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Après la publication de "Rémi des Rauches" et surtout après celle de "Raboliot", la critique française catalogue Maurice Genevoix comme "écrivains régionalistes".
Thomas Mann, Thomas Hardy, par exemple, pourtant soucieux d'inscrire la réalité romanesque dans un cadre régional ou provincial précis, ne pâtissent pas d'un tel reproche même en France.

Le personnage titre est un jeune homme qui partage sa passion pour le fleuve avec un vieil homme, rémouleur à ses heures, à demi-vagabond, ancien disciple de Fourier, poète des bords de Loire. La Loire étant le personnage principal.
Dans "Rémi des Rauches", le fleuve est, à double titre, ressort d'intrigue : la pêche en Loire, les saumons et aloses abondent encore.., et l'inondation.
La crue de 1856 est le cadre de toute la seconde partie de ce roman de Maurice Genevoix.
La pêche en Loire est sans doute aussi ancienne que le peuplement des rives du fleuve.
Au travers de la lecture de ce roman, on s'aperçoit que ce fleuve sauvage, sauvagement libre, fut aussi jusqu'au milieu du XIXe siècle une voie de communication très importante. Mais à partir de 1850, la concurrence du chemin de fer accentuera son déclin.

"Rémi des Rauches", deuxième roman de Maurice Genevoix, paru en 1922, est pour moi, celui qui représente le mieux, sans qu'il en soit dit mot, l'ivresse des retrouvailles entre sa province et l'auteur. La Loire y est partout présente, et par elle, ses riverains, paysans et pêcheurs. L'intrigue est simple, toute inspirée d'un thème élémentaire, un amour, une nostalgie, un retour.

Comme toujours avec Maurice Genevoix, très belle lecture, et très beau roman.




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J'ai découvert Maurice Genevoix avec rroû et j'ai été complètement charmé par ce roman qui déborde de sensibilité, d'humanité, de bienveillance et de vie.

J'ai ensuite lu L'animal et la mort de Charles Stepanoff dans lequel ce dernier cite à plusieurs reprises Raboliot.

C'est donc le deuxième roman que je lis de cet auteur. Ce sont exactement les mêmes thématiques que rroû qui sont abordées mais d'un autre point de vue, celui d'un humain. Rémi, un pêcheur insouciant amoureux de la Loire, de sa faune et de sa flore, se retrouve malgré lui à Orléans et ne supporte pas la vie en ville ; il délaisse sa famille et son travail, ne pouvant plus résister à l'appel presque surnaturel de son milieu d'origine.

Les premiers chapitres m'ont vraiment plu - surtout celui où se noue l'union de Rémi et Bertille ; on parle beaucoup de Maurice Genevoix comme un grand observateur de la nature et des animaux (et comme témoin important de la guerre) mais j'ai pour l'instant vu assez peu de commentaires sur son talent tout particulier à retranscrire le jeu de la séduction et tout ce que cela implique. Cela m'avait déjà beaucoup marqué dans rroû, quand le chat noir se lie à la chatte blanche, et c'est encore une fois ce qui m'a vraiment marqué dans ce roman. Quand Rémi sauve sa belle-famille de la crue et remplace symboliquement - et dans les faits, son beau-père, c'est tellement "cliché" et épique que cela en devient beau, surtout que ce début d'histoire idyllique et chevaleresque va être ensuite traîné dans la boue par les mécaniques d'aliénation qu'engendrent l'appât du gain, le progrès technique et l'industrialisation, et la vie urbaine …

Le rejet de l'urbanité et de la modernité opposées à un culte quasi mystique, charnel et animiste de la nature, des éléments, des animaux et des lieux sont des sujets très actuels. Ajoutons à cela, ce qui n'était pas abordé dans rroû, un rejet du travail à la chaîne, du monde de la petite entreprise industrielle et industrieuse qui corrompt l'artisanat, un rejet de l'argent, du lucre et du capitalisme petit bourgeois – avec les personnages tellement repoussants de Bertille et de son patron/propriétaire/amant (dont j'ai oublié le nom) – et on se retrouve avec un roman qui, je crois, parlera à bon nombre de jeunes lecteurs un brin conscientisés et sensibilisés à ces questions.

À aucun moment je ne limiterais donc Rémi des Rauches à un roman régionaliste ; il est évident que Genevoix entend aborder des sujets bien plus larges, voire universels, avec cette histoire, de la même manière qu'il l'a fait avec Rrôu d'ailleurs. (Mais je pense que cela fait en fait longtemps qu'on ne réduit plus Genevoix au régionalisme, sa panthéonisation en est en quelque sorte la preuve, je crois avoir compris qu'il avait été un peu "oublié" dans les années 1980/1990 ?)

