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Que vient faire la Pologne en Provence ?
On n'en saura rien car ce n'est absolument pas le sujet.
Ce roman est écrit dans un style magnifique au service d'un cynisme à toute épreuve. En donnant la parole à l'un des personnages très engagés dans le récit, Giono donne une profondeur savoureuse aux mesquineries des uns et des autres dans un village où chacun s'épie.
On est entre Balzac et Pagnol, c'est un régal.
C'est ma première lecture de Jean Giono. Ici, pas de description de la Provence comme j'en ai souvent entendu parler. Mais un portrait de la nature humaine avec juste ce qu'il faut d'ironie, une acuité qui force le respect.
Je me suis régalée.
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Le livre tranche avec beaucoup d'autres ouvrages de Giono : un style moins travaillé, peu d'envolées lyriques, une nature assez peu présente bien que le monde paysan apparaisse en toile de fond ; c'est plutôt une satire sociale qui décrit avec cynisme la médiocrité et la méchanceté humaine.

Les gens dans le malheur, les faibles y sont persécutés par la société et parviennent quand même à en retirer une forme de résilience... avant que la guigne ne les rattrape.
Le narrateur, très fin quand il s'agit de protéger ses propres intérêts, est souvent tourné en ridicule pour sa lâcheté et son étroitesse d'esprit.

Sans doute moins ésotérique et plus accessible que la plupart des autres bouquins de Giono, le Moulin de Pologne n'en est pas moins un roman très original et d'une grande finesse.
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Le moulin de Pologne est un livre a part dans l'oeuvre de l'auteur.J'ai retrouve la faconde propre a Giono,écrivain du sud de la France qui fait passer du soleil dans ses lignes mais l'oeuvre est ici plus sombre,plus triste que le reste de sa bibliographie,car c'est un drame qui nous est conte ici celui d'une famille visiblement maudite.Mais le talent de l'auteur demeure et ce changement d'ambiance ne nuit pas a la qualite d'ensemble du livre.
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Ne cherchez pas : si vous vous attendez à des hussards assoiffés sur fond d'envolées chopinesques, vous n'y êtes pas du tout. Point de Pologne ici : nous sommes aux alentours d'une petite ville, un gros bourg, disons, qui ressemble – tiens donc – à Manosque. le Moulin de Pologne est le nom d'un domaine. Une belle propriété déjà ancienne, qui porte sur elle comme fatalité. le nom viendrait d'un pèlerin polonais en route vers la Terre Sainte, qui y aurait bâti sa cabane. Un nommé Coste, revenant des guerres de l'Empire, s'y serait installé. Avec lui, c'est la guigne, la mouise, la poisse qui s'installent sur le domaine. Après avoir perdu sa femme et ses deux fils dans des circonstances tragiques, il lui reste deux filles à marier. Il y arrive grâce à une entremetteuse mais la malédiction du domaine continue : de génération en génération, les morts violentes se succèdent, on en arrive à la dernière survivante, Julie, qui, non seulement est victime de la sale réputation de scoumoune de sa famille, mais en plus est défigurée et tenue à l'écart de tous. du moins jusqu'à l'arrivée de Monsieur Joseph...
