L'occasion était trop belle cet automne, j'allais lire «
Voyage en Italie » pendant mon voyage en Lombardie !
J'ai donc traversé les Alpes mon
Giono à la main. D'emblée pourtant, l'auteur nous le dit « Je ne suis pas un voyageur, c'est un fait. » En effet, dans ce carnet de route, point de descriptions détaillées des lieux qu'il traverse en 2CV, encore moins de conseils de visites ou de lyrisme. Lui qui voyage pour la première fois en dehors de sa terre, écrit : « J'ai l'impression que ces notes de voyage manquent singulièrement de descriptions à la
Chateaubriand […] je donnerais toutes les phrases qui peignent la nature pour quelques mots bien vrais sur l'idéal des Emiliens. »
On trouve dans ces pages un plaidoyer du voyage loin des foules, un éloge de la lenteur, et surtout un goût évident pour les gens.
« Moi, pour que je sois heureux, il faut que je me vois entouré de types sur le visage desquels on lit clairement que demain il fera jour. Je fais tout très lentement. Si on se bouscule pour quoi que ce soit, je m'en vais […] Si on me dit les yeux exorbités, il faut absolument visiter ça, il y a de grandes chances pour que j'aille faire la sieste avec un roman policier. »
Avec un style toujours élégant et des touches d'humour,
Giono bavarde, regarde, retient des traits de caractère, une allure, une gestuelle, et se compose un réservoir d'images dans lesquelles puiser pour ses personnages de fiction. D'ailleurs, c'est à
Angelo qu'il pense souvent, celui qui peuplera son fameux « cycle du Hussard » (à découvrir pour moi) alors qu'il traverse le Bel Paese.
Si
Giono se pose parfois avec quelques facilités en juge de l'espèce humaine, j'ai aimé parcourir son paysage intérieur et l'Italie avec
Giono comme guide, ça vaut toujours le coup !