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EAN : 9782213651712
120 pages
Fayard (06/01/2010)
3.64/5   7 notes
Résumé :
« À six ans, jouer l'ignorance quand on a parfaitement compris. Mourir n'empêche pas un père de revenir à la maison. Mourir est un acte comme un autre. Quelle disparition l'empêcherait de dormir, de parler et de manger ? roui, ça n'avait aucun sens dans mon esprit. J'ai imaginé que mourir signifiait au fond qu'il vivait encore, mais dans une autre famille, avec une autre femme et d'autres enfants.

C'était facile de ne pas mourir ; ouvrir les yeux, les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore une curiosité de ma PAL, je serais incapable d'expliquer comment Muettes y a atterri. A défaut d'explications, voyons si je peux trouver quelques satisfactions à le lecture de ce petit livre d'à peine cent pages.

Muettes est l'histoire d'une petite fille de six ans qui vient de perdre son père, et qui nous raconte comment elle et sa mère ont vécu le deuil. Cette petite fille, c'est Yasmine Ghata.
Fille unique de cette union, elle se retrouve seule avec sa mère, poétesse de son état, pour affronter ce drame et vivre avec une absence, un vide permanent, qui sera savamment évité dans leurs échanges. Sa mère, qui perd visiblement pied avec la réalité, se renferme dans l'écriture et l'imaginaire, évitant toute mention du décès de son époux, les contraignant toutes deux à faire leur deuil indépendamment. Et une petite fille de six ans, ça cogite beaucoup.

Un livre poignant, où Ghata parvient à nous mettre rapidement le cafard, mais avec grâce et dans un lyrisme envoûtant. Elle aussi, par défaut, a trouvé refuge dans un coin de sa tête, et elle nous livre à coeur ouvert ses sentiments et ses souvenirs, diablement précis. Elle nous confie également ceux de sa mère, sans fard, éléments primordiaux dans la compréhension de ce deuil étrange et bouleversant.

Muettes n'est pas un livre indispensable, loin de là, mais reste néanmoins une très belle lecture, curieuse et touchante, bien qu'elle laisse le lecteur avec le coeur serré. Déconseillé les soirs de déprime..
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Voilà un court roman-récit d'une centaine de pages qui se lit très vite...

Lorsqu'à six ans la narratrice perd son père, personne parmi ses proches ne lui explique ce qui se passe...Alors c'est facile pour elle de feindre l'ignorance. D'autant plus que sa mère, écrivain, s'enfonce dans le déni et le silence, et qu'elle plonge dans l'écriture comme dans le seul salut possible pour continuer à vivre.
C'est facile pour une petite fille de six ans de penser qu'être mort n'implique pas forcément, ne plus revenir à la maison.
Elle se sent abandonnée et invente son propre monde où son père est encore vivant.

Est-il parti en voyage ?
A-t-il mystérieusement disparu ?
A-t-il fondé une autre famille avec une autre femme et peut-être d'autres enfants ?
Tout est possible quand on a six ans.

Pendant le jour, la narratrice contemple le contenu d'une boîte contenant milles petits objets ayant appartenu à son père, elle reproduit son écriture en recopiant ses lettres... et la nuit c'est dans les bras de sa mère qu'elle se réfugie en une étreinte fusionnelle.
Dans ce récit, tout réside dans l'ambiance et dans les mots employés par l'auteur, la poésie de certaines phrases, la fusion mère-fille où toutes deux trouvent un réconfort et ce silence qui les relie parce que les mots n'ont pas de place pour dire leur souffrance...
C'est un beau texte très doux et intimiste, autobiographique d'un(e) auteur(e) que j'avais découvert en lisant "J'ai longtemps eu peur de la nuit" en 2016.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Profession : Écrivain. Ma mère complétai cette rubrique administrative par le mot « poétesse ». Un métier comme un autre que j'avais appris à reporter dans la case réservée au père, la mention "décédé ", sans les larmes ni le drame. Ces deux mots résumant la singularité des premières années de ma vie.
Le monde réel fut d'emblée relégué sur les bas-côtés, ma mère n'y voyait rien de capital à m'enseigner. Tout était prétexte à sonder l'imaginaire. Le premier degré, l'analyse des faits étaient le point de départ d'histoires où le mythe auréolait des acteurs inconscients de leurs propres rôles. Le monde réel était transformé par des mots sans modération et sans mesure. Tyrannie de notre imaginaire et personne pour le contester. (p1112)
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J'aimais reproduire ses gestes comme pour le faire apparaître. Contrefaire son âme pour tromper la mienne.
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J'ai quand même posé la question, par cruauté ou par innocence, peut-être, je ne sais plus.
"Il va revenir aujourd'hui, papa ? "
A six ans, jouer l'ignorance quand on a parfaitement compris.
Mourir n'empêche pas un père de revenir à la maison. Mourir est un acte comme un autre.
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Nous vivions muettes, les mots n'avaient pas leur place ici...
La mer écumait le bord des mots, raturait les lettres inutiles...
La disparition de mon père avait inspiré ses plus beaux poèmes, mais la vie tout entière était devenue à ses yeux une strophe de poème où le mot "mort" est sans cesse paraphrasé...
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J'ai dessiné un graffiti sur la table, un cœur sans doute, à l'aide de mon index...
elle dessina deux autres cœurs sur la table à proximité du mien. Je compris ce qu'elle voulait me dire. Sans un mot je traçai une ligne séparatrice qui lui signifiait que l'un d'eux était passé de l'autre côté.

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Vidéo de Yasmine Ghata
Interview de l'écrivain Yasmine Ghata pour son roman "Le Târ de mon père" paru aux Editions Fayard
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