« le Moulin de Pologne » fait partie de ces « Chroniques » dont la caractéristique principale est de déconcerter le lecteur : ici le narrateur (il n'y en a qu'un, cette fois) nous raconte l'histoire du domaine depuis Napoléon : au résumé que j'en ai donné, on pourrait croire que le thème principal est la fatalité, comme dans les tragédies antiques. Il y a un peu de ça, mais pas seulement : Giono ici ne se réfère pas spécifiquement à Virgile, ni à Eschyle, Sophocle ou Euripide, la fatalité est seulement un argument de romancier.
Et le romancier tient la première place : c'est lui qui tire les ficelles, qui longuement décrit la machination de la fatalité au cours des années, et qui, par un artifice qui lui est familier, (l'intrusion d'un homme providentiel, ici Monsieur Joseph), dénoue l'intrigue.
Mais, cette tragédie, Giono décide de la traiter en opéra-bouffe : il mélange comédie et tragédie comme Shakespeare, ou comme dans le « Don Giovanni » de Mozart (deux références absolues pour le poète de Manosque).
Cette situation est parfaitement analysée par Janine et Lucien Miallet (Présentation du roman dans La Pléiade) :
« Ainsi la chronique si complexe du « Moulin de Pologne », que le mode d'écriture adopté nous convie à contempler avec le détachement et la passion que l'on accorde en même temps au pur spectacle, peut-elle offrir, de façon peut-être encore plus totale qu' « Un roi sans divertissement » la fusion du comique et du tragique […] Mais le comique est comme englobé dans le tragique, et tous deux se répondent en écho […] Giono joue avec le lecteur, et nous conseille finalement de cultiver nos fleurs, si nous pouvons. Nous attendons, d'un bout à l'autre du livre, une révélation qui nous est dérobée – puisqu'il n'y a pas de vérité. Cette démarche un peu frustrante nous propose, sans insister, une vision du monde proche du désespoir et une esthétique de l'ironie »
C'est un peu le sentiment qui ressort de la lecture de ce roman : autant on reste toujours admiratif de la prose de Jean Giono, toujours aussi fluide et aussi « parlante » (bien qu'il y ait peu de descriptions et peu de dialogues), autant on a l'impression d'être resté spectateur, de n'être pas véritablement entré dans le roman.
Chacun des romans de Giono (dans sa deuxième manière) est quelque peu expérimental. Et celui-ci en est une preuve indiscutable.
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Le Moulin de Pologne est une riche propriété campagnarde, cadre d'une tragédie qui couvre près d'un siècle. Avant de marier ses filles, le père Coste confie son souci à l'entremetteuse qu'il a recrutée : il a perdu son épouse et ses deux fils dans des circonstances tragiques, lui faisant craindre pour ses filles une mort anticipée. Pour conjurer le sort, il cherche pour ses filles des maris auxquels rien n'arrive jamais. Bien au contraire, ils n'échapperont à aucun malheur.
Un magnifique roman.
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Probablement en lisant le mot « sorcier », inscrit sur la 4e de couverture dans le commentaire de Jean-Jacques Gautier sur le récit, que j'ai voulu lire le Moulin de Pologne.
Il suffisait d'un mot et d'une méconnaissance de tout le reste pour plonger dans cette quête écrite, quête d'une course poursuite contre la fatalité Coste.
Avant toute chose, s'attarder sur le rôle du narrateur :
- dans la première partie de l'oeuvre, le narrateur au nom mystérieux adopte les « nous » et « on » ; distinction entre le monde reclus du Moulin et la société du village, dont il fait partie.
- Entrée dans l'histoire, et la narration des Coste

