L'appropriation abusive par le marché touristique d'un mélange des genres amalgamant en une image aborigène simplificatrice des iconographies locales qui les distinguent, avec leurs richesses stylistiques et philosophiques propres, est la dernière forme de violence faite à ces peuples. Il est indispensable de laisser ces communautés extraordinaires d'artistes dire elles-mêmes ce qu'elles cryptent dans leurs images ; il y a une sagesse infinie à énoncer comme elles le font : "Nous sommes tous pareils mais différents."
La créativité individuelle encouragée aujourd'hui par le marché de l'art accentue une logique créative qui constituait l'autonomie individuelle et la singularité des anciens chasseurs aborigènes. [...] Leur inventivité s'est déployée dans des formes plastiques originales, aussi bien l'art de la taille des pierres, le boomerang, le propulseur de lance, ou encore les chorégraphies, scénographies et peintures des danses rituelles, les chants, les narrations et toutes les pratiques de l'esprit.
Les classifications totémiques et les systèmes de parenté traduisent une vision holistique extrêmement fluide et complexe de l'univers ou l'homme se place non pas au centre mais plutôt comme un passeur de flux à la fois biologiques et atmosphériques. Les anciens disent en effet que le comportement des hommes influence directement l'équilibre de l'univers, notamment la colère de la terre qui inonde, assèche, brûle ou pousse les hommes à s'entretuer.
CLIMAT, CHAUD DEVANT !
avec Marie-Monique ROBIN, Daniel NAHON, Joël GUIOT, Barbara GLOWCZEWSKI, Éric DE KERMEL