Notre narratrice est mère de trois fils et d'une fille dont la naissance a été une véritable secousse. Elle est pleinement dévouée, corps, âmes, seins à ses enfants. « Je me suis rendue invisible, en me cachant soigneusement dans des chambres créées par le travail féminin, la répétition et le lait. »
Jamais il n'est question de fatigue, d'épuisement, de maux physiques, elle est tenue en haleine par une quête insatiable sur la poétesse Eibhlín Dubh qui a écrit « Caoineadh » aux dix-huitième siècle. Dans ce poème elle décortique son amour pour Art, son homme, le père de ses trois enfants, mort quand alors leur troisième enfant remplissait justement le ventre de sa femme. Eibhlin a vécu en tant que femme libre, amoureuse éperdument d'Art, dans un gynécée effervescent.
La narratrice fait des ponts entre sa propre existence et celle d'Eibhlin, valorisant la femme dans ses méditations, ses combats. Elle doit sauvagement lutter pour assembler le puzzle de la vie de la poétesse car les traces de son passé sont nébuleuses, les hommes sont passés par là. Mais ses recherches lui permettent de ne jamais être seule tout en vivant dans une sorte de solitude accomplie. Un texte hautement féministe, doté d'une poésie sensible qui s'agrippe à son lecteur.
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Une méditation sur les limites de la biographie et une autofiction postféministe sur la maternité. Un roman hybride qui bouscule les genres.
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Avec lui, enfin, j'ai commencé à rire. Il est entré dans ma vie sans fanfare ni glamour. Nous ne nous sommes pas enfuis. Il s'est simplement mis à marcher au même rythme que moi, à mes côtés, avec son sourire facie, ses vieux tee-shirts, ses jeans usés, et son pas fidèle.
Quand nousnous sommes connues, j'étais enfant et elle, morte depuis des siècles.
Ceci est un texte féminin cousu de culpabilité et de désir, assemblé au son des comptines de dessins animés.