Dans ce court roman, nous écoutons Livio, un lycéen venu faire un exposé devant sa classe d'histoire. L'action se limitera à cette heure de cours fatidique, au fil des pages nous en apprendrons plus sur ce qu'il s'est passé avant et après cet exposé, mais tout se joue ici. le lecteur se retrouve derrière un pupitre et se voit présenter les recherches que Livio a fait sur
Magnus Hirschfeld, fondateur du premier institut de sexologie d'Allemagne et dont les recherches seront détruites par les nazis lors d'un immense autodafé en 1933.
Le livre se lit d'une traite, nous sentons rapidement que les enjeux de l'exposé vont bien au-delà du nazisme et de la sexologie. Tout comme les camarades de Livio, nous sommes pris au piège dans cette salle de classe, la tension est palpable, nous sentons que notre orateur se décharge du poids d'un secret qui l'écrase depuis des années. L'élève spectateur passe par différents stades, l'ennui, l'étonnement, le doute et enfin l'acceptation ou le déni de l'annonce. le narrateur fait son coming-out a travers son exposé, parler des injustices et des horreurs du passé afin de faire réfléchir aux mentalités et aux normes sociales actuelles est un pari risqué mais intelligent et inspirant. Cet acte de courage est cependant maladroit, Livio est fragile et joue le tout pour le tout, on ne se débarrasse pas facilement de l'intolérance et de la stigmatisation, le sexisme et l'homophobie ordinaire sont encore bien vivants. L'exposé de Livio nous rappelle les évolutions positives qui ont eu lieu depuis le siècle dernier, cependant, l'Homme tire lentement des leçons de son Histoire et le combat vers l'égalité et la tolérance sont loin d'être gagnés. Ce récit, qui nous met dans la position du spectateur d'un coming-out, nous fait réfléchir sur nos positions, nos croyances, nos stéréotypes, notre famille… La fin du roman nous rappelle la réalité dans laquelle nous vivons, l'autrice dénonce l'intolérance qui règne encore aujourd'hui. Ainsi, les premières pages du roman réveillent les consciences, son coeur nous fait nous interroger et sa fin nous fait ouvrir les yeux sur la société dans laquelle nous vivons.
L'objectif de ce livre est noble et la forme qu'il emploi est intéressante, cependant, il manquait d'approfondissement et de profondeur pour constituer une lecture marquante pour moi.
Ce roman, bien documenté et construit intelligemment est une lecture nécessaire, entre les mains d'adolescents il permettra d'ouvrir le dialogue et le débat sur des thématiques sensibles. Il nous rappelle l'importance du devoir de mémoire mais aussi du « devoir de tolérance » et de la nécessité de faire évoluer les consciences sur la différence et l'homosexualité.
Livre lu dans le cadre du grand prix des lectrices de ELLE 2020.