuer.
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Pourquoi n’y a-t-il jamais de victoire? Jamais de moments de joie pleins auxquels ne succède rien d’autre qu’une vie de paix à laquelle on puisse s’adonner avec douceur?

(p.219)
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