Les mots qu'on employait n'étaient pas les bons, mais ils faisaient bien leur boulot de mots quand même...
A les entendre, le malaise des jeunes, c'est toujours dans les banlieues que ça se passe, mais à la campagne, ma bonne dame, c'est pas facile tous les jours, vous savez ! Nous, pour brûler les voitures, y faudrait déjà qu'on en voie passer une !
Il a pesté. Il a souri. Il a ri. Il a dit t'es bête. Il a dit arrête. Il a dit t'es con. Il a dit c'est bon. Il a dit mais tu vas arrêter, oui ! Il a dit je te déteste et il a dit je t'adore?
Ils ont travaillés comme des chiens, ils se sont nourris, pansés, beurrés, dégrisés, engueulés, quittés, gavés, gâtés, pourris, détesté, sevrés, réinitialisés, déçus, adorés, retrouvés et épaulés tout au long et surtout, ils ont appris à lever la tête ensemble.
Ce sont eux qui ont vécu.
Ce sont eux.
C’était ce que j’étais en train de penser sur le chemin du retour. Qu’il fallait que je sois ma propre mère. Au moins pour une journée dans toute ma vie. Que je fasse pour moi ce que j’aurais fait si j’avais été ma fille. Même chiante. Même pleureuse.
Tous ces chatons en miettes que j’avais dû enterrer en secret, tous ces cadeaux des fêtes des mères que j’avais été obligée de rater tellement ça m’aurait détruite d’offrir quelque chose de joli à ma belle-mère, toutes ces maîtresses qui avaient cru pendant des années que j’avais deux mains gauches et qui m’avaient regardée comme une demeurée. Toutes ces connes qui avaient confondu ma tendresse et ma pauvreté…
Tous ces chagrins… Tous ces petits chagrins à la queue leu leu.
Tout les oppose et pourtant ils s'attirent. Malgré des parcours qui s'entremêlent et se démêlent, l'amour et le respect qu'ils ont l'un envers l'autre n'arrête de croitre et de les réunir.
Bien sûr, nous n'en étions qu'au début de nos peines, tous les deux, bien sûr, mais quand nous serions au bord de nos tombes, nous pourrions nous retourner et nous dire : c'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par la peur et ce sentiment de terreur...
Franck : On ne te demande pas d'être Camille, on te demande de la jouer...
Billie : Bon ben tant qu'à jouer, jouons! Moi, je préfère jouer Perdican. Ca m'amuse plus de te dire que si un jour on ne s'aime plus, on prendra chacun des amants jusqu'à ce que tes cheveux soient gris et que les miens soient blancs.
Franck : Non!
Billie : Quoi non?
Franck : Ce n'est pas une bonne idée...
Billie : Pourquoi?
Franck : La prof ne nous a pas distribué les rôles comme ça et on fait comme elle a dit.
Billie : Mais... Mais on s'en fout, non? C'est la scène qui compte, pas de savoir qui fait qui...
Franck : Non...
Billie : Pourquoi?
Franck : Parce que je suis un garçon et que je joue un rôle de garçon et que toi t'es une fille et que tu joues un rôle de fille. C'est aussi simple que ça et voilà.
Billie : On ne vous demande pas d'être Camille, mon cher monsieur, on vous demande de la jouer!
J'ai un compte à régler avec mon passé et je le règle rubis sur l'ongle dans des palaces cinq étoiles. Pour le coup, c'est un contrepoids qui tient bien la route.