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sur 313 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il fallait que je lise ce roman de Brigitte Giraud dont j'avais aimé Un loup pour l'homme. Elle en avait si bien parlé lors des Correspondances de Manosque en 2019, mais le temps passe…
Enfin, c'est fait et je ressens en moi une intense souffrance devant ce que raconte Un jour de courage. Ce courage admirable, Livio l'a eu pour affirmer son homosexualité devant toute sa classe, au lycée.
C'est un exposé qu'il doit faire à propos de l'autodafé de 1933, par les nazis, à Berlin. D'emblée, Brigitte Giraud ne cache rien. Je sais que Livio va disparaître, ne pas être retrouvé lorsque je refermerai le livre. Donc, question suspense, l'intérêt du livre n'est pas là.
Avec un talent remarquable, une maîtrise littéraire qui m'impressionne, l'autrice conduit son roman en passant du plus intime au scolaire, de l'histoire aux relations entre adolescents, des problèmes familiaux à la révélation de sa véritable identité sexuelle.
Ce fut l'occasion de découvrir qui était Magnus Hirschfeld, ce médecin allemand, né en 1868 et mort à Nice en 1935. Il fut le premier homme à avoir étudié la sexualité sur des bases scientifiques en fondant, à Berlin, en 1919, le premier Institut de sexologie au monde.
Livio, face à la classe, parle de tout cela, met en avant le combat de Hirschfeld pour dépénaliser l'homosexualité. Livio s'était découvert une attirance pour les garçons alors que Camille, sa meilleure amie, sa confidente, sa camarade de jeu, n'attendait que son amour.
Livio parle de la théorie du Troisième sexe développée par Hirschfeld, de Lili Elbe, ce peintre danois devenu femme après la première opération de changement de sexe en Allemagne, en 1930.
Dans la classe, le malaise grandit. Mme Martel, la prof, recentre l'exposé sur l'histoire et Livio détaille les terribles persécutions des nazis qui déportent déjà cinquante mille personnes puis s'attaquent aux livres, saccagent l'Institut de Hirschfeld qui a réussi à fuir juste avant.
Jour de courage regorge d'informations historiques mais c'est ce garçon, Livio, qui émeut le plus, qui ne trouve aucun réconfort. Lui, fils unique de parents absorbés par leur travail, ne sait plus où il en est et… disparaît.
Jour de courage est un livre profondément humain qu'il faut lire car il éclaire avec subtilité tout ce que vit une personne qui se sent différente et les drames que cela peut causer.

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Après avoir assisté à la présentation de Jour de courage par l'auteure elle-même aux Correspondances de Manosque en septembre 2019, je n'avais qu'un souhait : découvrir cet ouvrage dont la teneur évoquée m'avait séduite.
Réservé depuis longtemps à ma médiathèque, j'ai, enfin, pu me plonger dans sa lecture.
Livio, lycéen de 17 ans, présente devant sa classe composée d'une trentaine d'adolescents et en présence de Mme Martel, leur professeure d'histoire un exposé sur les autodafés nazis. Il va, pour étayer son propos retracer l'existence et le combat de Magnus Hirschfeld, ce médecin juif-allemand, avant-gardiste qui, avec ses amis avaient rassemblé environ 20 000 volumes sur des sujets liés à la sexualité, au sens le plus large du terme. Cette bibliothèque périt dans un bûcher que les nazis érigèrent sur un trottoir de Berlin le 6 mai 1933. Il avait également créé en 1908 "La revue mensuelle de sexologie" en vue de faire avancer la science et les mentalités. Il lutta ainsi pour l'égalité hommes-femmes, sur le plan économique, politique et sexuel, le libre contrôle de la procréation et les droits des homosexuels. C'est sur ce dernier point que Livio essaie de faire parler Magnus Hirschfeld à sa place, pour exprimer ce qu'il n'a pas réussi à dire ni à ses parents, ni à son amie Camille dont il se sent très proche, et dont il voit bien qu'elle est amoureuse de lui.
C'est un magnifique exposé sur ce brillant médecin aux idées révolutionnaires pour l'époque, il suffit de voir comment, aujourd'hui, il faut encore lutter contre l'homophobie que Livio va avoir le courage de présenter devant tous les élèves. En s'aidant des paroles de cet homme, Livio livre ainsi bien plus qu'un exposé, il accomplit un coming-out, dont il ressort effondré.
Jour de courage est un roman qui porte bien son titre. En effet que de courage, il a fallu à ce jeune adolescent pour affronter ses camarades de classe, son enseignante et sa meilleure amie amoureuse de lui et leur dévoiler son homosexualité !
Brigitte Giraud réussit un tour de force avec ce roman. Avec une psychologie remarquable, une extrême sensibilité, une grande pudeur et une parfaite connaissance du milieu enseignant, le récit est vraiment très prenant et aussi très instructif. J'avoue qu'avant cette lecture, je ne connaissais pas ce grand homme : Magnus Hirschfeld.
L'écrivaine nous amène à cette réflexion très douloureuse : un siècle plus tard, ce jeune adolescent va-t-il subir la même condamnation ?