s'inscrit au présent, par le personnage de Julie. le narrateur est membre de cette société qui regarde Julie, et il exprime ses goûts « j'aime/je n'aime pas » tellement de fois qu'il m'est pénible de ne connaître notre narrateur que par des indications si précises - j'aurais aimé plus de philosophie, malheureusement adepte du top-down en littérature
- Des indications notables sur le narrateur puisque le lien sinueux entre lui-même et monsieur Joseph commence à s'établir. Monsieur Joseph regarde par notre oeil : il lit lui aussi les énonciations du narrateur de ses goûts, et initie cette attaque symbolique.
- le pont est abaissé, et le narrateur pleinement engouffré dans ce Moulin de Pologne, un destin qui se ressert en même temps que les potentialités d'y échapper sont de plus en plus monnaie courantes dans les croyances.
Somme toute, après Les Grands Chemins, je retrouve Giono et sa campagne et ses destins maculés de fatalisme - sous un autre parallèle en revanche, car la fuite de l'hérédité est la caractéristique principale du récit, qui se solde par une fuite physique du dernier fougueux et un délabrement de toutes les personnes ayant vécues dans la connaissance de cette fatalité.
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Ce roman, qui fleurte parfois avec le fantastique, a pour cadre un village non identifié dont les habitants ont toutes les caractéristiques des petits bourgs de province où les mesquineries, lâchetés, hypocrisies et autres jalousies se développent au rythme lent de la routine. Hobereaux et valets participent à cette ambiance, qu'un certain monsieur Joseph, sorti de nulle part, viendra déranger. Que cherche-t-il cet inconnu ? Tour à tour inquiète, méfiante, vindicative, la population finit par accepter la domination de cet homme de loi aux dimensions intellectuelles reconnues supérieures.
Le narrateur anonyme, pétri de prudence, évoque le fait que monsieur Joseph souhaite acquérir le Moulin de Pologne, marqué par une malédiction qui a vu dispaître, membres après membres les trois générations de propriétaires dans des morts violentes. Seule reste Julie, fille moquée du reste des villageois.
L'énigme consiste à savoir quelle sera l'attitude de ce monsieur Joseph, intriguant personnage épris de rédemption.
La construction de ce roman est étonnante, avec un déséquilibre total des 7 parties qui constituent l'ouvrage. le deuxième "acte" est un flash-back qui occupe à lui seul 1/3 du roman et marque le coeur de l'histoire. le style, utilisant parfois les ressors du fantastique, imprime une ambiance inspirée des tragédies antiques.
L'ensemble, soutenu par une formidable écriture, est surprenant de modernité et nous éloigne avec bonheur de nos petites auto-fictions contemporaines.
A ne pas manquer !
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Un Moulin en Provence qui doit son nom à un pèlerin polonais allant à Rome qui y installa sa cabane, et Coste, un gars du pays revenu du Mexique après la chute de l'Empire qui fait construire un maison de maître, achète des terres et des dépendances...Il est veuf et a déja perdu son épouse + 2 fils, mais il lui reste 2 filles : Anaïs et Clara et, il va contacter Mademoiselle Hortense qui doit lui trouver 2 gendres vigoureux et sains avec la certitude de ne plus avoir de malheurs...
Mais, après ces mariages, les décès vont frapper de nouveau la famille et, d'après le narrateur anonyme qui va nous conter sur un siècle le destin des Coste : la malédiction s'abat encore sur les habitants du Moulin. La seule survivante est Julie, défigurée, moquée par les villageois !
Entre temps : un homme inconnu, nommé Joseph est arrivé au bourg, il intrigue et même fait peur à ces médiocres qui ne vivent que de ragots, de mesquineries ordinaires...
Au moment que l' on n'attend le moins, le destin envoie cet homme fort, habile qui va épouser Julie, la venger de tous, il va même retaper le Moulin, valoriser les terres et lui donner un fils : Léonce, par la même occasion : il fait revivre le village...
Jean Giono, dans ce conte provençal reprend son thème favori : le destin, l'homme providentiel ( comme dans " Que ma joie demeure " ). Un inconnu, venu de nulle part vient apporter la vie, la lumière, la joie dans ce monde fermé, noir et rabougri par l'obscurité, la petitesse des âmes ! Ce Moulin est le symbole de la tragédie humaine, de la fragilité des certitudes, des valeurs, des vanités mais aussi la victoire de la nature qui finit par avoir toujours la main sur les destinées !
L.C thématique de septembre 2022 : un LIEU dans le titre.
Challenge ABC des titres 2022/2023 .
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bonsoir à tous,
je suis en cours de lecture pour ce livre. je terminais Jean Teulé - rainbow pour rimbaud et le choix du suivant était Jean Giono. Commençant à ouvrir ce livre, j'ai découvert quelque chose de particulier. est ce particulier la plume de Jean Giono ?
je pose cette question car je n'arrive pas à trouver la logique dans cette histoire même si c'est vrai que je n'ai lu que le premier chapitre.
on ressent dans ce livre quelque chose de particulier, une qualité d'écriture mais à la fois pas anodine.
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Le cadre du Moulin de Pologne est aussi mystérieux que l'origine de la famille de notables qui possède ce domaine : les Coste. Autour de l'histoire passée et présente de cette famille, le narrateur nous parle du Destin, et de tous les maux de la société.

Les différentes générations des Coste, bien que liées par le moulin de Pologne, ont des fortunes diverses, le père Coste est porté par le destin, sa fille en subit tous les revers et son beau-fils tentera de le défier et de redonner à la famille et au domaine sa splendeur d'antan. En toile de fond de ces combats personnels, l'on trouve la société, comme un marionnettiste sadique qui tire les ficelles, et retourne sa veste au gré de la situation des notables. le narrateur lui-même participe à cette entreprise, bien qu'il se présente comme un fidèle allié de la famille, il n'en est pas moins curieux de voir ce que le destin leur réserve, tout en se protégeant de quelconque revers de fortune… d'ailleurs ne nous colporte t'il pas lui aussi ces ragots à nous lecteur ?

Giono dépeint, avec un peu de condescendance, la société d'une petite ville de province, dans toute sa médisance et son hypocrisie. Mais la force de ce récit est le traitement particulièrement fin de la fatalité et du destin.

«Le destin n'est que l'intelligence des choses qui se courbent devant les désirs secrets de celui qui semble subir, mais en réalité provoque, appelle et séduit.»
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