Le personnage du Père Jude est très attachant, la relation père/fils, maître spirituel/disciple, avec Rémi qui prend sa place à la fin, est particulièrement belle.

C'est donc un peu plus convenu et académique, un peu plus roman social /naturaliste du XIXème siècle (Genevoix avait écrit une thèse ou un travail universitaire sur Maupassant), j'ai préféré rroû personnellement, ici le message m'a semblé moins subtil - la déchéance de Rémi et de Bertille est totale, le sort du père Jude m'a semblé tellement cruel qu'il en ressortait un sentiment de "trop", presque d'exagération … Peut-être aussi une dimension oeuvre de jeunesse/premières oeuvres, moins « réfléchie » mais beaucoup plus passionnel, dans laquelle l'auteur voudrait dire tout ce qu'il a sur le coeur ?

Quoi qu'il en soit, Rémi des Rauches m'a incité à faire l'acquisition de tous les autres livres de Genevoix – à part ceux sur la Grande Guerre qui, je l'avoue, m'intéressent moins. J'aime son ton à la fois distant, presque froid de naturaliste traitant les humains comme les êtres vivants qu'ils sont, mais qui arrive toutefois à émouvoir comme peu d'auteur m'ont jusqu'à maintenant ému, on a l'air d'être constamment sur le fil et je n'arrive pas encore à mettre de mot dessus. J'ai été aussi surpris, comme avec rroû, de sa tendance à pouvoir être à la fois très léger et tendre, pour ensuite partir dans des territoires très pessimistes et morbides : encore une fois, on se sent toujours dans une sorte d'équilibre, de balance, entre la vie et la mort, ressenties chacune de manière très intense.

J'ai en tout cas hâte de découvrir le reste de son oeuvre.
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Qu'il s'agisse de la Sologne ou de la Loire, le talent unique de Maurice Genevoix pour les mettre en scène accroche sans faillir ses lecteurs, comme les hameçons de Rémi pour les poissons du fleuve. Point besoin d'appât pour amorcer une aussi belle lecture et suivre le cours du fleuve majestueux en même temps que l'histoire de Rémi. Il est enlevé de son fleuve et emporté vers la ville où, même si la Loire y coule, sa vie ne peut ressembler à son vécu des bords sauvages du fleuve où il observait et se délectait d'une nature paisible qui le comblait. Un très beau roman de Maurice Genevoix, comme toujours.
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Fluide comme la Loire, véritable héroïne du roman. La lecture permet de faire le plein de sensations: les couleurs changeantes du ciel, les odeurs de l'eau, les bruissements de la végétation.... de belles descriptions pour un texte très poétique mais l'auteur, humaniste, ne néglige pas l'homme pour autant et l'intègre dans cette nature merveilleuse, là où est sa place.
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Chez nous, un peu plus en aval de la Loire (Meung sur Loire, Beaugency) on dit plutôt les « rouches » que les « rauches » mais cela désigne bien la même chose.
Ne revenons pas sur l'histoire, analysée par d'autres Babelnautes. Rappelons uniquement la beauté de la langue de Genevoix, encore une fois, somptueuse et précise . Une des plus belles plumes du XXe siècle; elle égale certainement celle de Colette quand il s'agit de décrire la nature. La psychologie des personnages, simple et limpide, n'est pas en reste. Reste que l'histoire ne m'a pas particulièrement emballé, si je compare à l'oeuvre plus tardive de l'auteur. Cela m'a surtout intéressé pour la description de paysages que je connais bien.
Un très beau texte qui ne plaira, à mon avis, qu'aux lecteurs amateurs de … très beaux textes.
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Né dans la Nièvre, c'est tout jeune que Maurice Genevoix s'installa avec sa famille à Châteauneuf-sur-Loire, ville d'origine de sa mère.
Après la boucherie de la première guerre mondiale qu'il vécut, l'auteur se pose au bord du fleuve adoré pour raconter l'histoire de Rémi des Rauches, un jeune homme, tonnelier de profession et pêcheur à l'occasion.
Il se lie d'amitié avec Jude, un vieil idéaliste fouriériste, qui le considère comme son fils et lui transmet la vraie valeur des choses.
Le récit se déroule en 1856, année d'une crue exceptionnelle qui dévoile le visage indomptable et sauvage de la Loire, personnage à part entière du roman.
Amie de l'homme pour la nourriture et la beauté des paysages qu'elle offre, elle devient son ennemie par son imprévisibilité. Cette adversaire, Rémi parvient à composer avec elle en sauvant des paysans cernés par les eaux. Parmi eux, la belle Bertille qu'il prendra pour épouse.
Mais la jeune femme n'est pas une rêveuse comme son mari. Elle est cupide et a les pieds sur terre. Pensant faire fortune, elle entraîne Rémi à Orléans, la grande ville noire et humide. le jeune homme a la nostalgie de Portvieux et du père Jude...
Composé comme une succession de tableaux naturalistes, « Rémi des Rauches » a une puissance visuelle et poétique et le charme un brin désuet d'une écriture qui a près d'un siècle. C'est aussi un roman d'initiation qui décrit l'hésitation du « héros » entre l'amour qui ne serait finalement qu'illusion et l'amitié.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Roman fleuve.