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C'est la peur, l'anxiété, la tension.
La palpitation du coeur, les regards posés sur lui, les silences, les murmures, les non-dits.
Pour Livio, jeune garçon de 17 ans, c'est le jour du courage, celui de l'exposé.
Est-il trop timide pour s'exprimer devant ses camarades et sa prof d'histoire ? Est-il nerveux à l'idée de ne pas être assez bon pour retracer l'histoire de Magnus Hirschfeld, médecin juif allemand, premier sexologue de l'histoire et fondateur d'un Institut de sexologie dans l'Allemagne de l'Entre-deux-guerres, juste avant la montée du nazisme ?
Est-il là pour l'histoire avec un grand H ou son histoire à lui, Livio, jeune homme à la dérive, caché aux yeux des autres, aux yeux de ses parents, aux yeux même de sa « petite amie » Camille ?
En moins de 160 pages, Brigitte Giraud (Une année étrangère, Avoir un corps…) tire le portrait d'un monde de l'avant et de l'après, le nôtre et celui qui l'a précédé, comme un écho, une danse folle qui ne s'est jamais calmée.
Jour de courage, c'est l'exposé d'un gamin qui n'en peut plus de se taire, qui veut être ce qu'il a toujours été et faire un coming-out comme une leçon d'histoire, comme une leçon d'humanité, d'existence.

Une histoire ordinaire
Livio prend donc l'estrade devant sa prof, Mme Martel, qui s'attend surtout à un énième exposé de la barbarie nazi, du premier autodafé allemand et à une indignation confortable, inscrite dans la routine du programme.
Mais Livio n'est pas là pour ça, Livio est là pour établir un parallèle, entre lui et ce personnage allemand qu'il a découvert et qui l'a tant aidé, ce Magnus Hirschfeld tellement en avance sur son temps que le temps l'a rattrapé et a fini par l'exiler, le profaner, le museler.
Livio est homosexuel.
Mais ça, il n'y a que lui qui le sait. Personne d'autre n'en a la moindre idée… et de toute façon, qui veut le savoir ? Pas Camille, sa petite amie désignée qui veut l'aimer, qui a besoin de l'aimer mais qui refuse de voir qu'il ne l'aime pas comme elle. Pas ses parents, ses parents qui ne comprennent pas, ses parents italiens qui n'aiment déjà pas parler de leur propre passé, du Duce et de ces temps fascistes où une famille peut ne pas être « un seul bloc ».
Pas le monde extérieur où Livio voit, entend des choses qui le terrifient, des Tchéchènes que l'on incite à tuer leurs enfants gays, des Manif pour tous qui se battent contre ceux qui s'aiment.
Et puis, bien sûr, il y a l'ordinaire, le terrible ordinaire que pointent Livio et Brigitte Giraud. Ces réunions de familles où l'on mime des expressions et où « pédé comme un phoque (ou est-ce un foc ?) » devient une humiliation dans l'humour comme on brûle des livres sans comprendre que l'on brûle des hommes déjà.
Jour de courage, c'est l'expression d'une nature qu'on dit aujourd'hui permise mais qui se retrouve, encore et encore, sous les jugements et le silence.
C'est le constat que l'histoire tourne en boucle, déraille, que le sexe dérange, toujours.

