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EAN : 9782877060653
185 pages
Editions de Fallois (31/03/1990)
3.81/5   100 notes
Résumé :
NAIS :
Un jour, un voisin, qui était très gentil, m'a dit : « Oh, le joli petit bossu ! » J'ai demandé à ma grand-mère : « Qu'est-ce que c'est, un bossu ? » Alors elle m'a chanté une vieille chanson. Je me rappelle pas la musique, mais les paroles, ça disait comme ça : (il chante)
Un rêve m'a dit une chose étrange,
Un secret de Dieu qu'on n'a jamais su, Les petits bossus sont de petits anges,
Qui cachent leurs ailes sous leurs pardessus. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Nous voici à nouveau avec un film de notre académicien préféré Marcel Pagnol, sorti en 1945 et d'après la nouvelle NaÏs Micoulin du non académicien et pourtant immense Emile Zola (25 refus à l'entrée à l'académie Française, un record!).

On retrouve dans cette histoire d'amour un bossu comme dans Jean de Florette et cela se déroule comme souvent avec Pagnol dans le midi, près de Marseille.

C'est une jolie comédie romantique, très rythmée et pleine de bienveillance comme à chaque fois avec Pagnol. Que notre monde d'aujourd'hui en est loin....

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Naïs de Marcel Pagnol est le scénario du film qu'il a réalisé s'inspirant de la nouvelle d'Emile ZOLA « Naïs Micoulin ». Cette lecture se résume donc à des dialogues et quelques succinctes descriptions de scènes, comme une pièce de théâtre.

Marseille, première scène. Toine, le bossu, discute avec son ami d'enfance, ingénieur à l'usine de tuiles où il travaille lui-même. Ce dernier lui apprend l'existence du Duc de Lauzun, bossu et pourtant grand séducteur, afin de l'encourager à aborder les filles. Mais Toine, c'est la belle Naïs qu'il aime, conscient qu'elle ne daignera jamais lui accorder autre chose que son amitié.
Naïs habite avec son père, Micoulin, qui est veuf, à la ferme des Rostaing, dont il est le métayer. le vieil homme est possessif, méchant comme une teigne, il n'accepte que Toine comme compagnon masculin de sa fille. Pas de jalousie féroce et maladive envers lui puisqu'il est bossu ! Il a condamné cette dernière à lui servir de bonne jusqu'à sa mort. Il l'a nourrie depuis sa naissance, elle lui appartient.
Aix en Provence, autre scène. Monsieur et Madame Rostaing couvent leur fils Frédéric. Celui-ci, sous couvert d'études, mène une vie de débauche dans les tripots. Naïve, la mère le pense exténué par la préparation de ses examens. Quelques dialogues savoureux se jouent ici de l'aveuglement de la mère et de l'hypocrisie du fils.
Lorsque Frédéric croise Naïs apportant des légumes de la ferme et du poisson pêché par son père, il est stupéfait par sa beauté qui a éclos depuis sa dernière visite à la ferme. Aussitôt, il forme le projet de passer ses prochaines vacances à Marseille, afin de la conquérir.
Entreprenant dès son arrivée, il n'a aucun mal à proposer à Naïs, amoureuse depuis l'enfance, d'aller voir le clair de lune sur la mer. Mais le père Micoulin a flairé le séducteur et lance « Il a une tête à crever bientôt.»

Le thème de la différence de classe sociale est prépondérant, deux mondes se côtoient en restant à leur place. La mère de Frédéric est un joli spécimen de cette supériorité qu'affichent ces petits propriétaires terriens. Cependant Toine arrivera à émouvoir Madame Rostaing en racontant sa vie de bossu, la fin de ses rêves d'enfance, et elle laissera éclore son humanité, contre toute attente.