Rémi humble pêcheur des bords de Loire a une passion, se balader aux bords de Loire et taquiner le chevesne ou le gardon. Une grande amitié, filiale, le lie au père Jude. Figure tutellaire, mi homme des bois, mi chamane du fleuve. Rémi s'engage auprès d'un pêcheur professionnel pour une saison. Puis survient la grande innondation qui mettra en péril la population. Rémi n'écoutant que son courage portera assitance aux siens. Homme raisonnable, bon et ininterressé, Rémi rentrera dans un conflit avec son ami et employeur, puis fera la rencontre de Bertille qui le ménera à la ville. La grande Babylone, Orléans. Rémi ne sera jamais plus le même et surtout ne sera pas ce qu'il aurait du être.
Genevoix nous livre un récit dont il a le secret. Découpé en quatre parties distinctes. On aborde la vie d'un homme qui se laisse porter par le courant de la vie, qui est parfois agité comme Son fleuve, la Loire.
Car c'est lui le personnage principal. le Fleuve qui nourrit, qui distrait, qui prend les vies et revient dans son lit, comme si de rien n'était. Et les hommes acceptant sa nature destructrice le réadoptent, et tombent sous le charme de ses caprices et des ses atours. Il s'agit du fleuve qui à l'instar du Nil, fait la vie des hommes, modèle leurs pensées et les emprisonne dans ses méandres. de très belles descriptions de la Loire sont tracées par Genevoix, ses couleurs, ses alentours, ses courants, enfin sa personnalité, comme une déesse. La loire des hommes, des petites gens, loin de la Loire des Rois et des châteaux. J'ai revu dans ces pages des scènes de pêche au petit matin brumeux, des gouttelettes en suspension dans l'air qui éffacent le contour des choses, le bruissement de la végétation qui signale une présence, le col remonté, hypnotisé par la lente dérive du bouchon dans le courant. Attention, il s'agit avant tout d'un roman sur les hommes et le Fleuve.
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Ici l'auteur nous refait un conte sur le theme rat des villes rat des champs avec un couple mal assorti qui veut s'imposer une vie qui ne leur convient pas.L'un veut rester au bord de sa Loire cherie tandis que l'autre veut s'installer en ville.Le tact et la douceur de l'auteur font merveille ici pour arrondir les angles de cette relation.
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Touchant, poétique, un roman où la star c'est la nature, le terroir.
Vocabulaire un peu difficile (celui pointu des pêcheurs de la Loire).
C'est comme du Giono et j'aime.
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Je viens de finir de lire Rémi des Rauches, de Maurice Genevoix, publié en 1922. Je ne connais pas ses écrits de guerre, sur le devant de la scène ces derniers temps, mais j'avais déjà lu Raboliot que j'avais adoré, et j'ai retrouvé une sensibilité à fleur de peau envers la nature et les êtres animés et inanimés qui la peuplent. Genevoix aussi perce l'âme humaine et y voit clair ; ça n'est pas la moindre qualité de ce roman et c'en est, par moments, bouleversant.
On a parlé de réalisme poétique - il y assurément de la poésie chez Genevoix - ; de naturalisme optimiste - quoique l'optimisme soit ici un peu lesté d'une vague tristesse indéfinie qui n'affleure pas toujours, néanmoins ; la symbiose entre l'homme et la nature en tout cas est, chez Genevoix, vraiment magnifique.
Il y avait quelques difficultés de langue dans Raboliot, auxquels je m'étais fait cependant assez vite. Dans Rémi des Rauches, la langue est plus difficile avec parfois des mots peu usités du fonds français, parfois régionaux, parfois techniques (du métier de la pêche), ce qui m'a rendu la lecture un peu difficile par moments.
Bref, une chose est sûre, je lirai encore Genevoix : la Forêt perdue et la dernière Harde sont sur mon chemin ! Des heures de joie en perspective 🙂
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