Dans
Nicolas,
Pascal Girard nous parle de la mort de son jeune frère en 1990, des blessures qui, malgré le temps, ne cicatrisent jamais complètement. L'histoire se déroule sur une vingtaine d'années dans un enchaînement de scènes insolites et dramatiques où les bons souvenirs, comme les traumatismes, sont abordés. Peut-être est-ce le fait que cette oeuvre se soit produite en moins de trois jours qui lui donne une valeur brute, une honnêteté déconcertante malgré sa grande simplicité.
Barthes disait que l'écrivain n'est plus le père de son oeuvre, qu'on ne peut plus lui attribuer tout le bénéfice passionnel de son oeuvre. (iPhilo, 2017) Serait-ce de là que l'impression d'avoir pu écrire le texte découle? le sentiment que ce texte est pour moi, par moi, à moi. Voilà ce qu'est le «cela» barthésien. Un livre entre plaisir et jouissance où les limites se confondent, où les corps s'entremêlent, où la fulgurance du rire adoucit les rivières de larmes. « [Le] plaisir peut [aussi] très bien prendre la forme d'une dérive » et « tel un bouchon sur la vague, je reste immobile, pivotant sur la jouissance intraitable qui me lie au texte (au monde). » (
Barthes, 1973, p.32,33) de là toute l'importance des mécanismes connotatifs en matière de lecture. Ces dérives de sens auxquelles consentent les mots du texte sont fondamentales, car ce sont par ces dérives exactement que le texte n'appartient justement plus à l'auteur, mais bien au lecteur.
« [Le lecteur] ne décode plus seulement le texte, mais il , le "sur-code", dit
Roland Barthes, y ajoute des éléments et, en définitive, le "pervertit" ». (Vandeniden, 2011) Comme quoi les codes évoluent bel et bien encore [insérez ici l'emoji de votre choix]. (Desrochers, 2018) Dans cette perversion, un investissement amoureux (iPhilo, 2017), une histoire d'amour avec le livre qui perdure dans le temps et devient même éternelle. « [U]ne oeuvre est "éternelle", non parce qu'elle impose un sens unique à des hommes différents, mais parce qu'elle suggère des sens différents à un homme unique, qui parle toujours la même langue symbolique à travers des temps multiples : l'oeuvre propose, l'homme dispose. » (
Barthes, 1966, p.51)
Nicolas, c'est ça pour moi.
Barthes, R. (1966)
Critique et vérité. Paris, France : Éditions du Seuil.
Barthes, R. (1973).
le plaisir du texte. Paris, France : Éditions du Seuil.
Desrochers, N. (2018). SCI6344 : Module 2 : Codes. Repéré dans l'environnement StudiUM: https://studium.umontreal.ca/mod/page/view.php?id=1956216
Vandeniden, É. (2011). Comment le texte touche le corps. Études littéraires : La lecture littéraire et l'utopie d'une commnauté, 41(2), 81-88. doi: http://dx.doi.org/10.7202/045161ar