Dommage que les introductions des scènes soit si laconiques. Dans la mesure où le script donne lieu à un livre, elles auraient pu être plus étoffées, surtout que les lieux se prêtent à de belles descriptions. Afin de visualiser cette côte Méditerranéenne, il faut donc se référer au film vu la pauvreté des lignes qui s'y réfèrent ici.
On sent que ce texte est destiné à être joué et mis en valeur par des comédiens charismatiques dont la prestance est primordiale. Résumé à la lecture des dialogues, la saveur se perd avec l'accent chantant du Sud. En revanche, la fin de cette histoire d'amour estival quelque peu contrarié par un père tyrannique, quoique peu probable, est bien plus chantante que celle donnée dans la nouvelle de Zola.
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Zola n'a pas écrit que les Rougon-Macquart : on lui doit aussi plusieurs autres romans ainsi que quelques recueils de nouvelles où, c'est une belle surprise, il ne s'embarque pas dans de longues descriptions mais va directement à l'essentiel, vous me direz c'est un peu la raison d'être de la nouvelle : dire le maximum (et l'optimum) en peu de mots (cf. Maupassant, le maître en la matière) avec concision et précision.
Quand en 1945, Marcel Pagnol décide d'adapter « Naïs Micoulin » il a devant lui un texte court (cinq petits chapitres) qui raconte une histoire provençale (mais qui aurait pu se passer n'importe où) : l'histoire d'une fille de ferme battue par son père, métayer chez les Rostaing (Rostand dans la nouvelle), qui s'amourache (la fille, pas le père) de Frédéric, le fils des patrons, pour son malheur. le paysan violent envisage un temps de tuer Frédéric, mais c'est lui qui meurt dans un éboulement. Finalement Naïs épouse Toine, un valet bossu qui est amoureux d'elle depuis le début.
De ce canevas, Pagnol tire un scénario « à la Pagnol » : contrairement à ses autres adaptations, il intervient dans le déroulé de l'action : il édulcore le caractère de Frédéric, (dans le roman, c'est un viveur qui fait de Naïs un passetemps, dans le film, il est vraiment épris) et surtout il change la fin : Naïs et Frédéric se marient avec la bénédiction de Toine qui s'efface.
Zola avait écrit un drame campagnard, Pagnol en fait un conte provençal. Il y a mort d'homme, bien sûr, mais ça arrange tout le monde. Et puis, ce qui fait que c'est du Pagnol et pas autre chose, c'est la profonde humanité qui ressort des personnages : Naïs est un personnage charmant de naïveté et de finesse, et Toine, surtout, est un bossu à la Quasimodo, laid à l'extérieur et beau à l'intérieur. Fernandel, à peu de choses près, reprend le rôle de Saturnin dans « Angèle », ou De Félipe dans « La Fille du Puisatier », mais il met dans ce personnage-ci une telle émotion, qu'on voit bien que le rôle a été écrit pour lui :
« Un jour, un voisin, qui était très gentil, m'a dit : « Oh, le joli petit bossu ! » J'ai demandé à ma grand-mère : « Qu'est-ce que c'est, un bossu ? » Alors elle m'a chanté une vieille chanson. Je me rappelle pas la musique, mais les paroles, ça disait comme ça : (il chante)
Un rêve m'a dit une chose étrange,
Un secret de Dieu qu'on n'a jamais su,
Les petits bossus sont de petits anges,
Qui cachent leurs ailes sous leurs pardessus.
Voilà le secret des petits bossus...
les grand-mères, madame Rostaing, c'est comme le mimosa, c'est doux et c'est frais, mais c'est fragile. Un matin, elle n'était plus là. Une bosse et une grand-mère, ça va très bien, on peut chanter. Mai, un petit bossu qui a perdu sa grand-mère, c'est un bossu tout court ».
Cette réplique est sans doute la plus belle du film. Mais Pagnol en sème d'autres tout au long de ce scénario. Ce pourrait n'être que des joliesses de langage, des coquetteries de dialogues, nous voyons bien que Pagnol déverse à plein flot son humanité, son émotion : A la fin Naïs et Frédéric partent à Aix avec M. et Mme Rostaing. Toine offre un bouquet de fleurs des champs à Mme Rostaing :
Mme Rostaing : « Merci, Toine. On m'a donné beaucoup de fleurs dans ma vie. Celles-ci ne sont pas les plus jolies, mais ce sont certainement les plus belles ».
Le tournage en 1945, réunissait Marcel Pagnol, Jacqueline Bouvier (future Jacqueline Pagnol) et Raymond Pellegrin, ainsi que Henri Poupon et Henri Arius, et aussi un personnage de bossu. Tout ce beau monde se retrouvera à l'affiche de « Manon des sources » …
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Joli, plein de coeur. La langue qui sifflote si juste.
Etrangement je n'ai ressenti aucune mièvrerie, c'est subtil d'y approcher sans jamais y tomber. Une danse près du précipice.
Pas une histoire qui me marquera profondément, mais une histoire qui rappelle des valeurs, une légèreté grave...
Le soleil continuera de se lever.
Encore.
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Cet ouvrage va au-delà de ce que, classiquement, on attend d'une livre. C'est un pur moment de bonheur tant de par ses personnages, que du fait de la poésie et de la candeur vivifiante qui l'anime. C'est également un film, que tout un chacun ou presque a visionné et dont on tire les mêmes sentiments de tendresse et de joie intérieure.
A la lecture de ce livre dont les dialogues sont riches de par le choix réfléchi de chaque mot de son auteur, le lecteur ne peut être que séduit par Toine, ce duc de Lauzun malheureux, mais qui ose rêver, croire et se sacrifier par amour de par la lucidité qui l'habite au-delà du rêve. Ce bossu dont les ailes qui l'ont fait espérer ne sont jamais sorties si ce n'est en lui permettant d'aimer et de transcender son état d'homme par sa capacité d'aimer.
Je n'ai pas apprécié ce livre, je l'ai purement et simplement adoré.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
" Je vais vous dire Madame Rostaing, quand j'étais petit mes parents m'adoraient.
Et surtout ma grand-mère...
[...] elle m'a chanté une vieille chanson...les paroles disaient comme ça :