L'importance du discours
Pourtant, durant cet exposé, Livio fait preuve de plus de courage que l'ensemble de ses camarades réunis, plus de courage que sa prof qui reste bien gentiment dans les cases de ce qui est permis ou non.
C'est une épreuve physique, comme une réponse à Goebbels sur son estrade lorsqu'il brûlait des livres. Sauf que Livio, lui, essaye de construire non de détruire. Il rencontre alors l'incompréhension, la moquerie, l'insulte…et pire le silence. La majorité silencieuse.
Jour de courage montre l'importance des mots, du discours, la puissance du parler. Cet exposé, c'est une façon de montrer l'importance de l'Histoire et de ce que l'on peut en tirer, des ravages de l'oubli, des victimes d'un Holocauste que l'on aurait mis de côté, les handicapés et les pédés, ces gonzesses, ces pédales, que l'on dénigre encore au détour d'un match de foot avec son père pour faire comme tout le monde, pour paraître normal, intégré.
Ici, le didactisme du récit correspond à celui d'un exposé, d'un travail scolaire, mais qui s'égare, qui fait des écarts, qui rappelle ce dont il est communément admis de parler dans notre société et ce qui embarrasse plus, ce qu'on préfère passer sous silence. Dans ces 160 pages, Brigitte Giraud dissèque les émotions d'un jeune homme qui s'effeuille devant son monde à lui, sa classe toute entière, qui dit tout, se met à nu, mais pas n'importe comment, par la connaissance, par le savoir.
L'arrivée pourtant n'est pas celle qu'il espérait. Elle n'est ni la libération ni la consécration d'une vie passée à se planquer. Tout lui revient en pleine face, la haine et l'intolérance se découvrent à leur tour et, comme son héros historique, Livio disparaît, lassé des autres ou simplement lucide.
Peut-être est-il trop tard de toute façon, peut-être a-t-il toujours été trop tard ?

Ce Jour de courage virevolte à travers les flammes de l'Histoire, à travers le drame de l'intolérance et de la haine de l'autre, de l'oubli et de la bêtise érigée en valeur de rassemblement. Portrait d'un monde qui brûle et d'un adolescent incandescent qui brille avant de se volatiliser, le récit-exposé de Brigitte Giraud ressemble à un tour de force, un rappel du mal qui nous ronge en silence.
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Il y a des livres qui nous tombent dessus un peu par hasard, dont on découvre l'existence par un de ces étranges enchainements de circonstances que la vie nous réserve parfois, et dont on se dit ensuite, une fois lus, qu'on ne pouvait pas y échapper, que les lire était comme une obligation, une évidence. Jour de courage en fait assurément partie.

Le résumé m'avait beaucoup plu mais je m'attendais, sans forcément comprendre pourquoi, à un roman gentillet sur un thème fort :

" Lors d'un exposé en cours d'histoire sur les premiers autodafés nazis, Livio, 17 ans, retrace l'incroyable parcours de Magnus Hirschfeld, ce médecin juif-allemand qui lutta pour l'égalité hommes-femmes et les droits des homosexuels dès le début du XXe siècle. Homosexuel, c'est précisément le mot que n'arrive pas à prononcer Livio : ni devant son amie Camille, dont il voit bien qu'elle est amoureuse de lui, ni devant ses parents. Magnus Hirschfeld pourrait-il parler pour lui ? Sous le regard interdit des élèves de sa classe, Livio accomplit alors ce qui ressemble à un coming out.

Deux histoires se mêlent et se répondent pour raconter ce qu'est le courage, celui d'un jeune homme prêt à se livrer, quitte à prendre feu, et celui d'un médecin qui résiste jusqu'à ce que sa bibliothèque de recherche soit brûlée vive. À un siècle de distance, est-il possible que Magnus Hirschfeld et Livio se heurtent à la même condamnation ? "

Le tout début m'a conforté dans mon idée préconçue : c'est bien écrit mais gentillet, cette histoire d'un adolescent qui profite d'un exposé en cours d'histoire pour parler de sa propre homosexualité, c'est sympathique mais ça ne va pas forcément m'emmener très loin.

Là où l'auteur fait preuve d'un véritable talent d'écriture, c'est que le rythme et la tension montent progressivement. Au fur et à mesure que Livio avance dans son exposé, qu'il raconte l'histoire du premier autodafé nazi qui a touché un institut de la sexualité engagé pour l'égalité des droits, que ce soit pour les femmes ou pour les homosexuels, il se dévoile lui aussi de plus en plus. Il s'expose, au sens premier du terme, au regard de ses camarades.

J'ai été véritablement happé par le double récit, celui de Livio faisant son exposé dans la salle de classe et celui de l'autodafé annoncé. J'ai dévoré les dernières pages, impatient de découvrir le fin mot de l'histoire.

En terminant ce roman, j'ai eu très vite deux pensées. La première, c'est qu'il s'agit d'un très grand livre, dont la qualité d'écriture – à la fois par le style et par le rythme et l”intérêt du récit – m'a surpris et captivé. La seconde, c'est que son titre a été magnifiquement choisi. Ce n'est pas toujours le cas, mais ce Jour de courage reflète parfaitement le contenu du roman, avec toutes les interprétations que chacun pourra en faire.
Lien : https://zerojanvier.fr/2019/..
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Livre court de 156 pages qui va mêler 2 histoires ayant comme point commun le courage,
-celui d'un homme Magnus Hirschfeld médecin juif-allemand qui lutta dès le début du XXème pour l'égalité des hommes et des femmes et pour les droits des homosexuels,
-celui d'un jeune homme en classe de terminale, Livio, qui devant sa classe, en cours d'histoire, "au prétexte" de faire un exposé sur l'un des premiers autodafés de l'histoire, va présenter à ses camarades ce que fut la vie et le combat de ce médecin, et surtout, accomplir ce qui ressemble à un coming out.

Ce livre ne fait l'impasse sur rien :

Ni les concepts de : L'esprit non allemand, des Différents des autres, de la Théorie du troisième siècle, de la justice grâce à la science (transformée par Livio en justice grâce à la connaissance), des Ennemis de l'Etat, du sort des femmes allemandes habillées en homme pour aller au combat, les combats contre la dégénéressence.

Ni le rappel du Paragraphe 175 du code pénal allemand qualifiant de crime l'homosexualité et aboli en 1994! Hirschfeld ayant créé la première organisation au monde à lutter pour la dépénalisation dès 1898,

Ni la visée criminelle de l'un des premiers autodafés avec le pillage de l'institut dirigé par Hirschfeld, les 6 mai et 10 mai 1933, sur la place de l'opéra de Berlin, une "nuit de la honte", avec le sacrifice de vingt mille volumes de littérature, de poésie, de science ou de philosophie dans une liesse qu'on aimerait avoir du mal à s'expliquer".

Mme Martel, le professeure d'Histoire, aimait mettre ses élèves en situation, leur faire toucher du doigt que "la voix haute" est un outil de pouvoir, même une arme.... Livio ne ratera plus l'exercice!!!

Donc un roman fort, vous l'aurez compris, violent, un peu brusque dans le traitement de la dernière partie et de la disparition de Livio (je ne dévoile rien puisque cela nous est annoncé dès le début).
Mais un roman à lire, définitivement!
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Sous le regard bienveillant du professeur d'histoire, Livio présente devant les élèves de sa classe son exposé sur le premier autodafé de livres interdits par les nazis. Nous sommes en 1933, et Livio fait revivre l'incroyable destin de Magnus Hirschfeld, un médecin allemand qui créa le premier institut pour la recherche sexuelle et la défense de l'homosexualité. Juif et homosexuel, il fut doublement poursuivi par la vindicte nazie.
Au fur et à mesure que l'adolescent entre dans l'histoire de ce médecin, on découvre qu'il veut instruire son public sur l'interdiction faite aux homosexuels de vivre leur sexualité. Devant ce « coming-out » d'un genre particulier, le professeur s'inquiète en découvrant qu'on s'éloigne du sujet historique tandis que les élèves réagissent à leur façon. Camille, amoureuse en secret de Livio, découvre avec stupeur sa différence qui l'éloigne d'elle.
Deux histoires s'entrecroisent à deux époques différentes et bien éloignées, et pourtant la difficulté d'assumer son homosexualité est toujours présente.
Le récit est concis, on saute sans arrêt de l'exposé d'histoire à la vie plus intime de Livio et cette construction en alternance fait la force du récit.
Le style est limpide, sans fioriture, chaque mot sonne juste. C'est avec grâce et sensibilité que Brigitte Giraud nous fait partager la souffrance de cet adolescent homosexuel.
C'est avec un plaisir teinté d'émotion que j'ai lu ce court roman à découvrir absolument.
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Livio, jeune homme de dix-sept ans, ne peut plus cacher son homosexualité. le courage, il le trouve en ce jour où il fait un exposé sur les premiers autodafés nazis devant toute la classe, dont Camille, celle qui croit être sa petite amie.

Pour s'affirmer sans prononcer le mot de ce qu'il sait être désormais, il présente et défend le parcours de Magnus Hirschfeld, un médecin juif allemand surnommé « l'Einstein du sexe. »

En 1919, Magnus Hirschfeld crée le premier institut pour la recherche sexuelle. Il regroupe plus de 20 000 ouvrages sur la sexualité. Il fut aussi l'un des premiers à dénoncer le paragraphe 175 du code pénal allemand pénalisant l'homosexualité.

» Magnus Hirschfeld faisait partie de ces scientifiques,à chercher sans relâche ce qui, dans la vie sexuelle humaine, relevait de l'inné ou de l'acquis. »

L'institut réalisa la première opération de changement de sexe en 1930.