" Un rêve m'a dit une chose étrange,
un secret de Dieu qu'on a jamais su.
Les petits bossus sont de petits anges
qui cachent leurs ailes sous leur pardessus.
Voilà le secret des petits bossus . "

C'est joli ,mais c'est pas vrai. Moi, j'y ai cru jusqu'à dix ans , j'ai cru que les ailes me poussaient.

[...] Seulement les grand-mères , Madame Rostaing , c'est comme le mimosa,
c'est doux et c'est frais et c'est fragile.
Un matin elle n'est plus là.
Un bossu et une grand-mère tout va bien , on peut chanter.
Mais, un petit bossu qui a perdu sa grand-mère , c'est un bossu tout court. "
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Toine :
Je vais vous dire Madame Rostaing. (...) Chez les paysans il n'y a pas d'armoire à glace. Un jour, un voisin, qui était très gentil, m'a dit : Oh le joli petit bossu !. J'ai demandé à ma grand-mère : qu'est-ce que c'est un bossu ?" Alors, elle m'a dit : c'est vrai que tu es un joli petit bossu parce que tu as le dos un peu rond. Mais tu es beau quand même et c'est même à cause de ça qu'on t'aime bien plus que les autres." Alors elle m'a chanté une chanson (...) :
Un rêve m'a dit une chose étrange,
Un secret de Dieu qu'on n'a jamais su,
Les petits bossus sont de petits anges,
Qui cachent leurs ailes sous leur pardessus,
Voilà le secret des petits bossus.
C'est joli mais ce n'est pas vrai. Moi, jusqu'à mes dix ans, je l'ai cru. (...) Seulement les grand-mères, madame Rostaing, c'est comme le mimosa, c'est doux et c'est frais, mais c'est fragile. Un matin elle n'était plus là. Une bosse et une grand-mère ça va très bien, on peut chanter. Mais un petit bossu qui a perdu sa grand-mère, c'est un bossu tout court.
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Alors, elle m'a chanté une vieille chanson. Je me rappelle pas la musique, mais les paroles, ça disait comme ça : (il chante)

Un rêve m'a dit une chose étrange,
Un secret de Dieu qu'on n'a jamais su,
Les petits bossus sont de petits anges,
Qui cachent leurs ailes sous leur pardessus.
Voilà le secret des petits bossus...

C'est joli, mais ce n'est pas vrai. Moi, jusqu'à dix ans, je l'ai cru. Je croyais que les ailes me poussaient. Et souvent, ma grand-mère me chantait la chanson, qui était beaucoup plus longue que ça... Seulement, les grands-mères, madame Rostaing, c'est comme le mimosa, c'est doux et c'est frais, mais c'est fragile. un matin, elle n'était plus là. Une bosse et une grand-mère, ça va très bien, on peut chanter? Mais un petit bossu qui a perdu sa grand-mère, c'est un bossu tout court. (Ses yeux s'emplissent de larmes.) C'est bête, quand même, de pleurer comme ça devant tout le monde.
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Personnages :

Mmes
- Naïs : Jacqueline Bouvier
- Mme Rostaing : Germaine Kerjean

MM
Toine : Fernandel
Frédéric : Raymond Pellegrin
Mr Rostaing : Arius
Micoulin : Henri Poupon
L'ingénieur : Blavette

Près de Marseille - les tuileries de Saint-Henri
Dans un atelier, Toine, qui est bossu, reçoit des briques qui sortent des moules. Un gamin s'avance, dans le bruit des machines. La conversation se fait en criant...
Le gamin.-
- Toine !
Toine.-
- Vouei. Qu'est-ce que c'est ?
Le gamin.-
- Mr l'ingénieur veut te parler. Il a dit que tu passes au bureau en sortant....
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Un rêve ma dit une chose étrange
Un secret de Dieu qu'on n'a jamais su
Les petits bossus sont des petits anges
Qui cachent leurs ailes sous leurs pardessus,
Voilà le secret des petits bossus.
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Vidéo de Marcel Pagnol
Extrait du livre audio « La Gloire de mon père » de Marcel Pagnol. Parution numérique le 17 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-gloire-de-mon-pere-souvenirs-denfance-i-9791035414238/
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