Bien évidemment, le scientifique fut bien vite pourchassé par les nazis. Tous les ouvrages de l'institut furent brûlé lors du premier autodafé à Berlin en 1933.

Pour Livio, cette épreuve est bien plus qu'un exposé. C'est un véritable discours. Incapable de s'affirmer devant ses parents, ses amis ou Camille, il s'enflamme pour la défense des homosexuels brimés par le nazisme mais aussi de nos jours en France.

Face à ce discours vibrant, la professeure d'histoire craint les débordements. Les élèves, de toutes origines, perçoivent aussi le malaise.Mais c'est surtout Camille qui crée l'émotion. Ses réactions mêlent à la fois la colère d'avoir été trompée mais aussi la compassion pour celui qu'elle aime depuis toujours.

En mêlant deux histoires qui se répondent, Brigitte Giraud captive en levant le voile sur une page de l'Histoire et en sortant de l'ombre Magnus Hirschfeld. Mais elle touche aussi et surtout avec l'histoire fictive de ces deux adolescents.

Un très beau récit, juste, percutant sur la difficulté d'assumer son homosexualité dans le milieu social et familial.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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C'est un court roman dont chaque mot percute, dont chaque idée développée en contient bien d'autres. Cette heure que le roman relate est par ailleurs impeccablement contextualisée, inscrivant avec souplesse les éléments qui permettent au lecteur de maîtriser l'ambiance d'une classe de lycéens des années 2000.
Livio fait son coming-out devant sa classe de lycée.
Il ne monte pas sur l'estrade pour leur dire : « Je suis homosexuel ».
Non, il monte sur l'estrade pour faire un exposé à propos d'un autodafé pendant le cours d'histoire. Il s'agit de celui qui a détruit la bibliothèque minutieusement constituée par Magnus Hirschfeld, médecin juif-allemand qui avait créé un institut de sexologie. Cet autodafé est un des premiers opérés par les nazis en 1933, à Berlin.
C'est passionnant et terriblement bien construit.
Une lecture incontournable.
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Livio, lycéen de 17 ans fait un exposé en cours d'histoire sur le premier audafé perpétré par les nazis. Il s'agit de la bibliothèque de l'institut fondé par le médecin Magnus Hirschfeld, en 1919 en Allemagne, premier Institut de sexologie au monde. Tout en retraçant le parcours de ce médecin, le jeune lycéen explique aux élèves de sa classes, les premières persécutions des nazis à l'égard des homosexuels, des êtres "différents".
Grâce à la plume de Brigitte Giraud, nous sommes transportés au coeur de la classe. Elle sait parfaitement restituer cette ambiance: sourires goguenard ou moqueurs des élèves devant certains mots, protestations, silences pesants, agitation pour masquer leur gêne. Avec en prime, les interventions du professeur.
L'exposé de Livio est parfaitement restitué avec une alternance d'informations sur le sujet et ses tumultes intérieurs, ses pensées qui s'égarent, son malaise parfois, le sentiment que son discours lui échappe et surtout cette reconnaissance d'appartenance à la communauté homosexuelle qu'il a autant de mal à s'avouer qu' à avouer à son entourage.
Un livre merveilleux qui appelle à la tolérance et devrait être prescrit comme lecture obligatoire au lycée, un vrai coup de poing dans les consciences, un vrai coup de coeur pour moi. Un excellent document sur le parcours de Magnus Hirschfeld que je ne connaissais pas, merci à l'auteur du choix de ce sujet!
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J'ai emprunté ce roman à la médiathèque et il m'a "soufflée".
L'intensité de l'écriture et l'âge du héros se rapprochent de la littérature jeunesse que j'affectionne tant mais le contenu est trop sombre pour qu'il puisse s'adresser directement à ce public même si je l'estime tout à fait lisible à partir de 15 ans.
J'ai appris des informations que j'ignorais en même temps que je prenais connaissance de l'exposé de Livio sur les premiers autodafés.
J'ignorais l'existence de Magnus Hirschfeld et de son institut dans l'entre deux guerres.
C'est effectivement un acte de courage de la part de ce jeune homme d'avoir tenu à communiquer et transmettre ce qu'il avait appris à sa classe, dénonçant ainsi ce qui fait toujours souffrir les personnes LGBTQ+...
[mais il est extrêmement triste que son message n'ait pas vraiment eu de portée et qu'il n'ait reçu aucun soutien de son entourage alors que son acte sortait de l'ordinaire]
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